Neutralité des paquets de cigarettes pour limiter la consommation de tabac, avertissement du danger à consommer de l’alcool en trop grande quantité, respecter la planète. Quelle publicité faudra-t-il choisir pour inviter le consommateur à apprécier une nourriture à base d’insectes ? Si l’on excepte les populations qui ont déjà (depuis plus ou moins longtemps) introduit les insectes dans leur alimentation, d’où peut provenir la non appétence du reste du monde à ce type de met ? Plusieurs explications viennent à l’esprit. Probablement en premier lieu l’explication culturelle qui fait qu’il n’a jamais été question de manger des insectes lorsque les conditions climatiques sont telles que agriculture et élevage font partie du paysage social depuis des millénaires. Plus récemment peut-être vient-il a l’esprit que les insectes (en général) sont impliqués comme vecteurs d’un certain nombre de maladies qui affectent l’homme avec pour certaines d’entre elles, une connotation de morbidité qui ne se dément pas. D’où la question première : comment faire manger des insectes à ceux qui n’en mangent pas encore. Pour y répondre, il faut lire l’article de Ophelia Deroy(http://www.nature.com/news/eat-insects-for-fun-not-to-help-the-environment-1.17630?WT.ec_id=NATURE-20150528#auth-1). Elle y aborde en effet une question intéressante : comment faire changer d’avis l’individu. Dans le cas présent il s’agit essentiellement de transformer un dégoût en une appétence, retrouver le goût en passant par le visuel, faire que le sensoriel prenne le pas sur l’éthique, voire même l’élimine de telle sorte que disparaisse la culpabilité sans oublier que jusqu’à présent, la peur ne semble pas réellement motivante !
Archive for mai, 2015
Au menu ce soir
vendredi, mai 29th, 2015Pourquoi faut-il sauver le soldat saccharomyces cervisiae
mardi, mai 26th, 2015On ne peut nier à l’heure d’aujourd’hui que la levure représente un élément important de recherche, un véritable petit soldat, qui accepte bravement toutes les manipulations génétiques, tous les essais qui auraient pu sembler farfelus s’ils ne répondaient pas à une volonté affichée, non pas de détruire pour détruire mais de comprendre pour améliorer. Que l’on ne s’y trompe pas, la levure (saccharomyces cervisiae) est un protiste (eucaryote unicellulaire) et c’est un modèle parfait d’étude cellulaire. Elle est apparue il y aurait environ 1,6 Ga (peut-être plus), et représente un modèle tout à fait abouti, en raison de sa capacité de réaliser le processus de fermentation (assimilation des sucres, synthèse d’alcool et de CO2). Depuis quarante ans, on possède les outils indispensables au découpage de l’ADN ; depuis 1987 , c’est la levure qui est particulièrement recommandée comme vecteur de clonage. Par un “juste retour des choses” on apprend que les gènes humains pourraient sauver la levure, (Human Genes Can Save Yeast, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/43043/title/Human-Genes-Can-Save-Yeast/). Pour être totalement exact, il ne faudrait pas prendre cette affirmation au premier mais au second degré : elle exprime une potentialité que l’homme va certainement s’empresser de saisir. Le processus de conservation fait qu’à partir d’un ancêtre commun vieux de plusieurs milliards d’années, il existe des milliers de gènes que partage la levure et l’homme, aussi bien que la mouche et l’homme etc… Ainsi il n’y a plus qu’à vérifier la possibilité d’échange de protéines entre l’homme et la levure pour pouvoir dans un deuxième temps agir sur les protéines de la levure de telle sorte que se soit l’homme qui, en bout de chaîne, en tire bénéfice. Juste retour de choses ?
