Le bricolage n’est pas chose nécessairement aisée et le bricolage biologique moins que tout autre. Les vraies difficultés se font jour bien plus souvent au remontage qu’au démontage. C’est depuis Descartes que la science est devenue moderne mais il semble aujourd’hui déjà lointain le temps où un Bergson trop cartésien préconisait de traiter la matière vivante par les procédés de la chimie et de la physique » … l’organisation ne sera donc étudiable scientifiquement que si le corps organisé a été assimilé d’abord à une machine. Les cellules seront les pièces de la machine, l’organisme en sera l’assemblage et les travaux élémentaires, qui ont organisé les parties ultérieurement, seront censés être les éléments réels du travail qui a organisé le tout … » En fait il ne s’agissait là que de l’adaptation de principes anciens développés par René Descartes à propos de l’animal-machine puis repris par Julien Offray de La Mettrie dans l’Homme-machine. Aujourd’hui le puzzle s’est agrandi d’une quantité innombrable de pièces dont on commence à bien connaitre le fonctionnement mais, et c’est là où réside toute la malice, dont on connait le fonctionnement en temps que pièce isolée. Or à l’exception des être unicellulaires, l’être pluricellulaire fonctionne dans l’harmonie de l’ensemble de ses composants. Or si l’on veut pouvoir faire une bioengineering efficace, il va falloir savoir parfaitement comment plusieurs facteurs agissent/réagissent ensemble et simultanément (Engineering Life http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/36724/title/Engineering-Life/). Et c’est à ce stade que l’on pourrait retrouver dans cette quête d’une biologie appliquée un relent d’homme-machine mieux compris. Il reste un point d’ inquietude à la lecture de l’article quand on croit voir se profiler l’amorce d’une envie d’amélioration de la nature et là réside la tentation ultime que sous tendent des moyens techniques qui ne feront que s’améliorer. Heureusement l’homme n’est pas une machine, il reste un inconnu.
Archive for août, 2013
Bricolage
mercredi, août 28th, 2013C’est qui le visionnaire ?
jeudi, août 22nd, 2013Dans le même esprit que Minority Report (1956, Ph. K. Dick) et que Philosophical Investigation (1992, PH. Kerr) voici aujourd’hui que se profile la possibilité éventuelle d’une prévision des actes suicidaires. Les chercheur auraient fait parler la biologie en rendant des tests interprétables en terme de prédictibilité d’une tendance d’un individu à sa propre destruction. Sur treize gènes candidats étudiés, il semble que six se soient révélés pertinents. Les tests ont été effectués sur des sujets souffrants de troubles bipolaires et les comparaisons ont été établies à partir d’echantillons sanguins de patients qui s’étaient suicidés. On pourra lire avec intérêt la publication originale « Discovery and validation of blood biomarkers for suicidality »(http://www.nature.com/mp/journal/vaop/ncurrent/full/mp201395a.html) ainsi que deux autres articles qui en font état « Biomarkers Can Predict Suicidal Behaviors » (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/37138/title/Biomarkers-Can-Predict-Suicidal-Behaviors/) et « Des marqueurs du risque de suicide dans le sang » (http://www.jim.fr/e-docs/00/02/25/76/document_actu_med.phtml). La première question qui se pose concerne la population choisie : des patients souffrant de troubles bipolaires. Mais ces gènes candidats et reconnus fiables dans cette population peuvent-ils avoir la même valeur prédicitive pour des individus quelconques de la population générale qui attenteront un jour à leur vie ? Le problème est similaire avec les marqueurs qui sont spécifiques quand le processus néoplasique est malin mais qui ne servent pas à prédire le passage de la forme bénigne à la forme maligne. La seconde question concerne le type de médecine dans lequel ces tests peuvent s’inscrire ? S’il s’agit d’un suivi médical, ils pourront être mis sur le même plan qu’une numération-formule. Mais s’il s’agit d’une médecine préventive seuls les sujets à haut risque pourraient-ils/devraient-ils en bénéficier. Et enfin, quelle sera l’information délivrée et à qui ?
