Une boîte noire est un système dont le fonctionnement interne est soit inaccessible, soit omis délibérément. Pour le behaviourisme le cerveau est une boîte noire et seuls les comportements sont accessibles et peuvent servir de base à une étude scientifique. Aujourd’hui sans être devenue d’une totale transparence, la boite noire livre peu à peu les secrets de sa construction ce qui plus tard aidera peut-être à expliquer son fonctionnement. C’est ce que propose l’article The ineffable quality of the human brain en abordant l’étude comparative de plusieurs cerveaux de mammifères (ou pas) en s’attachant particulièrement au versant cytologique de l’étude, ce qui aurait plu aux morphologistes classiques, mais pour faire preuve de modernité, en lui adjoignant des données génétiques. Depuis Golgi et Ramon y Cajal, les images des neurones n’ont pas réellement été modifiées : on peut simplement s’accorder sur le fait qu’ils sont loin d’être aussi simples que les premières imprégnations argentiques ou colorations spécifiques le laissaient supposer. Exception faite de l’axone qui même s’il se bifurque reste unique, les dendrites se révèlent beaucoup plus nombreux et la forêt des synapses est inextricable. En résumé, c’est la même chose mais en mieux ! Par contre la perte cellulaire annoncée très précocement chez le petit humain se révèle être une duperie, car le cerveau n’atteint sa maturité que vers le tiers de la vie de son possesseur, ce qui est rassurant ! Quant au quotient d’encéphalisation il est largement en faveur de l’humain. Et si le nombre des cellules est supérieur chez l’homme, les types cellulaires sont comparativement moins différents que ce à quoi aurait pu prétendre son orgueil. En fait comme l’écrivent les auteurs « ce ne sont pas les ingrédients qui sont différents, mais la recette« . Si les instruments sont globalement identiques, ils sont plus nombreux et l’orchestre est capable d’un polyphonie plus riche.
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Arrêt sur image
samedi, novembre 2nd, 2024Pas de différence, vraiment ?
vendredi, septembre 20th, 2024N’en déplaise à tous ceux qui s’attachent à démontrer qu’il n’existe pas de différence entre la gente féminine et la gente masculine, force est d’en accepter quelques unes. La raison voulant simplement de n’accorder à ces différences aucune connotation qualitative ou quantitative. La dernière en date concerne un organe noble, s’il en fut : le cerveau. On a déjà glosé à l’infini sur la différence de taille qui existerait entre un cerveau femelle et un cerveau mâle. Cette différence existe pourtant mais dans une circonstance bien particulière la gestation, qui comme chacun en est bien conscient relève exclusivement de la gente féminine chez l’humain. Documents à l’appui, A portrait of pregnancy brain changes, il appert qu’il existe bel et bien des différences pendant la gestation et là, il ne s’agit pas d’une étude chez les murins ! Schématiquement il existe une diminution de la substance grise et un pic transitoire de connectivité neuronale. On connaissait des actions hormonales physiologiques périphériques mais elles n’étaient pas encore démontrées au niveau du cerveau. Certaines de ces modifications par ailleurs persistent au delà de l’accouchement puisqu’il en est qui se poursuivent au delà de deux ans. Si ces modifications démontrent à l’évidence la normalité d’une différence de genre elles seront peut-être également importantes dans l’étude de syndromes encore inexpliqués en rapport avec la gestation, l’accouchement et le post partum. Les différences existent et ne peuvent être niées car elles sont naturelles et donc normales.
C’est comment décider ?
lundi, septembre 16th, 2024Pour procastiner, remettre à demain ce que l’on pourrait/devrait faire le jour même, comme pour précastiner, agir immédiatement, il doit exister un système apte à rendre la perception agissante : comprendre qu’il existe un futur réalisable, passer d’une sensation à son accomplissement. Encore une prérogative de la boîte noire qui vient d’être explorée (‘Brain-Wide’ Dynamics of Making Decisions Uncovered, https://www.labmanager.com/brain-wide-dynamics-of-making-decisions-uncovered-32812?). Le processus décisionnel est en effet loin d’être simple. Retirer rapidement sa main d’une source de chaleur ne rentre pas dans ca cadre, puisqu’il s’agit simplement d’un acte réflexe dont le trajet neuronal est connu depuis longtemps grâce aux sacrifices de nombreuses grenouilles dont le destin s’est brusquement interrompu. Dans l’étude sus citée, il s’agit d’actes décisionnels plus complexes s’appuyant sur la perception du changement de vitesse d’un motif visuel donnant lieu à une réponse spécifique. Il est heureux de constater une réelle différence avec la voie du reflexe médullaire puisque les auteurs ont en effet mis en évidence que de nombreux neurones dans des zones différentes étaient impliqués. Il existe néanmoins des différences selon que l’animal a ou n’a pas appris à répondre. Mais s’agit-il réellement d’une découverte, dans le sens où jamais on aurait pu imaginer le résultat obtenu ? Non seulement la réponse est NON mais encore elle reste particulièrement frustre par rapport à la question posée ! Peut mieux faire !
