Posts Tagged ‘épistémologie’

L’empreinte du passé

jeudi, mai 26th, 2016

2f3f404fRemonter le temps reste (restera ?) : une question ouverte ? un désir insatisfait ?  un vœu pieux ? un fantasme ? Choisir la bonne réponse (il ne peut y en avoir qu’une !). Deux attitudes s’affrontent dont une plus suivie que l’autre (Second thoughts, http://www.nature.com/news/second-thoughts-1.19934?WT.ec_id=NATURE-20160519&spMailingID=51405876&spUserID=MjA1NTExOTM5MgS2&spJobID=922260423&spReportId=OTIyMjYwNDIzS0; Teach students the biology of their time, http://www.nature.com/news/teach-students-the-biology-of-their-time-1.19936?WT.ec_id=NATURE-20160519&spMailingID=51405876&spUserID=MjA1NTExOTM5MgS2&spJobID=922260423&spReportId=OTIyMjYwNDIzS0). Dans le premier cas, la philosophie des sciences enseigne que l’épistémologie est une étape indispensable dans la construction de la pensée scientifique et comme outil, également indispensable à l’avancée scientifique. Dans le second cas,  on devrait faire table rase du passé (mais le pourrait-on réellement ?) ; cette attitude se rapprochant en fait de la dialectique concernant la connaissance :  innéité vs acquisition.  Mais surtout comment peut-on imaginer ce qui se serait passé en l’absence de ce qui s’est passé !  Cette disposition correspond en fait à ce que l’on donne comme définition de l’absence. En effet comment apprécier ce qui n’est pas, sinon en se référant à ce qui est : le vide n’existe que par rapport au plein, que serait le chaos sans l’harmonie, que serait la prose sans les vers et ainsi de suite … Pourtant en imaginant que Untel n’ait pas été à l’origine de certaines lois, lorsque celles ci se trouvent validées il n’est pas absurde de penser qu’elles auraient, malgré tout, vu le jour même à partir de raisonnements différents. Il est surtout évident que la connaissance du passé est indispensable à l’esprit critique en dehors duquel point de salut. Les romans d’anticipation peuvent remonter le temps et permettre des incursions dans le passé, pourtant la question suivante reste ouverte : doit-on agir sur le présent à partir d’un passé revisité ?

Epistémologie un jour, épistémologie toujours !

mercredi, février 10th, 2016

ob_d11292_img156Epistémologie, un mot barbare ? Certes non, pas d’accent circonflexe, pas de [f] pour choisir entre f et ph, pas plus que de trait d’union. Un mot en toute simplicité, ce qui n’exclue pas en grande majesté. Une racine grecque univoque, έπιστέμέ/λογοσ, une portée universelle. Ce n’est rien d’autre que ce dont parle cet article Scientific Literacy Redefined (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/45102/title/Scientific-Literacy-Redefined/) tout en le défendant ardemment. Ce n’est rien d’autre également que ce que défend ce site au fil des articles. Comment exercer son libre arbitre  pour arriver à ce but ultime qu’est la vérité, comment exercer sa raison dans la démarche de la connaissance  pour aujourd’hui comprendre que la science appartient au domaine du relatif et non de l’absolu. Comment est-il possible de faire admettre que les vérités d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier, ni celles de demain, mais qu’elles proviennent des premières pour alimenter les secondes, et que leur vérité s’inscrit nécessairement dans le temps ce qui ne les entache d’aucune « fausseté« . Il n’existe pas d’autre moyen que celui de proposer une histoire des sciences pour saisir toute la portée des acquisitions successives et permettre de réfuter les caractères absolu et définitif que certains veulent attacher à la science en général. Ce qui conforterait ceux qui la présente ainsi mais serait dans le même temps l’épitaphe à inscrire sur sa tombe :

 » Ci-gît celle qui n’a pu se relever de ces vérités présentées comme absolues« 

Après l’école

dimanche, juin 7th, 2015

hanselNombreux sont ceux qui se posent la question de savoir à quoi servent certains domaines que l’enseignement imposait il y a encore quelques temps. Mais il s’agit là, d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, et c’est sans doute la raison pour laquelle il semblerait mieux aujourd’hui de proposer plutôt que d’imposer. A quoi, en effet, les tableaux de conversion pourraient-ils bien servir ? Pourtant toute apprentie cuisinière est la première à apprécier de savoir comment transformer des centilitres en décimètres cubes (par exemple !), faute de quoi la recette risque de ne pas correspondre à l’attente. Il en est de même avec la vieille règle de trois, sans laquelle il est difficile voire impossible de passer d’une recette pour quatre personnes à la même pour six. Petits exemples, petits effets mais ils sont une première réponse à la question à quoi cela servira t-il plus tard ? De plus grands exemples pour de plus grands effets ? Une connaissance des grands mythes grecs (en particulier) est toute aussi utile que celle des contes de fées, les uns comme les autres étant régulièrement revisités par la littérature, l’art cinématographique et aujourd’hui  les jeux qu’ils s’adressent aux enfants, aux adolescents ou aux adultes. Il n’est jamais inutile de comprendre le pourquoi du comment. Ce qui pourrait paraître étonnant, mais il s’agit d’une enquête réalisée au Royaume Uni, c’est que le grand public garderait pour une part non négligeable, une bonne idée de l’enseignement scolaire et en particulier de  celui de la chimie (Take concepts of chemistry out of the classroom, http://www.nature.com/news/take-concepts-of-chemistry-out-of-the-classroom-1.17691). Il s’agit en réalité, par le biais de quelques exemples vulgaires,  d’approfondir le(s) rapport(s) qu’entretient la théorie et la pratique, on pourrait même dire aujourd’hui, le virtuel et la réalité. C’est exactement ce qu’exprime l’expression à quoi cela servira t-il plus tard, comme s’il ne pouvait pas exister de connexion entre deux mondes qui s’excluent mutuellement,  conception vs réalisation. Tant qu’à faire de participer à la polémique, pourquoi ne pas opter pour l’épistémologie à l’école, parler enfin de la connaissance  !

