Posts Tagged ‘cancer’

Où l’on voit qu’hier est indispensable à aujourd’hui

vendredi, avril 15th, 2016

Archives-et-connaissance-historiqueS’il ne s’agit pas là d’une vraie nouveauté, une piqure de rappel n’est jamais inutile quand il s’agit d’expliquer une actualité. Si l’on peut reconnaître un moment, une particularité, celle ci parce qu’elle appartient au temps s’y inscrit  et en fait donc partie intégrante. En effet il n’existe pas dans notre système de possibilité d’interruption qui autoriserait une période à s’exclure du flux temporel. Il est parfaitement possible de la reconnaître et de la délimiter mais impossible de procéder à une opération similaire à celle de l’excision des nucléotides de la génétique. La vraie question concerne le début si l’on est curieux, la fin si l’on est inquiet, mais pas l’entre deux. Lorsqu’il est question d’insister sur un enseignement transversal il ne serait pas inutile de commencer par un enseignement vertical ce qui permettrait de mettre en place un présent argumenté et donc solide pour des constructions ultérieures. On construit mal sur du sable. C’est pourquoi la médecine est tellement friande de ces allers et retours incessants qui font que la technicité appliquée aux examens complémentaires ne fait qu’expliciter une clinique qui garde toute son actualité. L’enquête étiologique n’en est jamais qu’une autre expression. Quant à la rupture épistémologique si chère à Gaston Bachelard elle ne peut exister que s’il y a eu un avant. Aussi, lorsque paraissent des articles tel que Fighting Cancer with Infection, 1891 (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/45593/title/Fighting-Cancer-with-Infection–1891/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=28386080&_hsenc=p2ANqtz-_zDeOQEc3dQxsrBJDONDgldDdbagbqX5accV9wYzeXBeaTclErwfL_4UdaWE5cYH5bCLhHfrEsaIANDcVKJR-2itFF6w&_hsmi=28386080) il ne faut pas bouder son plaisir et prendre le temps de le lire tout en pensant (avec une certaine nostalgie) au cinéma muet où l’on pouvait lire entre deux séquences « où l’on apprend que … « 

Une histoire pas si brêve !

mercredi, décembre 9th, 2015

gorilla inspecting human brainA paraître sous l’égide de l’American Cancer Society un numéro virtuel spécial intitulé « A NOTE FROM HISTORY:
LANDMARKS IN HISTORY OF CANCER »  dans la revue CANCER qualifiée de plus ancienne sur ce sujet. Six parties sont prévues reprenant des publications depuis 2010 jusqu’à la plus récente en 2015 ( Part 1, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.25553/pdf, Part 2,http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.25825/pdf, Part 3,  http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.26320/pdf, Part4, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.27509/pdf, part 5, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.27889/pdf, Part 6, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.28319/pdf, Part 7, http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25873516) . De 3000 av JC à 2000 ap JC, prennent place cinq mille ans d’histoire du processus cancéreux tant du point de vue clinique (diagnostic et étiologie) que thérapeutique. S’il est difficile de résumer chacun des articles, ce qui néanmoins est intéressant, c’est de suivre la progression des thématiques en ayant la curiosité d’établir un parallèle avec l’évolution de la technicité en général. La reconnaissance du « crabe » est ancienne comme en attestent le papyrus Edwin Smith (3000 ans avJC) tout autant que le papyrus d’Ebers pus récent (1500 ans avJC). Sans trace écrite mais néamoins certifié, le processus existait déjà chez l’animal quand l’homme n’était pas encore de ce monde. Au commencement, on ne sait pas grand chose, le sensible prévaut. L’observation directe est là pour décrire des anomalies de volume et de développement quelle que soit la topographie : on ouvre les cadavres depuis bien longtemps ! Il est tout aussi évident que la première des attitudes est d’enlever cette anomalie, d’où une chirurgie carcinologique très ancienne. Au fur et à mesure où l’observation change d’échelle en fonction des acquisitions techniques, on passe de la macroscopie à la microscopie, car la cellule change le point de vue de l’observateur. Aujourd’hui, la biologie moléculaire semble ne plus avoir de limites ! S’il semble bien que la technique soit devenu le bras armé du sensible, les questions sont restées les mêmes : pourquoi, comment. Est-ce une raison pour dire que l’art a été remplacé par la technique (ars vs tekhné), idée soulevée dans la conclusion de la dernière partie ( In conclusion, the 25 years from 1970 and 1995 are the high-water mark in clinical oncology, and this is the period when oncology turned from art to science) ? C’est adopter l’ambiguïté de ces deux termes. Joints à l’origine par l’identité de leur signification, l’ars latin et la tekhné grecque se sont progressivement éloignés l’un de l’autre et la technique moderne qui provient du second n’est plus ni l’un ni l’autre. Mieux vaudrait suivre Aristote pour lequel l’art est plus expérience de l’individuel, la tekhné plus affaire du général tandis que la sophia est la  science qui s’intéresse aux principes et causes premiers. Mais restent et resteront toujours les « pourquoi » et les « comment » !

