Archive for mars, 2013

L’éthique, le fumeur et l’employeur

dimanche, mars 31st, 2013

Ce pourrait être le titre d’une fable des temps modernes, c’est le sujet de deux articles parus dans le NEJM : The Ethics of Not Hiring Smokers et Conflicts and Compromises in Not Hiring Smokers (http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1301951?query=TOC, http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1303632?query=TOC).  Les deux articles méritent d’être lus, voire relus avec attention tant les questions posées par leurs auteurs sont d’importance même si elles ne se posent pas (encore ?) de la même façon en France. En effet que faut-il penser d’une interdiction qui serait faite d’embaucher des fumeurs dans n’importe quel type d’entreprise (système de santé inclus !) ? Comment peut-on/doit-on  interpréter une telle interdiction au niveau de l’individu, le fumeur vs le non fumeur. Au niveau de la société, il y a-t-il vraiment protection, et si oui, qui protège-t-on ? Que peut-on penser de la méthode choisie, la fin par quels moyens ? De quelles responsabilités parle-t-on quand les interactions entre les deux groupes et la société sont multiples et indissociables ? Il est certain que fumer “tue”, mais il semble bien d’une part que les mesures coercitives prises n’aient pas diminué de façon significative le nombre des fumeurs tandis que dans le même temps on fume sa première cigarette plus précocement. Par contre la protection des non-fumeurs elle, est réelle. On a donc protégé une population qui n’aurait pas fumé sans suffisamment instruire une population qui continuera à fumer ! On serait en droit de se poser les bonnes questions ?

Que Choisir

samedi, mars 30th, 2013

Que l’on n’entende pas ce titre comme l’intitulé de l’association française du même nom, mais comme une question. La lecture (rapide) de titres d’articles différents mais appartenant au domaine général de la recherche en biologie, peut laisser le doute planer sur la validité, l’intérêt du choix de l’un plutôt que d’un autre. Bien sûr, ce choix reflète les domaines qui d’une certaine façon sont chers à celui qui les rapporte, qu’il les aie lui même explorés ou même tenté d’explorer. Qu’il les approuve ou les réfute, la démarche s’inscrit dans une volonté de partage comme le souligne un post publié dans le Jim de Mars(Science : qui sait encore te lire ? http://www.jim.fr/e-docs/00/02/1B/9D/document_actu_pro.phtml).
Aucune des publications choisies ne l’a été pour apporter une solution définitive mais au contraire pour proposer une ouverture en donnant la possibilité de se poser des questions. Si le questionnement est une démarche vitale point n’est besoin de tout résoudre, il est de loin préférable de trouver dans chacune des réponses, matière à nouvelle question : le savoir comme une poièse. En somme, laisser ouverte toute réponse, refuser l’absolutisme du dogme, fuir le définitif dans lequel sombre toute quête. Se souvenir du symbolisme du Graal pour savoir échapper à la fin des temps aventureux des chevaliers de la table ronde.

Les jours se suivent et se ressemblent !

mardi, mars 26th, 2013

Quelques publications dont il a été question récemment :Bringing a Virtual Brain to Life, An activity map of the whole zebrafish brain , Backwards signals appear to sensitize brain cells, rat study shows. Puis maintenant : Building a Better Schizophrenic Mouse (http://news.sciencemag.org/sciencenow/2013/03/building-a-better-schizophrenic-.html ), The neuroscience of finding your lost keys (http://www.salk.edu/news/pressrelease_details.php?press_id=602) et Reward linked to image is enough to activate brain’s visual cortex (http://www.kuleuven.be/english/news/reward-linked-to-image-is-enough-to-activate-brains-visuall-cortex ) où il est respectivement question de l’activation de neurones profonds, de neurones du gyrus dentatus et enfin du cortex visuel. Après la cartographie chez le poisson Zèbre, la confection d’un cerveau virtuel, ce sont les souris et le macacus rhesus qui sont de nouveau mis à contribution. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cerveau est une mine de projets scientifiques de recherche à la mesure des milliards de neurones qu’il renferme. Il convient également de ne pas oublier les études sur les cellules gliales.  La complexité de l’organisation de cet organe, l’immensité du champ de ses possibilités, la toile de ses connexions interne et externes laissent à penser qu’il restera encore pour longtemps un champ d’investigations. En attendant il n’y a  plus qu’à décrypter les résultats pour les rendre applicables aux pathologies humaines sensées bénéficier de toutes et chacune de ces études.

