Qu’est-ce qu’un paradoxe sinon une idée surprenante se situant hors du sens commun de Kant et proche en réalité du bon sens de Descartes ayant donc de ce fait valeur universelle : c’est un savoir ordinaire partagé par tous. Mais parce que ce savoir est ordinaire, il est aussi l’expression de la société à un temps t, de telle sorte que les paradoxes se succèdent dans le temps sans pour autant disparaître. Parce qu’il est objet de curiosité, le paradoxe en devient sujet de réflexion. Qu’on en juge à la lecture de « The impossible barber and other bizarre thought experiments » (https://www.newscientist.com/article/2087688-the-impossible-barber-and-other-bizarre-thought-experiments/?cmpid=NLC%7CNSNS%7C2016-1905-newGLOBAL&utm_medium=NLC&utm_source=NSNS). Au lecteur de choisir son préféré, mais qu’il remarque bien que si le paradoxe n’a pas d’âge comme en témoigne Zénon d’Elée, les auteurs sont tous d’accord pour aller plus loin qu’il n’est habituel dans la réflexion en faisant de l’étonnement un socle indispensable et solide, ce qui devrait être LE primum movens. Condition nécessaire (et suffisante ?), savoir choisir la bonne question, celle dont la réponse logique, rationnelle ne rentre pas dans l’ordre établi et semble conduire à l’absurde. La motivation qui en découle est telle que ces anomalies ont été, sont et seront encore de puissants moteurs faisant avancer l’homme dans sa compréhension de l’univers, sa quête de la vérité. Mais aussi et peut-être surtout en acceptant l’absurde, ce qui le dépouille de toute connotation. Parce qu’ils l’avaient parfaitement compris, c’est la place que lui ont donnée les surréalistes comme en témoigne André Breton dans son Manifeste du surréalisme (1924) » … automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale … » .
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