Même si certains assurent que d’autres peuvent avoir quelques difficultés à apprendre, on pourra toujours répondre « oui » à la question « apprend-on ? » Plus difficile est la question connexe « donc, comment apprend-on? » Car on le sait depuis Aristote : « … l’homme a naturellement la passion de connaître ; et la preuve que ce penchant existe en nous c’est le plaisir que nous prenons aux perceptions des sens … » Aujourd’hui quand par voie de campagnes d’information, il est demandé à la population de changer son comportement vis à vis de son environnement pour causes climatiques on fait appel à deux notions : enseignement et apprentissage. L’enseignement repose sur la comparaison entre les conditions passées et des conditions d’un avenir supposé, en retenant les conditions présentes comme marqueur. Pour l’apprentissage la démarche est différente : elle résulte de la peur du dit futur. Mais comme le souligne « malicieusement » (?) l’article Some Compelling Reasons Not to Give Up on Solving Climate Change (
https://www.vice.com/en_us/article/nea93d/actually-humans-probably-will-survive-the-climate-crisis?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=5478ccdb07-briefing-dy-20190613&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-5478ccdb07-43241421 ) « cela rappelle que chacun de nous aujourd’hui est un descendant de survivants« , ce qui d’une part est on ne peu plus exact et d’autre part assez réconfortant. L’homme n’a jamais fait autre chose que de modifier son environnement et on peut même postuler que ce phénomène a pris naissance avec l’apparition même de la vie ! Les exemples ne manquent pas comme l’exploitation du marbre de Carrare qui ayant débuté dès l’âge de bronze est devenue véritable extraction sous Jules César, soit 50 ans av JC ! Quoiquoi qu’il en soit, la peur n’étant pas bonne conseillère, garder en mémoire l’antériorité de plusieurs changements climatiques ainsi que l’adaptabilité du monde végétal et animal est certainement plus constructif pour échanger des matins qui chantent contre la crainte du lendemain.
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Expériences
lundi, juin 17th, 2019Quels neurones pour apprendre ?
mardi, septembre 13th, 2016L’homme a non seulement l’impérieux désir de savoir mais aussi la non moins impérieuse envie de connaître les causes premières ce qui doit être vrai, puisque c’est Aristote qui l’a dit il y a quand même très longtemps. C’est donc la raison pour laquelle il se sent commis à cette quête sans fin dont les avancées techniques se repaissent. Ainsi en va-t-il depuis que l’homme sait exprimer ses questions dont l’une particulièrement concerne la connaissance et l’article « Specialized Neurons Encode Social Learning in Humans », (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46971/title/Specialized-Neurons-Encode-Social-Learning-in-Humans/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=33928810&_hsenc=p2ANqtz-98jxPU18UCLXWRtBOTOrT2soPid2Owa0QwKklfKzuz6XFdEhechGGVUESFlgoP14YcufyU1H1PILc5wScAVNCM6Pe4MA&_hsmi=33928810) est intéressant dans la mesure où il aborde un problème apparenté, celui de l’apprentissage. Quand l’expérimentation met en évidence une topographie définie où des neurones « s’allument » selon une démarche d’apprentissage, il semble bien que la connaissance soit le fruit du sensible et que l’innéité n’y soit pour rien à moins que d’imaginer une innéité au niveau neuronal. Si chez l’animal, l’apprentissage par essai/erreur a fait l’objet de nombreux tests, cette étude rendue possible chez des sujets du fait de leur pathologie (épilepsie et enregistrement ) propose une base anatomique à un concept philosophique. Que faut-il en penser s’il ne s’agit pas d’une erreur d’interprétation ?
Il ne dort donc jamais !
