Hérésie ou rupture épistémologique

Même s’il ne l’a pas prononcée, la phrase  « E pur si muove ! » rend compte du reniement de Galilée concernant la rotation de la terre autour du soleil. C’était en 1633, mais en 1859, il semble que Darwin ait dans un premier temps hésité à publier sa théorie sur l’évolution, L’origine des espèces. S’il ne fut pas traité en hérétique, il suscita néanmoins des débats passionnés car la sélection naturelle n’allait pas de soi tant dans les communautés religieuses que même au sein de la communauté scientifique. On peut distinguer deux niveaux de réflexion dans les travaux de Darwin : l’évolution des espèces et la sélection naturelle. Bien que non exprimée de façon explicite, l’idée que l’homme pouvait descendre du singe ne pouvait s’inscrire dans la δόξα de l’époque. Par ailleurs l’absence de support scientifique à la transmission des caractères acquis rendait la théorie encore plus aventureuse. C’est dans une telle occurrence que l’on est en droit d’assimiler l’hérésie scientifique à la rupture épistémologique de G. Bachelard.  Darwin est né observateur d’où le questionnement, qui devenant agissant rend obsolète la démarche s’appuyant sur l’hypothèse de travail. La grande nouveauté consiste dans le fait que l’expérience est construite malgré : c’est la philosophie du NON. On lira donc avec intérêt l’article What is Darwin’s Theory of Evolution? (https://www.livescience.com/474-controversy-evolution-works.html) pour le regard qu’il porte sur certaines erreurs mais surtout sur la démarche de validation a posteriori d’une théorie hérétique.

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