Qu’est-ce qu’un mantra sinon une formule sacrée et quel est celui du XXIème siècle ? Rendre sa nature à la nature ! Mais même si chacun en est d’accord, rien ne sera moins simple. En référence à Aristote, il n’est pas inutile de rappeler que la vertu se situe dans l’équilibre entre le trop et le pas assez, ce qui n’est pas sans rappeler le savoir raison garder, du siècle des lumières. C’est la réflexion qui vient à l’esprit quand on examine avec soin cette recherche exacerbée d’un avant nécessairement meilleur qu’un aujourd’hui. Cette remarque vaut tout particulièrement pour cette quête tous azimuts d’une nature qui n’existerait plus, parce que consciencieusement détruite par l’homme. Mais alors quelle nature doit-on privilégier ? Celle contemporaine des mammouths laineux que l’on cherche à cloner, le temps du Raphus cucullatus (Dodo) avant sa disparition au XVIIème siècle, celui de celles des chauves-souris disparues avec le XXème siècle ? Mais pour clore les débats, ne serait-il pas plus judicieux de choisir le temps adamique, quand Adam et Eve n’avaient pas encore croqué la pomme, puisque tout y était parfait !!! C’est ce problème à la fois non posé et insoluble dont il est question dans l’article Fall of the wild, mais peut-être est-ce parce qu’il est insoluble que l’on ne peut pas le poser ! L’homme a donc créé le mythe selon lequel tout était mieux avant, cet âge d’or hésiodique, que Valerius Caton regrettait déjà au Ier siècle av. J.-C, puisque le rat géant de Ténérife n’habitait déjà plus cette terre depuis mille ans. L’histoire ne s’efface pas, elle s’imprime inexorablement pour modeler le présent et donc ressusciter une espèce est un acte isolé qui survient dans un temps qui n’est pas celui de l’espèce primitive, l’homme avec qui elle cohabitera ne pouvant être celui avec lequel elle cohabitait. Les temps respectifs ne se mélangent pas ! Il conviendrait donc de faire le choix de l’équilibre pour ralentir les dégradations de l’anthropocène sans chercher un passé certes perdu mais aussi parfaitement méconnu à jamais.
Tags: écologie, nature, nature sauvage