Des maux et leurs mots

Boris Vian préféra choisir le nénuphar pour le poumon de Chloé plutôt que le  cancer. S’agissait-il uniquement d’une figure de style poétique ou bien était-ce aussi l’expression d’un refus, celui du terme même de cancer, d’un déni de cette maladie ? Selon la légende le terme revient à Hippocrate pour qui l’image du crabe correspondait parfaitement à l’hypervascularisation en périphérie du processus tumoral. Pourtant il est aussi vrai que des proliférations bénignes peuvent s’accompagner d’une hypervascularisation et qu’il est tout aussi vrai qu’il n’existe pas un cancer mais des cancers qui sont loin d’être équivalents. Mais in fine le dernier mot reste encore à la vulgate populaire qui en liant cancer  et absence de guérison entend le mot mort quand on prononce le mot cancer.  Il n’est pas inutile, pas plus qu’il n’est anodin que l’article “Scientists Seek to Rein In Diagnoses of Cancer”, (http://well.blogs.nytimes.com/2013/07/29/report-suggests-sweeping-changes-to-cancer-detection-and-treatment/?_r=0) paraisse dans The Journal of the American Medical Association mais aussi dans le The New York Times Health/Science. En effet le progrès des méthodes de dépistage, les progrès de la biologie moléculaire ont cassé ladite maladie en une myriade d’affections qui partagent de moins en moins d’éléments communs. Mais progrès et information ne vont pas toujours de pair et l’avenir n’est pas exclusivement favorable quand la technique n’est pas maitrisée. C’est cette absence de maitrise qui autorise certaines dérives préjudiciables au patient faisant disparaitre les bienfaits qu’elle était sensée initier. Il faut certes pallier à cette immaturité mais le plus difficile ne serait-il pas ce nouveau vocabulaire à l’usage du public qu’il faudrait définir puis faire adopter aux praticiens pour que chacun soit au fait de ce que l’autre lui dit !

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