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Savoir faire le mort

vendredi, septembre 24th, 2021

Arcane sans Nom Tarot : TOUTES les significations - Le-Chariot

Même s’il s’agit d’un processus apparemment comparable, les éthologues différencient réflexe involontaire et comportement adaptatif chez les animaux qui pratiquent ce que l’on appelle “l’immobilité tonique” ou la “thanatose” (‘Playing possum’ shows animals know death, https://aeon.co/essays/animals-wrestle-with-the-concept-of-death-and-mortality?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=b1e8359524-briefing-dy-20210921&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-b1e8359524-43241421). Dans les deux cas il s’agit d’une technique de défense que va choisir la proie envers son prédateur. La thanatose est commune à de nombreuses espèces dont un mammifère marsupial, l’opossum, qui occupe une place de choix parmi les meilleurs comédiens. Il est ainsi parfaitement capable de berner son agresseur à condition toute fois que ce dernier n’appartienne pas à la famille des charognards auquel cas il en deviendrait plus attirant que repoussant ! Mais ce qui est particulièrement intrigant dans ce processus, c’est sa complexité. Et les éthologues se sentent en droit de (se) poser la question suivante : le prédateur est-il en possession du concept de mort ? En effet la supposée proie ne se contente pas de jouer l’immobilité flasque, elle y ajoute un certains nombre de manifestations physiques accompagnant normalement le processus de la mort. Si l’on considère que la thanatose exprimée par la proie est un réflexe de survie acquis au cours de l’évolution, il existe du côté du prédateur une interprétation de la situation dans laquelle il reconnaîtrait une impossibilité de retour à la vie, car si ce n’était pas le cas, il saurait faire fi de cette illusion ! Alors, même s’il n’a pas conscience de sa finitude le prédateur abusé aurait conscience de la mort de celui dont il voulait faire sa proie !

Il y aurait prédation et prédation !

jeudi, juillet 27th, 2017

Pourquoi la peur serait-elle mauvaise conseillère ? Il pourrait, aujourd’hui, y avoir  une réponse apportée par l’article  How fear alone can cause animal extinction (https://www.sciencedaily.com/releases/2017/07/170725122224.htm). La disparition des espèces est un sujet à l’ordre du jour, tout particulièrement en raison de l’implication dans ce processus, de celui qui est qualifié de prédateur suprême, à savoir l’homme. Certains d’entre eux, peut-être de façon un peu excessive, n’hésitant pas à promouvoir la chasse à l’homme pour redonner à la nature la place qui lui revient de droit. Quoiqu’il en soit, avant d’en arriver à cette extrémité, l’étude de l’impact de l’odeur de la mante religieuse sur la drosophila melanogaster, dont on sait par ailleurs que la première est un des prédateurs le plus craint de la seconde, est parlante. En effet on assiste rapidement à la disparition de la population des mouches qui “du fait de leur vigilance ne se nourrissent plus” d’où une chute de la reproduction. Mais c’est aussi ce que l’on  nomme l’effet Allee, du nom du zoologiste américain qui décrivit le premier (1931) ce phénomène. On ne sourira pas du cheminement intellectuel suivit par les auteurs, l’effet Allee dont il est question, est on ne peut plus intéressant. Il s’agit en effet d’une rupture avec les modèles de croissance de populations que l’on utilisait jusqu’à cette date, le modèle malthusien (croissance exponentielle) et son opposé,  le modèle de Verhulst (croissance logistique). L’effet Allee se distingue en effet du second par le fait que lorsque les populations sont de petites tailles, elles ont tendance à décroître ce qui constitue un concept opposé à celui de Verhulst. Ainsi les auteurs démontrent-ils l’existence d’un effet prédateur non pas direct, la mante se nourrissant de la mouche, mais indirect, à partir de la peur induite par son odeur. Ne pas sous estimer ce modus operandi, où le prédateur n’a même plus besoin de s’emparer de sa proie !

