On dit de la science fiction qu’elle est apparue simultanément dans différents pays au XXème siècle pour progressivement constituer un genre littéraire, mais pas que. En effet dans la mesure où la technologie a pu mettre une image animée sur un texte, le cinéma s’est emparé avec succès du sujet. Mais on ne peut ignorer que plusieurs siècles auparavant l’anticipation scientifique avait déjà conquis droit de cité. Aujourd’hui la science fiction représente un volet non négligeable de la production cinématographique. De même que toute adaptation d’une œuvre littéraire nécessite peu ou prou l’accompagnement d’un spécialiste de l’auteur ou du sujet, de même il existe des possibilités d’un encadrement dédié spécifiquement au volet scientifique (The Guardians of Science in Sci-Fi Movies). Il est certain qu’à l’époque de Méliès, réaliser un alunissage tenait de la gageure, ce qui n’est plus le cas au XXIème siècle. Le film Contagion (cf article cité) a lui bénéficié des connaissances du microbiologiste, W. Ian Lipkin grâce auquel la crédibilité était possible. Cette adhésion des scientifiques constitue néanmoins une médaille à deux faces. Côté pile elle peut aider la société à laquelle on s’adresse en lui montrant que la science est compréhensible, côté face elle peut ajouter au conspirationnisme ambiant ! Pourtant si Alien vit toujours plus de quarante après son apparition dans l’espace, c’est qu’une société n’est pas que rationnelle. En elle vit le besoin toujours insatisfait d’un futur inexplicable et le plus souvent maléfique, par rapport aux connaissances scientifiques de son époque ! Mais n’est-ce pas tout simplement pour démontrer la puissance valeureuse de l’humanité ? L’hubris est loin d’avoir disparu !
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Science ou fiction, faut-il choisir ?
samedi, mars 1st, 2025Un peu d’actualité
mercredi, juin 10th, 2020
Il est de notoriété publique que l’histoire est l’affaire du temps de l’écrit quand la préhistoire est celle qui est en dehors de ce temps. Aujourd’hui où se situe-t-on ? Pour partie dans l’histoire à l’évidence puisque le temps est celui de l’écrit mais aussi dans un autre, celui où le pathos réifie la cause qu’il voudrait défendre. C’est un temps en dehors du temps : celui qui ne prend pas le temps de poser la cause pour que celle-ci se dégage de sa bogue et que la rationalité y retrouve la place qu’elle n’aurait jamais du perdre et qu’elle perd pourtant si facilement quelque soit la cause défendue. Aucun domaine humain n’est à l’abri et surtout ne pas imaginer que celui de la science y échappe : ScienceHas a Racism Problem. Ce qui est le plus redoutable c’est que le vers se cache dans le fruit puisque c’est la science elle-même qui s’est servie des résultats de ses études pour les offrir comme gage de vérité dans le débat, selon le postulat : la science est vérité. On lira également avec intérêt cet autre article, Grieving and frustrated: Black scientists call out racism in the wake of police killings, mais que sont des recettes ! Comme les conseils, elles n’engagent que ceux qui les suivent déjà. Ceux qui les essaieront ne signent pas un contrat définitif.
De l’utilité de se faire comprendre !
