Archive for septembre, 2019

Lueurs sur le passé, nuages sur le futur

lundi, septembre 30th, 2019

Le présent, qui n’existe pas en tant que tel, apporte pourtant son lot de nouvelles bonnes ou mauvaises selon qu’elles concernent le passé ou le futur de l’homme. Le passé expliqué repose sur les artefacts que l’on espère découvrir toujours sans quoi la préhistoire perdrait de son éloquence. Le futur imaginé repose sur des projections, modèles mathématiques prenant en compte les données qualitatives et les relevés quantitatifs encore trop récents. Dans la première catégorie des découvertes, on apprend d’objets retrouvés dans des tombes que “les bébés buvaient du lait de vache dans des biberons il y a au moins 3000 ans” (These mysterious vessels are among the world’s oldest baby bottles, https://www.sciencemag.org/news/2019/09/these-mysterious-vessels-are-among-world-s-oldest-baby-bottles?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=7c1cbc1e54-briefing-dy-20190926&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-7c1cbc1e54-43241421). Voici un nouvel élément à mettre à l’inventaire des temps préhistoriques de l’humanité. A l’opposé, puisque certitude il n’y a pas, on aimerait bien savoir de quoi pourrait manquer le monde de demain ? Alors selon Thomas Crowther pourquoi ne pas dresser une carte aussi précise que possible du monde vivant aujourd’hui, tant végétal qu’animal (The ecologist who wants to map everything, https://www.nature.com/articles/d41586-019-02846-4?WT.ec_id=NATURE-20190926&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20190926&sap-outbound-id=D13A12E8D42526196A78002E433F763F94885F9D&utm_source=hybris-campaign&utm_medium=email&utm_campaign=000_SKN6563_0000015362_41586-Nature-20190926-EAlert&utm_content=EN_internal_33925_20190926&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191 ). Le plus simple est donc de tout répertorier. Une immense tâche qui vient de débuter avec les arbres, les champignons et les nématodes ! Ces données d’un présent labile seront-elles, à l’instar des biberons du néolithique, un repère suffisamment valide pour installer un autre futur que celui qui se profile ? Le passé apprend, le futur interroge et on ne dispose toujours pas de données réellement fiables pour répondre aux questions qu’il pose. Ce qui est parfaitement normal puisque les dites données ne peuvent être que virtuelles !

Etait-ce vraiment inattendu !

jeudi, septembre 26th, 2019

Parce que LA solution n’a pas encore obtenu son label d’universalité (référence à l’ AOC), il n’est jamais inutile de revenir sur deux moteurs de l’humanité : le principe de responsabilité (voir Ph. Foot) et la philosophie de l’action. Dans la mesure où éthique et action sont indissociables, les traiter séparemment relève de la technique approuvée et utilisée par Alexandre le Grand, trancher le nœud gordien. Solution radicale s’il en fut, mais solution. Parmi l’immensité des situations qui impliquent le noeud gordien on distinguera aujourd’hui celui qui a trait aux moustiques génétiquement modifiés sensés faire barrière à la propagation de maladies endémiques comme la fièvre jaune, la dengue etc…

Les deux propositions en présence sont donc les suivantes : 1° agir sur un vecteur redoutable dans le but 2° d’agir pour le bien de l’humanité en rompant la chaîne  qui va du moustique infecté à l’homme quand celui ci ne peut bénéficier d’un traitement adapté d’où les ravages humanitaires que l’on connaît. Le problème nait du passage de l’essai à son application (Scientists Can’t Agree on Whether Genetically Modified-Mosquito Experiment Went Horribly Wrong, https://www.livescience.com/genetically-modified-mosquitoes-create-hybrids.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20190921-ls) mais pas en ce qui concerne la première étape de “l’expérimentation”. Tout se serait bien déroulé si des descendants improbables et qui n’auraient pas du être féconds n’avaient engendré à leur tour, une nouvelle génération qui allait être plus résistante que la toute première … Rien n’est sûr, les chercheurs sont dans le domaine du possible, voire du probable. Pouvait-on prévoir cette cascade de possibles/probables ? Devait-on en l’absence de réponse à cette première question, imaginer une autre procédure ? Partant du postulat que la prévention de cette population exposée était un impératif existait-il une autre solution ? En d’autres termes est-ce que l’on peut toujours évaluer le rapport bénéfice/risque ?

