Le 2 février dernier Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, crée un néologisme, le mot « infodémie« . Néologisme certes, mais bâti sur le modèle du mot valise : dans le cas présent à partir de information et de pandémie. Il en est question dans l’article To counter conspiracy theories, boost well-being et permet d’interroger la position du néologisme dans sa dimension temporelle. Le néologisme s’inscrit dans les mouvement d’une langue que l’on peut constater par exemple entre deux générations. L’apparition d’un nouveau mot fut longtemps contestée par les linguistes puristes même s’il pouvait se substituer à un mot préexistant. Dans le cas présent il n’en est rien : ce mot ne remplace rien, il est le reflet d’une nouvelle société dans laquelle des myriades d’informations relatives à un état sanitaire viennent se heurter les unes aux autres dans un présent qui interdit la réflexion. Selon L. Guilbert (Théorie du néologisme, https://www.persee.fr/doc/caief_0571-5865_1973_num_25_1_1020) il existerait plusieurs types de néologisme et infodémie appartiendrait au suivant : » La création du néologisme ne peut être dissociée du discours tenu par le créateur-individu intégré à une communauté, s’exprimant dans une situation donnée« . Le ton est donné : c’est essentiellement la situation qui est en cause : la situation sanitaire, la situation des informations portées par la technique. Dans ces conditions quel peut être le futur du mot ? Peut-il disparaître ou au contraire s’installer définitivement ? La technique peut-elle remédier à ce qu’elle a permis ?
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