En parler toujours !

mercredi, novembre 4th, 2015

exposicion-2-800-186En parler toujours sans en parler jamais assez (ni de trop!), tel pourrait aussi être un titre « accroche-lecteur » de cette revue entièrement consacrée au problème de l’obésité (The Obesity Issue, Volume 29 Issue 11 | November 2015) où l’on voit qu’il est insuffisant de s’arrêter aux simples effets délétères de l’obésité. Il faut aller plus loin en insistant sur la complexité du sujet car les facteurs sont multiples de telle sorte que déméler ce qui appartient à l’individu lui-même de ce qui appartient à l’environnement s’annonce comme un véritable casse-tête. C’est d’abord une introduction en forme de problématique, (Weight’s the Matter?, (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/44291/title/Weight-s-the-Matter-/), à laquelle viennent, opportunément, s’ajouter quelques développements pour aider à la compréhension à moins que ce ne soit pour ajouter à la confusion  : microbiome (Microbesity, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/44300/title/Microbesity/), régime et insulino résistance (The 6,000-Calorie Diet, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/44302/title/The-6-000-Calorie-Diet/), obésité et cancer (Breaking the Cancer-Obesity Link, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/44280/title/Breaking-the-Cancer-Obesity-Link/), environnement obésogène (Obesogens, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/44278/title/Obesogens/), obésité et cerveau   (Appetite, Obesity, and the Brain, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/44392/title/Appetite–Obesity–and-the-Brain/). Mais tout n’est pas si simple puisqu’il semble bien que ce schéma ne soit pas celui de quelques autres , anormal, vous avez dit anormal ?  (A Weighty Anomaly, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/44304/title/A-Weighty-Anomaly/). Quant à l’adipocyte c’est un monde en soi  qui requiert ses propres publications ! Ainsi les fils s’entremêlent-ils, non pour la confusion mais pour le plus grand plaisir de ceux  qui cherchent parce qu’ils aiment par dessus tout  répéter que « si rien n’est simple, c’est parce que tout est compliqué ! « 

Pourquoi l’un et pas l’autre !

vendredi, avril 10th, 2015

FACTEU~1Dans le domaine médical, il existe plusieurs sujets rémanents : l’un d’entre eux concerne le processus néoplasique ce qui régulièrement donne lieu à des annonces faisant référence à des plans qualifiés de cause nationale mais dont la répétition même exprime l’inefficience. Ce qui pourtant serait plutôt de bonne augure, c’est que les recherches effectuées  convergent vers une constatation qui s’impose : le processus néoplasique n’étant  pas univoque ! D’autres constatations relèvent tout simplement du bon sens. Parmi elles, on peut noter : que le cancer n’affecte pas tous les individus (heureusement !), que si le nombre de sujets touchés augmente, il faut tenir compte du vieillissement de la population et des performances du dépistage, que la résistance au processus tout autant que la réponse au(x) traitement(s) sont loin d’être homogènes. Ainsi peut-il parfaitement se dégager cette idée à la fois simple et complexe que le dit processus peut être attaqué sur plusieurs fronts ((Resisting Cancer, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42469/title/Resisting-Cancer/). Il devient dés lors impératif de se débarasser d’idées classiques, pour en faire naître de nouvelles comme celles qui ont trait aux processus de défense et dont la force vient de ce qu’elles viennent en complément des premières. Dans ces conditions, le recensement des  facteurs impliqués est une nécessité en se gardant de croire avoir atteint définitivement le but, d’une part parce que de nouveaux prétendants viennent toujours compléter la liste des précédents responsables, et d’autre part parce chacun d’entre eux n’agit pas séparemment de son voisin. Les logiciels de modélisation trouvent là des applications particulièrement utiles  ! Pourtant Descartes serait très déçu : l’homme n’est toujours pas maitre de la anture.

Jamais assez de mots pour le dire !

vendredi, avril 3rd, 2015

eadeBeaucoup à lire, beaucoup à apprendre et beaucoup à réfléchir, c’est ce à quoi invitent les articles cités ci après (My Mighty Mouse, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/42470/title/My-Mighty-Mouse/, Resisting Cancer, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/42469/title/Resisting-Cancer/, From Many, One, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/42476/title/From-Many–One/,Change the cancer conversation, http://www.nature.com/news/change-the-cancer-conversation-1.17236?WT.ec_id=NATURE-20150402, Opinion: Upgrading Cancer Prevention, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42582/title/Opinion–Upgrading-Cancer-Prevention/). Que l’on ait enfin admis que le terme de cancer était polysémique, que l’on ait enfin reconnu que les réponses différaient d’un individu à l’autre,  que l’on se mette d’accord sur l’accent à mettre sur les recherches étiologiques se réfèrent presque à un « bon sens médical », peut-être pas si bien partagé que l’on pourrait le croire. Par contre saisir que la personnalisation de la thérapeutique représente un axe de recherche est une voie plus récente  et c’est ce qu’explore le premier article et c’est là qu’intervient une nouvelle reflexion pas tant sur le but qui est la suite logique des options précédentes mais qui porte plus sur le moyen utilisé. En faisant abstraction des problèmes techniques, deux volets sont à considérer : le premier concerne la façon de faire : greffer chez un être vivant (la souris) des cellules tumorales humaines pour faire mieux que la boite de Pétri. Le second qui pointe du doigt le coût économique de cette approche, soulignant ipso facto l’impossibilité d’offrir cette  opportunité à tous, d’où ce que l’on nomme une perte de chance pour le malade. La technique n’est peut-être pas encore fiable, robuste, et reproductible  mais l’améliorer c’est aussi la rendre accessible parce que meilleur marché. Toutes ses améliorations acquises emporteront alors l’adhésion des derniers septiques.