mardi, mars 17th, 2020Nombreux sont les problèmes concernant la communication et même en ne tenant pas compte du mode de transmission, orale, verbale ou corporelle, on distingue schématiquement trois postes : l’émetteur, le message, le récepteur. On s’intéressera ici à un des deux volets du terme message : son expression dans son environnement et très partiellement au récepteur. Il faudra donc chercher à définir comment se faire comprendre dans un espace, toujours parasité, par un récepteur lambda. Il semblerait que la première étape doive être dominée par l’accessibilité au message délivré. Malheureusement cette étape première est déjà en elle-même loin d’être simple puisque entrent en ligne de compte le contenu du message et le véhicule employé. Qu’ils soit oraux ou verbaux, les outils que tout émetteur utilise sont des mots, en gardant en mémoire que leur signification est loin d’être univoque et dépend à la fois de celui qui les émet et de celui qui les reçoit, ce qui on en sera volontiers d’accord est très loin de simplifier la situation et ce d’autant plus que l’on peut y ajouter un coefficient de variabilité fonction de l’environnement ! Les mots expriment le message mais sa réception continue d’être parasitée par le récepteur qui connaît ou non les mots employés. C’est alors qu’intervient l’article, Words matter: jargon alienates readers ( https://www.nature.com/articles/d41586-020-00580-w?WT.ec_id=NATURE-20200312&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20200312&sap-outbound-id=4EC919763C340692A3EF16288FE4F981755C1F54&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191 ). Que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas du « néoparler » dit encore novlangue que G. Orwell utilise en 1949 dans son pays fictif l’Océania. Ici ce n’est pas d’une langue réduite dont il est question mais d’un language abscons. En 1905, La valeur de la science reprend des articles que H. Poincaré a fait paraître depuis 1897 pour le plus ancien et repris pour certains : ils abordent les sciences mathématiques et les sciences physiques dont on conviendra qu’elles sont spontanément difficiles à comprendre sans une culture adaptée ce dont est parfaitement conscient celui que l’on considère comme le dernier savant « universel ». C’est sans doute ce statut qui lui fit écrire » Le fait scientifique n’est que le fait brut traduit dans un langage commode » (La valeur de la science, Champs, Flammarion, 2003, p 161)
La vérité en question
samedi, janvier 4th, 2020
Une fois encore (pour toujours ?) science et philosophie se questionnent l’une l’autre. Toutes deux sont en quête de vérité : la première s’appuie sur le sensible de l’observation, la seconde est réflexion. La première interroge sur les « choses », la seconde sur le « pourquoi » des choses. La première prouve la fonction glycogénique du foie, la seconde se demande pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien. Mais, et là réside toute l’ambiguïté, la polysémie même de ce terme de vérité scientifique à savoir que la » capacité d’une théorie à prédire des phénomènes non observés […..] n’est pas une preuve que cette théorie est vraie » (Opinion: The Uncomfortable Limits of Human Knowledge, https://www.the-scientist.com/reading-frames/the-uncomfortable-limits-of-human-knowledge-66725?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2019&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=81215731&_hsenc=p2ANqtz-_tMJqdKrKCVrZRGCO2D6E6SKWd1aMK3yDKzAWAUOK7g6StDI-1w3EKMAGFsD6Nsac6FSPLsm1ULB0F1-J7Rs6WbS-kXw&_hsmi=81215731 ). Donc, si la philosophie peut prétendre à la vérité, il n’en est pas de même pour la science pour laquelle non seulement le réel n’est pas nécessairement vérité mais encore la vérité ne peut être absolue. Dans ces conditions comment peut-on encore croire à la vérité dans les sciences ? Au fur et à mesure où progresse la science, progresse aussi l’idée selon laquelle on ne peut plus lui faire confiance en tout cas, une confiance qui serait aveugle. Pourquoi dans ces conditions n’apprendrait-on pas aux détracteurs et aux sceptiques qu’il existe des démarches critiques constructives comme celle de Karl Popper reposant sur le principe de réfutabilité. Le terme de vérisimilitude peut paraitre abscon, il correspond pourtant à l’expression latine veri similitudo, que l’on peut traduire par vraisemblance, proche de la vérité ce qui permet de relativiser le couple savoir/vérité. Avant lui, Poincaré avait également exploré cette question de la vraisemblance selon une approche différente. Pour lui, la vérité scientifique doit répondre au principe de commodité selon lequel la loi doit être exprimée dans sa forme la plus simple (unité et simplicité). Pour Karl Popper il s’agit plutôt de suivre un principe de réfutabilité. D’accord, pas d’accord ? Ce qu’il faut c’est savoir faire la part des choses : la vérité scientifique existe, elle est dynamique, expliquable et critiquable, tout le contraire de la foi !
