Le BMJ fournit en cette fin d’année un petit mode d’emploi à l’usage du vulgus medicus , celui qui n’est pas totalement au fait de ces abréviations d’un type particulier que sont les acronymes et dont les revues usent et abusent même s’il est recommandé d’en indiquer leur signification au moins une fois avant leur emploi ! (SearCh for humourIstic and Extravagant acroNyms and Thoroughly Inappropriate names For Important Clinical trials (SCIENTIFIC): qualitative and quantitative systematic study, http://www.bmj.com/content/349/bmj.g7092). Le vulgus medicus n’est pas seul face à ce qui peut se révéler un véritable casse tête, le vulgum pecus se trouve confronté a des interrogations similaires. Qui ne sait jamais senti impuissant, dépassé devant un mot écrit en majuscule avec ou sans ponctuation entre chacune des lettres, et dont la signification ne saute pas immédiatement aux yeux du lecteur ? Pourtant certains d’entre eux ont acquis leur identité et leur signification n’est plus sujette à interrogation (OVNI, OTAN, MEDEF ….) même s’il en reste pour qui les différents mots à leur origine ne viennent pas immédiatement à l’esprit. Il en est de plus subtiles ! Qui sait que le mot « nylon » est l’acronyme obtenu à partir des initiales des prénoms des femmes des cinq chercheurs à l’origine de cette nouvelle fibre (1935). Qui sait que les acronymes rabbiniques fleurissent dès le moyen âge ? Et plus parlant que l’acronyme, forme simplifiée du phonétique le célèbre « LSKCSKI » de Sacha Guitry !
Archive for décembre, 2014
Acronyme vous avez dit acronyme !
mercredi, décembre 31st, 2014Vingt mille lieux sous les mers
dimanche, décembre 28th, 2014Tandis que Philae et Rosetta se dépêchaient d’atteindre la comète Tchourioumov-Guérassimenko sous les yeux énamourés de leurs concepteurs, d’autres scientifiques regardaient à l’opposé des cieux pour interroger les profondeurs marines (Life-Finding Expéditions, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41712/title/Life-Finding-Expeditions/), (Microbes discovered by deepest marine drill analysed, http://www.bbc.com/news/science-environment-30489814). A la recherche d’un monde perdu tout autant qu’à la recherche de nouvelles vies non encore répertoriées, l’homme est à l’affut de ses ancêtres comme d’un certain genre de contemporains qui lui seraient encore inconnus, tout en s’interrogeant sur sa solitude dans l’univers ! Combien difficile a été la prise de conscience de l’abandon devenu obligatoire d’un anthropocentrisme conquérant mais comme corollaire combien est fécond cet abandon puisqu’il repousse les limites de son monde en l’enrichissant. Par ailleurs, de même que la découverte d’une vie possible dans un milieu pauvre en eau et en nutriments, dépourvu de lumière et d’oxygène pourrait aider à apporter des éclaircissements sur l’origine de la vie, de même la découverte d’eau et de molécules organiques sur la comète sus dite pourrait être considérée comme un pas de plus dans cette quête. Faire feu de tout bois, c’est se servir de tous les moyens, de toutes les ressources dont on dispose, l’exploration de l’espace aussi bien que celle des grands fonds répond parfaitement à cette expression qui restera toujours d’actualité !
Un voeu pieux ?