mardi, juin 21st, 2016Les mois se suivent, ainsi en est-il également des articles dont le centre d’intérêt est cette boite noire aussi dénommée cerveau dont le mystère reste « presque total ». D’après E. Zarifian (1941-2007), qui suivit de près les avancées de l’imagerie médicale, si l’imagerie est bien scientifique, son interprétation est encore à l’étape préliminaire des hypothèses, car si des images se forment quand on demande au patient d’effectuer différentes taches intellectuelles, « voir le cerveau penser n’est qu’une métaphore poétique« . Il n’en reste pas moins vrai que les méthodes s’affinant on peut enfin démontrer que le cerveau de celui qui dort, ne dort aucunement puisqu’il permet toujours la réalisation de certaines taches. Ainsi ne dormirait-on que d’un œil (http://lesveritesscientifiques.com/2016/04/pourquoi-est-ce-encore-vrai) ce qui ferait dire à d‘aucuns qu’il s’agit d’une propriété ancestrale, de celle qui aurait permis aux hominidés de rester sur leurs gardes et donc de réagir au plus vite lorsque l’environnement leur était encore largement hostile et ce d’autant qu’il existe des aires encéphaliques de repos ( http://lesveritesscientifiques.com/2016/03/le-cerveau-et-petri). Mais il n’y a pas que la survie matérielle il y a aussi une survie intellectuelle, de celle qui permet d’apprendre en dormant ( http://lesveritesscientifiques.com/2013/03/dormir-pour-travailler-mieux). Alors que durant l’état de veille, l’influx nerveux traverse le corps cellulaire des dendrites vers l’axone, durant l’état de repos, un cheminement inverse et possible (Study indicates reverse impulses clear useless information, prime brain for Learning, http://medicalxpress.com/news/2013-03-reverse-impulses-useless-prime-brain.html), processus qui permettrait d’effacer les informations « en trop » (?) et qui pourrait également aider à un apprentissage ultérieur. Les deux derniers articles parus (Brain Listens During Sleep, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46320/title/Brain-Listens-During-Sleep/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=30675741&_hsenc=p2ANqtz-_WTldkMK0XV2NY13FENenO8ELPwx7B3N60sBFFNBLn5lgbsqS1qrgMCFNMHAJZM97WtGFc5OjKRWIJpN4I0U45rLDZ2A&_hsmi=30675741, Examining Sleep’s Roles in Memory and Learning, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46305/title/Examining-Sleep-s-Roles-in-Memory-and-Learning/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=30573260&_hsenc=p2ANqtz–ZBfB6rJ-mISD-oDs6KA9paAeXePQg0wOAHzRWyBkbDtYC56fx-vNmax1Eir6-tVSGOXent5-FVCsaNTJgQvuhJxMoxg&_hsmi=30573260) reprennent cette particularité : un état de veille active durant une phase particulière du sommeil : celle du sommeil paradoxal (Mouvements Oculaires Rapides). Pendant cette période, on le sait depuis les enregistrement polygraphiques, il existe également une accélération du rythme cardiaque, ce qui pourrait inviter à s’intéresser plus au rôle du système nerveux autonome. Quoiqu’il en soit le sommeil paradoxal, décrit en 1957 par W. Dement et N. Kleitman (The relation of eye movements during sleep to dream activity: an objective method for the study of dreaming, Journal of Experimental Psychology, 53, 5, 339-346, 1957) pour son rapport avec la période des rêves, n’a pas fini de faire parler de lui. La preuve en est que tout individu privé de rêves a du mal à survivre !
Ce n’est peut-être pas vraiment étonnant !
jeudi, mai 5th, 2016Un article récent, The Social Origins of Sustained Attention in One-Year-Old Human Infants (http://www.cell.com/current-biology/fulltext/S0960-9822(16)30202-0), aborde par une de ses faces, un thème général largement et longuement débattu ; que l’on se réfère en particulier à l’opposition maintes fois commentée qui agite depuis le siècle des lumières les rousseauistes et les voltairiens. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’implication de la société dans la construction de l’individu. Ce n’est pas s’éloigner de cette question que de constater curieusement qu’il existe deux versions concernant l’enfant élevé en dehors de la société humaine : une mythologie de l’enfant élevé par la gente animale qui se révèle différente des cas (parfois contestables) d’enfants dits sauvages. Dans le premier cas, il s’agit plus volontiers de personnages héroïques voire de Dieux de l’antiquité tels Zeus élevé par la chèvre Amalthée, ou Romulus et Remus élevés par une louve, ce qui se rapproche également du thème de Mowgli dans le Livre de la Jungle. Dans le second cas, l’enfant est loin de se réaliser en tant qu’individu, il est qualifié de « sauvage ». D’où l’on pourrait émettre l’hypothèse selon laquelle la société animalière permettrait à l’homme d’acquérir sa part d’humanité, ce que livré à lui-même il serait incapable de réaliser. Dans l’article cité ci dessus, l’étude porte sur une population d’enfants âgés d’environ 12 mois soumis à différents tests centrés sur le problème de l’attention dont l’expression passe par l’activité manuelle et les manifestations faciales, les tests étant pratiqués en présence active/passive ou en l’absence des parents. En résumé, il semble que bien qu’une attention conjointe et participative portée par les parents soit un facteur positif dans l’attention que porte à son tour le nourrisson, et cette complémentarité entre les deux protagonistes va dans le sens d’une valorisation des acquisitions du plus jeune. Si différents facteurs comme l’attention soutenue, l’attention partagée, les mouvements oculaires, la gestuelle ont donné lieu à des mesures d’une grande précision, d’où un label scientifique accordé à la démarche, on peut douter qu’il s’agisse d’une réelle nouveauté pour les parents qui s’occupent de leurs enfants. Mais peut-on réellement imaginer que ceux qui ne s’en occupent pas changent d’attitude quand bien même on les obligerait à lire cet article dans une revue de vulgarisation !