Collaboration contradictoire
mercredi, janvier 24th, 2024Si le cerveau a pu être qualifié de « boite noire » depuis longtemps, ce n’est pas tant, parce qu’il était inaccessible à l’imagerie, (ce qui n’est plus le cas !), mais parce qu’il était comparé à un système dont le fonctionnement interne restait parfaitement inconnu. Si le schéma behavioriste repose sur la formule stimulus—->réponse, la psychologie cognitive introduit l’analogie entre cerveau et « centrale de traitement de l’information ». Néanmoins il est devenu évident que le fonctionnement du cerveau et de l’ordinateur diffère sur plusieurs points, dont un particulièrement important à savoir que l’homme peut être à la fois sujet et objet tandis que l’ordinateur restera exclusivement objet : « Si deux humain posent le même question à un ordinateur, ils obtiendront la même réponse. Si deux humains posent la même question à un humain, ils obtiendront généralement deux réponses différentes« . C’est alors que se faufile le concept de « conscience », à propos duquel les définitions s’entrechoquent (The consciousness wars). L’article est d’autant plus d’actualité que pour Mark Zuckerberg « L’intelligence artificielle générale – lorsque l’IA deviendra plus performante que les humains – n’est plus qu’à quelques instants » (Artificial general intelligence — when AI becomes more capable than humans — is just moments away, Meta’s Mark Zuckerberg declares). Et donc revient le temps de chercher à définir la « conscience« , quête qui s’apparente à celle du Saint Graal dans la mesure où les divisions au sein du monde scientifique sont telles qu’elles mettent un frein à une collaboration qui s’avère indispensable. C’est dans ces conditions que s’impose le concept de « collaboration contradictoire » reposant sur une indispensable écoute de l’autre ce que doit appliquer chacun des participants. Car en effet, même au sein de la communauté scientifique nombreux parmi ses membres sont ceux qui partagent cette altération du jugement qu’est le biais cognitif transformant de possibles collaborateurs en adversaires irréductibles. La difficulté du sujet s’accroit avec le fait que les écoles Française et Américaine diffèrent, égalité et autonomie pour la première et non pour la seconde ! La question devient donc la suivante : une unique solution peut-elle être apportée à un problème posé en utilisant des outils différents ?
Le coeur a ses raisons..
vendredi, août 4th, 2023Considéré comme le centre des émotions, le coeur pour Aristote l’emportait largement sur le cerveau qui n’aurait servi qu’à refroidir le corps. En cela il était en complet désaccord avec Hippocrate qui lui considérait que c’était bel et bien dans le cerveau que naissaient les émotions. Aujourd’hui on serait autorisé à dire « en même temps », car l’un ne va pas sans l’autre ; mais le doute était-il réellement de mise tant l’expérience allait dans ce sens. Quoiqu’il en soit, il est bon que les résultats de la démarche scientifique puissent apporter une éclatante confirmation à l’intuition. C’est ce que présente l’article The Heart Can Directly Influence Our Emotions. Qu’il y ait un intérêt certain à valider une sensation ou une conviction ne va pas, dans le cas présent, sans apprécier pleinement les avancées dans un domaine situé aux confins de la psychologie et de la physiologie dans une voie à double sens dont il est bien difficile de faire émerger le « primum movens« . Heureusement grâce à la découverte (déjà ancienne) de protéines « outils », il est devenu possible de suivre avec précision l’activité neuronale de telle sorte que l’on peut manipuler des cellules aussi profondes que les cellules cardiaques. Que constate-t-on : 1) l’augmentation du rythme cardiaque n’altère pas le comportement de la souris, 2) l’altération comportementale intervient quand l’animal est placé dans une situation inhabituelle ce qui signifie que l’environnement joue un rôle. Deux zones sont encore en compétition pour parler au coeur : le cortex insulaire postérieur et le cortex préfrontal. Reste à déterminer lequel sans exclure la possibilité que ces deux zones ne répondent pas dans un même temps ! Mais il s’agit de l’homme et non pas d’une souris. Alors qu’en est-il de sa gestion du stress quand son rythme cardiaque s’accélère dans un environnement devenu hostile ?