Voir ou comprendre, ne pas choisir
mercredi, août 21st, 2013Dans son ouvrage Matière et Mémoire en 1891, H. Bergson, s’inspire d’études cliniques portant sur les aphasies de type sensoriel interprétées selon certaines théories de l’époque (Charcot, Broadbent, Kussmaul et Lichtheim), pour revenir sur l’existence de ce que l’on nommait alors « centre idéationnel« . On aurait aimé croire à l’existence d’une sorte de centre supérieur auquel aurait été dévolu un rôle d’intégration. Mais la diversité des aphasies sensorielles vint rapidement contrecarrer ce schéma en incitant les cliniciens à dissocier ce centre intellectuel unifié en centres imaginatifs de multiplicité croissante, centre des représentations visuelles, centre des représentations tactiles, centre des représentations auditives. Puis devant une théorie qui se compliquait de plus en plus, sans arriver pourtant à étreindre la complexité du réel, il fut de plus en plus difficile voire illusoire de croire à l’existence de ces centres qui devinrent problématiques. Ce qui intéressait le philosophe Bergson, c’était ce problème de la (les) mémoire(s ) qu’il tenait à séparer d’un centre anatomiquement et physiologiquement défini « … il n’y a pas, il ne peut y avoir dans le cerveau une région où les souvenirs se figent et s’accumulent». Aujourd’hui le problème reste entier malgré les améliorations techniques apportées qu’elles soient macroscopiques aussi bien que microscopiques : les différentes imageries avec reconstructions, les circuits neuronaux décryptés. L’analyse n’a toujours pas débouché sur la synthèse. Il persiste une étape encore inconnue entre la réalité élémentaire du démontage et la réalité complexe d’un remontage réussi. On peut encore aller plus loin dans la difficulté en lisant attentivement (le sujet est difficile) l’ article Language Makes the Invisible Visible (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/37012/title/Language-Makes-the-Invisible-Visible/) expliqué par ce second Words prompt us to notice what our subconscious sees (http://www.newscientist.com/article/dn24035-words-prompt-us-to-notice-what-our-subconscious-sees.html#.Ug1JF7u88Ec.email) où l’on aborde « en toute simplicité » les rapports entre la perception visuelle et le langage ! Ce thème n’aurait certainement pas déplu à Bergson puisque l’un comme l’autre ne peuvent être dissociés des processus de mémorisation ce que les auteurs n’abordent aucunement !
….. vraiment pas plus !
lundi, août 19th, 2013C’est certainement avec beaucoup de malice qu’il faut voir comme un complément à l’article sur le microbiote et les compléments alimentaires cet autre article Why One Cream Cake Leads to Another (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/37068/title/Why-One-Cream-Cake-Leads-to-Another/). Sa lecture attentive (entre les lignes ?) et plus particulièrement celle de sa conclusion, semble bien emprunter le même chemin que celui où menait le précédent, à savoir l’intérêt des compléments alimentaires dont il convient de rappeler combien les avis divergent à leur propos. Donc dans l’article susdit, par un curieux effet d’entrainement, l’absorption d’une sucrerie suivie d’une autre modifierait l’impression de satiété dans le sens d’une diminution par modification de la boucle informative entre l’estomac et le centre de régulation cérébral. Cette modification s’accompagne d’une diminution de la dopamine associée à une diminution de l’Oleoylethanolamide (OEA). Cet acide gras produit par l’estomac, joue aussi son rôle dans l’information sur le sentiment de satiété. Bien qu’encore mal connu chez l’homme, cet élément est déjà présenté comme un complément alimentaire potentiellement intéressant en appoint dans certains régimes alimentaires « amaigrissants ». Lorsqu’un article paraît l’auteur signale s’il y a lieu, l’existence de rapports entre l’objet de son étude et tout système industriel qui pourrait être de près ou de loin impliqué à quelque niveau que ce soit dans cet objet même. Existe-t-il une collusion entre ces deux articles ou bien s’agit-il d’un sujet tellement à la mode que les laboratoires sont vivement invités à s’y intéresser ? « On ne nous dit pas tout ! «
Il faut manger pour vivre …. mais pas plus !
jeudi, août 15th, 2013Harpagon avait raison en tout cas en ce qui concerne la quantité de nourriture que l’on se doit d’absorber. En fait ce serait même moins que ce qu’il aurait pu préconiser et dans ces conditions, il aurait même vécu plus longtemps (Eat Less and Live Longer? http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/37039/title/Eat-Less-and-Live-Longer-/). Aurait-il été satisfait d’en connaître la raison ? Car si l’on sait déjà depuis longtemps qu’il est préférable de ne pas trop manger, le mécanisme exact en restait inconnu et il est toujours plus facile de faire ce qu’il faut quand on sait pourquoi il faut le faire ! Il s’agirait encore d’une histoire de microbiote intestinal, mot barbare mais surtout savant pour l’ancienne flore du même nom. Et c’est là où l’on reparle du Lactobacillus dont tout le monde sait qu’il fait partie des probiotiques (compléments alimentaires) à propos de l’utilité desquels plus personne n’est d’accord ! La démarche semble un peu difficile à suivre pour le commun des mortels. Heureusement il ne s’agit que de la souris et lorsqu’on en arrivera à l’homme, l’horizon se sera nécessairement éclairci !