Où l’on voit que rien ne change vraiment …
mardi, juillet 21st, 2015Quand paraissent les résultats des examens de l’année, il peut sembler de bon ton de s’adresser un auto satisfecit au vu et au su des pourcentages de réussite au baccalauréat et au brevet des collèges. Il n’est pourtant pas inutile de réfléchir au problème posé par l’article, An education (http://www.nature.com/news/an-education-1.17972) : « le monde ne peut plus se permettre de soutenir les systèmes d’apprentissage dans lequel seuls les étudiants les plus capables peuvent prospérer ». Il s’agit en effet d’un niveau beaucoup plus important que celui d’une discussion du bien fondé de l’apprentissage du latin ou du grec puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’un acte fondamental, celui qui concerne la technique de l’apprentissage. Nombreux sont ceux qui se sont penchés sur le problème de savoir s’il existe une technique meilleure qu’une autre, quand on a déjà éliminé cette première étape que constitue l’opposition entre connaissance innée et connaissance acquise. Ce qui est certain parce que vérifié pour chacun, c’est que l’apprentissage n’est pas le même pour tous, dans la mesure où les moyens de mémorisation différent selon les individus. Faut-il s’attacher à la méthode qui convient au plus grand nombre depuis toujours ? Faut-il adapter la méthode à l’époque actuelle, d’où son inéluctable évolution avec le temps. Faut-il choisir une acquisition active ou bien passive ? En d’autres termes (toujours) faut-il passer par le sensible aristotélicien pour construire ou par l’idée platonicienne quand on sait que l’un comme l’autre peuvent être sources d’erreurs et que pour terminer, l’erreur est formatrice ? D’où le titre « où l’on voit que rien ne change vraiment … »
L’oiseau et le bébé
dimanche, juin 2nd, 2013Icare s’est brûlé les ailes au soleil. Le paon porte les yeux d’Argos. Le corbeau de Monsieur de La Fontaine parle, peut-être à tort et à travers, mais il parle. Le pinson de Monsieur Prévert est gai, bien qu’il puisse lui arriver d’être triste. L’albatros de Monsieur Baudelaire est poète douloureux. Le coq de Monsieur Rostand fait se lever le soleil. Ainsi l’homme et l’oiseau entretiennent-ils depuis les temps les plus anciens de nombreux rapports hautement symboliques. Ces rapports viennent d’atteindre une autre dimension puisque il existerait aussi de grandes similitudes entre l’acquisition du babillement du bébé et l’apprentissage du chant chez l’oiseau (Babies learn to babble like birds learn to sing, http://www.nature.com/news/babies-learn-to-babble-like-birds-learn-to-sing-1.13090). Pour l’instant, ce privilège se partage seulement entre deux oiseaux, le Mandarin Diamant (Taeniopygia guttata) et plus modeste, le moineau (Lonchura striata domestica) de la famille des passériformes. Mais à l’anthropomorphisme de tous ces oiseaux mythiques ou poétiques on peut aujourd’hui ajouter le doux babil des bébés.
Apprentissage
samedi, janvier 5th, 2013Un article refusé, dix acceptés ! Ce n’est pas exactement ce qu’il faut entendre dans l’article « The Benefits of Rejection » (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/32787/title/The-Benefits-of-Rejection/), mais enfin quand on apprend qu’un article refusé puis re-soumis a plus de chance d’être cité ultérieurement, il n’y a plus aucune raison de désespérer ! Subir un, parfois plusieurs échecs incite en effet le malheureux éconduit à choisir en seconde intention une revue pourvue d’un Impact Factor Inférieur, avec l’idée que l’article pourrait alors paraître moins mauvais si la revue est considére comme moins bonne ! Que les auteurs aient trouvé bon d’interroger un certain nombre de leurs collègues à propos du nombre de refus et d’en colliger les résultats est anecdotique. Ce qui est étrange c’est que personne n’évoque l’apprentissage par la méthode de l’essai-erreur. Il est vrai qu’il s’agit d’une construction proposée d’abord pour l’animal par Edward Lee Thorndike. Pourtant les enseignants lui reconnaissent une certaine valeur. Le rat apprend ainsi dans son labyrinthe, c’est peut-être ce qui gêne ?