Définition du Littré pour image : « Ce qui imite, ce qui ressemble, ressemblance (sens propre du latin imago) ». Comment qualifier alors l’image du Pape François, vêtu d’une élégante doudoune blanche, ayant enchanté dernièrement les réseaux sociaux ? Chercher l’erreur est une démarche difficile puisqu’il faut envisager deux façons d’aborder l’image. Puisqu’elle est « imitation, ressemblance », elle n’est pas fausse et pourtant dans le même temps, elle l’est. Il s’agit bien du Pape François et rien n’interdit qu’il ait pu porter le vêtement incriminé. De nombreuses œuvres d’art représentent des personnages dont l’existence est prouvée mais dont les représentations ont été modifiées par l’artiste sans que l’on crie au scandale, sans que l’on aborde le thème de l’information mensongère. De même existe-t-il des pastiches célèbres dont on saisit fort bien qu’il s’agit « d’une imitation du style d’un auteur ou artiste, mais qui ne vise pas le plagiat ». Il y a donc dans l’image susdite une intention absente des deux exemples cités, celle de tromper volontairement. Aujourd’hui les outils techniques sont à ce point performants que toute image, tout discours, demande à être « testé ». La société se penche donc sur les moyens qui lui permettront de déjouer la tromperie, et il en existe. Mais comme le fait remarquer l’article « How to stop AI deepfakes from sinking society — and science« , la question à laquelle il faudrait pouvoir répondre n’est pas « comment » mais « pourquoi« . Car il s’agit bel et bien là, d’un double symptôme sociétal : la volonté de nuire du côté de l’auteur qui repose sur l’absence d’esprit critique de la part de celui auquel il s’adresse. En cause, l’absence de toute notion d’éthique, aussi bien de responsabilité que de conviction de la part du premier et la méconnaissance de la gestion de la temporalité pour le second. Les outils de détection pour déjouer la falsification ne résoudront pas les insuffisances dont souffre la société actuelle.