Archive for mai, 2018

Pour que la mémoire ne flanche pas !

dimanche, mai 20th, 2018

Comme tout objet mystérieux, cette boite noire qu’est le cerveau, reste au plus haut point attractive, et les suppositions vont bon train la concernant depuis …. En effet que n’est-il pas capable d’effectuer, de résoudre, d’imaginer, et sa capacité d’abriter pour  restaurer n’est pas la moindre de ses qualités. Pour démêler ce merveilleux écheveau le plus simple était d’attribuer à chacune de ses fonctions un site précis selon une cartographie. Mais au fur et à mesure des avancées de la physiologie, les frontières devinrent moins précises, des chevauchements se firent jour et le temps vint de changer l’échelle d’observation : la macroscopie laissa place à la microscopie avec le rôle prépondérant des synapses mais celles-ci a leur tour s’effacèrent devant la molécule. Et que croyez vous qu’il advint ? La génétique dut s’accommoder de partager son champ de responsabilité  avec l’épigénétique. C’est ce qui semble avoir été mis en évidence chez l’escargot de mer. Les  gastéropodes, dont ils font partie, sont largement représentés (quatre vingt mille espèces)  ; comme de nombreux mollusques ils possèdent des neurones géants et ce sont eux qui sont impliqués dans l’étude que rapporte l’article, RNA Moves a Memory From One Snail to Another (https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/54565/title/RNA-Moves-a-Memory-From-One-Snail-to-Another/&utm_campaign=TS_OTC_2018&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=62922981&_hsenc=p2ANqtz-_wZt4Q7o38w_Q7lcmlPAmAD6VlKjAk0y1VbhemuhFqmczDm9lgRH1cQk2IuU4enfUcZwNnMsQdMHIdqaE–UuLCugbBQ&_hsmi=62922981). Si selon le traité de Rome en Europe, il est interdit de faire souffrir l’animal, en Californie on peut apprendre à l’escargot à conserver une attitude défense au regard de chocs électriques qui lui ont été appliqués antérieurement. L’ARN extrait des neurones des escargots stimulés injecté à des congénères non stimulés entraine ces derniers à se conduire comme les premiers ! Et c’est la méthylation de l’ADN, principale modification épigénétique réversible qui serait indispensable à ce transfert de mémoire sans implication synaptique.  Augmenter le nombre de ses synapses ne semble plus aussi impératif, il suffira de se faire injecter un cocktail de mémoires choisies parmi les meilleures. Reste néanmoins à préciser de quel ARN il s’agit et être sûr que ça marche !

 

L’Homme et sa Machine

vendredi, mai 18th, 2018

A propos de l’IA les articles se suivent et se succèdent à un rythme tel qu’une intelligence non artificielle peine pour se maintenir à niveau. Et pour atteindre le niveau supérieur de l’intelligence artificielle, celui dit de l’ apprentissage profond, le chemin semble plus escarpé encore. Mais il existe aussi un autre obstacle (probablement pas le dernier) à franchir celui du sujet lui même que l’on aimerait bien décrypter. Aujourd’hui, il ne s’agit ni plus ni moins que de celui qui fut récompensé par le Prix Nobel de physiologie ou médecine attribué en 2014 à Edvard Moser, May-Britt Moser et John O’Keefe : soit sous une forme extrêmement simplifiée, le comment du positionnement dans l’espace. A ce propos, deux articles analysent une lettre parue dans Nature (pour les plus avertis), Vector-based navigation using grid-like representations in artificial agents (http://www.nature.com/articles/s41586-018-0102-6.epdf?referrer_access_token=_lWNU8gc6P54Xyucs60zx9RgN0jAjWel9jnR3ZoTv0OEfySMT4t78PpPpCS7uExWqGH8Y85zx5sxUAfevtKBQhbJLTAeVlbUdZL1p8FMUwKd4qZMsU8gbExV1eNrCWgjyC9yqW3vQfcsml21Pu27QUUA4UjZLGUDRiLLfbcuOzknt2kNcLH672UsJIqltTUIk9mhOv-Mh5mx6OXvkjXf_Ue2UA6fDm55IYYG__qEH2enmCI3iGBsf8rZW9MhvmmfS10vUQ2DfmQzxiFZ7xlDj_iRfVtWBHdZb2YYkd3Q81IUDDdoRjX6ovQghMzXIctvzKkTQD7c0WSLCz9F6mFgUb5SqbTLcSX2eNdVTo180wC4VWMaxdunMcF0bH9EoyKk5JxKrDVp750hNsfG8ygqHgU6Ms_WYLql7geeoCD5gH_9WNORVT_XozsaqXSRdvIoy4jlgJqSAe7dbYOpG3KhBjPj-HTYs7T6u0nAUjJRZW2pvP9qWv-VGLzOtD4eYE0ZYH_jhewQ4WAHvjZGtw2_zvwQ4m54gyIx-3tQsZF1j_Sa1JgSJF20PQ2ZMdRk98yUgBqGpmqJVAOoqxVeq3CrzIAytJyAdiaCLJfxSir3K0F00MRJXr2wLELvk9eSbQREiJTIA5V3h3E2R6cmH2fqZA%3D%3D&tracking_referrer=www.the-scientist.com ). Pour les moins avertis, voici une des deux analyses parues récemment et qui s’y rapportent  : AI recreates activity patterns that brain cells use in navigation (https://www.nature.com/articles/d41586-018-05133-w?utm_source=briefing-dy&utm_medium=email&utm_campaign=briefing&utm_content=20180510). Aujourd’hui, la puissance des algorithmes va plus loin que les succès obtenus au jeu de Go  puisqu’ils réalisent des circuits neuronaux complexes comme ceux que suivent les cellules de grille (cf plus haut) permettant le cheminement de rats virtuels avec des performances supérieures à celles obtenues par des humains. En dehors de toute explication, ces prouesses pourraient s’apparenter à une magie moderne, magie qui devrait pourtant aider à la compréhension de certains fonctionnements neuronaux humains. Alors pour insister sur la pluralité des domaines embrassés par l’IA pourquoi ne pas se pencher sur cet  article parce qu’il envisage une autre facette, La bêtise de l’IA est révolutionnaire  (https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/la-betise-de-l-intelligence-artificielle-est-revolutionnaire_2008927.html). Comme quoi avant de participer en société à ce débat controversé,  il faut savoir de quoi on parle !

