Archive for décembre, 2015

Celui par qui le scandale arrive

dimanche, décembre 27th, 2015

BECCS.jpeg.650x0_q70_crop-smartC’est au XIX° siècle que John Tyndall expliqua la couleur bleue du ciel. Bien que l’explication n’en fut que partielle, on donna le nom d’effet Tyndall au phénomène optique de diffusion de la lumière incidente sur des particules solides ou liquides (aujourd’hui diffusion Rayleigh). C’est aussi le nom que porte le Centre Tyndall pour la recherche sur le changement climatique, car outre son implication en physique Tyndall s’était aussi intéressé à la vapeur d’eau parce que  selon lui, elle  joue un rôle important en climatologie : « … Il arrive à la conclusion que des modifications de la proportion des gaz dans l’atmosphère peuvent jouer un rôle important dans les variations du climat … »(cité dans Historical perspectives on Climate Change , James Rodger Fleming, http://library.uniteddiversity.coop/Climate_Change/Historical_Perspectives_on_Climate_Change.pdf )  Basé  au Royaume Uni,  ce centre regroupe une vaste palette de chercheurs dans différents domaines parmi lesquels des scientifiques, des économistes, des ingénieurs et des spécialistes des sciences sociales impliqués dans une démarche trans disciplinaire axée sur le changement climatique, et par voie de conséquence le réchauffement climatique et le développement durable. Le directeur adjoint en est le Professeur Kevin Anderson (à ne pas confondre avec le joueur de tennis!) et c’est ce même  Professeur Anderson qui vient de commettre un article assez peu tendre à l’encontre de cette récente et grande manifestation mondiale, orgeuil de la France, la COP 21 (Talks in the city of light generate more heat, http://www.nature.com/news/talks-in-the-city-of-light-generate-more-heat-1.19074?WT.ec_id=NATURE-20151224&spMailingID=50325468&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=823531954&spReportId=ODIzNTMxOTU0S0). Manifestement l’auteur qui dit avoir été présent à la COP 21, s’élève contre l’idée que  l’unanimité acquise pour maintenir le réchauffement climatique sous 1,5°C  est un grand pas pour l’humanité, pour la bonne raison que l’on ne tient pas compte d’un point important : la différence entre les émissions négatives de CO2 et la réduction des émissions de ce même CO2 (Electricity from biomass with carbon capture could make western U.S. carbon-negative, http://news.berkeley.edu/2015/02/09/electricity-from-biomass-with-carbon-capture-could-make-western-u-s-carbon-negative/). Une fois encore comme  rien n’est simple, et donc que tout est compliqué, mieux vaut choisir de ne pas tout dire pour éviter d’expliquer !

 

 

Poisson d’Avril

mercredi, décembre 23rd, 2015

world-turtleDans le cadre du réchauffement climatique, à la une dans tous les esprits, on peut facilement imaginer que l’article, The Most Bizarre Theories About Earth That People Still Believe (http://thescienceexplorer.com/nature/most-bizarre-theories-about-earth-people-still-believe) participe du même esprit facétieux que celui qui sévit régulièrement à chacun des premiers avril ! Comment effectivement croire raisonnablement que des telles fariboles puissent encore avoir droit de cité au XXI° siècle ! Car les films de science fiction depuis Georges Mélies et son Voyage dans  la lune (1902) ne se privent pas de montrer la rotondité de la planète terre et des autres grâce aux nombreux voyages interstellaires des différents héros ! Jules Vernes en 1865 avait déjà écrit De la terre à la lune  et il convient de ne pas oublier Savinien CYRANO DE BERGERAC,  auteur de deux opus, Les Etats et Empires de la Lune ainsi que Les Etats et Empires du Soleil parus deux cents ans auparavant. Or malgré ces différentes oeuvres littéraires précédant les oeuvres cinématographiques, la terre serait toujours plate et reposerait sur le dos d’une tortue géante ! Qu’on en juge, en 1956, Samuel Shenton crée la Flat Earth Society (après  l’Universal Zetetic Society). Elle perd de son infuence régulièrement pour cause de quelques réussires spatiales mais La Flat Earth Society renaît en 2009 : on y compte 421 membres en 2012. Il s’agit en fait de la théorie dite du géoterrapinism de Jasper Danckeaerts qui se propage en Europe au début du XVII° siècle en provenance de certaines cultures amérindienne et chinoise. Aujourd’hui il serait facile de verser cette théorie au dossier du grand complot qui se manifeste régulièrement à l’occasion de tout et de n’importe quoi. Car le XXI° siècle au nom d’une science qui le baigne mais  dans laquelle il se noie ne veut plus faire confiance  à la dite science et invoque une démarche qualifiée de septicisme  scientifique ! On tourne en rond, comme la terre elle-même depuis Galilée !

