” Jacques à dit : La curiosité est un vilain défaut” La réponse est difficile quand il faut choisir entre : “la proposition est vraie / la proposition est fausse”. Dans un premier temps il est vrai que l’humanité a pu regretter la curiosité de Pandora qui en ouvrant la boite (du même nom) répandit sur terre malheur, désespoir, haine ….. (liste non exhaustive). Pourtant dans un second temps, cette même humanité se trouvait bien de ce que l’espoir, resté dans la boite alors que son couvercle se refermait, lui permettait de vivre avec ce qui s’en était enfui. Ainsi a-t-on, une fois encore, l’expression de l’acte à double effet. On dirait aujourd’hui (novlangue) que la curiosité est inscrite dans les gènes de l’humanité, mais Aristote disait-il différemment par ” Tous les hommes désirent naturellement savoir”. Cette quête du savoir semble donc sans fin, auto alimentée qu’elle est de l’incessant dialogue entre la technique et les trouvailles qu’elle engendre, ce qui complexifie la démarche scientifique cartésienne. Si le doute comme socle, puis l’analyse persistent, la reconstruction s’avère beaucoup plus complexe puisque chaque élément s’inscrit dans un réseau tridimensionnel où jouent le temps, l’espace et les interrelations des facteurs eux-mêmes. Cette nouvelle démarche est particulièrement riche pour l’homme puisqu’elle l’oblige à penser différemment, à penser avec, mais aussi à retrouver la singularité dans le général pour redonner à l’individu sa vraie place. C’est cette réflexion qu’initie l’article, The multitude of molecular analyses in cancer: the opening of Pandora’s box (http://genomebiology.com/2014/15/9/447) en convoquant au chevet de l’étude biologique du cancer uneindispensable pluridisciplinarité. De même que l’hirondelle ne fait pas le printemps, l’analyse ne préjuge pas de la synthèse et si la reconstruction à l’identique s’avère de plus en plus hasardeuse et difficile elle se rapproche aussi de la vérité.
Archive for novembre, 2014
Pandora avec nous !
dimanche, novembre 30th, 2014Qu’est-ce qu’une redécouverte ?
lundi, novembre 24th, 2014“Relire les classiques, c’est les lire pour la première fois” aurait dit Jean Cocteau. Alors quel sens faut-il rechercher au titre de l’article, Major brain pathway rediscovered, récemment paru(http://www.theguardian.com/science/neurophilosophy/2014/nov/17/major-brain-pathway-rediscovered). Dans un premier temps, aucune découverte ou redécouverte, le terrain est connu car les noms cités sont ceux de la neuro-anatomie du XIX° siècle et de certains des grands syndromes neurologiques ayant toujours pignon sur rue aujourd’hui, avec par ordre d’entrée en scène : Maynert (neuro-anatomiste), Wernicke (neuro-physiologiste), Korsakoff ( neuropsychiatre). En 1895, Déjerine le cite dans son travail sur l’Anatomie des centres nerveux, ainsi que le livre Gray’sAnatomy en 1918 (ne pas confondre avec la série américaine de 2005 !). Est-ce par ce que ce sont leurs élèves, respectivement Obersteiner pour Maynert et Sachs pour Wernicke, que la description du faisceau occipito vertical ou latéral ou encore faisceau de Wernicke sombre progressivement dans l’oubli, toujours est-il que c’est une nouvelle technique qui va reprendre le flambeau. Les descriptions macroscopiques d’anatomie, puis les descriptions microscopiques d’histologie, se voient magnifiquement complétées par les images obtenues en IRM, examen qui revisite comme on l’écrit aujourd’hui les données obtenues il y a deux siècles. Et c’est essentiellement la neuroradiologie qui remet à l’honneur en les visualisant parfaitement ces faisceaux d’association. Il est donc juste que les auteurs de l’article insistent sur l’apport de cette technique qui date maintenant de quarante ans (Paul Lauterbur et Peter Mansfield le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2003). Alors “redécouverte” oui, si l’on considère qu’il y a eu découverte par d’autres moyens mais à ce titre, pas d’étonnement, tout est redécouverte et il en sera de même au fil des siècles à venir ! Mais comme aussi on ne découvre que ce qui existe, c’est le seul dévoilement qui importe pour atteindre la vérité.
