Archive for mai, 2024

Qu’en penserait Isaac Asimov ?

jeudi, mai 30th, 2024

Voici les lois de la robotique parues en 1942 « Première Loi : un robot ne peut nuire à un être humain ni laisser sans assistance un être humain en danger. Deuxième Loi : un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par les êtres humains, sauf quand ces ordres sont incompatibles avec la Première Loi. Troisième Loi : un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’est pas incompatible avec la Première ou la Deuxième Loi. » Quatre vingt deux ans plus tard, deux articles invitent à se pencher sur la robotique du XXIème siècle. Car un des problèmes majeur est celui qui concerne la « confiance » que l’on peut ou non accorder, que l’on est en droit on non d’accorder à cette entité. La réponse pourrait sembler loin rien moins que simple à la lecture de ces deux articles parus presque simultanément : ‘Master of deception’: Current AI models already have the capacity to expertly manipulate and deceive humans, mais aussi, The AI revolution is coming to robots. Le premier présente des systèmes d’IA passés maitre dans la l’art de la tromperie, et ce même au niveau de jeux de société, ce qui laisse présager une incontestable capacité de nuisance. Le second au contraire insiste sur le versant positif de l’IA insufflée dans la robotique qui semble alors plus proche de celle conçue par Isaac Asimov. Néanmoins pour se faire une opinion, il ne devrait pourtant pas être impossible de se référer à la remarque selon laquelle « Ce que l’avenir nous réserve dépend de qui vous le demandez« . En effet l’IA (le robot) n’est pas moteur premier non mu tel que professé par Aristote mais but de la technique humaine telle que conçue par Heidegger.

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Si ce n’est toi, c’est donc ton père

samedi, mai 25th, 2024

« Ton père » ou bien plutôt un ancêtre de celui-ci et c’est là où l’attention est pleinement requise « … Car vous ne m’épargnez guère … » , puisqu’effectivement les gènes ancestraux ne sont pas pour rien dans l’hérédité actuelle des humains (‘More Neanderthal than human’: How your health may depend on DNA from our long-lost ancestors). Si la lignée des néandertaliens a disparu il y a environ quarante mille ans, sans que la raison en ait été clairement établie, elle n’en persiste pas moins dans la lignée moderne de l’H. sapiens. Bien que leurs origines géographiques et leurs dates d’apparition aient été différentes ils se sont non seulement croisés mais aussi mélangés et accouplés. C’est ainsi que des « dizaines de millions d’années » plus tard, persistent des traces indélébiles dans le génome de l’homme d’aujourd’hui . Si les chromosomes sexuels sont particulièrement pauvres en ADN néandertalien, il n’en est pas de même pour les autosomes. Car si l’ADN néandertalien a été pour l’homme moderne particulièrement délétère, la nature faisant bien les choses en a conservé deux pourcents du génome, mais selon une répartition très variable. Cette conservation s’exprime différemment. Ainsi certains traits de l’apparence physique tout autant que l’existence d’une horloge biologique peuvent-ils être le reflet d’une empreinte des pérégrinations de ces très lointains ancêtres. Malheureusement tout n’est pas rose dans cette transmission, en particulier ce qui concerne le système immunitaire. Mais la persistance de fragments d’ADN néandertaliens est d’un intérêt considérable. En effet il ne s’agit pas seulement d’enquêter sur ses ancêtres mais aussi d’explorer ce que ce passé peut encore et toujours apporter au présent.

Communiquer : tout un art !

dimanche, mai 12th, 2024

La communication pose une question majeure : est-elle exclusivement pensée verbalisée ? Il est reconnu que la verbalisation n’est pas une étape indispensable à la communication, puisque celle-ci appartient à un large spectre du règne animal que ses représentants vivent ou non en société. Plus même que cette faculté de communication, on a récemment prêté au règne animal, hors humanité, un versant culturel (Dominique LESTEL, Les origines animales de la culture, Flammarion, 2001, 368 p.). Mais il faut alors admettre que toute modification de l’environnement peut être expression d’une culture. Après avoir méconnu toute perception à l’animal, on n’hésite plus aujourd’hui à explorer les capacités cognitives des pantes (The controversy of plant consciousness), ce qui pour certains pourrait s’apparenter à de la pseudo science ! Pour l’auteure, certaines réponses adaptées à des stimulus nociceptifs tendraient à démontrer l’existence d’un certain type d’intelligence à moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une réponse réflexe comme il en existe chez l’animal et l’homme (évidemment !). Ce qui a pour corollaire de se pencher sur la définition du système nerveux ! Quoiqu’il en soit, il est évident que la démarche suivie a peu à faire avec la méthode hypothético-déductive chère à Claude Bernard : la première étape consiste en une observation sans hypothèse de départ, celle-ci n’intervenant que dans un second temps. Comment donc peut-on observer que la feuille entend la chenille la manger si l’on n’adhère pas à cet a priori d’un anthropomorphisme débridé ! Ce qui ne remet pas en cause l’existence, entre les plantes, d’échanges informationnels mis en évidence par des mesures de flux de sève entre végétaux voisins. Ce qui peut prêter à sourire dans le dernier livre de la journaliste Zoë Schlanger (The Light Eaters: How the Unseen World of Plant Intelligence Offers a New Understanding of Life on Earth, https://www.npr.org/2024/05/06/1249310672/plant-intelligence-the-light-eaters-zoe-schlanger), c’est sa vision de la végétation en hiver car il vient immédiatement à l’esprit l’envie de comparer son interprétation à celle des anciens : Déméter cherchant Perséphone contre la mémoire de l’hiver !

Si long qu’il en est vague !

dimanche, mai 5th, 2024

Que l’on ne si trompe pas : si la dixième paire de nerf crânien, porte aussi le qualificatif de nerf vague, c’est essentiellement dû au fait que c’est un grand vagabond ! Désigné comme le nerf ayant le plus long trajet dans l’organisme il est aussi celui qui assure de très nombreuses fonctions. Tels les héros grecs riches en épithètes, le nerf vague peut aussi être dit pneumogastrique ou cardio-pneumo-entérique. Il transporte des informations sensitives, motrices, sensorielles et végétatives. Mais ce n’est pas tout puisque aujourd’hui (A master dial for the immune system) le voici impliqué dans une nouvelle fonction en rapport avec le processus immunitaire. Celui-ci se doit d’être d’une précision extrême puisque les conséquences peuvent en être tout autant bénéfiques que délétères. S’il existe des neurones dans le tronc cérébral qui jouent le rôle de rhéostat en modifiant l’intensité de la réponse inflammatoire, il a été mis en évidence dans le nerf vague deux groupes de neurones dont les informations transmises au cerveau lui permettent de surveiller le déroulement du dit processus. Du coeur ou du cerveau quel est le véritable maître d’oeuvre de l’organisme vivant, humain en l’occurrence ? Les anciens se sont longtemps posés la question, mais au VIIème siècle av. J.-C., le fondateur de l’école Naturaliste Ionienne, attribuait déjà au cerveau le rôle de médiateur avec le corps. Ou comment un courant de pensée philosophique reposant sur une hypothèse se voit progressivement confirmé !