Le bricolage n’est pas chose nécessairement aisée et le bricolage biologique moins que tout autre. Les vraies difficultés se font jour bien plus souvent au remontage qu’au démontage. C’est depuis Descartes que la science est devenue moderne mais il semble aujourd’hui déjà lointain le temps où un Bergson trop cartésien préconisait de traiter la matière vivante par les procédés de la chimie et de la physique » … l’organisation ne sera donc étudiable scientifiquement que si le corps organisé a été assimilé d’abord à une machine. Les cellules seront les pièces de la machine, l’organisme en sera l’assemblage et les travaux élémentaires, qui ont organisé les parties ultérieurement, seront censés être les éléments réels du travail qui a organisé le tout … » En fait il ne s’agissait là que de l’adaptation de principes anciens développés par René Descartes à propos de l’animal-machine puis repris par Julien Offray de La Mettrie dans l’Homme-machine. Aujourd’hui le puzzle s’est agrandi d’une quantité innombrable de pièces dont on commence à bien connaitre le fonctionnement mais, et c’est là où réside toute la malice, dont on connait le fonctionnement en temps que pièce isolée. Or à l’exception des être unicellulaires, l’être pluricellulaire fonctionne dans l’harmonie de l’ensemble de ses composants. Or si l’on veut pouvoir faire une bioengineering efficace, il va falloir savoir parfaitement comment plusieurs facteurs agissent/réagissent ensemble et simultanément (Engineering Life http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/36724/title/Engineering-Life/). Et c’est à ce stade que l’on pourrait retrouver dans cette quête d’une biologie appliquée un relent d’homme-machine mieux compris. Il reste un point d’ inquietude à la lecture de l’article quand on croit voir se profiler l’amorce d’une envie d’amélioration de la nature et là réside la tentation ultime que sous tendent des moyens techniques qui ne feront que s’améliorer. Heureusement l’homme n’est pas une machine, il reste un inconnu.
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1° : Le site « les vérités scientifiques » ne concerne pas mes vérités scientifiques mais quelques unes des découvertes récentes qui pourraient être présentées comme telles et dont certaines soit posent des questions, soit demandent à être discutées,
2° : Le passage cité (L’évolution créatrice, Puf, Quadrige, 2001, p 94) pourrait être un définition de la « science positive » parfaitement distincte de la philosophie selon l’auteur. La théorie mécaniste ne peut être ignorée. Elle est même le point de départ sans lequel rien n’aurait été possible. Du fait de acquisitions techniques il devient possible d’y introduire la « multifactorialité » et la temporalité ce que Bergson ne pouvait appréhender mais qu’il subodorait.
Je suis désolé, mais ce court extrait cité hors contexte présente Bergson d’une façon totalement erronée pour ne pas dire tendancieuse. Ne savez-vous pas que Bergson a écrit: »La conscience est coextensive à la vie ». Cette affirmation est au centre de sa philosophie et tout à fait étrangère à la pensée mécaniste de Descartes. Le XXe siècle a traité très injustement Bergson, mais la biologie du XXIe est en train de le ressusciter.
Pour remettre dans son contexte votre citation et donner quelque fondement au nom de votre site « Les vérités scientifiques », je vous recommande cet exposé de Camille Riquier.
http://savoirsenmultimedia.ens.fr/expose.php?id=1146
Gilles St-Pierre