“Et c’est pas tout !” (Air connu)
samedi, novembre 22nd, 2014Pour que les curieux ne s’endorment pas comme Philae, des nouvelles de la belle endormie ont été distillées sans attendre (Philae’s 64 hours of comet science yield rich data, http://www.nature.com/news/philae-s-64-hours-of-comet-science-yield-rich-data-1.16374?WT.ec_id=NATURE-20141120). Nouvelle “Belle au bois dormant” des temps modernes, c’est un prince charmant beau comme le soleil, tel le Phoebus d’Esmeralda l’égyptienne, qui en touchant ses panneaux solaires la réveillera. Pendant ce sommeil de (probablement) neuf mois, une seconde naissance (une renaissance ?) devrait apporter son lot d’informations scientifiques pour le décryptage desquelles, il faudra encore faite preuve de patience, avant que Philae comme Rosetta ne disparaissent. Mais comme il s’agit d’une tragédie, les personnages y étant de rang élevé et le dénouement étant nécessairement leur disparition, presque classique unité de lieu, unité d’action ( il manque l’unité de temps), il ne semble pas inutile de replanter le décor (Philae lander sleeps but Rosetta mission lives on, http://www.newscientist.com/article/dn26584?cmpid=NLC%7CNSNS%7C2014-1120-GLOBAL&utm_medium=NLC&utm_source=NSNS&#.VHC63F0tBYc, ). Après quoi, les scientifiques pensent être en droit d’offrir quelques premiers résultats, parmi lesquels ils esquissent un début de réponse à une question primordiale, celle concernant l’origine de la vie, le lieu où elle aurait pu apparaître … (Comet Lander Finds Organic Matter, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41480/title/Comet-Lander-Finds-Organic-Matter/). Mais peut-on néanmoins déjà conclure “que nous sommes tous des extra terrestres ? “
L’orchestre
mercredi, novembre 19th, 2014L’orchestre, c’est à la fois un sujet- complet , un tout supérieur à la somme des individualités le constituant, c’est aussi un objet-complet qui demande que soit ajouter à l’étude de chacun de ses constituants, le résultat de leur action commune. Ainsi en et-il du cerveau pour lequel ses observateurs zélés n’ont pas fini de démêler les tenants et les aboutissants et pour lequel il n’est pas mauvais que ceux qui s’en occupent aient plus d’une corde à leur arc. Aussi n’est-il pas préjudiciable qu’un maitre d’œuvre soit en possession de plusieurs approches . C’est ce qui semble être le cas de Marcus Raichle auquel se réfère l’article Brains in Action (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41272/title/Brains-in-Action/). Au vu et au su de son curriculum vitae (http://www.nil.wustl.edu/labs/raichle/) force est de constater qu’il pourrait être capable à lui tout seul sinon de mettre en œuvre tout au moins de coordonner plusieurs techniques d’étude de ce qui, chez le vivant, reste en grande partie inconnu. Il est certain que tout objet technique, tout outil lorsqu’il est bien compris permet de dégager des principes généraux qui deviennent de ce fait applicables dans des domaines autres que celui auquel le dit objet avait été préalablement destiné. Est-ce un dévoiement, certes non. Dans la mesure où la main est le prolongement qu’utilise l’homme dans la nature , l’outil prolonge la dite main et de ce fait ne peut se restreindre à une seule action. On construit un outil dans un but précis, puis on s’aperçoit qu’il peut être dirigé vers un autre but et un outil est remplacé par l‘outil. L’imagination est indispensable puisqu’elle permet à l’utilisateur de se projeter dans une autre dimension, par un processus d’anticipation fondateur. Le savant Cosinus, Géo Trouvetou et Mac Gyver savaient tout faire avec n’importe quoi ! !
Tout le monde en parle !
dimanche, novembre 16th, 2014Que de publications médiatiques “en temps réel” qu’elles soient ou non scientifiques à propos de la mission Rosetta et de son petit robot parlant sur son compte tweeter et auquel chacun a accès. Assurément c’est déjà mieux que WALL E qui, certes, travaillait, mais de façon répétitive et qui n’a fait preuve d’une réelle inventivité qu’avec l’apparition d’une Eve qui semblait beaucoup plus avertie. Bon nombre des informations traitées dans ces publications concernent presque exclusivement les résultats, ceux attendus, ceux obtenus et tous ceux que l’on n’obtiendra “peut-être” pas mais que l’on aurait du obtenir ( Landing on a comet: A guide to Rosetta’s perilous mission, http://www.nature.com/news/landing-on-a-comet-a-guide-to-rosetta-s-perilous-mission-1.16314?WT.ec_id=NATURE-20141113, Philae has landed – first image from the surface, http://www.newscientist.com/article/dn26548?cmpid=NLC%7CNSNS%7C2014-1113-GLOBAL&utm_medium=NLC&utm_source=NSNS&#.VGiVml0tBYc). Une autre, parue plus tôt ( High ambition (http://www.nature.com/news/high-ambition-1.16309?WT.ec_id=NATURE-20141113) aborde un registre différent parce que situé en dehors de ces préoccupations immédiates. Que la science fiction soit devenue la science d’aujourd’hui, le petit film “Ambition” qui l’accompagne est là pour le démontrer mais s’y ajoute un autre niveau de réflexion. Ce voyage de cinq cent millions de km pour une comète qui se déplace à plus de soixante mille km/h peut être comparé aux voyages initiatiques des héros mythologiques : cheminer parmi les embuches, gérer les différentes situations rencontrées, tirer profit des erreurs pour savoir les éviter. Cette aventure du XXI° siècle sera pour certains perçue comme un rappel de celle d’Ulysse, et pour d’autres traduite dans la langue de Pierre DAC par “A l’éternelle triple question : «Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ?», je réponds : «Je suis moi, je viens de chez moi, et j’y retourne” ! Mais ce sera Rosetta qui l’enseignera à ses concepteurs.
