Savoir lire ses classiques

Épicure, philosophe grec du IVème/IIIème siècle av. J.-C, acquit sa notoriété non pas tant par une lithiase vésicale qui lui fut fatale que par la théorie philosophique éponyme, l’épicurisme. Dire avec les épicuriens que « Le plaisir, .., est le principe et la fin de la vie heureuse (À Ménécée, 129) » c’est savoir pratiquer l’ataraxie, qui conduit à la sérénité par l’absence de troubles, volontairement recherchée. De cet auteur sont connues les « 81 Sentences vaticanes découvertes dans un manuscrit du Vatican » ainsi que les textes de son élève Lucrèce. A Herculanum gisaient des rouleaux de papyrus carbonisés lors de l’éruption du Vésuve en 79 ap. J.-C témoins de la philosophie du maitre. Point n’est besoin d’insister sur la destruction inévitable des dits rouleaux à vouloir les consulter, mais la technique est là pour venir au secours de l’art (Essay on pleasure revealed in ancient scroll). La lecture devenue possible de ces rouleaux est d’autant plus extraordinaire qu’elle met en lumière deux caractéristiques humaines, son pouvoir de réflexion et son pouvoir technique l’un et l’autre redevables de sa capacité à la conceptualisation. La question de base reste néanmoins toujours la même et de ce fait d’actualité. Dans la mesure où la technique ne va pas sans l’esprit, quel fut le primum movens ? Que l’invention du feu ait été le fruit du hasard est presque une certitude, mais la réflexion à propos de son utilité et donc de son utilisation certainement pas ! Aujourd’hui où il est de bon ton de s’interroger sur les dangers de l’IA, il n’est pas inutile de rappeler que le marteau n’est dangereux que par l’intention que l’homme lui donne. Que les avancées techniques de l’homme lui permettent d’avoir accès aux avancées conceptuelles de ses ancêtres, ressemble fort à une prodigieuse plongée dans l’histoire de l’humanité pour un avenir plus riche.

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