Science et conscience
dimanche, mai 24th, 2015A l’aube du XX° siècle, Teilhard de Chardin tente de mettre en accord son monde de scientifique et sa foi de chrétien par le biais d’une construction dynamique. La dynamique dans le domaine scientifique pose peu de problèmes ce qui n’est pas le cas du domaine de la foi. C’est ce qui l’oblige à modifier la notion de création (entre autres). C’est aussi ce qui lui vaut d’être tout d’abord condamné par le Vatican qui peu à peu pourtant lui offre de vivre une réelle réhabilitation [voir en particulier le cardinal Joseph Ratzinger (La foi chrétienne hier et aujourd’hui ) en 1968 il est vrai] ! Néanmoins cette tentation de replacer science et foi dans une même pensée en mouvement est une vraie recherche d’apaisement entre les deux parties qui s’affrontent depuis “la nuit des temps”. Cette querelle reste d’actualité (Opinion: Science & Religion: A Centuries-old War Rages On, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42938/title/Opinion–Science—Religion–A-Centuries-old-War-Rages-On/),le conflit ne s’est pas apaisé. Il est vrai que la boite à outils de la science est de plus en plus fournie et efficace et que la foi repose toujours sur le concept d’une cause première qui se doit d’être non démontrable parce qu’indémontrable. La grande question est donc de savoir si éthique et morale ne peuvent être réalisées qu’au moyen de la croyance en une création divine devenue de ce fait indispensable. Nombreux, pourtant sont ceux qui s’entendent sur le fait que “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” ? Mais à l’évidence il s’agit d’un consensus “mou” qui ne permet pas à ceux qui sont en errance de vivre leur foi dans un monde qui cherche la vérité au moyen de la boite à outils de la science ? Le danger serait d’avoir l’impression que le ressenti du besoin d’un Créateur entre en compétition avec l’accomplissement de la vie bonne selon les anciens ! La faute en revient largement à cette quête de cause première qui fait avancer un homme regardant derrière lui.
Enfoncer le clou
mercredi, mai 20th, 2015Comme une suite au précédent article ( What the UK election results mean for science, http://www.nature.com/news/what-the-uk-election-results-mean-for-science-1.17506?WT.ec_id=NATURE-20150514), viennent de paraître simultanément les deux suivants, Follow the Funding (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42799/title/Follow-the-Funding/) ainsi que, Think Before You Fire (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42788/title/Think-Before-You-Fire/) où il est question comme précédemment du(des) rapport(s) entre recherche (chercheurs) et origine des fonds nécessaires dans ce domaine : financement public vs financement privé. Ces questions ne doivent pas être envisagées en fonction du lieu géographique mais en fonction du rapport qui existe entre le public et le privé : deux attitudes que l’on peut voir comme opposées ou complémentaires. Se poser la question d’un entrave à la liberté de recherche dans le cadre d’un fonctionnement sur fonds privés ne semble pas plus pertinent que dans le cas de fonds publics. Depuis toujours en effet, les attributions se font sur dossiers et il existe une pertinence de sujets qu’aucun chercheur ne peut méconnaitre. Les grands thèmes n’appartiennent pas plus au public qu’au privé dans la mesure où ils reflètent les préoccupations du moment. Le second des ce deux articles aborde le problème selon une approche un peu différente mais qui ne peut être ignorée ; appartenance du chercheur à un laboratoire industriel et les aléas qui vont avec ce champ de l’industrie. Dans les deux cas, il existe néanmoins une préoccupation majeure. Il s’agit de l’obtention de résultats dans un temps qui se voudra plus court quand il s’agit de donations venant du privé, pour lequel investissement aura souvent tendance à aller de paire avec rendement, avec comme corollaire une application qui transcende le fondamental. En un mot comme en mille comment faire cohabiter au mieux pour les deux, le domaine de l’argent et celui des idées ?
