A l’heure où celui qui ne sait pas, s’inquiète qu’un vaccin a été construit en utilisant un ARN messager (et s’il avait l’idée absurde de s’incorporer au génome du receveur !), la nature nous montre qu’il existe des transferts d’un type particulier mais peut-être pas si inhabituel (Gene transfer from plant to insect). Bien sûr dans le cas présent, ne sont en présence qu’une plante et un insecte, et l’homme n’y apparaît pas. L’affaire a du se dérouler il y a quelques millions d’années et il semble bien qu’elle ne soit pas si banale que l’on pourrait le croire. Si l’homme peut tirer profit de ce rapt pour lutter efficacement contre les effets néfastes de certains insectes, il n’en est pas l’auteur et restent les questions du pourquoi et du comment. Pour le comment, interviendrait un intermédiaire peut-être de nature virale ? Pour le pourquoi, ce gène incorporé au génome du dit insecte lui permet de résister aux toxines de la plante incriminée. En fait ce que l’on nomme transfert horizontal de gènes est connu depuis environ cinquante ans et s’avère être un processus important de l’évolution (https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2012/09/medsci2012288-9p695/medsci2012288-9p695.html). Il s’étend en effet à de nombreux règnes du vivant et finalement l’homme en fait bien partie : on estime qu’environ deux cent gènes seraient redevables à ce processus d’être inclus dans le génome humain. Quelles sont les conséquences de ce phénomène ? En premier lieu il est apparu que dans ces conditions, il n’était pas aussi facile d’établir un arbre phylogénétique puisqu’au processus de transfert vertical vient s’ajouter le transfert horizontal, ce qui, conséquence anecdotique, rend plus difficile la mise en évidence des parentés entre des groupes d’êtres vivants. Par contre l’insecte qui est devenu apte à résister au végétal qui lui était toxique ne peut lui, que se féliciter d’une telle aubaine. Par contre si ce même processus est responsable d’une augmentation de la résistance de microorganismes pathogènes chez l’homme, celui-ci n’aura pas lieu de se réjouir. C’est probablement un des facteurs de la résistance à l’antibiothérapie qui s’est progressivement développée. Pour résumer le cas présent : une cause responsable au minimum de trois effets reconnus. D’où la question : comment établit-on une certitude ?
Archive for mars, 2021
Transfert de gène
lundi, mars 29th, 2021Le marchand de Venise
mercredi, mars 24th, 2021Une livre de chaire, c’était le montant établi par contrat et qu’aurait dû payer Antonio en cas de non remboursement de la dette contractée. De valeur pécuniaire il n’était pas question en 1600 (première édition : The Merchant of Venice in quarto) mais de valeur allégorique. Aujourd’hui c’est la “peau électronique” dont la valeur est inestimable au regard de ses capacités. La peau est reconnue comme un organe exceptionnel de par sa taille, son poids et surtout, la multiplicité de ses fonctions. Tellement nombreuses, qu’elles ne peuvent pas encore être toutes présentes dans cette “e-skin/peau électronique” mise au point depuis 2008. Ce revêtement d’un type particulier qui se présente comme une réelle interface électronique, possède déjà plusieurs fonctions , mais ses applications ne sont pas encore toutes exploitées. On cherche depuis longtemps déjà à réaliser un modèle de peau artificielle, mais dans le cas présent il s’agit d’un équivalent d’épiderme, la partie la plus superficielle du revêtement cutané, riche en terminaisons nerveuses ainsi qu’en de véritables petits organes de la sensibilité. La question est de savoir comment loger des capteurs thermiques ou autres (https://fre.kyhistotechs.com/sensor-array-using-multi-functional-field-effect-transistors-with-ultrahigh-sensitivity-28687448) dans un matériau qui subit des déformations incessantes. C’est donc le support en lui-même qui doit être d’une sophistication extrême et c’est ce qui a été réalisé : un circuit flexible imprimé sur la peau (Flexible circuits inspired by human skin) ! Au commencement cette flexibilité reposait sur des molécules ou des polymères flexibles à base de carbone qui conduisent l’électricité et sont utilisés dans d’autres domaines comme celui de la bio électronique. Si cette “e-skin” se révèle déjà aussi efficace mais aussi si prometteuse, c’est que nombreux sont ceux qui venus d’horizons différents se sont attelés à une tâche commune, reproduire ce que la nature sait faire mais en transformant ces capacités en données accessibles. Reste à ne pas dévoyer les informations : ce n’est pas la technique qui est en cause, c’est l’utilisation que l’homme en fait.