Pandora avec nous !

dimanche, novembre 30th, 2014

deconstruire » Jacques à dit : La curiosité est un vilain défaut » La réponse est  difficile quand il faut choisir entre :  « la proposition est vraie / la proposition est fausse ».  Dans un premier temps il est vrai que  l’humanité a pu regretter la curiosité de Pandora qui en ouvrant la boite (du même nom) répandit sur terre malheur, désespoir, haine ….. (liste non exhaustive). Pourtant dans un second temps, cette même humanité se trouvait bien de ce que l’espoir, resté dans la boite alors que son couvercle se refermait, lui permettait de vivre avec ce qui s’en était enfui. Ainsi a-t-on, une fois encore, l’expression de l’acte à double effet. On dirait aujourd’hui (novlangue) que  la curiosité est inscrite dans les gènes de l’humanité, mais Aristote disait-il différemment par  » Tous les hommes désirent naturellement savoir ». Cette quête du savoir semble donc sans fin, auto alimentée qu’elle est de l’incessant dialogue entre la technique et les trouvailles qu’elle engendre, ce qui complexifie la démarche scientifique cartésienne. Si le doute comme socle, puis l’analyse persistent, la reconstruction s’avère beaucoup plus complexe puisque chaque élément s’inscrit dans un réseau tridimensionnel où jouent le temps, l’espace et les interrelations des facteurs eux-mêmes. Cette nouvelle démarche est particulièrement riche pour l’homme puisqu’elle l’oblige à penser différemment,  à penser avec, mais aussi à retrouver  la singularité dans le général pour redonner à l’individu sa vraie place. C’est cette réflexion qu’initie l’article,  The multitude of molecular analyses in cancer: the opening of Pandora’s box (http://genomebiology.com/2014/15/9/447) en convoquant au chevet de l’étude biologique du cancer uneindispensable pluridisciplinarité. De même que l’hirondelle ne fait pas le printemps, l’analyse ne préjuge pas de la synthèse et si  la reconstruction à l’identique s’avère de plus en plus hasardeuse et difficile elle se rapproche aussi de la vérité.

Des maux et leurs mots

mardi, juillet 30th, 2013

Boris Vian préféra choisir le nénuphar pour le poumon de Chloé plutôt que le  cancer. S’agissait-il uniquement d’une figure de style poétique ou bien était-ce aussi l’expression d’un refus, celui du terme même de cancer, d’un déni de cette maladie ? Selon la légende le terme revient à Hippocrate pour qui l’image du crabe correspondait parfaitement à l’hypervascularisation en périphérie du processus tumoral. Pourtant il est aussi vrai que des proliférations bénignes peuvent s’accompagner d’une hypervascularisation et qu’il est tout aussi vrai qu’il n’existe pas un cancer mais des cancers qui sont loin d’être équivalents. Mais in fine le dernier mot reste encore à la vulgate populaire qui en liant cancer  et absence de guérison entend le mot mort quand on prononce le mot cancer.  Il n’est pas inutile, pas plus qu’il n’est anodin que l’article « Scientists Seek to Rein In Diagnoses of Cancer », (http://well.blogs.nytimes.com/2013/07/29/report-suggests-sweeping-changes-to-cancer-detection-and-treatment/?_r=0) paraisse dans The Journal of the American Medical Association mais aussi dans le The New York Times Health/Science. En effet le progrès des méthodes de dépistage, les progrès de la biologie moléculaire ont cassé ladite maladie en une myriade d’affections qui partagent de moins en moins d’éléments communs. Mais progrès et information ne vont pas toujours de pair et l’avenir n’est pas exclusivement favorable quand la technique n’est pas maitrisée. C’est cette absence de maitrise qui autorise certaines dérives préjudiciables au patient faisant disparaitre les bienfaits qu’elle était sensée initier. Il faut certes pallier à cette immaturité mais le plus difficile ne serait-il pas ce nouveau vocabulaire à l’usage du public qu’il faudrait définir puis faire adopter aux praticiens pour que chacun soit au fait de ce que l’autre lui dit !