Lorsque paraît Michel Strogoff, les propos que Jules Vernes fait tenir au chef tartare Féofar-Kahn ne sont pas dénués d’intérêt au regard du siècle dans lequel ils s’inscrivent. En cette fin du XIXème siècle la technologie de l’image est conquérante et la société est amenée à observer avec d’autant plus d’attention que le monde du spectacle est en plein essor. Mais si l’humain observe, il n’est pas le seul et ses observations peuvent être entachées d’erreurs. D’autres que lui, mammifères ou non, montrent une meilleure capacité d’observation dans la mesure où la vitesse d’un mouvement n’obère pas le déroulement du dit mouvement ce dont l’œil humain n’est pas capable. C’est sur cette incapacité que repose depuis des siècles la puissance de la magie. De jeu particulièrement apprécié dans la société humaine, la magie est devenue une voie d’approche dans l’étude de ce que peut comprendre l’animal de son environnement (A magical window into animal minds). Le divertissement au sens pascalien doit permettre à l’homme de quitter momentanément la perception qu’il a d’être misérable et mortel, mais il peut aussi être outil de compréhension entre différentes espèces depuis que l’homme ne comprend plus ce que lui disent les animaux. Ainsi ne faut-il jamais sous estimer le rôle didactique du jeu quel qu’il soit !
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Regarde de tous tes yeux, regarde !
mardi, juin 11th, 2024Qui est au courant ?
samedi, décembre 16th, 2023Aujourd’hui toute vérité ne s’avère pas nécessairement bonne à dire, tant est remis en question le concept même de vérité mais sans qu’il soit discuter sereinement du sujet et même sans qu’il en soit discuté tout simplement. Aujourd’hui donc comment les différentes « communautés » vont-elles accueillir cette intrusion humaine dans le monde animal « Inside the minds of farm animals« . On sait que les néoruraux sont particulièrement attentifs à leur confort et qu’ils tiennent peu compte de l’animal qui vivait depuis des siècles (des millénaires) dans cet environnement qu’ils se sont accaparés. Cet article est donc pour eux. Si les interprétations proposées, d’empathie, d’optimisme, de conscience intéroceptive appartiennent au vocabulaire humain (il peut difficilement en être autrement ! ), la démarche témoigne d’une recherche de cet anthropomorphisme qui anime l’homme depuis bien longtemps. Dans le règne du vivant, l’animal a précédé l’homme et s’ils se sont d’abord côtoyés, ils ont fini par tisser des liens, au moins pour certains d’entre eux. Qu’ils y aient trouvé un avantage réciproque est presque une certitude et adoucir leurs conditions de vie n’est peut-être pas une attitude à rejeter. Alors, puisque n’est pas K. Lorenz qui veut, et qu’il n’y a pas d’autres façons de s’exprimer qu’avec des « mots » on peut se mettre d’accord sur le fait que les animaux ne sont pas indifférents les uns aux autres, qu’ils peuvent exprimer par leurs attitudes une compréhension de l’autre. Dès lors pourquoi ne pas imaginer qu’ils souffrent de l’incompréhension que l’homme manifeste à leur égard ?
De l’utilité de se faire comprendre !
mardi, mars 17th, 2020Nombreux sont les problèmes concernant la communication et même en ne tenant pas compte du mode de transmission, orale, verbale ou corporelle, on distingue schématiquement trois postes : l’émetteur, le message, le récepteur. On s’intéressera ici à un des deux volets du terme message : son expression dans son environnement et très partiellement au récepteur. Il faudra donc chercher à définir comment se faire comprendre dans un espace, toujours parasité, par un récepteur lambda. Il semblerait que la première étape doive être dominée par l’accessibilité au message délivré. Malheureusement cette étape première est déjà en elle-même loin d’être simple puisque entrent en ligne de compte le contenu du message et le véhicule employé. Qu’ils soit oraux ou verbaux, les outils que tout émetteur utilise sont des mots, en gardant en mémoire que leur signification est loin d’être univoque et dépend à la fois de celui qui les émet et de celui qui les reçoit, ce qui on en sera volontiers d’accord est très loin de simplifier la situation et ce d’autant plus que l’on peut y ajouter un coefficient de variabilité fonction de l’environnement ! Les mots expriment le message mais sa réception continue d’être parasitée par le récepteur qui connaît ou non les mots employés. C’est alors qu’intervient l’article, Words matter: jargon alienates readers ( https://www.nature.com/articles/d41586-020-00580-w?WT.ec_id=NATURE-20200312&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20200312&sap-outbound-id=4EC919763C340692A3EF16288FE4F981755C1F54&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191 ). Que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas du « néoparler » dit encore novlangue que G. Orwell utilise en 1949 dans son pays fictif l’Océania. Ici ce n’est pas d’une langue réduite dont il est question mais d’un language abscons. En 1905, La valeur de la science reprend des articles que H. Poincaré a fait paraître depuis 1897 pour le plus ancien et repris pour certains : ils abordent les sciences mathématiques et les sciences physiques dont on conviendra qu’elles sont spontanément difficiles à comprendre sans une culture adaptée ce dont est parfaitement conscient celui que l’on considère comme le dernier savant « universel ». C’est sans doute ce statut qui lui fit écrire » Le fait scientifique n’est que le fait brut traduit dans un langage commode » (La valeur de la science, Champs, Flammarion, 2003, p 161)