Archive for mars, 2023

Calendrier ou pas calendrier ?

jeudi, mars 30th, 2023

Parce que l’homme a toujours constater l’existence d’un certain nombre de répétitions, il en a déduit la survenue d’évènements sur lesquels il pouvait compter pour se situer dans un monde “incompréhensible“. Chaque jour s’efface devant la nuit, la terre perd ses récoltes pour les retrouver à intervalles réguliers, tandis que la lune parcourt des quartiers pour reprendre sa forme de disque. Cette succession de modifications et de récupérations a été interprétée par l’homme comme la preuve d’un temps cyclique que l’on pouvait diviser en un certain nombre d’unités répétitives et identiques. Ainsi put naître la mesure du temps et les hommes mirent au point des appareils pour en rendre rendre compte. Le cadran solaire fait partie de ces instruments de mesure, probablement l’un des tous premiers, un objet dont la taille peut du reste être variable. A tel point qu’un ensemble mégalithique datant probablement du néolithique secondaire fait peut-être partie de ces “instruments” de mesure. Stonehenge se trouve ainsi au centre d’une controverse où s’affrontent les spécialistes : pour les uns il s’agit d’un calendrier ce que les autres réfutent avec véhémence : en Mars 2022, Stonehenge a peut-être été utilisé comme calendrier solaire (https://www.livescience.com/stonehenge-was-ancient-solar-calendar), en Mars 2023, Stonehenge n’est probablement pas un ancien calendrier (Was Stonehenge an ancient calendar? A new study says no.). Il est vrai que cet alignement de pierres reste d’interprétation particulièrement difficile. Si l’on peut en dater l’origine, il n’existe aucun argument décisif en ce qui concerne leur signification. Le premier article repose sur une étude numérologique, le second sur l’imprécision des cercles de pierres et interprète plutôt l’alignement comme participant à un lieu de mémoire en raison du grand nombre de sépultures qui y ont été retrouvées. Néanmoins l’un n’exclut peut-être pas totalement l’autre dans la mesure où il existe quand même un alignement fonction du solstice d’hiver, date annuelle importante en ce qui concerne les morts, ce qui est toujours d’actualité ! On voit donc combien il n’existe pas une mais des interprétations quand on s’adresse aux artéfacts préhistoriques. Bien qu’il n’existe pas de mot qui ne soit polysémique l’écriture a néanmoins apporté un certain nombre de précisions qui manquent totalement en leur absence. C’est pourquoi il n’y a pas lieu de regretter ce champ d’imprécisions puisqu’il sera toujours une riche source d’interprétations dont les racines plongent dans l’imaginaire humain.

Du Caenorhabditis elegans à la Drosophila melanogaster

mardi, mars 28th, 2023

Etablir une carte des circuits neuronaux du cerveau humain s’apparente à la quête du Graal à la façon des Chevaliers de la Table Ronde. Il renfermerait en effet plus de cent milliards de neurones et mille fois plus de synapses, d’où l’ampleur du travail. Aussi pour voir grand faut-il souvent commencer petit. C’est la raison pour laquelle le C. Elegans qui a déjà donné son corps à la science pour de nombreux et variés travaux de recherche a aussi été sollicité pour l’étude de son cerveau : il ne renfermerait que trois cents neurones et sept mille synapses ! Les formes neuronales y sont simples et l’étude de leurs synapses est tout à fait possible. Néanmoins même si l’étude de ce vers d’environ un millimètre de long montre au niveau moléculaire et cellulaire une physiologie neuronale conservée par rapport à celles de l’homme, les chercheurs sont à l’affut de résultats sur un organisme plus complexe. C’est le cas avec la Drosophila melanogaster (Gigantic map of fly brain is a first for a complex animal, https://www.nature.com/articles/d41586-023-00709-7), qui a un comportement déjà relativement plus sophistiqué que celui auquel pourrait penser l’humain non averti. De plus les conditions expérimentales sont facilitées par le corps transparent de leurs larves. Une carte d’un câblage complexe a ainsi pu être mise en évidence avec boucles et rétro boucles. Il sera désormais possible d’étudier des synapses autres que les axono-dendritiques classiquement plus accessibles mais qui sont loin d’être les seules mais aussi d’améliorer les modèles informatiques aujourd’hui utilisés.

Dans quel but ?

dimanche, mars 26th, 2023
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est image-3.png.

