Après que Linné, au XVIII° siècle, eût inventé une classification systématique dite taxinomique, basée sur des critères de ressemblance morphologique et d’affinités (encore très anthropomorphique !), ce fut au tour de Darwin de proposer au XIX° siècle, sa théorie de l’évolution, basée sur le concept de sélection naturelle et de l’évolution adaptative qui s’en suit. Ainsi va s’imposer, plus ou moins facilement, l’idée qu’une descendance modifiée résulte de mutations ayant pour but l’ (les) adaptation(s) nécessaire(s). Ces deux théories ne sont pas si éloignées qu’il y parait, puisque les critères de ressemblance de la première ont nourri le concept d’homologie (anatomique, embryologique ….) qui tient compte des ressemblances entre des caractères de deux espèces ayant des ancêtres communs. L’homologie a vu son domaine s’accroitre quand sont apparus les termes de gènes homologues : gènes qui dérivent d’un ancêtre commun et synthétisent des protéines très proches. Ces gènes homologues peuvent appartenir (par exemple) à des espèces aussi différentes que l’homme et la souris ou la drosophile. Ces gènes homologues peuvent en outre être conservés comme les gènes du développement, déjà connus entre l’homme et les espèces précédemment citées. Mais, c’est toujours possible entre l’homme et le corail comme le montre l’article récent paru dans PNAS, Evolution of TNF-induced apoptosis reveals 550 My of functional conservation, http://www.pnas.org/content/early/2014/06/04/1405912111.abstract?sid=3ac4b4e8-fefd-470e-ba51-a285c6bdff5b), et rapporté sous le titre Ancient Apoptosis, dans http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/40163/title/Ancient-Apoptosis/). Cette notion de conservation est particulièrement importante puisqu’elle permet de tracer des voies à travers le temps, et entre l’homme et le corail c’est un véritable abime temporel qui se dessine. En effet, si ligands et récepteurs du TNF sont présents chez le corail il y a 550 millions d’années, ils ont disparu chez les arthropodes alors qu’ils se retrouvent chez l’homme ! De quoi envisager une diversification particulièrement importante au cambrien, il n’y aurait qu’un pas (de géant !). Mais outre cette plongée dans le temps qui repositionne les différentes espèces, il faut être conscient que la complexité n’est pas le propre de l’homme, et que ce dernier n’est pas plus abouti que le corail !