Le système immunitaire est un état dans l’état. C’est un système de défense ancestral d’une complexité incommensurable. Pas toujours le même, mais pas uniquement différent, il est inné et acquis, il sait faire la différence entre le soi et le non soi, il apprend, s’éduque au fur et à mesure de ses rencontres, il est unique et multiple, nulle part et partout et plus que tout, il est indispensable. C’est le système réticulo-endothélial d’Élie Metchnikoff, mais on sait aussi depuis qu’il ne peut être limité au système des macrophages que ce zoologiste russe avait décrit en son temps. Pourquoi donc faudrait-il en arriver à le berner (Synthetic Peptide Fools Immune System,http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34482/title/Synthetic-Peptide-Fools-Immune-System/ ) ? Parce que toute rencontre n’est pas bonne et qu’il faut savoir en éviter quelques unes pour mieux être défendu ! Parce que s’il faut qu’une molécule efficace ne disparaisse pas pour le bienfaît de l’organisme, il conviendra de la cacher jusqu’à ce qu’elle puissse jouer les rôles en lieu et place qui lui sont dévolus par le thérapeute. Il se pourrait bien que pour la première fois, les chercheurs aient réussi à faire croire aux macrophages qu’une nanoparticule peut faire partie de l’organisme et de ce fait ne pas être reconnue comme du non soi, et que par conséquent elle puisse échapper à toute attaque. Ce n’est pas Le loup et l’agneau, « La raison du plus fort est toujours la meilleure », mais plutôt Le rat et l’huitre, « Tel est pris qui croyait prendre ».
Archive for février, 2013
Comment et pourquoi tromper un système ancestral ?
jeudi, février 28th, 2013Parler pour ne rien dire
mercredi, février 27th, 2013Qui se souvient de l’expérience menée en 1990 destinée à étudier la vie dans un univers clos recréé par tout un ensemble de scientifiques compétents dans le domaine de la biodiversité. Au bout de deux ans, « le combat cessa faute de combattants » alorsque l’expérience devait se poursuivre sinon indéfiniment tout au moins un temps imaginé comme devant être largement supérieur à cette durée ! Il est impératif de prendre le temps de s’arêter sur la question que pose l’article « Opinion: Biodiversity Impacts Humanity » (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34448/title/Opinion–Biodiversity-Impacts-Humanity/). Nombreux sont ceux qui donnent un avis éclairé à propos de l’ impact de l’homme sur la biodiversité, ce qu’il faut faire et bien sûr ce qu’il ne faut absolument pas faire. Mais le problème majeur c’est que l’homme ne sait pas ce qu’est « exactement » la biodiversité » ! Dans ces conditions ne serait-il pas plus avisé de continuer d’étudier l’environnement dans lequel le règne animal aussi bien que le règne végétal cohabitent, de prendre en compte leurs modifications et la rapidité avec laquelle elles apparaissent, en s’abstenant d’assener des directives définitives que les non initiés ont interdiction de commenter !
Comment se construit une loi ?
samedi, février 23rd, 2013Passer de l’observation unique à la loi universelle sous-entend d’attribuer aux résultats obtenus le statut d’une vérité telle que sa reproduction à l’identique est acquise pour toujours. Ce qui est exceptionnel, c’est que pendant un certain temps il en fut ainsi comme en témoignent, par exemple, les observations de Mendel sur ses petits pois ! Une revue même non exhaustive des modèles choisis en biologie montre à quel point ces modèles sont devenus nombreux (Variety Is the Spice of Life, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/34106/title/Variety-Is-the-Spice-of-Life/) ! Et cette richesse même amène à faire une remarque et à poser une question. Premièrement c’est très vraisemblablement l’éventail des modèles qui vont du Caenorhabditis_elegans (sans oublier la levure) aux primates qui fait que la recherche continue d’obtenir des résultats significatifs. Mais aussi, deuxièmement, comment peut-il se faire que des lois établies à partir d’un modèle sont et resteront valides pour l’homme, qui constitue l’un des buts que se sont fixés les chercheurs. En fait ce qui s’est modifié dans la recherche au fil des siècles ce sont essentiellement les questions que l’on se pose et les outils à la portée des chercheurs. La somme des résultats antérieurs a permis de dépasser l’idée de simplicité pour dégager la complexité de la biologie. Heureusement que concomitamment la technicité permettait de cibler des évènements d’une précision extrême au sein d’une chaîne de processus. Ainsi simplifie-t-on un évènement, mais au bout de la chaîne la complexification devient la règle. Comme le dit joliment le titre de l’article cité, Variety is the spice of life !
