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Fausse image

dimanche, octobre 1st, 2023

Définition du Littré pour image : “Ce qui imite, ce qui ressemble, ressemblance (sens propre du latin imago)”. Comment qualifier alors l’image du Pape François, vêtu d’une élégante doudoune blanche, ayant enchanté dernièrement les réseaux sociaux ? Chercher l’erreur est une démarche difficile puisqu’il faut envisager deux façons d’aborder l’image. Puisqu’elle est “imitation, ressemblance”, elle n’est pas fausse et pourtant dans le même temps, elle l’est. Il s’agit bien du Pape François et rien n’interdit qu’il ait pu porter le vêtement incriminé. De nombreuses œuvres d’art représentent des personnages dont l’existence est prouvée mais dont les représentations ont été modifiées par l’artiste sans que l’on crie au scandale, sans que l’on aborde le thème de l’information mensongère. De même existe-t-il des pastiches célèbres dont on saisit fort bien qu’il s’agit “d’une imitation du style d’un auteur ou artiste, mais qui ne vise pas le plagiat”. Il y a donc dans l’image susdite une intention absente des deux exemples cités, celle de tromper volontairement. Aujourd’hui les outils techniques sont à ce point performants que toute image, tout discours, demande à être “testé”. La société se penche donc sur les moyens qui lui permettront de déjouer la tromperie, et il en existe. Mais comme le fait remarquer l’article “How to stop AI deepfakes from sinking society — and science“, la question à laquelle il faudrait pouvoir répondre n’est pas “comment” mais “pourquoi“. Car il s’agit bel et bien là, d’un double symptôme sociétal : la volonté de nuire du côté de l’auteur qui repose sur l’absence d’esprit critique de la part de celui auquel il s’adresse. En cause, l’absence de toute notion d’éthique, aussi bien de responsabilité que de conviction de la part du premier et la méconnaissance de la gestion de la temporalité pour le second. Les outils de détection pour déjouer la falsification ne résoudront pas les insuffisances dont souffre la société actuelle.

Mais pourquoi donc ?

mardi, mars 13th, 2018

Il est loin d’être anodin de se poser la question suivante : “Pourquoi les fausses nouvelles se propagent-elles plus rapidement que leurs contraires ” ? ( ‘News’ spreads faster and more widely when it’s false, https://www.nature.com/articles/d41586-018-02934-x?utm_source=briefing-dy&utm_medium=email&utm_campaign=20180309). C’est le sujet de l’article sus cité, “…Une analyse récente des nouvelles sur Twitter a montré que les fausses informations peuvent toucher jusqu’à dix mille individus tandis que de vraies informations n’en toucheraient que mille. Par ailleurs cette étude montre également que la vitesse de propagation des premières est six fois plus rapide que celle des secondes“. Son auteur, Philip Ball y reprend un thème qui lui est cher, l’interaction individu/société, encore appelée effet de paire, pour lequel on peut adopter la définition utilisée dans le monde de l’éducation à savoir : pairs : agents avec lesquels un individu est en interaction. Il est question de cette interaction sociétale dans son livre intitulé “La masse critique: comment une chose mène à l’autre” où l’auteur interprète la société comme un matériau régi par les lois de la physique. Dans cette optique les individus peuvent être assimilés à des molécules/des atomes qui s’entrechoquent ce qui permet alors leur traitement selon des modèles statistiques. Cette façon d’envisager la société n’est pas à proprement parler nouvelle, puisque l’auteur convoque à charge et à décharge de cette théorie plusieurs penseurs dont les plus connus comme  Hobbes et Comte. En 2015, un article Information Is Contagious Among Social Connections parait dans Association for Psychological (https://www.psychologicalscience.org/news/releases/information-is-contagious-among-social-connections.html, et  https://actualite.housseniawriting.com/science/2015/11/16/linformation-est-contagieuse-parmi-les-connexions-sociales/10552/).Il en ressort bel et bien que l’on peut comparer la propagation des informations au sein des groupes sociaux à celle de la contagiosité qui caractérise le phénomène épidémique. Mais si l’on adhère à une telle hypothèse on ne peut que chercher à en identifier le(s) germe(s) responsables. Et si ce sont effectivement les sentiments de peur, de dégoût et de surprise qui sont à l’origine du succès des fausses nouvelles, on a toute raison d’être inquiet !