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Encore un problème d’héritage !

samedi, décembre 1st, 2018

Le fantasme de l’existence d’une mère de l’humanité s’est trouvé grandement conforté lorsque l’Eve mitochondriale fit son apparition, elle qui venait fort heureusement contrebalancer Pandora et sa boite, Eve et sa pomme. Elle pouvait alors postuler pour assouvir une vraie vengeance contre ces individus du sexe féminin qui ne représentaient que la face sombre de l’humanité. Elle pouvait par ailleurs prétendre à une place de choix dans l’action de la transmission d’un ADN particulier celui que renferme la mitochondrie. Il faut reconnaitre que cette dernière est un organite tout à fait particulier puisque l’on admet (presque) aujourd’hui qu’elle est le fruit d’un processus d’endosymbiose, ce qui pourrait expliquer que les dites mitochondries aient conservé leur propre génome bien que très réduit. Pour que l’humanité ne soit pas redevable que d’une seule mère, on mit en place un père universel, l’Adam chromosome Y. Mais un match nul ne signe pas la fin des hostilités comme pourrait le laisser supposer l’article : Dads (Not Just Moms) Can Pass on Mitochondrial DNA, According to Provocative New Study (https://www.livescience.com/64172-mitochondrial-dna-dads.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20181128-ls). Ainsi si l’on savait que les mitochondries d’origine paternelle disparaissent lors de la pénétration du spermatozoïde dans l’ovocyte (Comment l’ovocyte fécondé se débarrasse des mitochondries paternelles, http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2331.htm), on avait également eu connaissance dès 2004, d’une transmission possible sans y croire vraiment. Il va falloir réviser ce doute à la lumière des dernières découvertes (cf article cité plus haut) qui, si elles ne suppriment pas l’Eve mitochondriale ne la confortent pas non plus ! Sic transit gloria !

Elles n’ont pas fini de faire parler d’elles !

lundi, avril 10th, 2017

Elles ne datent pas de leur découverte il y a 160 ans mais  proviennent probablement de l’endosymbiose d’une alpha-protéobactérie il y a environ 2 milliards d’années selon la théorie développée et argumentée par Lynn Margulis  dès 1966. En 1980, on les voient s’enrichir d’un ADN spécifique d’origine maternelle puisque la quasi totalité des mitochondries après fécondation provient de la mère ; les mitochondries paternelles étant pour la plus part d’entre elles localisées au flagelle qui lui, ne pénètre pas l’ovocyte. Ce qui entraîne une certaine part de responsabilité maternelle : côté pile de la médaille  le concept d‘Eve mitochondriale (il y aurait cent cinquante mille ans …), côté face ce que l’on a appelé les mitochondropathies  dont le dénominateur commun est un déficit de la chaîne respiratoire mitochondriale (Maladies mitochondriales, http://campus.cerimes.fr/genetique-medicale/enseignement/genetique9/site/html/1.html). La presse s’est récemment intéressée à une nouvelle manipulation ayant donné lieu à des publications au titre provocateur que l’on pourrait résumer par “Un bébé, trois parents“. Cet enfant, maintenant âgé de un an, continue (et risque de continuer)  de poser des questions certaines ayant été provisoirement résolues, d’autres auxquelles on croyait avoir répondues, d’autres enfin auxquelles on n’aurait pas pensé ! (Genetic details of controversial ‘three-parent baby’ revealed, http://www.nature.com/news/genetic-details-of-controversial-three-parent-baby-revealed, http://www.nature.com/news/genetic-details-of-controversial-three-parent-baby-revealed-1.21761?WT.ec_id=NATURE-20170406&spMailingID=53784341&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1140784154&spReportId=MTE0MDc4NDE1NAS2). Il est certain que si l’on excepte la description du procédé employé (Live birth derived from oocyte spindle transfer to prevent mitochondrial disease, http://www.rbmojournal.com/article/S1472-6483(17)30041-X/fulltext) qui s’adresse à la communauté scientifique, l’horizon n’est pas nécessairement dégagé en particulier en raison de ce problème essentiel qu’est le refus des parents de faire suivre leur enfant. Si l’on veut établir une comparaison avec la définition du “consentement éclairé”  sensé effacer l’asymétrie entre le médecin qui sait et le patient qui ignore on se trouve devant une situation bien plus angoissante puisqu’aucune des deux parties en présence ne sait quoi que ce soit ! A quelle aune devient-il aujourd’hui possible de juger le savant ?

Pourquoi elle et pas lui ?