 

La chimie de l’Opéra !

dimanche, mars 24th, 2013

Que pourraient bien apprendre les  résultats d’un croisement entre art lyrique et chimie ! Recenser les potions, poisons et autres substances toxiques dans un premier temps puis, dans un second, les différents livrets d’opéras au cours des siècles, il fallait vraiment être aussi enthousiaste et compétent dans l’un et l’autre de ces deux domaines pour tenter l’aventure (Atoms and Arias, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34804/title/Atoms-and-Arias/). La constatation que nous livre l’auteur constitue-t-elle une surprise ? Non, car il en est de l’Opéra comme il en est de toute d’autre production artistique, littérature, peinture, musique : la mise en évidence d’une interpénétration entre l’actualité de  la science et l’art. Chaque époque de la société se reflète dans ce que choisissent d’exprimer ses différents acteurs ce qui permet de regarder efficacement derrière soi (cf l’exposition L’ange du bizarre. Le romantisme noir de Goya à Max Ernst au musée d’Orsay). On pourra en tirer matière à épistémologie sociale. Mais on pourra aussi, ce qui est plus regrettable en faire un absolu validant le présent sans imaginer qu’il aurait pu en être différemment. Il n’y a pas qu’un seul chemin qui permette d’arriver à un point.

Un cerveau, pourquoi faire ?

vendredi, mars 22nd, 2013

Deux articles paraissant pratiquement simultanément  se présentent sous un thème commun le “cerveau”, Bringing a Virtual Brain to Life (http://www.nytimes.com/2013/03/19/science/bringing-a-virtual-brain-to-life.html) et An activity map of the whole zebrafish brain (http://www.guardian.co.uk/science/neurophilosophy/2013/mar/18/an-activity-map-of-the-whole-zebrafish-brain). A première vue s’il s’agit du même organe, on peut croire que les sujets en sont différents. Le premier participe d’un projet de construction du cerveau humain. le second met en place une cartographie de ce même organe chez le poisson zèbre, le chouchou des chercheurs. Et pourtant, à y regarder de plus près comment ne pas voir dans ces deux articles  l’expression d’un art plastique représentatif de ce que la recherche peut offrir aujourd’hui au regard de chacun. Le noir et blanc, et l’image figée ne sont plus de mise. Grâce aux techniques modernes, il est devenu facile de colorier des structures microscopiques et de leur donner vie. Comment ne pas reconnaître la beauté d’une cartographie où les neurones s’allument et dessinent un univers ! Comment ne pas voir  la beauté de circuits virtuels neuronaux simulant une tranche de parenchyme cérébral de 100 millions de neurones ! Comment ne pas imaginer la complémentarité de ces deux techniques dont les informations se somment pour améliorer la connaissance de cet organe “qui, s’il pense, ne se pense pas ” !

Dormir pour travailler mieux !

mercredi, mars 20th, 2013

Qui n’a pas entendu dire qu’il était possible d’apprendre en dormant et ce d’une façon on ne peut plus simple : il suffit de lire le texte à apprendre avant le coucher (de petits plaisantins ajoutaient même  de glisser le livre sous l’oreiller et de l’y laisser pendant son sommeil) moyennant quoi, le lendemain, la leçon était sue. Or que dit l’article “Backwards signals appear to sensitize brain cells, rat study shows” (http://www.nih.gov/news/health/mar2013/nichd-18.htm) ? Que l’information électrique lorsqu’elle remonte de l’axone par le corps cellulaire du neurone jusqu’à ses dendrites permettrait la réactivation  d’un circuit effacé conduisant à son amélioration ultérieurement. Comment la mythologie a-t-elle su que Prométhée pouvait régénérer son foie chaque nuit, comment a-t-on su que l’on apprendrait plus facilement après une bonne nuit du sommeil ? Il ne serait pas bon de faire de ces exemples des preuves de l’innéité de la connaissance. Il serait plus juste de considérer que la vulgate populaire qui semble précéder la rationalité scientifique ne fait qu’exprimer l’importance de l’expérience sensible dans le processus de la connaissance.

La judiciarisation pour tous !

lundi, mars 18th, 2013

Aujourd’hui rien ne semble en mesure d’arrêter la marche en avant de la judiciarisation. Ainsi c’est le jury du prestigieux Prix Nobel qui se trouve confronté à cette démarche puisqu’une plainte vient d’être déposée à son encontre pour ne pas avoir récompensé du-dit prix le  chirurgien Rongxiang Xu (Snubbed for a Nobel?, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34705/title/Snubbed-for-a-Nobel-/). Bien qu’il se soit défendu d’avoir travaillé dans le but de  concourir pour ce prix, il ne l’en revendique pas moins, s’estimant honteusement lésé. Le fils se joint au père et affronte le monde scientifique au nom de la qualité du travail de celui qui n’a pas été choisi et par voie de conséquence de la honte qui s’en suit pour ce dernier ! Ce qui ne devrait être qu’une  anecdote invite à deux remarques. L’une s’adresse au général,  l’autre concerne un individu. Comme pour la recherche de la sophia chez les anciens, ce n’est pas l’action qui est le but de la science : la connaissance est le but, l’action en est le moyen.  Et donc le but ultime de la science, se doit d’être la connaissance pour la connaissance. A partir de quoi, il sera toujours possible d’agir. Deuxièmement, il est bon de rappeler que la découverte de la structure de l’ADN couronnée par l’attribution du Prix Nobel en 1962 à Crick et Watson, doit tout à Rosalind Elsie Franklin morte en 1958.  Comme il n’existe pas d’attribution  de ce prix à titre posthume, aucune réclamation ne fut possible !