Ombrage verbal et reproductibilté

vendredi, novembre 7th, 2014

52b1b528a6493Il a toujours été sous entendu qu’une expérience se doit de pouvoir être reproduite, non seulement par les expérimentateurs eux même mais aussi par des expérimentateurs étrangers. Aujourd’hui plus que jamais la non reproductibilité des résultats d’une expérience est synonyme de falsification. Il s’agit là d’un thème cher à l’épistémologie dans le cadre de la théorie de la connaissance avec comme corollaire la transmissibilité de cette connaissance. Karl Popper, au siècle dernier,  s’est intéressé à la recherche scientifique en explorant la proposition scientifique dans sa réfutabilité ou falsifiabilité. Une proposition peut être qualifiée de scientifique si elle est réfutable. Et dans ces conditions, il ne sert à rien de multiplier les faits qui s’accordent dans la mesure où selon sa théorie, la science avance par conjectures et réfutations.  Le sujet abordé dans l’article : Metascience could rescue the ‘replication crisis’ (http://www.nature.com/news/metascience-could-rescue-the-replication-crisis-1.16275) pourrait bien être une branche de cet arbre touffu de la connaissance scientifique dans la mesure où il investigue  le problème de la robustesse de la recherche par le biais des publications. Comme l’auteur le rappelle cet aspect avait été déjà envisagé en psychologie comme en témoigne l’article: Description verbale et identification du suspect : l’ombre des mots sur le souvenir du visage (http://psychotemoins.inist.fr/?Description-verbale-et,8). Cette ombre des mots va entrainer une information trompeuse générée par le sujet lui même au moment de la description. C’est un effet semblable qui se produirait avec la recherche de reproductibilité dans les expériences scientifiques lorsqu’elles sont rapportées à plusieurs reprises. Reproductibilité positive contre reproductibilité négative et controverses à propos des théories de l’occultation verbale sont les deux faces d’une même médaille, celle qui s’attache à la science en mouvement.

Mathématiques : l’alpha et l’oméga

dimanche, décembre 22nd, 2013

Pourquoi n’existe-t-il pas de prix Nobel de Mathématiques, Alfred Nobel ne s’est jamais totalement expliqué sur le sujet. Ont donc été créés la médaille Keith en 1927, la médaille Fields en 1936, le prix Abel en 2003 …. En réalité nombreuses sont les récompenses dans le domaine des Mathématiques qui aujourd’hui couvrent un champ d’une largeur telle qu’il il va des mathématiques fondamentales aux mathématiques appliquées. Ces dernières ont la faculté de s’inscrire dans presque tous les domaines démontrant l’universalité de cette matière, son ubiquisme lui permettant de se sentir à l’aise aussi bien dans le domaine de la sociologie que dans celui de la biologie. Si l’on efface le côté hagiographique de l’article Biology’s Coefficient, (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/38379/title/Biology-s-Coefficient/) il pourrait être utile d’énumérer les sujets traités par le personnage dont il est question. Il serait même plus utile encore  d’étudier les voies de traverse qui lui ont permis de passer d’un sujet à l’autre. L’épistémologie n’est pas un mot barbare mais le meilleur moyen d’aborder le versant méthodologique de la connaissance et dans le cas présent, parce que globalement performant, l’outil mathématique a le mérite d’être enfin devenu nettement  plus attractif que répulsif.

Un peu d’épistémologie !

jeudi, janvier 12th, 2012

Il est toujours utile de revenir « aux fondamentaux » pour apprécier le chemin parcouru. Depuis la théorie cellulaire enoncée par Virchow, résultat de nombreuses années d’observation et de réflexion, quelle épopée ! C’est ce que fait vivre le dernier article de N.A Wright et R. Poulsom (http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/path.v226.2/issuetoc) dans leur dernier article « Omnis cellula e cellula« . La lecture n’est jamais qu’un raccourci saisisssant, mais la conclusion mérite un petit arrêt. Tel Saint Paul, Virchow, en son temps, se mit à croire à la division cellulaire. On n’ose pas envisager ce qui se serait passé, ou plutôt ce qui ne se serait pas passé s’il n’avait eu cette révélation ! D’un autre côté, il ne pouvait pas ne pas l’avoir ! Ce n’était qu’une question de temps, une question de rupture épistémologique, comme le préconisait G. Bachelard. Et c’est du haut d’un Walhallad dédié à la pathologie que tous ces maîtres regardent le monde de la biologie avancer en posant pierre sur pierre pour un ouvrage sans fin ;  ce n’est pas un mouvement perpetuel, c’est la poièse dans toute sa beauté !