Le Savant et le Politique
lundi, mai 18th, 2015A Munich en 1917 Max Weber fait une première conférence ayant pour sujet la Vocation de Savant (Wissenschaft als Beruf) suivie en 1919 d’une seconde sur la Vocation du Politique (Politik als Beruf). Après sa mort en 1920, il faut attendre 1959 pour que les textes soient traduits en français précédés d’une longue préface de Raymond Aron. Si cette traduction aide à faire connaître son auteur en France, il est presque aussi peu connu en Allemagne. Pourtant il est reconnu depuis pour être un des pionniers de la sociologie moderne, car il est l’un des premiers à exprimer le fait qu’il existe une réelle fusion entre la science et l’homme politique : l’action raisonnable du politique étant nourrie de relations causales et de valeurs. Dés sa première conférence, Max Weber fait état des inquiétudes que peut avoir le savant vis à vis de la politique dans la mesure où se dessine déjà un possible asservissement du savant par le politique dans l’Allemagne de cette époque. Les résultats du vote survenu le 7 mai au Royaume Uni permettent de s’arrêter de nouveau sur les termes de la dialectique wébérienne à savoir, les deux morales de la responsabilité et de la conviction “ou bien j’obéis à mes convictions […] sans me soucier des conséquences de mes actes, ou bien je me tiens pour comptable de ce que je fais…”. Que va-t-il advenir de la politique scientifique dans les années à venir au Royaume Uni, c’est la question qu’envisage l’article What the UK election results mean for science (http://www.nature.com/news/what-the-uk-election-results-mean-for-science-1.17506?WT.ec_id=NATURE-20150514). La question s’était déjà posée lors du référendum sur l’autonomie de l’Ecosse (septembre 2014) où avait déjà été envisagée la place du budget de la recherche scientifique selon que le choix aurait porté sur l’autonomie ou le maintien au sein du Royaume Uni. On voit aujourd’hui encore, combien le politique est impliqué dans le domaine du scientifique. Et quand il s’agit de subsides ou peut se demander si l’orientation de la recherche peut rester totalement indépendante !
Sur le bout des doigts
dimanche, mai 17th, 2015Rien n’est définitivement acquis c’est un peu ce dont traite un nouvel article à propos d’une définition possible de la singularité (Microbiome Fingerprints, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42950/title/Microbiome-Fingerprints/). Le dactylogramme, science vieille déjà de plusieurs millénaires a servi d’autres desseins que celui d’identifier des coupables alors même qu’elle servait bel et bien de signature depuis longtemps et il est étonnant, dans ces conditions, qu’il ait failli attendre le XIX° siècle (Edward Henry à Scotland Yard, Alfred Bertillon à la police judiciaire) pour en faire une preuve supplémentaire dans le domaine de l’anthropométrie. Aujourd’hui, il semble que celui des attributs qui sortira vainqueur pour identifier un individu se déplace vers une récente entité appelée microbiome. Une fois encore, le concept fait référence à une ancienne notion, celle de flore microbienne d’abord intestinale et vaginale, puis progressivement étendue au delà (oropharynx, peau, œil, placenta …). Cette flore faisait elle-même référence à une autre notion, celle de communauté symbiote, reposant essentiellement sur la notion qu’il s’agit d’une association restreinte aux partenariats à bénéfice mutuel. A l’homme postmoderne dont l’identité se fragilise vient s’opposer un individu plus stable, mieux défini. On pourrait y voir l’affrontement entre l’homme tel qu’il serait vu par la philosophie d’aujourd’hui (et de certains ..) et l’homme tel qu’il est vu dans sa réalité biologique, la génomique lui permettant de se réapproprier une stabilité qu’il aurait perdue. S’il ne faut pas accepter comme vérité première l’avenir comme synonyme de progrès, on ne peut pour autant pas dénier l’apport du progrès dans la vision de l’homme. Comme quoi, il convient encore et toujours de ‘”ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain”, soit encore de savoir (comme on le disait avant) “séparer le bon grain de l’ivraie” !
Une petite dernière ?
samedi, mai 16th, 2015Ce qu’il y a de bien avec l’information actuelle, c’est qu’elle ne laisse aucun répit à ses lecteurs. Ce qui est peut être moins bien, c’est qu’elle peut aller trop vite et sauter le temps de la réflexion. Il existe pourtant un bon côté à ces “Breaking News”. Le fait d’être portées a la connaissance de tous en temps réel, incite celui qui les lit à les vérifier, les reprendre, les commenter, les amender. Aujourd’hui c’est une nouvelle cellule souche qui fait son apparition (New Stem Cell Identified, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42901/title/New-Stem-Cell-Identified/, J. Wu et al., “An alternative pluripotent state confers interspecies chimaeric competency,” Nature, doi:10.1038/nature14413, 2015). Son intérêt résiderait essentiellement dans son positionnement à la jonction pluripotentialité/différenciation, ce qui en fait un élément autre que les cellules souches précédemment utilisées, sans quoi, évidemment, elle manquerait nécessairement d’intérêt ! Elle serait par ailleurs plus utile (toujours par rapport à ses sœurs plus anciennes, en terme de découverte) en tant qu’outil dans les manipulations de laboratoire. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes (on ne croit pas si bien dire), si, le si est de taille, l’éthique ne venait s’en mêler. La question posée étant la suivante : est-il éthique de créer un être chimérique animal/homme ? A noter qu’en réalité la question est très ancienne comme en témoigne la mythologie. Aujourd’hui peut-on répondre oui à la question quand le but est noble : venir en aide à l’homme en remédiant par ce biais à certaines de ses imperfections acquises ou non. La question est de taille et pendant le temps de réflexion qu’elle suscite, est-il licite de valider la technique ? Qui répondra ?