S‘il existe à l’évidence plusieurs types de véhicules, l’Idée de Véhicule est unique : le vehiculum au fil du temps, est un moyen de transport et rien d’autre. Ce qui est susceptible de changer c’est sa taille, son mode de mobilité, et son chargement. Son but, lui est unique : transporter quelque chose utilement d’un point à un autre. En 1966, Richard Fleischer, miniaturise un sous-marin le Protéus et tout son équipage dans le but de résorber un caillot sanguin. Celui-ci malencontreusement intracérébral, a plongé un scientifique dans le coma. Le sauver n’est peut-être pas le but exclusif, mais s’en s’appesantir sur le versant éthique on peut néanmoins remarquer. Premièrement que le nom du vaisseau miniaturisé se rapporte à une divinité marine qui a entre autres possibilités, celle de se métamorphoser. Deuxièmement, la miniaturisation a été réalisée dans un but de thérapeutique humaine et figure exactement les appareils médicaux d’imagerie apparus en 1980. Un des défis de la médecine a toujours été le transport de l’agent thérapeutique jusqu’à sa cible, c’est pourquoi la nanomédecine est un réel progrès. Il existe des nanocapsules qui transportent directement le médicament sur le site d’action et des systèmes matriciels, qui en se dégradant libèrent le médicament. Une nouvelle technique Drugs Hitch a Ride on Algae for Targeted Delivery (https://www.the-scientist.com/modus-operandi/drugs-hitch-a-ride-on-algae-for-targeted-delivery-70893) a trouvé un véhicule efficace, l’algue. Elle chemine grâce à son système de flagelles qui en battant lui assure sa mobilité. Ce système, pour différentes raisons, est nettement plus naturel que celui des bactéries magnétotactiques ! Et voici donc un nouveau microrobot que l’on pourrait classer dans les “robots mobiles autonomes”. Ne reste plus qu’à définir la meilleure voie de pénétration chez l’homme, peut-être en fonction de la cible concernée. Quoiqu’il en soit, il semble bien que l’algue soit préférable à la bactérie(Bacteria-based biohybrid microrobots on a mission to one day battle cancer) pour une livraison à domicile.

Histoire d’emojis

dimanche, mars 12th, 2023

L’絵文字えもじ, autrement dit, pictogramme, utilisé dans les messages électroniques, descend en droite ligne du smiley (1963) auquel a fait suite l’ émoticône (1983) et enfin l’emoji (1997). Quel qu’il soit, sénior ou junior, ce pictogramme a pour rôle de donner sens au message écrit qu’il conclut. Il s’agit d’abord d’expressions faciales schématisant un sentiment humain qui progressivement s’enrichissent de “concepts abstraits, d’animaux, de plantes, d’activités, de parties du corps ainsi que de gestuelles et d’objets“. Leur utilisation s’accroit au fil du temps car leur nombre augmente en permanence : on en décompterait aujourd’hui jusqu’à “3633,codifiés“.  Il existe même une Journée mondiale des émojis. Alors, pourquoi donc la science en aurait-elle besoin ? (Why science needs a protein emoji). En fait, les émojis scientifiques existent déjà depuis 2018 à l’image de celui de l’ADN par exemple et participent de la communication scientifique. La raison pour laquelle l’auteur est en faveur de la mise en place d’un pictogramme représentatif du concept de protéine, repose sur son expérience selon laquelle “une recherche du mot protéine sur les moteurs les plus courants, donneraient pour réponse, viande et produits de nutrition en général”, ce qui à l’évidence ne convient pas du tout, même si on exclut la possibilité que la question soit mal posée ! Quoiqu’il en soit, si pour qu’une réponse soit parfaitement adaptée à la question posée, il faut en passer par l’utilisation d’un emoji, on est en droit de s’étonner qu’à un mot il faille substituer une image. Celle-ci serait donc plus en adéquation avec le sens porté par le mot. Il est vrai que la polysémie est loin d’être exceptionnelle, mais l’ambiguïté du langage lié aux nouvelles technologies mérite d’être explorée. C’est le projet du groupe NCCR Evolving Language. Mais faut-il compléter la démarche en revenant au jeu de langage selon L. Wittgenstein ?

Corrélation vs causalité

samedi, mars 4th, 2023

Une corrélation est une relation statistique entre deux variables dont les valeurs varient dans le même sens ou dans le sens opposé. Ainsi la corrélation peut-elle être positive ou négative. Une causalité est une corrélation dans laquelle une variable dépend de l’autre et cette relation persiste dans le temps. Le problème de la relation cause/effet a pris une importance toute particulière avec le développement des sciences soit donc à partir du XIXème siècle. “L’homme a naturellement envie de savoir” ce qui explique le monde des questions qu’il pose et se pose. Il est donc vraisemblable que cette appétence est à l’origine de la technique, concevant des objets dont le but est bel et bien de lui venir en aide grâce aux réponses qu’elle sera en mesure de lui apporter. Mais le problème vient de ce que trouver qu’il existe des corrélations entre des facteurs ne signifie pas qu’il y ait une relation de cause à effet. La relation entre deux variables, qu’elle soit négative ou positive ne signifie pas que l’une agit sur l’autre ce qui signe la causalité. La recherche de corrélation implique donc d’étudier des variables sans chercher à les manipuler. La relation de cause a effet ne peut intervenir dans la démarche du chercheur que dans un second temps : la recherche causale nécessite une expérience programmée dont les variables seront contrôlées. Mais aujourd’hui ce problème va se poser à l’Intelligence Artificielle qui détecte parfaitement les corrélations mais se révèle particulièrement mutique en ce qui concerne le domaine de la causalité (Why AI needs to understand consequences). D’où la question que peut faire l’homme pour sa machine s’il veut valider sa prise de décision ? Il faudra donc adapter la machine pour transformer ses capacités et les rapprocher des qualités humaines qui font que l’appréciation de la causalité est le résultat de nombreuses acquisitions et qualités humaines parmi lesquelles l’imagination et les retours en arrière ! C’est “l’inférence causale” où les mathématiques vont devoir prendre en main l’acte décisionnel humain pour le meilleur en évitant le pire !