Do it yourself, la suite.

vendredi, mars 15th, 2013

Ce qu’il y a de bien, c’est quand une question fait naître une autre question. Quand la première est sujette à seconde et qu’il ne semble pas y avoir de fin à ce processus. Un tout nouvel article aborde sujet du “do it yourself ” déjà envisagé et soulève à son tour plusieurs questions tout aussi intéressantes que celles précédemment traitées même si elles se situent dans des registres différents (Regulating Amateurs, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/34444/title/Regulating-Amateurs/ ). Comment doit-on articuler les acteurs adeptes du do it yourself et les acteurs de ce que l’on appelle maintenant la vie civile. Si les auteurs semblent cibler trois domaines, le laboratoire, l’environnement et le bio-terrorisme, il ne s’agit en fait que d’un seul domaine, celui de la sécurité . Seul semble devoir être tenu compte du problème de la sécurité dans la mesure où ce que l’on fait soi-même échappe de facto à tout contrôle. Penser que l’on doive procéder systématiquement à des contrôles sous entend que l’on mette en doute la notion de responsabilité individuelle au regard de la société. S’agit-il d’une vue de l’imagination ou au contraire d’une réalité ? La nouvelle question posée concerne donc le principe de responsabilité dont  H. Jonas a fait sa réflexion première. Pourtant aujourd’hui, celui dont on parle le plus est le principe de précaution. D’où cette nouvelle question, qu’il y a-t-il de commun entre principe de responsabilité et principe de précaution. Puis cette autre : le principe de précaution engage-t-il la responsabilité ? Et, si oui laquelle ?

Pourquoi la curiosité serait-elle un vilain défaut ?

mardi, mars 12th, 2013

Si l’on se réfère à Pandora, il est certain que la curiosité n’a eu comme conséquence heureuse que de préserver l’espoir au cœur de l’homme. Quand on prend l’exemple de Barbe Bleue le bénéfice pourrait être tenu pour beaucoup plus mince encore, voire totalement absent, sauf à refuser de croire que l’expérience ne puisse servir de leçon ! Comme le disait Aristote ” … L’homme a naturellement la passion de connaître …” Cette affirmation reste tellement vraie qu’elle est le sujet de l’article “The Rebirth of DIYbio” (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34457/title/The-Rebirth-of-DIYbio/). Ainsi le “petit curieux” devient-il un “savant cosinus” de salon, réalisant ses propres expériences au moyen d’un matériel parfois plus ou moins bricolé. Après tout cette démarche n’a pas forcément que des mauvais côtés et peut permettre la mise en place d’une certaine forme d’interactivité riche d’enseignements pour les uns et pour les autres. Mais ce qui est certainement plus inquiétant, c’est que certains malades adoptent une démarche identique en auto-expérimentant des thérapeutiques dont ils prennent connaissance sur la toile (Do-It-Yourself Medicine, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/34433/title/Do-It-Yourself-Medicine/),  le sujet devenant ipso facto son propre objet. Il s’agit là d’une expérience comparable à celle qui consiste à être à sa fenêtre et à se voir marcher dans la rue ! Il est bon d’être curieux avec autrui !

Un cuedo historique !

lundi, mars 11th, 2013

Octave serait l’assassin de Cléopatre et la vipère aspic ( ou plutôt le cobra) pourrait enfin être disculpée ! Comment faut-il prendre cette nouvelle qu’une historienne américaine livre aux amoureux de l’histoire. Heureusement/malheureusement, le nombre de ceux qui apprennent le grec ancien diminue et ils sont de moins en moins nombreux ceux qui auront à lire Plutarque dans le texte. Par contre à tous ceux qui ont aimé ces textes historiques, à tous ceux qui se sont émus des amours d’Antoine et de Cléopatre et de leurs fins tragiques, Pat Brown offre une alternative à ce qui ne semblait pourtant pas être une énigme (CSI: Ancient Alexandria, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34470/title/CSI–Ancient-Alexandria/). Les ” Cold cases” sont légion et qu’ils soient à l’honneur aujourd’hui pose la question de savoir où se situe l’intérêt de la démarche. On appelle cela aussi des cas revisités et l’expression est souvent de mise dans les publications médicales : reprendre des cas anciens et les réinterpréter à la lumière des acquisitions scientifiques les plus récentes. La magie et le rêve reculent-ils pour autant ? Rien n’est moins sûr quand on voit combien les fondamentaux de la mythologie sont à leur tour revisités par le biais des images de synthèse ! Le passé reste une vraie curiosité !