mercredi, décembre 24th, 2014Pour que des périodes de fêtes soient présentes dans tous les domaines, pourquoi ne pas œuvrer pour une abolition des barrières et comme il faut bien en choisir une pour être plus efficace, pourquoi ne pas choisir celle qui ceinture certains sujets scientifiques, et en premier une barrière linguistique qui semble à la majorité infranchissable ? C’est le thème de l’éditorial du dernier numéro de Nature Geoscience, Russia’s scientific legacy (http://www.nature.com/ngeo/journal/v8/n1/full/ngeo2340.html?WT.ec_id=NGEO-201501) qui choisit de restreindre son propos aux sciences de la terre et de l’espace en Russie. Parce qu’aucun domaine de la connaissance ne doit être l’objet d’une exclusion, parce le dialogue est indispensable, parce que la discussion n’est féconde qu’entre personnes opposées mais aussi parce que la science est le domaine de tous, la langue ne doit pas être l’obstacle qui interdit d’approcher ce que l’on croit venu d’ailleurs. Que l’on se rappelle que la Russie parlait au XIX° siècle bien des langues européennes, et que depuis 2007, le cyrillique représente le troisième alphabet officiel de l’Union européenne après le latin et le grec. L’épistémologie en tant que philosophie des sciences ne peut être que reconnaissante à celui qui lui apporte une nourriture plus exotique épiçant ses plats et flattant son palais. Comme par ailleurs au premier écueil, celui de la langue est venu s’ajouter celui du régime politique, le retard ne risquait pas d’être comblé de si tôt. Il ne semble pas très utile de mettre ses pas dans les empreintes que des contemporains ont déjà faites sur le même chemin autant voyager de concert. On peut penser que les réseaux sociaux scientifiques pourraient constituer un vrai plus en élargissant les ondes de la connaissance. Reste à trouver un support accessible à tous. Et l’on alors tout motif de s’inquiéter, car la tour de Babel a été détruite et l’Espéranto n’a pas tenu ses promesses !
Bon goût, mauvais goût ?
lundi, décembre 22nd, 2014Le choix d’un cadeau, dans la mesure où il est l’expression du don, est une étape importante qu’il faut savoir affronter parfois plusieurs fois dans l’année. Une de ces dates parmi les plus importantes se situe en fin d’année où il est de coutume d’échanger entre individus de bonne compagnie des cadeaux que l’on voudrait à la fois originaux et appropriés ! Des aides au choix pour cette délicate opération sont depuis quelques temps à disposition , mais est-ce réellement le but recherché par cette publication, The TS 2014 Gift Guide (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41705/title/The-TS-2014-Gift-Guide/) ? Le choix parmi les articles proposés peut suivre au minimum deux directions : le point de vue économique et l’idée selon laquelle, pour faire plaisir il faut se faire plaisir. Quelque soit sa motivation, on va procèder par éliminations successives. Si l’on évacue le côté pécuniaire, en première intention, l’ éthique imposera le caritatif, puis le microscope en tant que valeur pédagogique et que Leeuwenhoek n’aurait pas dénigré, l’esthétique sera sans doute parfaitement comblée par le foulard, les décorations voire le T-shirt, l’amateur de science fiction voudra peut-être mettre en pratique les pouvoirs de son cerveau, et le microbiologiste pourrait choisir de ne pas se séparer, en aucune circonstance, de son domaine de prédilection, le bactériophage, mais qui voudra montrer de cette façon qu’il a des tripes ? L’article est a prendre plutôt au deuxième qu’au premier degré !
De plus en plus fort ?
vendredi, décembre 19th, 2014Au fil des mois et des années, des articles se ressemblent et s’assemblent autour d’un thème devenu consubstantiel au domaine de la recherche, celui de la véracité des résultats que l’on aurait tendance à faire passer par le chas de la seule aiguille qui lui soit adaptée à savoir la reproductibilité de l’expérience menée. L’universalité du thème de l’acte créateur pourrait reposer sur deux questions : « Pourquoi quelque chose plutôt que rien ? « , avec pour corollaire « Mais quel est donc le responsable ? » Dans la mesure où il est toujours aussi difficile de répondre à ces deux questions, on imagine pouvoir montrer/démontrer que l’homme pourrait bien se retrouver (selon l’expression actuelle) en position de responsabilité dans la seconde des deux propositions. Et c’est sans doute une des raison pour lesquelles les recettes de fabrication de cellules souches toti/pluripotentes fleurissent de façon accélérée. Dans les premiers temps (en réalité pas si anciens) la recette se devait de comporter une pincée de facteurs de différenciation. Quelques années plus tard, il ne suffirait plus que de forces physiques qui correctement appliquées pourraient suffire. C’est pourquoi, facteurs de stress (02/2014), matrice extra cellulaire (03/2014) puis aujourd’hui cytosquelette avec ses microfilaments d’actine (Reprogramming Redux, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41713/title/Reprogramming-Redux/) sont les différents acteurs d’une épopée sans fin (?). Si l’expérience, avec ses résultats, est reproductible la preuve est faite que le facteur est le bon. Mais comme les bons facteurs s’accumulent, la simplification n’est plus de mise et le responsable s’éloigne !