Halloween en vrai !
mardi, novembre 11th, 2014En fin la preuve ! Si on peut reproduire l’impression de la présence d’un fantôme, comment peut-on être certain qu’il ne s’agit pas réellement d’une entité. Après bien sûr viendra le temps de se poser la question de la correspondance entre la présence et l’existence, entre une représentation virtuelle et son implication dans le réel ( Ghostly Experiment, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41406/title/Ghostly-Experiment/, Scientists Used Robots to Trick People into Sensing Ghosts, http://motherboard.vice.com/read/scientists-used-robots-to-trick-people-into-sensing-ghosts). Cette expérience n’est pas que ludique puisqu’elle permet d’envisager que “ Our brain possesses several representations of our body in space”. Ainsi est-on capable de recréer cette troublante impression du dédoublement de la personne. Même si cette possibilité reste une création de laboratoire appliquée au sujet normal, il n’en reste pas moins vrai que le robot est en train d’ajouter une nouvelle corde à son arc dans son rôle d’aide à l’homme ce qui ne peut que plaire à Isaac Asimov.
Anecdotique !
dimanche, novembre 9th, 2014A l’heure où l’on a mis en évidence une nouvelle phobie qui peut avoir une certaine importance dans le domaine social, la phobie administrative, on est en droit de s’interroger sur le (s) moyen(s) qui permettrai(en)t de traiter pour le bien de chacun, celui qui en souffre pour que d’autres ne soient pas mis en demeure de prendre la place du phobique. On sait en effet que la phobie est une peur irrationnelle qui se révèle à l’occasion d’un élément déclenchant, véritable stimulus spécifique : ainsi en est-il de l’agoraphobie, de l’arachnophobie comme de l’herpétophobie. Contrairement à la peur qui est une réaction naturelle de défense, la phobie est invalidante. Il n’y a donc pas de honte à en chercher le traitement. Le problème est simplement de savoir si les malades seront d’accord avec la proposition faite dans l’article : Arachnophobia chopped out of a man’s brain ( http://www.newscientist.com/article/dn26483?cmpid=NLC%7CNSNS%7C2014-1030-GLOBAL&utm_medium=NLC&utm_source=NSNS&#.VF9lc10tBYc), puisqu’il n’y a qu’à agir sur le noyau amygdalien. Il existe en effet un circuit de la peur qui a été décrit par Joseph Ledoux (Le “serpent de Joseph LeDoux“[7]1994). Quelques petites vérifications seront peut- être utiles avant l’exérèse systématique du noyau amygdalien des phobiques, mais que tous se rassurent, une solution se dessine …….
Ombrage verbal et reproductibilté
vendredi, novembre 7th, 2014Il a toujours été sous entendu qu’une expérience se doit de pouvoir être reproduite, non seulement par les expérimentateurs eux même mais aussi par des expérimentateurs étrangers. Aujourd’hui plus que jamais la non reproductibilité des résultats d’une expérience est synonyme de falsification. Il s’agit là d’un thème cher à l’épistémologie dans le cadre de la théorie de la connaissance avec comme corollaire la transmissibilité de cette connaissance. Karl Popper, au siècle dernier, s’est intéressé à la recherche scientifique en explorant la proposition scientifique dans sa réfutabilité ou falsifiabilité. Une proposition peut être qualifiée de scientifique si elle est réfutable. Et dans ces conditions, il ne sert à rien de multiplier les faits qui s’accordent dans la mesure où selon sa théorie, la science avance par conjectures et réfutations. Le sujet abordé dans l’article : Metascience could rescue the ‘replication crisis’ (http://www.nature.com/news/metascience-could-rescue-the-replication-crisis-1.16275) pourrait bien être une branche de cet arbre touffu de la connaissance scientifique dans la mesure où il investigue le problème de la robustesse de la recherche par le biais des publications. Comme l’auteur le rappelle cet aspect avait été déjà envisagé en psychologie comme en témoigne l’article: Description verbale et identification du suspect : l’ombre des mots sur le souvenir du visage (http://psychotemoins.inist.fr/?Description-verbale-et,8). Cette ombre des mots va entrainer une information trompeuse générée par le sujet lui même au moment de la description. C’est un effet semblable qui se produirait avec la recherche de reproductibilité dans les expériences scientifiques lorsqu’elles sont rapportées à plusieurs reprises. Reproductibilité positive contre reproductibilité négative et controverses à propos des théories de l’occultation verbale sont les deux faces d’une même médaille, celle qui s’attache à la science en mouvement.