Pic de la Mirandolle était -il un robot ?
vendredi, février 22nd, 2013Mort à l’âge de 31 ans, probablement empoisonné, Jean Pic de la Mirandolle est resté dans la vulgate populaire comme l’archétype du savoir universel. Encensé par les uns, vilipendé par les autres, il est certain que s’attache toujours à son nom, un savoir qualifié d’encyclopédique pour le XV° siècle ! Sans être le rêve de tous, une connaissance étendue reste un des buts de l’existence de beaucoup ! Aussi pourquoi la robotique ne pourrait-elle pas aider l’homme en raison des capacités insoupçonnables de ses programmes d’acquisition et de stockage autorisant la possibilité d’un réel apprentissage de la machine, et pourquoi pas d’intelligence artificielle, dont la définition reste encore à préciser ! Quoiqu’il en soit, pourquoi ne pas se faire aider d’un robot dans certaines tâches comme l’envisage l’article « Watson, MD » (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34160/title/Watson–MD/). Avec humour, le docteur Watson qui aidait si bien Sherlock Holmes est devenu ce robot qui aide le futur praticien dans ses tâches d’apprentissage aussi bien que le praticien confirmé lorsqu’il officie. Ce qui est particulièrement intéressant mais aussi tout à fait réconfortant, c’est que ce soit la traduction du langage qui soit l’étape la plus difficile que rencontre le programme de coopération entre la Clinique de Cleveland et IBM. Parce que le langage est une façon d’exprimer une pensée et qu’il est caractéristique de la communication il reste encore une spécificité du vivant.
Pourquoi il ne faut pas oublier « Abyss » ?
mardi, février 19th, 2013Apprendre à respirer sous l’eau pour le héros du film de J. Cameron n’est que la transposition cinématographique d’une technique expérimentale de respiration mécanique par ventilation liquidienne (perfluorocarbure liquide). D’où la question de savoir pourquoi l’homme ne serait pas capable un jour de respirer dans l’eau, ce qui mettrait à sa portée l’exploration d’un nouveau monde qui pourrait aussi être un monde de survie ? La nature a déjà mis au point de nombreux processus de survie dont l’homme sait qu’il serait bien avisé de s’inspirer. La cryopréservation est l’un de ceux-là, dont l’utilisation à visée thérapeutique serait déjà particulièrement intéressante (Icing Organs, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34190/title/Icing-Organs/). Des plantes aux insectes et aux poissons, il existe des possibilités de survie à des températures extrêmes. Le vrai problème ne réside pas tellement dans les processus de cryopréservation que l’on peut maîtriser que dans le fait que les membranes cellulaires au niveau des tissus humains subissent des lésions irréversibles, ce qui n’est pas le cas pour des cellules isolées (ovocyte, spermatozoïde par exemple). C’est en explorant les divers stratagèmes utilisés par la nature que l’homme arrivera peut-être à éviter les éceuils qu’il rencontre dans la consevation et la préservation de ses tissus.
Une médaille aura toujours deux faces
samedi, février 16th, 2013A ma droite, la vache folle, à ma gauche la plasticité développementale, entre les deux, la protéine Prp-sc , encore dite prion. (Proteins behind mad-cow disease also help brain to develop, http://www.nature.com/news/proteins-behind-mad-cow-disease-also-help-brain-to-develop-1.12428, Healthy prions protect nerves, http://www.nature.com/news/2010/100124/full/news.2010.29.html). En fait, c’est de la forme anormalement repliée de la protéine Prp-c, que la protéine Prp-sc tire ses effets délétères. Aussi de l’existence d’une action bénéfique de la première vient-il l’idée qu’il en existe peut-être d’autres qu’il serait utile de démasquer. Des recherches menées depuis 20 ans ont montré que sous sa forme normale, elle est impliquée dans le maintien de la gaine de myéline au niveau des nerfs périphériques. Il devient dés lors intéressant de vérifier le/les rôle(s) qu’elle pourrait jouer au niveau du système nerveux central. Une telle implication aurait alors toute son importance dans le traitement de certaines maladies démyélinisantes. Aujourd’hui encore cette protéine, lorsque sa conformation est correcte, reste mystérieuse en ce qui concerne toute l’étendue de ses fonctions. Bénéfique sous sa forme normale, maléfique sous sa forme anormale, elle est en cela comparable à bien d’autres !
Suite …
vendredi, février 15th, 2013A peine a-t-on appris que si la souris n’est pas l’homme elle peut s’en rapprocher par manipulation génétique, que ce petit animal pourrait apprendre à l’homme le comment (mais pas encore le pourquoi) de son évolution (How Did Humans Evolve? Ask a Mouse, http://news.sciencemag.org/sciencenow/2013/02/sweaty-human-evolution-through-a.html ) ! Il n’y a qu’à fabriquer une souris avec la version humaine d’un gène appelé EDAR, dans sa forme 370 A. Rappelons rapidement que ce gène fait partie de la voie de signalisation impliquée dans l’interaction entre l’ectoderme et le mésoderme. Ensuite il n’y a plus qu’à comparer des populations caractérisées par une double dose de 370A avec des souches de souris modifiées par ce même gène, et l’on marche sur la piste d’une explication de l’adaptation de l’ethnie chinoise des Hans (la plus représentée) à un environnement humide il y a 30 000 ans! Incroyable mais vrai, la souris de nuisible est devenue indispensable !