jeudi, juin 30th, 2016

rman9544lOn n’en est pas certain mais il n’est pas impossible que ce ver ait été créé pour apporter des réponses  aux interrogations nombreuses ( peut-être pas toutes néanmoins) que se pose l’homme. Le Caenorhabitis elegans vient encore de frapper fort. S’il ne résout pas toutes les questions se rapportant à l’ADN mitochondrial, il en résout pourtant quelques unes. Il est de notoriété publique que les mitochondries ont ceci de particulier c’est de renfermer un ADN d’origine exclusivement maternelle, ce qui a été de première utilité dans l’étude des populations. Aujourd’hui les chercheurs ont mis en évidence chez le célèbre ver, un gène codant pour une enzyme impliquée dans la dégradation de l’ADN mitochondrial paternel après fertilisation de l’œuf (Why Paternal Mitochondria Aren’t Passed On to Offspring, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46414/title/Why-Paternal-Mitochondria-Aren-t-Passed-on-to-Offspring/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=31024464&_hsenc=p2ANqtz–16Pt0u2eTPmYHViE3PZXpK3kQSjhm7MBIKPL1XMz3Rs6EHsBjGv4Fz8t1ILNZ8Y4dG0uGBaAHU-K–vFaSHLd8K4UrA&_hsmi=31024464). L’absence de ce processus serait fatale au développement ultérieur.  Comme chez le ver, la première étape déterminante chez l’homme, intervient au moment de la fécondation,  selon le chromosome sexuel du spermatozoïde fécondant . S’il s’agit d’un chromosome Y, la différenciation se fera vers la masculinisation. S’il s’agit d’un chromosome X et en l’absence de chromosome Y, la différenciation s’orientera vers la féminisation. Les deux exemples suivants ne nécessitent peut-être pas d’être portés à la connaissance des groupes se revendiquant de la gender theory. Rappelons que pour Judith Butler c’est le genre qui construit le sexe et donc on voit  mal comment intégrer les deux éléments suivants :  premièrement le développement ultérieur de l’œuf du Caenorhabitis elegans  nécessite la disparition de l’ADN mitochondrial chez le mâle, deuxièmement chez l’homme, c’est l’absence du chromosome Y qui autorise le développement de tractus urogénital femelle après un stade d’indifférenciation. Ce qui procurerait d’une part à certains/certaines des arguments à propos de l’idée de compétition et d’autre part de relancer un débat d’une importance capitale à savoir le remplacement du terme séminaire par celui d’ovarium !

Mais qui est-elle réellement ?

dimanche, août 30th, 2015

721493-une-main-venue-de-l-espaceElle pourrait être venue d’un autre monde, elle ne ferait pas plus parler d’elle qu’elle ne le fait depuis un siècle et demi ! Depuis sa découverte en 1857 par Köllinger dans le muscle du fait de son abondance, elle devient une véritable machinerie à combustion avec Krebs en 1937. Mais ce n’est pas fini :  en 1981, on lui attribue son autonomie génétique, il existe un ADN mitochondrial d’origine maternelle. Aujourd’hui, on reprend et utilise une découverte datant de dix ans ce qui ajoute encore une nouvelle étape à son épopée, son aptitude  à un transfert intercellulaire (Mitochondria Exchange, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/43835/title/Mitochondria-Exchange/). Quand on se souvient qu’on l’a dite être le résultat d’une symbiose entre procaryotes et eucaryotes, on pourrait tout autant se demander si elle ne vient pas d’un autre monde ? On s’est donc aperçu qu’entre deux colonies cellulaires différentes (rat vs homme), on retrouve dans la seconde des mitochondries de la première. On en revient donc à la proposition précédente : si elle est capable d’un échange intercellulaire, c’est peut-être effectivement qu’elle vient d’ailleurs ! Et comme ce processus serait un processus actif se manifestant dans des conditions de stress et de réparation, d’ici à ce que la mitochondrie soit également le pompier de service il n’y a pas loin. Ceci étant, il existe aussi un intérêt pratique dans le fait que ce nouveau rôle pourrait être appliqué à la  réparation de certains  dégats cellulaires ! Quoiqu’il en soit, la mitochondrie est l’exemple même de la vérité scientifique telle qu’en elle-même : relative, en construction perpétuelle  ce qui lui permet d’être plus que toutes les étapes qui la composent, puisque viennent s’y ajouter les processus qui mènent à cet édifice. Ce qui à chaque étape semble être continuité, cache les phases de ruptures indispensables à la progression.D’où, on ne le répètera jamais assez, l’importance de l’épidémiologie dans la connaissance puisqu’elle initie la complétude, par le biais d’une enquête policière dont ne sont pas exclus de plus ou moins nombreux  rebondissements . La connaissance c’est ne pas voir que le produit fini !

 

Les organites cellulaires communiquent aussi !

vendredi, février 10th, 2012

 Dans les années 1960, les étudiants en médecine apprenaient que la mitochondrie faisait partie d’un ensemble, le chondriome. En chapelet, elle répondait au doux nom de chondriomite, en batonnet, elle devenait chondrioconte. Une coloration spécifique lui était dédiée. Elle devenait la cheville ouvrière de la chaîne respiratoire. Puis elle serait venue sinon de l’au-delà, tout au moins de la recontre, il y a plusieurs milliards d’années d’une archéobactérie avec une protobactérie pour donner naissance à une cellule eucaryote. Enfin en possession d’un génome en propre, l’ADN mitochondrial, il lui devint possible de traquer les origines d’ethnies rares !  At last but not least, certainement (Give Me a Hug , http://the-scientist.com/2012/02/01/give-me-a-hug/),  elle dévoile aujourd’hui ses rapport avec un autre système membranaire, le réticulum endoplasmique (RE). Pour se diviser, elle a besoin d’une protéine hautement conservée, la Drp1, et c’est en s’enroulant autour de la mitochondrie que le RE lui offre ce dont elle a besoin. La mitochondrie n’a pas fini de faire parler d’elle !