Archive for janvier, 2018

C’était pas lui, c’était l’autre

lundi, janvier 29th, 2018

Si MR de La Fontaine s’est largement servi d’Esope tout autant que de Phèdre, il semble bien que ni les uns ni les autres n’aient mis en scène conjointement l’Homme et le Rat. C’est pourtant une longue histoire  que celle de ces deux protagonistes. Serait ce qu’ils partagent trop de caractères ? Parmi les différentes espèces c’est le rat qui est le plus anciennement reconnu comme un animal intelligent, même si aujourd’hui il n’est plus le seul à occuper cette case et pour certains il partagerait même une autre caractéristique peu enviable ” [celle] de tuer pour tuer” (R. Badinter, http://www.lepoint.fr/culture/2010-03-16/robert-badinter-l-homme-est-le-seul-animal-avec-le-rat-a-tuer/249/0/434190). Quoiqu’il en soit, le rat accompagne l’homme depuis des millénaires (au  bas mot) et pas exactement comme le Ratatouille des studios Pixar puisqu’on le désigne comme vecteur responsable d’un certain nombre d’affections dont souffre l’homme à commencer par peut-être la plus ancienne : la peste. Celle dont on parle le plus, même si ce ne fut pas la première (peste d’Athènes, peste de Justinien), sévit de 1347 à 1352 et fit probablement vingt cinq millions de victimes. Partie d’Asie, elle gagna progressivement le Moyen Orient, l’Afrique du Nord puis l’Europe. Il est vraisemblable que l’épidémie ait accompagné les Mongols dans leur siège de Caffa, un comptoir commercial génois puis se soit répandue vers Marseille, Venise, l’Allemagne, la Scandinavie et la Russie en fin de parcours. Les rats et les gerbilles, infestés de puces, furent depuis tenus pour responsables,mais il se pourrait bien que la transmission ne leur soit pas imputable (Human Fleas and Lice Spread Black Death, https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/51361/title/Human-Fleas-and-Lice-Spread-Black-Death/&utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2018&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=60032316&_hsenc=p2ANqtz-85JRx1Wkiralk9SdWqryiAQCwmQiSG7-1JpHKh5klrvekkqnt3pu7vHwAhhLE6y4Nb6f1mNlYGpdJzo7IijDOz6yfXEQ&_hsmi=60032316). Mais à aller trop vite, le rat ne peut suivre et perd de sa responsabilité tandis que c’est l’homme qui prend sa place. Étymologiquement l’hygiène est ce qui est bon pour la santé, mais il faut vraiment attendre que Pasteur torde le cou au concept de la génération spontanée pour que l’on identifie les germes et leurs vecteurs. On devra donc compléter la sentence “Homo homini lupus est ” par cette autre “Homo homini mus est”.

De l’importance du faux sens

lundi, janvier 22nd, 2018

La version consiste à traduire une langue étrangère dans sa propre langue et le système français distingue pour cet exercice trois fautes possibles selon un ordre croissant : le faux sens, le contresens et le non sens. Le faux sens est une simple  erreur de traduction, le contresens propose une signification exactement contraire, le non sens est une absurdité. Il semble bien que l’article de Diana Kwon, Fake News: Mars Edition, circa 1877 (https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/51162/title/Fake-News–Mars-Edition–circa-1877/&utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2018&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=59803855&_hsenc=p2ANqtz-9kbFM-q9cHxe1-qdeTVqXonmEVzniUzGNTbcN0xBDOpYmSVlV-nzkJ307OGGf75qUwuNo8lGaz6YIgOx29SpWXpYGi1g&_hsmi=59803855) ait le privilège de cumuler au moins deux de ces fautes ! L’auteur(e) se présente comme une journaliste scientifique “free lance” plutôt spécialisée dans les neurosciences, la psychologie mais aussi dans des sujets aussi éloignés que les ouragans. A quoi faut-il s’attendre à la lecture du titre “Fake news” ? si ce n’est à une information délibérément fausse rattachée à une tentative de désinformation véhiculée par différents types de médias. Les canaux martiens décrits par Giovanni Virginio Schiaparelli en 1877, puis repris en 1879, n’ont rien d’une information malveillante et la traduction qui a été faite du terme  canali par « canaux » ne peut être qualifiée au pire que de faux sens sans que l’on puisse une fois encore y associer une intention malveillante. Etablir une différence fondamentale entre “vérité scientifique relative” et “fake news” est devenu un acte civique indispensable quand on sait que d’innombrables informations naviguent sur les réseaux sociaux. Mais il est tout aussi important de savoir ce qu’est l’épistémologie pour se convaincre de son importance. Si l’on doit qualifier de “fake news” toutes les erreurs d’interprétation dans le monde scientifique en particulier, l’étude critique du processus de la connaissance disparaîtra à tout jamais ce qui dans le cas particulier de l’article sus cité aurait interdit toute discussion ! C’est plutôt la question de la prégnance des “fake news dans la société qui devrait se poser.