Science et Conscience
vendredi, novembre 15th, 2019
C’est l’Histoire d’une traduction qui met en scène deux compagnies théatrales : matérialité scientifique dont les acteurs, signaux électriques et substances chimiques font face à l’immatérialité des comportements (Why Can’t Science Explain Consciousness?, https://www.livescience.com/what-is-consciousness-mystery.html?utm_source=Selligent&utm_medium=email&utm_campaign=9916&utm_content=20191111_LS_Essentials_Newsletter+-+adhoc+&utm_term=3192375&m_i=RD%2BR4M1NiOuXVIPFa%2BTFoQdyYxL9m7v3zSxXB5tzXZ9Qc_q8GMj0uybWNaK09Cp3FFPvEEEng6HoPUQRkpK9a5l3SJ7xYAHyRv ). C’est l’affrontement de l’esprit et de la matière dont le premier n’est à coup sûr pas ce qu’est le second, la question étant de savoir s’il le sera jamais ! Ce que l’on sait déjà concerne ce qui accessible à l’étude quelqu’en soient échelle et technique utilisée. Ce qui est inconnu c’est l’inaccessible dans le cas présent, la conscience. En acceptant avec l’auteur de substituer « esprit et matière » par « esprit est matière » on peut adhèrer au concept du panpsychisme selon lequel toute particule aussi élémentaire soit-elle possède une conscience élémentaire. Il faut alors accepter l’idée que la conscience se simplifie avec la simplification de l’organisme vivant qui lui correspond et ceci jusqu’à son terme ultime. La philosophie a porté cette théorie selon des approches aussi différentes que le Dieu de Spinoza, la Monade de Leibniz, le matérialisme de Julien de La Méttrie. Philosophes de tous temps et de tous pays seront enfin réunis avec la solution au problème de la « connaissace de la matière en soi » , solution aux mains des physiciens !
La Place de l’Homme dans la Nature
mardi, octobre 15th, 2019
Ne pas se méprendre, il ne s’agit aucunement de paraphraser l’oeuvre de Th.H. Huxley, parue en 1863 (édition française 1891 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6271096t/f9.image.texteImage ) traitant de l’Evolution humaine. Le sujet est alors d’actualité en cette fin du XIX° siècle après Lamarck et Darwin et peut-être peut-on considérer la théorie de la sélection naturelle comme aussi révolutionnaire que l’abandon du géocentrisme cher à Aristote et Ptolémée. Cent cinquante ans plus tard, le scientisme est plus vivant que jamais et l’article de Nathaniel Comfort, How science has shifted our sense of identity ( https://www.nature.com/articles/d41586-019-03014-4?WT.ec_id=NATURE-20191010&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20191010&sap-outbound-id=DA6C2F286063EEA8DC7AC2E1A487123681D56F54&utm_source=hybris-campaign&utm_medium=email&utm_campaign=000_SKN6563_0000015833_41586-Nature-20191010-EAlert&utm_content=EN_internal_34768_20191010&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191 ) a tous les mérites d’une piqure de rappel. En effet il n’est jamais trop tard pour revisiter (éléments de langage !) la façon qu’a l’Homme de voir et de se voir dans le monde vivant quand il regarde le chemin passé à son étude. Qu’est devenu le « soi », comment se décline » l’identité », existe-t-il des « spécificités humaines discriminantes » ? Si des réponses ont été apportées elles ont surtout généré de nouvelles questions comme s’enfoncerait une vis sans fin. D’autant qu’il convient de ne pas oublier la découverte d’un invariant universel, The structure of DNA ( https://www.nature.com/articles/d41586-019-02554-z?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=af3ffdc666-briefing-dy-20191014&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-af3ffdc666-43241421 ).
Charité bien ordonnée …..
mercredi, août 21st, 2019Ou encore « On n’est jamais si bien servi que par soi-même ». On pourrait penser que la modestie est au nombre des qualités de ceux qui habitent le monde scientifique, or il semble plutôt que pour un certain nombre de ses habitants cet épithète ne puisse être accolé au substantif qui les définit comme le montre une récente étude (Hundreds of extreme self-citing scientists revealed in new database, https://www.nature.com/articles/d41586-019-02479-7?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=721392e502-briefing-dy-20190820&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-721392e502-43241421).

On pourrait être en droit de se poser deux questions : le scientifique peut-il être modeste et si oui, doit-il l’être ? Mais une première constatation s’impose : tous les scientifiques ne sont pas identiques. Ainsi n’existe-t-il pas un scientifique standard mais des scientifiques et s’il convient de refuser les approximations, le problème n’en devient que plus complexe ! Quand ces « scientifiques » ont besoin de voir leurs travaux suffisamment cités (même par eux-mêmes ) pour améliorer les conditions de leur exercice, on peut y voir une perversion de la société dans et pour laquelle ils travaillent. Car si leurs profils diffèrent leur but est unique ; celui de la recherche de la connaissance même si les moyens d’y parvenir ne sont pas identiques. Cette connaissance ne leur appartient pas et le partage en est indispensable. Ce phénomène de l’auto référence (au quel il ne faut certainement pas adhérer) ressemble plus à une contrainte qu’à un choix personnel et n’a certainement rien à voir avec une auto suffisance inhérente à la personne du scientifique.