De l’utilté de la neutralité ….
mardi, décembre 16th, 2014On n’insistera jamais assez sur l’importance des mots ! Au XVII° siècle, Boileau peut encore écrire » … Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément … » Aujourd’hui la chose est plus complexe ! Et ce pour une raison à deux têtes: des techniques dont la nouveauté fait qu’elles n’ont pas encore été dénommées. Ce que l’on peut également énoncer de la façon suivante « A nouveauté, nouveau mot ». Ne sera pas envisagé ici ce domaine si controversé de la « novlangue » actuelle, encore que la novlangue définie par George Orwell pourrait être considérée comme le reflet inversé de ce vocabulaire que la technique oblige à créer. Quoiqu’il en soit, il est manifeste que les mots utilisés se conduisent comme des freins à la bonne compréhension du concept qu’il recouvrent ou pire comme des raisons de refuser les applications de ces concepts en en détourant le sens (Loaded Words, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41502/title/Loaded-Words/). Il n’est pas inutile de rappeler ici que biomédecine est un terme introduit en 1960 et concernait à cette date le domaine des fonctions vitales des astronautes (!). Il est également intéressant de noter qu’à cette époque Jean Bernard s’était élevé contre son utilisation car il imaginait déjà un possible détournement. Ainsi les néologismes, quelque soit leur domaine d’implication (la médecine est lourdement frappée) traînent-ils derrière eux des batteries de casseroles si bruyantes qu’elles assourdissent le badaud qui voulant faire croire qu’il a compris, invente ! On n’insistera jamais assez sur le poids des mots …….
Ethique, quand tu nous tiens …
dimanche, décembre 14th, 2014Les droits des animaux seraient-ils mieux encadrés et donc préservés que les droits des humains quand ceux-ci sont sujets d’expérience ? L’ETHIQUE, mot dont on peut penser qu’il est à la mode tant il est devenu sujet de déclarations sans exclusion de domaines, et dont il est convenu de se servir en particulier quand on utilise un être vivant dans le but d’éviter toute chosification (réification). Le problème majeur étant de savoir comment il convient de servir le principe même que recouvre le mot. Aristote est dans cette affaire un des premiers à avoir envisagé les différents champs de l’Ethique pour en faire un mode de vie harmonieux tant au niveau individuel qu’interindividuel : se conduire de telle sorte que l’on atteigne le but ultime, celui du plein épanouissement de l’individu au sein de la société. Il est évident que dans ces conditions, comment faut-il comprendre l’éthique appliquée à la recherche (Ethical overkill, http://www.nature.com/news/ethical-overkill-1.16513?WT.ec_id=NATURE-20141211) ? Les règles à suivre doivent-elles être éditées par un organisme et gravées dans le marbre, alors que chaque équipe aurait plutôt tendance à exposer ses règles en les qualifiant d’éthiques ? Car sous le terme éthique on sous entend également un autre type de protection que celui du sujet, à savoir la protection de celui qui conduit l’expérimentation. Mais un dernier volet s’est fait jour : le volet économique qui voudrait qu’un bureau centralisé d’éthique soit moins onéreux que plusieurs officines ! On en arriverait donc à cette notion inattendue, à coup sur non envisagée par Aristote, du coût de l’éthique ! Même si l’on s’en offusque de principe, la prise en compte des possibilités de la datamasse (big data) fera qu’il deviendra impossible de l’ignorer.
Un grand pas pour ….