Un petit air “d’âge de glace”
jeudi, mai 7th, 2015A l’heure où le réchauffement climatique participe de l’heuristique de la peur, sans que l’on sache vraiment si la responsabilisation est au bout de chemin, une pause s’impose. Le mammouth laineux peut-être (ou peut-être pas) futur personnage d’un énième Jurassic Parc en gestation est là pour parler de sa descendance (Mammoth genomes provide recipe for creating Arctic éléphants, http://www.nature.com/news/mammoth-genomes-provide-recipe-for-creating-arctic-elephants-1.17462?WT.ec_id=NATURE-20150507). Ainsi, si le futur reste l’inconnu majeur, le passé est en passe de devenir de plus en plus présent. Néanmoins la question se pose : est-il nécessaire pour mieux connaître ce dit passé, de le vivre en testant ce qui peut s’apparenter à une “recréation” ? Quelques soient les convictions affichées, on peut affirmer que l’homme n’est pas responsable de la création. Or ses avancées techniques le mettent “en capacité” (…..) aujourd’hui de recréer pour partie ce monde, ce qui lui permettrait d’encore mieux d’asseoir ses racines. On peut proposer comme une raison valable l’amélioration de la survie d’un animal actuel dans des conditions extrêmes, mais le doute subsiste : cette raison n’est-elle pas un prétexte pour jouer à ce demiurge dont parlent toutes les cosmogonies ?
Faut-il vraiment s’en étonner ?
lundi, mai 4th, 2015Certains s’étonnent que l’homme du paléolithique (Aurignacien, Gravettien) ait pu être l’auteur d’œuvres picturales aussi exceptionnelles que celles dont on parle tant aujourd’hui et que l’on n’hésite pas à reproduire à l’identique pour que le XXI° siècle n’en soit pas privé et puisse même en profiter à loisir. Aussi serait-il logique que les mêmes s’étonnent de ce que les néandertaliens, contemporains des précédents (http://www.hominides.com/html/ancetres/ancetres-cro-magnon.php) aient assaisonné leurs plats (Neanderthal chefs may have spiced up menus with wild herbs, http://www.newscientist.com/article/mg22630174.600?cmpid=NLC|NSNS|2015-0416-GLOBAL&utm_medium=NLC&utm_source=NSNS#.VUZHeF2JhYc). Mais pourquoi un tel étonnement ? Le sensible à cette époque y était certainement plus pur que le sensible d’aujourd’hui, si l’on excepte n’importe quel l’enfant lorsqu’il découvre son environnement. L’œil était composé des mêmes éléments que ceux qui composent l’œil d’aujourd’hui et nul ne dit que les papilles et bourgeons du goût différaient à cette époque ! Nul ne dit non plus, que les besoins alimentaires, tant nutritionnels que gustatifs, aient été différents en ce qui concerne la recherche d’une nouvelle perception. Il est tout aussi difficile de certifier l’absence d’un besoin esthétique et donc de sa quête chez l’homo sapiens. Quel qu’ait été le but de ces représentations, votif, magique, religieux, il est vrai que le choix de l’obscurité des cavernes ne témoigne pas à l’évidence d’une envie d’exposer les dites œuvres au vu et au su du groupe. Ce qui n’empêche aucunement l’art et la technique de cheminer de concert depuis la nuit des temps, comme il est dit……