Qu’est ce qui est le mieux ?
samedi, mars 20th, 2021Le bâton ou la carotte, récompense ou punition, l’âne, parait-il, répond de la même façon à l’une ou l’autre de ces deux propositions. Qu’en est-il de l’homme ? C’est la question qu’aimerait résoudre Tali Sharot (To quell fake news, offer ‘carrots’ for truth) et elle préfèrerait nettement que la récompense surpasse la punition en terme d’efficacité. Le domaine choisi par l’auteur de l’article est particulièrement d’actualité, puisqu’il s’agit de s’attaquer aux fausses nouvelles qui ont la fâcheuse tendance à devenir “virales” selon l’expression consacrée actuellement. Expression en réalité assez bien adaptée dans la mesure où la fausse nouvelle se répand dans une temporalité presque réduite à l’instantanéité et que sa capacité à muter rappelle dangereusement celle du virus. Le poids de la fausse nouvelle est par ailleurs d’autant plus important qu’il s’intègre à un biais cognitif : croire sans en débattre toute opinion qui correspond à celle que l’on a déjà . L’idée proposée serait donc de récompenser celui qui propose l’information vérifiée, ce qui suppose une autre vision du temps et une acceptation du débat. Mais le cadre dépasse largement celui que propose l’article puisqu’il s’adresse en réalité à la construction de l’homme moral . L’apprentissage par renforcement positif fut étudié par Burrhus Frederic Skinner qui appartenait au courant “comportementaliste”, courant dont l’importance diminua au fur et à mesure ou le courant cognitif se développait. L’article devient alors plus complexe qu’il n’y paraît dans la mesure où il mélange les deux théories sus citées d’où une fragilisation de l’argumentation proposée !
Souvenirs,souvenirs
lundi, mars 15th, 2021On n’en finira pas d’explorer cette faculté, non exclusivement humaine, qu’est la mémoire. Neurophysiologistes tout autant que philosophes, aiment à se pencher sur les mystères qui l’entourent parmi lesquels son fonctionnement et ses rôles. Si l’on peut affirmer que sans mémoire, un ordinateur devient plus encombrant qu’utile c’est que cette capacité est un attribut majeur des systèmes d’information. En effet les données qu’on lui a fournies sont non seulement conservées mais accessibles dans un autre temps. Or ces “mémoires” ne sont pas sans rappeler celles du “vivant” : la mémoire vive, qui peut être consultée et modifiée, la mémoire morte qui est stockée et non modifiable. H. Bergson avait exploré cette faculté en différenciant la mémoire-habitude qui n’est pas vécue comme un passé et la mémoire-souvenir qui est un passé-image. Mais il s’agissait là d’une problématique classique, celle du corps et de l’esprit, toujours non résolue. Dans l’article Your brain warps your memories so you can remember them better, la neurophysiologie explore ce qui peut être considéré comme un plus chez l’homme, la possibilité de mieux se souvenir. L’homme sait le faire, sa solution c’est l’exagération, la machine ne le fait pas. Copier la nature a toujours été l’activité principale de l’humanité mais apparemment une fois encore, il convient de préférer l’original à la copie !
L’éthologie cognitive
dimanche, mars 7th, 2021L’animal-machine de Descartes n’est pas réellement une machine. S’il le compare à la mécanique de l’horloge c’est parce que contrairement à l’homme, il ne possède pas d’âme, mais uniquement un corps. Et si celui ci exprime une réponse à un stimulus extérieur, sa réponse est prévisible et répond à un simple principe de causalité. Depuis Aristote, nombreux furent ceux qui se penchèrent sur le comportement animal : les oies du Capitole firent parler d’elles pour leur capacité à donner l’alerte puis beaucoup plus tard vint Konrad Lorenz qui conceptualisa le principe d’empreinte chez les oisillons. Ainsi l’éthologie gravit-elle progressivement les barreaux de l’échelle de la cognition animale quand il fut montré que certains réussissaient le test du miroir. Aujourd’hui un nouveau pas est franchi avec le test dit du marshmallow que réussit parfaitement la seiche (Cuttlefish show self-control, pass ‘marshmallow test’) ! La signification de cette expérience est lourde d’enseignement car il s’agit ni plus ni moins pour l’animal que de montrer sa “maitrise de soi”. Ce céphalopode a donc intégré un double concept, temps et but : un plus dans le futur par rapport à un moins dans le présent ce qui influe sur l’acte décisionnel ! Peut-on intégrer cette capacité dans le processus d’évolution pour une amélioration de sa survie acquise au cours des siècles et que l’on retrouve chez d’autres espèces. Intelligente, la seiche ? D’autres qualités sont à découvrir pour l’affirmer, mais elle sait se retenir quand il le faut pour son bien.