Gauche/Droite et Droite/Gauche

jeudi, janvier 18th, 2018

L’asymétrie cérébrale est un sujet d’études concernant de nombreux domaines depuis l’anatomie descriptive jusqu’à la philosophie ; on oubliera volontairement d’envisager celles centrées sur des différences putatives en liaison avec le sexe ! On distingue un cerveau, hémisphère pour les puristes, dominant et donc inéluctablement un hémisphère mineur et Roger Wolcott Sperry (prix Nobel de Médecine, 1981) qui étudia principalement les connexions entre les deux hémisphères s’intéressa également à l’asymétrie cérébrale en rapport avec les fonctions supérieures. Si la nature a horreur du vide, elle aime aussi l’ordre et la symétrie droite/gauche devrait être à l’honneur et pourtant ….  Ainsi les augures latins qui interprétaient la volonté des dieux sur la matérialité de certains signes, avaient-ils qualifier la gauche de sinistre, expression symbolique de sa piètre représentativité dans la nature en général puisque les individus droitiers sont largement prédominants. D’une façon très schématique on avait pu émettre l’hypothèse d’une suprématie du cerveau gauche ce qui ne s’est pas confirmé étant donnée que s’il y a prééminence elle s’exprimer en regard de la fonction considérée. Mais il ne faut pas également oublier qu’il existe des coopérations indispensables entre les deux hémisphères. Si les connexions anatomiques sont là pour le rappeler, l’article Like Humans, Walruses and Bats Cuddle Infants on Their Left Sides (https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/51287/title/Like-Humans–Walruses-and-Bats-Cuddle-Infants-on-Their-Left-Sides/&utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2018&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=59919605&_hsenc=p2ANqtz-_O1Igz-1aup_mJvRgRniuyI6rcOpQaG9zN8-f_ZO7Ey8LHQ2c1RkAG8EOKCL_n4K8ccCtsHKdOdjs38G8NueKrPLCMyg&_hsmi=59919605) est intéressant à plusieurs titres. On y apprend que plusieurs mammifères partagent avec l’homme la réalité d’une asymétrie cérébrale, notion qui était encore incertaine. Les auteurs confirment également que la réalisation d’une tâche définie par l’utilisation de l’hémisphère gauche permet à l’hémisphère droit d’en effectuer une autre et le protocole expérimental mis en place a l’avantage de s’appuyer sur une fonction maternelle essentielle, celle de la protection de la progéniture. Il n’est pas impossible que l’acquisition de cette faculté s’inscrive dans une démarche ancestrale de survie de l’espèce. Mais pour terminer on ne pourra plus jamais dire d’un individu qu’il est mono-tâche !

Les bonnes résolutions

lundi, janvier 8th, 2018

Pourquoi imagine-t-on qu’il existe une solution de continuité temporelle ente le 31 décembre et le 1 janvier quand une durée identique permet chaque jour de passer au jour suivant. Pourquoi accorde-t-on à ce passage une matérialité festive et une spiritualité  plus ou moins prégnante sous forme d’une liste de bonnes résolutions. Ce passage, s’il ne situe pas exactement à la même date dans le cours de l’année selon l’époque considérée, se retrouve néanmoins dans différentes civilisations (Why We Make New Year’s Résolutions, https://www.livescience.com/42255-history-of-new-years-resolutions.html?utm_source=-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=ls_newsletter&utm_term=20180102– ), et selon les auteurs il s’agissait plutôt de renouveler pour les réaffirmer des liens personnalisés dont le défaut aurait été de se distendre avec le temps. A l’évidence si liens il y a, ils se sont modifiés. De ceux qui liaient l’individu à sa société ils se sont déplacés vers des liens de l’individu à l’individu. Car cette tradition n’est ni plus ni moins que la transcription plus ou moins exhaustive d’actions dont le but n’est rien de moins que d’aborder “la vie bonne ” du Stagyrite selon qui le bien est le but suprême de la vie. Ces résolutions maintes fois exprimées, si peu suivies, pourraient représenter un moment particulier, celui où se confondent deux temps :  le temps linéaire qui avance dans une seule direction et le temps circulaire qui se reproduit régulièrement. C’est la fluence du temps qui met en scène la finitude humaine, répéter régulièrement de bonnes résolutions permet d’en reculer le terme puisqu’elles signent un nouveau départ.

Un inventaire à la Prévert

mardi, janvier 2nd, 2018

Qu’est-ce qu’un inventaire à la Prévert ? Des Paroles qui ne sont pas en l’air mais pas que ça. C’est aussi ce qui vient à l’esprit à la lecture de l’article The New Species of 2017 (https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/51171/title/The-New-Species-of-2017/&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=59712187&_hsenc=p2ANqtz-_YAic7kvCiCKLLYjsJfsCQ4FZ88lT_NXtesfWB5vCvkz4IRQhq7wlVjlfT8zAdTS_NIZZgxQO2Zp9Dlwd-0MIdW-xx7A&_hsmi=59712187) qui vient clore l’année 2017. Et c’est aussi, même sans effet de style, un sujet d’émerveillement. Mirabile visu auraient dit les anciens ; la nature n’est-elle pas le plus grand sujet d’étonnement ! Les amphibiens explosent avec deux nouvelles espèces de crapaud et sept nouvelles espèces de grenouilles. Le monde des océans offre non seulement des crevettes  qui “chantent” mais aussi un groupe entièrement nouveau d’éponges. Mais il ne faudrait pas ignorer papillon de nuit et araignée pas plus que le rat le plus grand du monde avec ses quarante cinq cms  et son cousin le rat taupe. Quant au végétal, il existe des espèces qui se dispensent, comme d’autres, de photosynthèse mais qui contrairement à ces dernières peuvent sortir de terre pour fleurir. Et pour bien prouver que la taxinomie n’est pas un domaine dépourvu d’humour, le groupe Pink Floyd, Donald Trump et Bernie Sanders auront donné, sans le savoir (?) leur patronyme et passeront de ce fait et  quoiqu’il advienne, à la postérité. Ces “découvertes” ne remplacent pas les espèces disparues, comme on dit de futurs métiers qu’ils remplaceront les destructions actuelles, mais la biodiversité est peut-être infinie !