PISA : Program for International Student Assessment

lundi, décembre 21st, 2015

254px-Pensee_UniqueMis en place dans les années 2000 par l’OCDE, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves donne régulièrement des nouvelles du « système éducatif  » au sein de soixante cinq pays en s’attachant « aux compétences  des élèves de 15 ans dans le cadre de leur scolarité obligatoire « ( http://www.education.gouv.fr/cid75515/communication-en-conseil-des-ministres-les-resultats-de-l-enquete-pisa.html). Si ce rapport préoccupe, c’est parce qu’il pointe du doigt le recul des élèves français principalement dans le domaine des mathématiques, mais il serait également bon de se préoccuper du sens accordé au terme « compétence » utilisé comme mètre étalon de l’étude. C’est une des raisons pour lesquelles on lira avec intérêt l’article Critical thinking is needed throughout life, not just in science (https://www.newscientist.com/article/mg22830513-600-critical-thinking-is-needed-throughout-life-not-just-in-science/?cmpid=NLC|NSNS|2015-1712-GLOBAL&utm_medium=NLC&utm_source=NSNS). Il n’est en effet jamais inutile de vérifier que tout discours doit s’appuyer sur une question bien posée, s’inscrire dans la rationalité et l’objectivité,  fuir (comme la peste) le dogmatisme. Ce sont quelques unes des vertus reconnues comme indispensables à la pratique de l’esprit critique qu’il serait bon de toujours mettre en oeuvre lorsque l’on aborde un sujet quelconque en expliquant pourquoi, de telle sorte qu’aucun élève ne puisse plus jamais dire « A quoi cela me servira-t-il plus tard ? » C’est pourquoi également l’approche épidémiologique est-elle aussi importante. Elle seule est capable de montrer le cheminement d’une idée, son va et vient d’erreurs en succès, puis de succès en erreurs,  marches sans lesquelles il n’y a pas de progression vers la vérité. Pourquoi donc invoque-t-on la démarche scientifique comme un outil performant dans la vie en général ? Parce que même le domaine de l’intuition y est soumis à des tests rigoureux, que l’irréfutabilité a conquis son droit à exister. Dans cette optique il n’est pas inutile de rappeler au moins trois grandes noms de la démarche scientifique objective : Claude Bernard (La médecine expérimentale) Gaston Bachelard (Le nouvel esprit scientifique) et Karl Popper (Théorie de la vérité/correspondance).

Choisir

jeudi, décembre 17th, 2015

im_choix_2Si le choix est consubstantiel à la nature humaine encore n’est-il pas exempt d’un certain nombre de questions parmi lesquelles, comment et pourquoi choisir. Souvent associé à la formule : choisir c’est renoncer (attribuée à Gide ?) il s’en dégagerait un parfum d’autant peu engageant qu’il peine à masquer l’incertitude fondamentale de l’acte en lui-même. Sujet de nombreuses réflexions concernant en particulier la liberté et la subjectivité lorsqu’il s’agit du choix d’un individu, qu’en est-il du choix lorsqu’il concerne un groupe ? Quand on sait que choisir, c’est aussi assumer une incertitude, dans la mesure où jamais ne pourra être établie une liste exhaustive des risques tout autant que des avantages qui en découleront. L’article Science for peace (http://www.nature.com/news/science-for-peace-1.19032?WT.ec_id=NATURE-20151217&spMailingID=50271052&spUserID=MjA1NTExOTM5MgS2&spJobID=822569676&spReportId=ODIyNTY5Njc2S0) a l’intérêt d’envisager le choix à l’échelle d’une nation (ou presque !). Dans ces temps agités, pour tous et chacun, il est réconfortant d’imaginer que l’acte d’accueil, même s’il ne fait pas l’unanimité, a été choisi parce qu’il pourrait être une aide et non entrave dans l’avenir. Que cette décision provienne d’une nation qui a pratiqué en une époque d’obscurantisme extrême l’exclusion systématique de certains n’est certainement pas anodine. Ainsi existe-t-il (peut-être) dans ce choix, la preuve que le lien subjectivité/liberté  s’exerce tout autant  à l’échelle d’une nation qu’à l’échelle de l’individu.