Il y a toujours un côté obscur !

dimanche, juillet 2nd, 2017

On connait les éditions à compte d’éditeur, à compte d’auteur, l’autoédition et l’édition scientifique en général (voir Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89diteur_scientifique). Bien sur, tout ceci n’aurait jamais vu le jour sans l’avènement de l’imprimerie qui a permis une diffusion à laquelle les moines copistes ne pouvaient prétendre. Le comité de lecture dans chacun des cas cités ci dessus est un obstacle que celui qui n’a jamais proposé un texte (quel qu’il soit) ne peut même pas imaginer. Mais aujourd’hui il existe, grâce en soit rendue à la toile, une autre voie :  les predatory publishers.   Certains, jaloux sans doute, parlent déjà de “dark side of publishing“. Pour le savoir, il suffit de lire   l’article, Opinion: Why I Published in a Predatory Journal (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/49071/title/Opinion–Why-I-Published-in-a-Predatory-Journal/). Comme le souligne l’auteur, le sel du case report repose essentiellement sur l’utilisation d’un sujet pseudo médical traité dans un des épisodes d’une série américaine (Seinfeld) des années 90. Mais si aujourd’hui le chercheur est démarché à domicile par des prédateurs assumés, un canular a déjà démontré que la pseudo science est une réalité, comme ont voulu en témoigner Sokal et Bricmont dans les Impostures intellectuelles après la parution de l’article du premier en 1996, “Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique”. En fait on peut établir, un parallèle entre l’aventure Sokal et les prédatory publishers. L’article du premier est paru dans la revue Social Text, créée en 1979, dont le but avoué était de promouvoir des idées créatrices dans un temps différent et pour se faire sans comité de lecture faisant confiance à ses auteurs. Les prédatory publishers jouent sur le même registre de la temporalité et de l’universalité de la diffusion d’idées nouvelles. Ils s’inscrivent donc parfaitement dans leur époque et tirent partie de cette collusion délétère entre le temps que l’homme rétrécit et l’univers sans limite de la toile. Il n’en reste pas moins vrai qu’entre les deux ne devraient pas pouvoir se glisser les prédateurs.

Peur ou pas peur ?

mardi, mars 1st, 2016

fear-manipulationUn long article (Fear of large carnivores causes a trophic cascade, http://www.nature.com/ncomms/2016/160223/ncomms10698/full/ncomms10698.html) résumé dans, Just the fear of big predators can alter an entire ecosystem (https://www.newscientist.com/article/2078511-just-the-fear-of-big-predators-can-alter-an-entire-ecosystem/?cmpid=NLC%7CNSNS%7C2016-2502-GLOB&utm_medium=NLC&utm_source=NSNSAL) traitant de l’influence de la peur sur un écosystème, est-ce réellement l’idée du siècle ? Lorsqu’il s’agit de préserver la nature, pourquoi choisirait-on de faire la part belle à certaines espèces plutôt qu’à d’autres ? On aurait alors une idée assez peu orthodoxe de ce qu’est un équilibre, ce qui justement est le but recherché ! Aussi préserver les grands carnivores ne semble-t-il pas une idée extraordinaire mais plutôt une idée parfaitement ordinaire quand on considère la cascade des événements depuis les grands prédateurs jusqu’à leurs proies. Par contre, ce qui est peut-être plus intéressant, c’est l’étude du sentiment de peur et sa traduction en terme de comportement chez l’animal. La méthodologie est simple et repose essentiellement sur la perception et l’interprétation par certaines espèces de sons émis par d’autres espèces animales ; les secondes étant des prédateurs des premières. Car il s’agit en fait de l’étape qui précède la mise à mort, celle qui avertit et permet à l’hypothétique proie de modifier son comportement afin d’échapper à son triste sort. Ainsi le contrôle au sein d’un écosystème relève-t-il peut-être tout autant de la dissuasion que de l’exécution, l’une comme l’autre exercées par les prédateurs. Mais cette aire de la peur, n’est pas la découverte en propre des auteurs Justin P Suraci et al, puisqu’ils n’ont fait que reprendre un concept déjà défini et étudié dés 2010 par sous le terme de The Landscape of Fear (The Landscape of Fear: Ecological Implications of Being Afraid , http://connection.ebscohost.com/c/articles/58601246/landscape-fear-ecological-implications-being-afraid). La peur n’est pas toujours mauvaise conseillère en tout cas chez nos amis les bêtes !