Philosophie et Science
mercredi, juin 6th, 2018A l’aube des temps, philosophie et science ne se distinguent pas, mais survient une séparation de corps qui met en place philosophie et science puis une nombreuse famille présidée par une philosophie des sciences qui elle même donnera naissance à autant de membres qu’il est de domaines en science. Parce que l’homme a son temps, lui-même englué dans un temps qu’il ne maîtrise pas, il se dit de temps en temps qu’il est temps de faire le point. S’amarrer lui permet de se retrouver par la maîtrise de la réalité de son existence au sein d’un monde en perpétuelle évolution. Le grand mot est dit « réalité« , par excellence sujet philosophique s’il en fut. Ainsi la réalité peut être objet d’expérience, elle peut aussi être en soi et inaccessible et que devient-elle quand elle est qualifiée de virtuelle ou d’augmentée ? Serait-elle plus confortable si elle n’était que scientifique quand on sait qu’elle se transforme au grès des acquisitions. Peut-être justement le terme de transformation n’est-il pas le bon et il serait plus approprié de parler d’un processus d’incrémentation qui lui permet de viser la complétude. Quoiqu’il en soit, l’époque est sujette à ce type de réflexion quand de multiples perspectives scientifiques semblent ne pouvoir que venir se fracasser sur la recherche de la vérité (Michela Massimi: Scientific evidence and a plurality of perspectives, https://www.youtube.com/watch?v=aSUzhwPM8Fs). C’est ce dont traite l »article de Michela Massimi, professeur de philosophie à l’Université d’Edinbourg, Questioning Truth, Reality and the Role of Science (https://www.quantamagazine.org/questioning-truth-reality-and-the-role-of-science-20180524/). L’on y comprend combien il est impératif de continuer à faire cheminer de concert une science dynamique qui n’est déjà plus univoque et une recherche de la vérité-réalité qui le reste. C’est ce qui était pratiqué jusqu’au début du XX° siècle et qui doit être continué malgré les difficultés comme par exemple celle de traduire ce nouveau concept de « perspectival realism » dont parle l’auteur(e)
Rien de neuf sous le soleil
mercredi, février 28th, 2018Les représentations pariétales de l’art rupestre se sont imposées comme art du paléolithique au début du XIX° siècle après des polémiques tenant essentiellement à la non reconnaissance première de leur véracité. Leur interprétation est encore sujette à hypothèses et repose essentiellement sur la signification que l’on accorde à l’image pour l’humanité, symbolique, votive, ou simple prise de conscience d’un environnement. Quoiqu’il en soit, il s’agit bel et bien d’un art puisque la nature n’en est pas l’exécutant. Le dessin chemine donc de concert avec l’homme depuis peut-être trente mille ans sans que celui ci ne s’en lasse ; l’écriture n’est-elle pas par ailleurs dessin ! Pas plus Gutenberg et ses caractères mobiles que Nicéphore Niepce et son procédé héliographique n’ont été en mesure d’empêcher l’homme de dessiner. Le dessin quand il est scientifique tient lui aussi une place importante en raison de son rôle didactique non dénué d’une réelle esthétique comme en témoignent les publications anciennes. Ainsi les Archives de Ramon y Cajal et de l’Ecole Histologique Espagnole (http://www.unesco.org/new/fr/communication-and-information/resources/multimedia/photo-galleries/preservation-of-documentary-heritage/memory-of-the-world-nominations-2016-2017/spain-archives-of-santiago-ramon-y-cajal-and-the-spanish-neurohistological-school) ont-ils fait l’objet d’une communication à l’UNESCO dans le domaine « Mémoire du Monde » en 2017. Quelle ne devrait pas être la fierté retrouvée de tous ces illustrateurs s’il leur était donné d’avoir connaissance de l’article The comeback of hand drawing in modern life sciences. Il s’agit en fait du projet Cytopic : Dessiner les sciences du vivant (https://explore.univ-psl.fr/fr/thematic-focus/dessiner-les-sciences-du-vivant-le-projet-cytopic) dont le but est essentiellement didactique rejoignant ainsi la grande lignée de tous les dessinateurs scientifiques. Alors les illustrations étaient l’expression d’observations précises et multiples et ceux qui les réalisaient étaient également des artistes admirés. Le sensible y est glorifié par une observation du modèle qui permet et invite à l’apprentissage. Et qu’est-ce que l’apprentissage sinon une voie qui mène à la connaissance.