Docilité animale
samedi, février 5th, 2022C’est probablement vers quatre mille ans av. J.-C que le chat fut domestiqué en Égypte. Gracieux et indépendant il fut non seulement apprécié comme animal de compagnie mais encore joua un rôle protecteur qui le mena jusqu’à, récompense suprême, devenir incarnation de la déesse Bastet. Malheureusement il devient animal du diable et des sorcières au Moyen Age, et s’il est noir son espérance de vie s’en trouve considérablement raccourcie. Quoiqu’il en soit, les chats sont toujours là, et loin d’avoir disparu ils ont fait la notoriété d’un certain nombre d’artistes plus ou moins sérieux comme ces chansonniers et leur célèbre cabaret du Chat Noir. Et pourtant avoir recouvré un statut particulièrement enviable n’a pas donné à cet animal « la grosse tête ». En effet il semble bien au contraire que celle ci diminue , phénomène allant de paire avec une diminution de taille du cerveau qu’elle renferme ( Cat brains are shrinking, and it’s all humans’ fault). A qui la faute ? Comme pour le désordres climatiques, un seul responsable est à montrer du doigt : l’homme. Cette réduction du volume du cerveau n’est pas réservée à la famille des félidés, sous espèce Felis silvetris : elle est constatée chez les animaux domestiqués en général. Mais pourquoi s’inquiéter puisque la docilité est à ce prix ? Le problème viendrait de ce que toute hybridation entre espèce sauvage et espèce domestiquée se ferait en faveur de l’animal domestiqué. Le processus de disparition des espèces comporte également le volet disparition des espèces sauvages au profit des espèces domestiquées. Bienvenue au monde aseptisé de la cancel culture. Le loup de Jean de La Fontaine avait choisi de fuir la domestication du chien parce qu’il savait ce qui l’attendait !
Mais pas que …
dimanche, novembre 21st, 2021Le blob, organisme unicellulaire ni animal ni végétal, pourrait aisément passer pour une entité pensante dès qu’on lui attribue quelques qualités en usant du vocabulaire anthropomorphe dont raffole cette société qui l’admire. Ainsi est-il capable d’apprendre et de transmettre ses connaissances à d’autres blobs voisins ! Et pourtant personne n’ignore qu’il est dépourvu du moindre gramme de cerveau. De là à imaginer que le cerveau n’est en rien indispensable à tout le moins pour apprendre et transmettre il n’y a qu’un petit pas. Mais que serait ce cerveau livré à lui-même, dépourvu de ses connexions, de toutes ces liaisons avec l’extérieur tout autant qu’avec l’intérieur, émettrices tout autant que réceptrices ? De ce fait qualifié par certains de Boîte noire, cet organe reste un mystère aux confins de la morphologie macroscopique et microscopique, de la biochimie et de la biologie moléculaire, tout autant que de l’imagerie. Or le blob est capable de certaines des fonctions qu’on lui attribue, ce qui pose la question de savoir si le cerveau doit toujours être considéré comme l’indispensable TOUT. Le livre d’Antonio Damasio,Feeling & knowing: Making minds conscious dont il est fait un court rapport (Being, Feeling, and Knowing: Our Path to Consciousness) devrait apporter quelques éléments de réflexion dans la mesure où sans démystifier l’organe en tant que tel, il le replace dans une dimension spatio-temporelle qui peut expliquer l’acquisition depuis la simple conscience d’être à la connaissance. L’être nait à la conscience qu’il est, et acquiert la faculté d’envisager son intériorité dans l’extériorité de son environnement. Dès lors les termes utilisés pour les qualités du blob, apprentissage et de transmission, ne devraient-ils pas être accompagnés de certaines précisions ?
Défectuosité
mercredi, juillet 7th, 2021Pour atteindre la paix de l’âme, jusqu’à « l’ataraxie » des anciens, plusieurs chemins ont été empruntés et le sont encore. Le septique compare et questionne, le stoïcien accepte le moment comme il se présente et l’épicurien satisfait ses désirs naturels, à condition qu’ils soient nécessaires. Thomas le didyme appartient à une autre famille, celle qui ne croit que ce qu’elle voit et c’est là que réside le problème. Faire confiance à l’un de ses cinq sens et se priver de l’apport du moindre raisonnement peut être lourd de conséquences. Ainsi la vision est-elle une grande pourvoyeuse d’erreurs quand c’est le cerveau lui-même qui ne répond pas présent pour rétablir la vérité. Que celui qui n’a pas « vu » les rayons lumineux du soleil traversant les nuages se fasse connaître (A new type of optical illusion tricks the brain into seeing dazzling rays). L’image de l’objet regardé lorsqu’elle se forme sur la rétine, est une image inversée, mais le cerveau la redresse. Il existe pourtant des situations où c’est bien lui qui induit en erreur le spectateur. Si les rayons du soleil traversant les nuages forment bel et bien des faisceaux lumineux, l’étoile scintillante elle, est bel et bien une illusion d’optique dont le cerveau est le responsable. Comme l’écrit l’auteur de l’article, le cerveau reconstruit le monde ! Sur quelles données s’appuie-t-il pour établir des lignes en reliant des points ? Cette capacité est-elle innée ou bien s’acquiert-elle avec la confrontation entre la perception visuelle et la connaissance puis la reconnaissance des objets du monde ? En d’autres termes, que sont les illusions sinon des constructions du cerveau non pas ex nihilo, mais bien « ex aliquo« . Parce que le cerveau cherche à mettre du sens, parce qu’il n’accepte pas l’absence de sens, il va toujours tenter de redonner sens. Il existerait dés lors une possibilité de le tromper que l’on pourrait peut être utiliser pour remédier à certaines anomalies de perception.