Hibou des villes, hibou des champs !

lundi, décembre 14th, 2015

hidden life of the burrowing owlMR de La Fontaine en a peu parlé (L’Aigle et le Hibou, http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/aighibou.htm) , mais son hibou se situait plutôt en pleine nature qu’en ville et son voisinage avec l’aigle ne fut pas des plus profitables pour sa lignée. Son avenir aurait-il été différent s’il avait habité en ville à l’époque, c’est la question, mais  il eût fallu pour ce faire que l’aigle n’y habitât point ! Qu’en est-il aujourd’hui quand il existe bel et bien une urbanisation de la gente aviaire (Urban Owl-Fitters, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/44580/title/Urban-Owl-Fitters/) ! Tous ne quittent pas leur habitat naturel, mais un certain nombre d’entre eux le fait, en particulier la Chevêche des terriers (Athene cunicularia) ou chouette des terriers  et pourquoi ne pas chercher à savoir pourquoi ? Trouver que ce sont les oiseaux les moins peureux de l’homme qui le « suivront » en ville ne révolutionnera pas l’idée que l’on peut se faire de toute cohabitation ! Doser l’hormone dite de stress  comme le cortisol par exemple montre simplement que l’oiseau urbain lorsqu’il est stressé récupère plus rapidement que l’oiseau rural alors que le taux est le même dans les deux populations en dehors de toute agression. Mais il serait beaucoup plus instructif de chercher à savoir pourquoi des animaux dits « sauvages » envahissent progressivement le domaine urbain (http://www.leparisien.fr/informations/des-animaux-sauvages-en-ville-22-06-2014-3942669.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F) ? Les espèces sont multiples et variées tout autant que les causes évoquées de cet exil : diminution du domaine rural au profit du domaine urbain, exclusion des plus faibles par les plus forts, amélioration des conditions de vie urbaine non seulement en terme de l’aménagement de la ville mais aussi en terme de l’attitude humaine envers des compagnons inattendus …. Et pour terminer quels bénéfices pour les uns comme pour les autres parce que (peut-être) est-ce là le primum movens ? Mais la chouette des terriers, pour ne parler que d’elle, dira-t-elle jamais ce qu’elle apprécie dans la compagnie humaine ?

Une histoire pas si brêve !

mercredi, décembre 9th, 2015

gorilla inspecting human brainA paraître sous l’égide de l’American Cancer Society un numéro virtuel spécial intitulé « A NOTE FROM HISTORY:
LANDMARKS IN HISTORY OF CANCER »  dans la revue CANCER qualifiée de plus ancienne sur ce sujet. Six parties sont prévues reprenant des publications depuis 2010 jusqu’à la plus récente en 2015 ( Part 1, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.25553/pdf, Part 2,http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.25825/pdf, Part 3,  http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.26320/pdf, Part4, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.27509/pdf, part 5, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.27889/pdf, Part 6, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.28319/pdf, Part 7, http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25873516) . De 3000 av JC à 2000 ap JC, prennent place cinq mille ans d’histoire du processus cancéreux tant du point de vue clinique (diagnostic et étiologie) que thérapeutique. S’il est difficile de résumer chacun des articles, ce qui néanmoins est intéressant, c’est de suivre la progression des thématiques en ayant la curiosité d’établir un parallèle avec l’évolution de la technicité en général. La reconnaissance du « crabe » est ancienne comme en attestent le papyrus Edwin Smith (3000 ans avJC) tout autant que le papyrus d’Ebers pus récent (1500 ans avJC). Sans trace écrite mais néamoins certifié, le processus existait déjà chez l’animal quand l’homme n’était pas encore de ce monde. Au commencement, on ne sait pas grand chose, le sensible prévaut. L’observation directe est là pour décrire des anomalies de volume et de développement quelle que soit la topographie : on ouvre les cadavres depuis bien longtemps ! Il est tout aussi évident que la première des attitudes est d’enlever cette anomalie, d’où une chirurgie carcinologique très ancienne. Au fur et à mesure où l’observation change d’échelle en fonction des acquisitions techniques, on passe de la macroscopie à la microscopie, car la cellule change le point de vue de l’observateur. Aujourd’hui, la biologie moléculaire semble ne plus avoir de limites ! S’il semble bien que la technique soit devenu le bras armé du sensible, les questions sont restées les mêmes : pourquoi, comment. Est-ce une raison pour dire que l’art a été remplacé par la technique (ars vs tekhné), idée soulevée dans la conclusion de la dernière partie ( In conclusion, the 25 years from 1970 and 1995 are the high-water mark in clinical oncology, and this is the period when oncology turned from art to science) ? C’est adopter l’ambiguïté de ces deux termes. Joints à l’origine par l’identité de leur signification, l’ars latin et la tekhné grecque se sont progressivement éloignés l’un de l’autre et la technique moderne qui provient du second n’est plus ni l’un ni l’autre. Mieux vaudrait suivre Aristote pour lequel l’art est plus expérience de l’individuel, la tekhné plus affaire du général tandis que la sophia est la  science qui s’intéresse aux principes et causes premiers. Mais restent et resteront toujours les « pourquoi » et les « comment » !