Attention, ce n’est peut-être pas la bonne souris !
jeudi, février 14th, 2013Pour paraphraser une réplique cinématographique culte, on pourrait affirmer sans se tromper que » Les souris ne sont pas des hommes, c’est une évidence ! « . Mais il est également vrai que la race murine a été et est encore utilisée à grande échelle comme animal de laboratoire dans de nombreuses expérimentations de physiopathologie appliquée à une démarche thérapeutique à visée humaine. Or il semble bien que toutes les souris ne soient pas équivalentes en ce qui concerne ce passage à l’homme, en particulier dans le domaine des processus inflammatoires (Do Mice Make Bad Models?, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34346/title/Do-Mice-Make-Bad-Models-/). Très schématiquement les réponses génomiques humaines seraient beaucoup plus stéréotypées que les réponses chez les souris, l’explication pouvant venir du fait que la race de souris ayant servi de modèle n’était pas représentative. Mais ce qui est au moins aussi intéressant (sinon plus!), c’est le pourquoi de cette étude. Au départ, le refus d’un relecteur d’accepter un article ayant trait aux processus inflammatoires chez l’homme, refus motivé par la non correspondance des résultats avec ceux obtenus chez la souris. La question de savoir si la souris était finalement un bon modèle relevait donc d’une démarche inverse à celle adoptée d’ordinaire. Non pas, aller de la souris à l’homme mais de l’homme à la souris ! Que pensent les souris de ce juste retour des choses ?
A propos des soins esthétiques !
dimanche, février 10th, 2013Si l’on en croit l’article « Fountain of Youth: Progress in Slowing Aging, at Least in Mice » (http://abcnews.go.com/Technology/fountain-youth-mice-protein-found-reverse-aging/story?id=18414762), on se croirait autorisé à parler d’une vraie bonne nouvelle, comme le titrerait volontiers une revue dédiée aux soins de beauté. Malheureusement la lecture de l’article de février 2012 devrait être fort utilement complétée de la lecture d’articles plus anciens (on peut remonter jusqu’à 10 ans) ce qui permettrait de remettre en question l’acuité et la pertinence dudit article. Les sirtuines dont il est question, sont des enzymes nucléaires et mitochondriales dont on sait déjà qu’elles sont impliquées dans les processus cellulaires énergétiques en régulant l’expression de certains gènes. Dans le cas présent, c’est chez la levure que la SIRT3 joue un rôle dans l’augmentation du temps de vie et c’est la souris qui bénéficie d’une cure de jouvence. De là à parler du gène de la longévité il n’y a qu’un pas ! Mais la lecture d’articles plus anciens et qui pourraient paraître moins sérieux comme celui intitulé « Nourrir la peau de l’intérieur », datant de 2009 (http://www.nutranews.org/data/pdf/numeros/fr/nutranews200905.pdf), évoque déjà les mêmes substances et leurs bienfaits chez l’homme ! De nombreux produits de cosmétologie font déjà état des rapports entre la myrte et les sirtuines . Il est vrai que la pénétration cutanée n’est peut-être pas la plus performante des voies d’administration. Comme quoi la science peut repasser les plats sans que la police scientifique soit sur le qui-vive !
Après le stress, la caresse.
samedi, février 2nd, 2013Enfin quelques informations à propos du ressenti d’une caresse cutanée, un neurone qui s’anime sous les yeux du lecteur dans Mice have ‘massage neurons’ (http://www.nature.com/news/mice-have-massage-neurons-1.12331). Que le chat se fasse caresser, que la souris soit effleurée ou que l’homme se fasse masser, la sensation agréable passe par un neurone d’un type particulier que l’on a pu mettre en évidence. Jusqu’à présent ce sont essentiellement les stimuli nociceptifs qui avaient été étudiés, il est juste que le stimulus agréable soit enfin sujet d’étude. Ainsi n’existe-t-il pas de terme se référant au stimulus agréable, seul existe le stimulus désagréable/nociceptif. La grenouille en aura enfin fini de replier de douleur sa patte après avoir été décérébrée. Et même si les implications pratiques de cette découverte ne sont pas évidentes, on ne peut que se réjouir de savoir que dans ce monde de brutes les neurophysiologistes vont enfin s’intéresser à autre chose qu’à la douleur permettant aussi aux académiciens de se pencher sur la création d’un mot nouveau.