Génial !
mercredi, août 14th, 2013De combien de génies le vocabulaire peut-il s’enorgueillir : le vieux daïmon, le génie militaire, le génie civil, le « petit » génie de la famille et pour terminer, le génie génétique ? Pourquoi ne pas parler du petit dernier pour rechercher dans sa famille ceux de ses membres sur lesquels on peut compter ? Par ordre d’entrée en scène : sélection naturelle et croisement pratiqués par les agriculteurs et les fermiers plusieurs millénaires avant JC, puis très, très, longtemps après, dans les années 1970, arrivée des OGM envers lesquels il est de bon ton de ne pas s’entendre, eux mêmes suivis des premières souris transgéniques. Quelques décennies plus tard encore, apparition de différentes thérapeutiques selon le même principe comme l’insuline et l’hormone de croissance puis aujoud’hui selon l’article Tumor-Targeting T Cells Engineered, (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/36994/title/Tumor-Targeting-T-Cells-Engineered/) des cellules souches reprogrammées pour jouer le rôle de cellules T. Quelque soit l’exemple choisi, non représentatif de l’immensité des applications possibles, le but poursuivi a-t-il été autre que celui de venir en aide à l’humanité dans des domaines qui peuvent sembler différents mais qui s’inscrivent tous dans une quête de l’amélioration des conditions de vie en général ? Ce qui représente déjà un progrès différent du progrès de nature scientiste hérité du XIXe selon lequel le salut résidait dans la maîtrise totale du futur. Bien sûr il n’est pas question d’utiliser ce type de population cellulaire sans avoir acquis des données sur son inocuité vis à vis de l’organisme par rapport à la maladie traitée. C’est toujours la démarche qui a prévalu pour toutes les applications thérapeutiques, et permis, par exemple, l’utilisation de l’hormone de croissance construite venue plus qu’avantageusement remplacer celle utilisée précédemment dans des conditions désastreuses. On se pose donc la question de savoir pourquoi en ce qui concerne le domaine alimentaire, les opposants réussissent à faire valoir leur point de vue basé exclusivement sur l’éventualité possible et non probable d’effets secondaires délètères. C’est ce type de principe de précaution qui en figeant les connaissances scientifiques et techniques à un moment t devient le fossoyeur des étapes précédentes qui les ont permises. Le schéma est donc le suivant : bienfaiteur hier, hors la loi demain …….
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
lundi, août 12th, 2013Construire un arbre généalogique n’a rien de simple mais celui qui débute devient plus ou moins rapidement accro (accroché) à ce sport. Pourtant au fur et à mesure où l’arbre se dessine surviennent les difficultés, en témoigne la numérotation ascendante de Sosa-Stradonitz si on en lit trop vite les principes : un chiffre pair désigne toujours un homme, un chiffre impair une femme sauf bien sûr le numéro 1 qui est un homme ou une femme, le numéro d’un père est le double de celui de son enfant, le numéro d’une femme est celui de son mari plus 1, le numéro d’une mère est le double de celui de son enfant plus un. C’est encore (bien) plus compliqué pour tous ceux qui arpentent l’arbre de l’évolution des mammifères. Une branche que l’on croyait solide se révèle fragile, une ramure que l’on croyait simple se complexifie. Et comme par ailleurs le voyage s’effectue à reculons dans le temps, les repères peuvent se révéler instables. Toutes ces difficultés répertoriées dans l’article « Fossils Snarl Mammalian Roots » ( http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/36915/title/Fossils-Snarl-Mammalian-Roots/), vont nourrir une discussion concernant la date d’apparition des dits mammifères, une nouvelle date qui pourrait introduire une différence de quelques dizaines de millions d’années. En cause deux squelettes mieux conservés qu’il n’est habituel devenus les protagonsites inattendus du débat, car aujourd’hui impossible de statuer sur leur appartenance ou non à la branche des mammifères, ou sur la possibilité qu’ils soient ou non apparentés. En résumé, des restes complets viennent jeter le trouble dans ce qui a était établi à partir de restes incomplets ! Que faut-il souhaiter aux paléontologues ? Une bonne dose d’humour !