“Si ce n’est toi, c’est donc ton frère …”

samedi, décembre 6th, 2014

droits-animal-lezard-doigt-543poAujourd’hui ce se serait tout autant “…. Car vous ne m’épargnez guère …” que “…  Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés …” Hommes et/ou bêtes dans une même galère, c’est ce dont traite  une courte revue (certainement incomplète),  A Race Against Extinction, (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/41532/title/A-Race-Against-Extinction/), que l’on pourrait également sous titrer par “Où l’on apprend que …”. Depuis longtemps l’homme sait qu’il doit se méfier de certains animaux porteurs de germes et virus pour lesquels il existe une transmission inter espèce. Le plus connu de tous, peut-être, le virus de la rage, maladie mortelle contre  laquelle Pasteur a totalement ignoré le principe de précaution….(” Mais je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…”) Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, si des espèces peuvent être en voie de disparition, elles ne sont pas les seules à être vectrice, l’homme est tout à fait apte à faire de même. Mais là aussi, il ne s’agit pas réellement d’une nouveauté. Il est pratiquement certain que l’homme en introduisant des germes pathogènes ignorés de certaines populations du continent américain a non seulement soumis mais aussi éliminé les populations indigènes. Entre l’homme et l’animal les liens tissés sont anciens, plus ou moins harmonieux selon les époques. Mais l’un ne va pas sans l’autre, et à celui qui est capable d’apporter des remèdes revient le devoir de protéger l’autre. Sans professer l’idée selon laquelle l’homme serait le seul vrai prédateur, il convient qu’il soit celui qui doit réparer parce qu’il sait le faire.

Prédateur, vous avez dit prédateur ?

samedi, janvier 7th, 2012

Qu’est-ce qu’un prédateur ? Deux articles en ce debut d’année 2012 vont certainement donner  à réfléchir sur ce sujet. Le premier constitue un démenti flagrant à tous ceux qui ont affirmé à leurs enfants que  “Les petites bêtes ne mangeaient pas  les grosses” (http://the-scientist.com/2012/01/01/animal-mind-control/). A le lire, on reste confondu devant la sophistication de certains des comportements des infiniment petits : ou, comment se défendre quand on n’est pas de taille ! Encore qu’il s’agisse non pas de défense mais plutôt d’une stratégie de survie, en dehors de laquelle point de salut.  Le second constitue un démenti flagrant à tous ceux qui n’ont jamais cru aux chimères mythologiques, puisque viennent de naître en parfait état “de marche” cinq primates obtenus à partir de cellules d’embryons âgés de quatre jours mais prélevées sur six macacus resus différents (http://the-scientist.com/2012/01/05/worlds-first-chimeric-). Les premières chimères datent des années 1980, mais aucune n’avait encore été obtenue à partir de primates ce qui invite à de nouveaux  champs d’investigation. En effet des tests effectués chez trois des foetus obtenus ont montré que tous les tissus et organes renfermaient un mélange de cellules portant les différents génomes. Il y avait eu coopération cellulaire sans jamais de fusion. S’il ne s’agit pas de la chimère mythologique, tête de lion, corps de chèvre et queue de dragon, on peut néanmoins s’interroger sur la symbolique. Si la première crachait du feu et dévorait les humains et dut être anéantie par Bellérophon, qu’en sera-t-il de la dernière née ? Serait-on, comme d’aucuns le prédisent en chemin vers l’homme auto-prédateur !