Le visage
mardi, novembre 4th, 2014René Magritte est peut-être l’un des peintres les plus impliqués dans la représentation du visage si l’on excepte Guiseppe Arcimboldo mais il existe une différence fondamentale entre les deux. Le premier exclut le visage en tant que tel, le second le reconstruit. Mais dans les deux cas l’important est bel et bien l’appréhension de la représentation faciale. Guy de Maupassant n’était pas en reste quand son visage disparaissait dans le miroir laissant place au Horla. La prosopagnosie est un trouble rare, acquis ou congénital, qui concerne un certain type d’agnosie visuelle. On sait combien la reconnaissance visuelle d’un individu est importante dans la vie en société. Son étude n’est pas chose aisée et sa reproduction tient du hasard. C’est pourtant ce qui a pu être réalisé (A Face to Remember, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41326/title/A-Face-to-Remember/) permettant la visualisation des zones intéressées dans ce phénomène. Il faut néanmoins souligner que l’étude a été menée chez un sujet particulier, puisque soufrant de crises d’épilepsie apparemment invalidantes et surtout suffisamment anciennes pour avoir pu modifier certains circuits et il est dommage que les auteurs n’aient pas introduit cet état comme limite possible aux résultats obtenus et à leur interprétation . En réalité ce qui est mal connu c’est l’étape du traitement des images responsable du trouble puisque ce dysfonctionnement peut intervenir à différents niveaux. Si les zones FFA (fusiform face area) et OFA (occipital face area) sont connues depuis plus de vingt ans, l’échelon cellulaire reste en cours d’investigation. Dommage aujourd’hui qu’il soit impossible de faire de Georges Seurat le sujet d’une étude similaire, la technique du pointillisme semble parfaitement adaptée.
La loi et l’éthique
lundi, novembre 3rd, 2014Il faut une certaine attention pour lire l’article “Human-subjects research: The ethics squad “(http://www.nature.com/news/human-subjects-research-the-ethics-squad-1.16186) que vient de publier la revue Nature. Il faut ensuite un certain temps de réflexion, car le domaine de la loi vs le domaine de l’éthique déborde largement le cadre de la médecine tout aussi bien que celui de la pharmacie ou celui de la sociologie. Il y a ce que le politique a mis en place pour que l’homme vive harmonieusement au sein de la société, mais l’homme c’est aussi cet individu unique qui ne trouve pas chez le législateur la réponse à certaines de ses nombreuses questions. Ainsi se sont créés de part le monde des régimes démocratiques des comités d’éthique “officiels” auxquels a été donné le droit d’apporter des réponses. Mais pourquoi faut-il donc que ces réponses ne sont pas toujours pleinement satisfaisantes ? L’exemple qui vient immédiatement à l’esprit concerne la doctrine du double effet (souvent attribué à Thomas d’Aquin), traitée à la fois par Ph. Foot et Judith Jarvis Thomson (http://blog.philotropes.org/post/2010/10/23/Philippa-Foot-et-la-doctrine-du-double-effet, http://blog.philotropes.org/post/2008/12/26/364-le-dilemme-du-trolley-les-origines) sous le titre “Dilemme du tramway”. Thème de conversations pour les longues soirées d’hiver, on n’a pas fini de disserter sur les deux points de vue défendus par Ph. Foot à propos de l’utilitarisme : devoirs négatifs vs devoirs positifs. Mais arrive toujours le temps où la prise de décision s’impose. C’est là que selon Elie Dolgin, un comité d’éthiciens non professionnels prend toute son importance. Parce que parler permet de sortir des cadres définis, permet d’avoir connaissance de problèmes déjà résolus, permet de s’abstraire du cas pour en aborder d’autres ou au contraire permet d’englober ce cas dans d’autres. Il n’y aurait que des avantages à ces groupes de discussions qui ne sont pas là pour trancher mais pour aider à la réflexion. Il n’en reste pas moins vrai que la dernière étape restera toujours celle du passage à l’acte.