Parce que la faillibilité est consubstantielle à la nature humaine, s’il est absolument indispensable de ne pas assimiler doute et incertitude, il est tout aussi indispensable de reconnaître qu’ils sont indissociablement liés. Si le doute est le principe moteur pour Descartes puisqu’il le conduit à la preuve de son existence, l’incertitude est la base de la physique quantique : on ne peut donc leur nier une incontestable valeur même s’il s’agit de deux champs quelque peu éloignés. Aujourd’hui l’humanité confrontée à de nouveaux défis se doit de douter dans ce moment d’incertitude extrême pour faire front et mettre en oeuvre un indispensable acte de résistance (Uncertainty can sharpen our thinking). L’incertitude convoque la réflexion et élargit le champ des investigations, le doute autorise la remise en question : tous deux travaillent de concert. L’épistémologie est la preuve de l’efficacité de cette association mais aussi de son absolue nécessité. Il est à la fois impératif de bannir à jamais la vulgate populaire selon laquelle “Dans le doute abstiens toi” pour faire sienne cette autre “Il faut douter de tout, c’est la seule certitude”.
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