Peut-on le dire ?
jeudi, avril 8th, 2021Au début furent les sexes masculin et féminin selon l’ordre chronologique biblique, féminin et masculin selon l’ordre alphabétique. Il existe également des différences macroscopiques comme le morphotype et des différences microscopiques comme la carte chromosomique. Il existe des ambiguïtés qui peuvent également être macroscopiques ou microscopiques, naturelles ou artificielles. Puis se révéla le genre qui entretient avec le sexe des rapports qui ressemblent fort à ceux qu’entretiennent l’inné et l’acquis. D’un système binaire la société a évolué vers un système dont on ne sait pas s’il est ternaire, quinaire ou sénaire. Quoiqu’il en soit, non seulement la simplicité n’est plus de ce monde mais encore il est très mal venu de vouloir y revenir. Or en ces temps d’épreuves dont l’ignorance n’est pas la moindre, plusieurs articles semblent faire preuve d’un malin plaisir en appuyant là où ça fait mal, à savoir en se concentrant sur le système binaire qui convenait assez bien à nos ancêtres. Voici simplement deux domaines dans lesquels les différences suivent le sexe chromosomique, les réponses immunitaires : Covid 19, sexe, hormones et immunité (https://www.jim.fr/e-docs/covid_19_sexe_hormones_et_immunite_186943/document_actu_med.phtml), Sex Differences in Immune Responses to Viral Infection (https://www.the-scientist.com/features/sex-differences-in-immune-responses-to-viral-infection-68466), schématiquement la neuropsychiatrie : Genetic Variants Tied to Sex Differences in Psychiatric Disorders (https://www.the-scientist.com/news-opinion/genetic-variants-tied-to-sex-differences-in-psychiatric-disorders-68624), voire même le cerveau, thème largement débattu depuis des siècles, Sex differencies in the brain( https://www.the-scientist.com/features/sex-differences-in-the-brain-34758). LA question est donc de savoir, si l’on est toujours en droit de lire ces articles, si l’on est en droit d’en parler et si les auteurs ne risquent pas la mise à l’index !
Dormez, je le veux !
dimanche, juin 7th, 2020Le sommeil est un état suffisamment intrigant pour qu’il questionne depuis l’antiquité.Parfois qualifié de « petite mort » on lui reconnait depuis lontenps déjà plusieurs phases qui ont dû attendre le début du XXème siècle pour que l’EEG (électroencéphalogramme) encore jeune à l’époque explicite différentes ondes dites de sommeil. Depuis un petit siècle c’est la neurophysiologie qui cherche à prouver qu’il existe des systèmes d’activation et d’inhibition, des cellules, des substances secrétées. Ce qu’elle a démontré et qui est une vérité, c’est que l’absence de sommeil n’est pas à recommander, mais pourquoi ? Une nouvelle étude apporte des idées nouvelles et intéressantes How lack of sleep kills puisqu’elles abandonnent le cerveau pour lui préférer le tube digestif ! L’homme a instituer une hierarchie des organes : ainsi le cerveau s’est-il retrouvé au sommet de l’échelle tandis que le tube digestif avait position de vassal. N’est-ce pas curieux ? Cet a priori est-il a mettre sur le compte de l’absence fondamentale du sentiment d’égalité de chacun vis à vis de l’autre ou sur la présence fondamentale du sentiment de supériorité de chacun vis à vis de l’autre ? Pourquoi avoir imaginer qu’il existe nécessairement un chef d’orchestre sans lequel il n’est pas de concert réussi. Si le doute est fondateur, le cartésianisme est néamoins réducteur : on ne remonte jamais à l’identique ce que l’on a démonté tant il est difficile de recréer l’harmonie du tout initial !