Pourquoi on en reparle ?

vendredi, décembre 4th, 2015

shadoks-serie-tv-01-gIl est des sujets, comme des polémiques, qui ne sont et ne seront jamais éteints. Les raisons peuvent en être multiples et variées, comme on a l’habitude de dire, peut-être le plus souvent parce qu’il n’existe pas, il n’existera peut-être jamais de réponse telle quelle puisse faire taire les contradicteurs. Ainsi peut-on voir fleurir à quelques (voir peu) de semaines des publications portant sur le même sujet. C’est le cas pour deux d’entre eux proposés il y a très peu de temps et qui reviennent on seulement parce que des solutions manquent cruellement, mais certainement aussi parce qu’il s’agit de préoccupations qui s’inscrivent brutalement dans l’air du temps. Tout d’abord le terrorisme dont la  liste des victimes suit sans discontinuité la flèche du temps (Root causes, http://www.nature.com/news/root-causes-1.18916?WT.ec_id=NATURE-20151203&spMailingID=50159890&spUserID=MjA1NTExOTM5MgS2&spJobID=820348363&spReportId=ODIwMzQ4MzYzS0). Sans commune mesure l’autre sujet concerne le manque d’éthique tel qu’il  s’exprime dans le domaine scientifique, plus flagrant depuis les avancées techniques mais qui n’a pas attendu l’époque moderne pour se manifester (Scientific Misconduct: Red Flags, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/44582/title/Scientific-Misconduct–Red-Flags/). Si ces deux exemples ne sont en aucun cas comparables, il n’est pas hors de propos d’y déceler une communauté de l’agir humain témoignant d’un rapport anormal de soi à autrui. L’agresseur est seul face à un agressé qui est individu ou collectivité, mais qui dans un cas comme dans l’autre est son image déformée et de ce fait rejetée pour être remplacée. La question est donc de trouver comment changer un regard dont on ne peut s’abstraire !

 

 

 

Pourquoi chercher à savoir ?

mardi, décembre 1st, 2015

Choix5A quoi sert de ne pas savoir sinon de chercher à savoir ! C’est une des thèses développées par Jamie Holmes, auteur du livre : Nonsense: The Power of Not Knowing (Embracing the Unknown, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/44345/title/Embracing-the-Unknown/, http://jamieholmesbooks.com/books/nonsense-hc). Jamie Holmes est-il un provocateur ou un fin connaisseur des processus psychiques impliqués dans la vie personnelle et relationnelle des individus ? Il est de fait qu’aujourd’hui l’immédiateté et l’abondance des l’informations viennent se fracasser sur l’incertitude par impossibilité d’en évaluer la véracité ! Trop d’informations tueraient l’information ? Que nenni, ce serait bel et bien l’inverse qui se produirait, si l’on accepte le principe selon lequel le questionnement est le moteur du devenir de l’homme. Il s’agit là, de  l’esprit même du principe de précaution : face à l’incertitude,  chercher avant tout à lever le doute et pour ce faire ne pas choisir le statu quo qui en dévoie l’idée même. Mais ce dont il est question, fondamentalement, c’est la gestion de l’ambiguité face au risque. Selon l’auteur, les résultats des tests pratiqués pouraient être interprétés de la façon suivante : d’une part, la gestion  du sentiment d’ambiguité prévaut sur celui du risque, et d’autre part, l’ambiguité aurait plus à faire avec l’émotionnel. Mais on peut aussi, en se référant aux choix sociétaux,  trouver qu’il existe une autre différence que le nombre entre l’individuel et le collectif. L’ambiguité pousserait l’individu au dépassement vers le savoir, tandis que le risque pousserait le collectif au repliement.