mardi, décembre 9th, 2014Comment l’esprit vient aux femmes, c’est Georges Cukor qui en parle 1951, comment l’abstraction vint à l’Homo erectus, est-ce un coquillage qui peut en parler aujourd’hui ? Rien de plus immatériel que l’acquisition de la conceptualisation, tandis que les preuves qui peuvent s’y rapporter ne sont que matérielles. C’est l’artefact de l’archéologue, ce que la nature n’a pu faire et donc ce que l’homme a réalisé. Ainsi en est-il de cette coquille de lamellibranche d’eau douce percée de « mille trous » dont seul l’homme pourrait être à l’origine (Shell ‘art’ made 300,000 years before humans Evolved, http://www.newscientist.com/article/mg22429983.200-shell-art-made-300000-years-before-humans-evolved.html?full=true#.VIRz-V0tBYc). Pour le commun des mortels, comment distinguer un silex inutile d’un silex utile, en d’autres termes, comment voir différemment les irrégularités de contour d’une pierre ? Comment voir dans ce silex-nature un silex-outil ? Comment voir dans l’objet présent son but, comment percevoir l’intervention d’une cause finale (le telos). Comment l’imagination du chercheur d’aujourd’hui peut-elle faire table rase des acquis de millions d’années pour comprendre ce que l’Homo erectus imaginait pouvoir faire alors d’un silex et ou d’un quelconque coquillage dans l’optique de sa vie quotidienne ? Il en est de même pour l’interprétation de l’art pariétal, et de toutes ces manifestations de l’humanité trop éloignées pour ne pas être interprétées à l’aune de ce que l’homme est devenu, sans pouvoir même imaginer qu’il aurait pu être autre ! Intemporalité de la question « Qu’est ce que l’art » …
« Si ce n’est toi, c’est donc ton frère … »
samedi, décembre 6th, 2014Aujourd’hui ce se serait tout autant « …. Car vous ne m’épargnez guère … » que « … Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés … » Hommes et/ou bêtes dans une même galère, c’est ce dont traite une courte revue (certainement incomplète), A Race Against Extinction, (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/41532/title/A-Race-Against-Extinction/), que l’on pourrait également sous titrer par « Où l’on apprend que … ». Depuis longtemps l’homme sait qu’il doit se méfier de certains animaux porteurs de germes et virus pour lesquels il existe une transmission inter espèce. Le plus connu de tous, peut-être, le virus de la rage, maladie mortelle contre laquelle Pasteur a totalement ignoré le principe de précaution….( » Mais je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… ») Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, si des espèces peuvent être en voie de disparition, elles ne sont pas les seules à être vectrice, l’homme est tout à fait apte à faire de même. Mais là aussi, il ne s’agit pas réellement d’une nouveauté. Il est pratiquement certain que l’homme en introduisant des germes pathogènes ignorés de certaines populations du continent américain a non seulement soumis mais aussi éliminé les populations indigènes. Entre l’homme et l’animal les liens tissés sont anciens, plus ou moins harmonieux selon les époques. Mais l’un ne va pas sans l’autre, et à celui qui est capable d’apporter des remèdes revient le devoir de protéger l’autre. Sans professer l’idée selon laquelle l’homme serait le seul vrai prédateur, il convient qu’il soit celui qui doit réparer parce qu’il sait le faire.
Il vaudrait mieux penser à tout !
mardi, décembre 2nd, 2014Ce n’est pas parce que c ‘est plus facile d’utiliser un petit animal de laboratoire, telle la souris, qu’il faut oublier un minimum de précautions. Au fil des expérimentations, des années et des techniques il est devenu évident que le stress faisait partie intégrante du ressenti de l’animal. On en conviendra facilement, l’environnement laboratoire ne constitue pas plus pour l’animal que pour l’homme un cocon de douceur et d’affection. Sans vouloir faire preuve d’une tendresse excessive il n’est pas anodin d’agir envers l’animal selon des règles de bonne conduite. Si les défenseurs des animaux ont établi une charte en ce sens, si l’Assemblée a adopté (octobre 2014) une disposition qui reconnaît aux animaux la qualité symbolique «d’êtres vivants doués de sensibilité», il existe aussi une façon à la fois plus pragmatique et plus hypocrite de s’intéresser à ce problème. Ne pas tenir compte de ces recommandations, peut provoquer des erreurs dans les résultats obtenus (Mouse Traps, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41269/title/Mouse-Traps/) ! Enfer et damnation, un article pourrait se voir refuser la publication pour cause de faux résultats à mettre sur le compte du comportement de l’expérimentateur et non sur la conduite de son protocole ! Mieux vaut donc prendre en considération ces petits compagnons de recherche car l’impact est lourd de conséquences d’autant que les facteurs à prendre en ligne de compte sont nombreux. Ainsi a-t-il été édité un ensemble de recommandations sous le titre de The ARRIVE (Guidelines Animal Research: Reporting of In Vivo Experiments, 20-item checklist) qu’il serait bon que chaque expérimentateur garde en mémoire pour l’appliquer. Il ne faut surtout pas croire que l’étude comportementale de la souris soit beaucoup plus simple que celle de l’homme !