La carpe et le lapin

mardi, septembre 17th, 2019

Pas si éloignés pourtant sont l’art et la science quand on s’intéresse au sensible. Les sens sont classiquement chez l’homme au nombre de cinq : tact, audition, olfaction, gustation et vision. Si la distinction est facile au regard des organes responsables, parce que résolument différents, il existe pourtant une confusion des genres qui fait que la gustation sans l’olfaction n’est pas la gustation et inversement, que le tact sans la vision n’a pas le même degré de précision, que le l’audition dépourvue de la vision est plus que l’audition avec la vision. On peut multiplier ainsi les différences de perceptions lorsque l’un des sens manque à l’ensemble. Mais on sait également par exemple que l’audition dans un milieu bruyant n’est pas l’audition dans un milieu silencieux ce qui montre que la perception (ou d’autres sens) ne peut être exclue du milieu perceptif dans lequel elle s’exerce. Savoir se servir de la physiologie sensorielle pour créer une oeuvre d’art c’est en optimiser le résultat. C’est ce que rappelle l’article Seurat’s Dots: A Shot Heard ’Round the Art World—Fired by an Artist, Inspired by a Scientist ( https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(19)30851-7 ). C’est donc en appliquant la loi du contraste silmultané des couleurs de Chevreul que le pointillisme a pu voir le jour. Ainsi un exercice pratique de neurophysiologie sensorielle fait-il le lit de l’art ! Reste à savoir s’il est indispensable que le spectateur connaisse la loi du contraste simultané des couleurs ou en d’autres mots faut-il savoir pour apprécier ?

Remonter son horloge !

samedi, septembre 14th, 2019

Si l’horloge est considérée comme un instrument dont le rôle est de mesurer le temps, celui ci étant multiple les horloges le sont aussi. Si l’on ne considère que le monde de la biologie, les horloges y sont tout aussi nombreuses. L’homme vit dans un temps qui n’est pas le temps, mais qui est son temps. Ainsi même quand on parle d’horloge biologique, sans différencier l’homme de la femme, on sous entend en fait plusieurs systèmes. Le rythme circadien est celui qui gère la succession des périodes diurnes et nocturnes, alternance au cours de laquelle de nombreuses données biologiques, constantes sur le long cours (température, hormones …) devienent des variables qui s’ajustent. En génétique, on a fait l’hypothèse d’une horloge moléculaire selon laquelle “les mutations génétiques s’accumuleraient dans un génome à une vitesse constante”. Cette hypothèse qui devra certainement être modifiée pour s’inscrire dans la théorie darwinienne de l’évolution, est utilisée par les paléontologistes d’où une échelle de temps considérablement différente. Maintenant se profile l’horloge épigénétique qui est de nouveau à échelle humaine (First hint that body’s ‘biological age’ can be reversed, https://www.nature.com/articles/d41586-019-02638-w?WT.ec_id=NATURE-20190912&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20190912&sap-outbound-id=B52C39B8C0B944FD30A9FFE86924C165B3354E78&utm_source=hybris-campaign&utm_medium=email&utm_campaign=000_AGN6567_0000014844_41586-Nature-20190912-EAlert&utm_content=EN_internal_32879_20190912&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191 ). Sans se tromper il pourrait s’agir là de tout autre chose ; Dorian Gray et son portrait ferait pauvre figure. Mais si l’on veut pouvoir juger du rajeunissement il faut dans un premier temps savoir juger du vieillissement, ce qui est fait depuis 2014 (Biomarkers and ageing: The clock-watcher, https://www.nature.com/news/biomarkers-and-ageing-the-clock-watcher-1.15014 ). Aujourd’hui les résultats sont préliminaires, la cohorte est de petite taille, mais si l’on exclut l’envie de certains de rajeunir indéfiniment on peut néanmoins cibler le traitement de certaines pathologies responsables d’un vieillissement anormalement précoce.

