Il est de notoriété publique que le « zéro a été inventé tardivement dans l’histoire ». Son usage moderne est à mettre sur le compte d’un mathématicien italien, Leonardo Fibonacci, qui introduisit en Europe le système de notation indo-arabe avec en particulier sa notation sous la forme d’une figure simple fermée, 0. Mais si la figure se révèle effectivement simple, le symbole qui s’y rattache est très loin de l’être, comme on peut en juger. Il est à la fois chiffre et nombre, il représente quelque chose qui n’existe pas mais qui devient existant puisque l’on constate son absence, il prend place sur l’axe des abscisses et ordonnées avant le 1 : quant aux opérations auxquelles il participe, elles ont nécessité de nouvelles règles de calcul ! Ainsi le zéro est-il affecté d’une complexité extrême qui ne peut qu’échapper à celui qui le manipule quotidiennement en raison d’une représentation mentale comme pour tous les autres chiffres. Alors dans la mesure où il est devenu possible de réaliser des images du fonctionnement cérébral, il était intéressant de tester la représentation des chiffres et des nombres en portant une attention toute particulière au zéro. N’est-il pas amusant d’avoir une image d’une « absence [qui] devient objet mathématique » ? En effet pourquoi le zéro n’occuperait-il pas une place particulière dans le cerveau (How we get our heads around zero) ? Les auteurs ont donc cherché s’il existait une base neuronale pour le zéro. Fondamentalement il n’existe pas de différences spécifiques concernant sa représentation. Si le zéro allume plus de neurones, le cerveau le traite néanmoins comme tout autre nombre : « En tant que tel, le zéro est traité comme n’importe quel autre nombre formel« . Et donc, à l’image de « l’homme [qui est] une femme comme les autres », le zéro est un nombre comme les autres ! Reste pourtant cette propriété humaine (jusqu’à aujourd’hui du moins) de savoir différencier l’absence du rien.