Pas si perdu que ça !
samedi, août 10th, 2013Finalement, l’homme n’est peut-être pas si mauvais que ça en ce qui concerne la reconnaissance spatiale contrairement à ce que laissait entendre l’article précédemment cité même s’il ne s’agit pas exactement de la même aptitude. De quoi s’agit-il ? L’article Mapping Humans’ Mental GPS, (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/36881/title/Mapping-Humans–Mental-GPS/) reprend un type cellulaire dont il a déjà été question : les cellules de grille (GPS pour tous, 5/11/2012). Ces cellules dont la caractéristique est leur mode de fonctionnement permettent de bâtir une « carte cognitive » de l’espace. Leur description chez le Macaca mulatta (Rhesus macaque) venait rejoindre des descriptions antérieures faites chez différents animaux. Leur existence est confirmée aujourd’hui et elles ont été mises en évidence au niveau de l’hippocampe ainsi que du cortex cingulaire et entorhinal humain. De ces différentes localisations on pourrait argumenter l’existence d’un rapport entre reconnaissance spatiale et mémoire. L’étape suivante serait d’apporter des preuves de ce rapport ce qui permettrait certainement une nouvelle approche de la maladie d’Alzheimer pour que l’homme comme l’écureuil se souvienne toujours de ses cachettes.
Comme un petit poucet
jeudi, août 8th, 2013D’une certaine façon le Petit Poucet est né pour apprendre aux enfants qu’il existe une possibilité de retrouver son chemin, alors que l’homme n’est pas connu pour posséder d’autres sens que ses cinq sens ordinairement répertoriés (faisons abstraction du sens commun !). Se retrouver fait pourtant partie des possibilités de certains animaux en particulier des migrateurs au sens large. La question de savoir comment une telle faculté leur appartient quand l’homme ne peut se retrouver qu’avec une instrumentation adaptée (un fil d’Ariane par exemple !) ou une connaissance très pointue de la carte céleste, reste une question qui sans être réellement cruciale est néanmoins intéressante puisque elle démontre une fois encore et s’il en était besoin, que la nature n’a pas tout accordé à celui qui s’est cru pendant longtemps (est-ce vraiment terminé ?) le centre du monde. S’il a bien été reconnu des neurones sensibles au champ géomagnétique en fonction de la direction, de l’intensité, et de la polarité, le mystère des récepteurs reste entier (A Sense of Mystery, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/36722/title/A-Sense-of-Mystery/) On peut néanmoins imaginer que l’on pourra donner une réelle explication du comment aux migrations parfois complexes de ces volatiles, tortues et autres poissons qui retrouvent imperturbablement leur chemin depuis des millions d’années. Le pourquoi, lui, va probablement rester encore longtemps un mystère. Et ce qui demeure particulièrement frustrant c’est le nombre de pourquoi auxquels, dans l’ensemble, il reste impossible de répondre.
Le long terme
mardi, août 6th, 2013Qui dit long terme, sous entend imagination peut-être même divination comme semble le suggèrer l’article The Long View, (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/36091/title/The-Long-View/). Un projet à long terme, c’est un investissement humain, un investissement économique, mais surtout un pari sur l’avenir ! Comment en effet être certain que plusieurs décennies plus tard, le même choix sera toujours à l’ordre du jour et que l’exploitation des données recueillies sera toujours possible. Ce que l’on peut résumer encore par : le sujet de l’enquête et les objets pour le traiter seront-ils toujours d’actualité, ce qui revient aussi à se demander si l’actualité d’hier sera encore l’actualité de demain ? D’où cette question princeps : l’actualité est-elle intemporelle ? Et la réponse est ….. « oui » car actualité ne signifie pas ce qui se passe aujourd’hui, mais ce qui se rapporte à l’action ! Donc dans ces conditions le long terme aussi bien que le court terme s’inscrivent dans l’actualité par l’action qu’ils sous tendent. Le choix du sujet tire sa raison d’être du fait même qu’il est l’expression d’une question. Ne reste plus que le problème de la technique qui s’attache aux traitements des données. Contrairement à ce qu’il croit, c’est le seul point sur lequel l’homme ne peut pas vraiment compter, c’est d’elle et d’elle seule que viendra la trahison ! Chaque marche du progrès se construit sur la marche précédente en la détruisant, ce qui rend l’édifice de plus en plus fragile !