Entraide sans frontière

mardi, septembre 10th, 2019

Parce que l’anthropomorphisme est un concept ancien cher à l’humanité, certains paléontologues dateraient son existence du paléolithique. Sans remonter si loin dans ses expressions, c’est certainement Jean de La Fontaine qui sut au mieux transformer les récits oraux d’Esope en fables écrites où les animaux étaient sujets de cour. L’animosité entre certains était évidente tandis que d’autres se prêtaient assistance. La communication animalière intraspécifique est connue ainsi que la diversité de ses outils, signaux et récepteurs. La communication extraspécifique est plus difficile à interpréter sauf celle qui réunit l’homme et ses animaux de compagnie. L’une d’entre elles avait été particulièrement bien étudiée qui unissait par le langage Konrad Lorenz et ses oies. Des signaux de type alarme ont déjà été mis en évidence mais dans l’étude Eavesdropping grey squirrels infer safety from bird chatter ( https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0221279, résumée dans Eavesdropping Squirrels: Bird Chatter Acts as Signal for Safety, http://www.sci-news.com/biology/eavesdropping-squirrels-07571.html ) c’est de l’inverse dont il est question. C’est ainsi que l’écureuil qui écoute/entend les chants des oiseaux abaisse son niveau de vigilance si on le compare à celui qui correspond au bruit émis par un prédateur comme le faucon. L’intérêt de l’étude réside dans le fait que l’écureuil tire bénéfice de l’expression d’un non danger émise par une autre espèce avec laquelle il partage un prédateur commun. Il y a donc bien eu communication extraspécifique. Mais comment est-ce possible ?

Gène et Genre

vendredi, septembre 6th, 2019

Jusqu’à la fin de la 6e semaine la gonade revêt le même aspect morphologique dans les deux sexes, alors est-ce une raison pour laquelle Hermaphrodite a pu voir le jour ? Fils d’Hermès et d’Aphrodite (d’où son nom) il fut uni bien malgré lui à la naïade Salmacis ce qui fit de lui un être d’une étrange complexité. Depuis déjà plus de cent cinquante ans on s’interroge sur ce qui pourrait définir le masculin et le féminin au delà de caractères trop simplement anatomiques. Ainsi Simone de Beauvoir et Claude Levi Strauss se rejoignent-ils sur la dualité qu’entretiennent ces deux termes nature et culture. Aujourd’hui paraissent les résultats d’une grande étude sur les bases génétiques de la sexualité ( Giant Study Helps Clarify Role of Genes in Same-Sex Sex , https://www.the-scientist.com/news-opinion/giant-study-helps-clarify-role-of-genes-in-same-sex-sex–66371?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2019&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=76276598&_hsenc=p2ANqtz-8sDxjlIZ4bzyJ9y5T7pdtI5C_g4SQCtdPyF0pmQKMRJbQTzEIwPQ5_egm3txNxHoNQ9KQzn-77jJv-gleEBJiNJRqYyA&_hsmi=76276598). Pour ne pas oublier l’ambiguïté fondamentale de l’homme qui oscille au gré des vents et des siècles entre rationalité et irrationalité, il n’est pas inutile de rappeler que l’on a également cherché le gène de la criminalité comme on avait découvert la bosse des mathématiques ! Science contre pseudo science pour la recherche éternelle d’une cause ! Mais aujourd’hui la réponse est ouverte “encore” :  si la génétique peut prédire elle ne peut affirmer et il faudra donc s’en contenter !

D’une activité à l’autre

dimanche, septembre 1st, 2019

Les organoïdes sont à l’honneur quelque soit l’organe dont ils sont comme un “facsimilé”, aussi proche que possible de l’original. Le système nerveux central n’est pas en reste et voilà qu’un organoïde cérébral émet des ondes qui plus est se modifient en se complexifiant au fil du temps : Human Cortical Organoids Model Neuronal Networks ( https://www.the-scientist.com/news-opinion/human-cortical-organoids-make-brain-waves-66368 ) ! De là à y voir “l’équivalent” du cerveau d’un prématuré humain il n’y aurait qu’un petit pas que l’on aimerait bien franchir. Malheureusement si cette mini structure tridimensionnelle est bien constituée de cellules différenciées, neurones et cellules gliales, on peut la comparer à une île dépourvue de toute connection avec une quelconque autre structure ce qui à tout le moins est loin de pouvoir être assimilé à un cerveau humain même prématuré ! Ce n’est pas l’activité électrique constatée qui interroge, c’est la synchronisation de cette activité entre les cellules évoquant une maturation qui ne se poursuit néanmoins pas au delà de quelques mois. Si ces oscillations répondent à certaines drogues il n’en reste pas moins que les “assimiler” à des ondes cérébrales reste du domaine de la conjecture. Si telles elles étaient se reposerait urgemment la question éthique de savoir à quoi pense un organoïde cérébral !