Comme un air de déjà lu !

mercredi, mai 9th, 2018

Si l’on ne désire pas se lancer dans la technique d’étude basée sur l’organoïde pour choisir ce que l’on pense être plus proche de la réalité on peut faire mieux voire mieux faire comme le détaille l’article, Researchers Succeed in Keeping Disembodied Pig Brains Alive (https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/52469/title/Researchers-Succeed-in-Keeping-Disembodied-Pig-Brains-Alive/&utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2018&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=62563182&_hsenc=p2ANqtz-9spTV_olgyliWPkwsnyzEePyBuT1L6x-c6GV3u7C8BrSkTSMTKHonPcQ9nDkXFuuTWVjRJok-D1Qz8hSse5o58mSOa6Q&_hsmi=62563182). Beaucoup plus simple en effet serait de recueillir un cerveau de porc (chez le cochon tout est bon !) et de le maintenir en vie, seule la durée de ce maintien pouvant poser un petit problème. C’est ce qui vient d’être réalisé pour une durée de trente six heures selon une technique qui semble si simple qu’elle serait à la portée de tous et de chacun. Coïncidence quand paraissait l’article du MIT (ci dessus), Nita A. Farahany et ses collègues se livraient à une réflexion sur les problèmes éthiques posés par les différentes techniques qui peuvent être appliquées à l’étude du fonctionnement cérébral (https://www.nature.com/articles/d41586-018-04813-x?utm_source=briefing-dy&utm_medium=email&utm_campaign=briefing&utm_content=20180426) . Que l’on fasse fonctionner un organoïde rénal tout autant que digestif et la voix qui pose des questions reste basse , un organoïde rétinien puis cérébral et la conscience se réveille. Pourquoi ? Sinon parce que persiste dans l’imaginaire la suprématie des cinq sens humains comparés aux fonctions d’épuration ou de digestion. L’âme a en effet été localisée dans le cerveau plus précisément dans l’épiphyse pour Descartes et ce temps n’est pas si loin puisque l’éthique semble ne réapparaitre qu’au regard de l’organe étudié ! Ce qui tendrait à conforter l’idée que l’homme peut toujours être être démonter et que les pièces qui le composent seraient redevables de deux éthiques l’une philosophique et l’autre scientifique ?

L’organoïde et l’éthique

dimanche, mai 6th, 2018

Un organoïde est une structure tri dimensionnelle (multicellulaire) qui peut-être schématiquement assimilée à un micro organe à partir duquel il est devenu possible d’étudier des propriétés spécifiques de son homologue dans des conditions qui se rapprochent de la normale. Cette technique a pris son essor depuis une quinzaine d’années et supplante largement les cultures cellulaires en couche qui l’avaient précédée. Les organes ainsi “mimés” sont nombreux et l’un en particulier, en raison de son statut d’organe “noble” s’il en fut, est devenu sujet et non objet de questionnements. Il s’agit de l’organoïde cérébral obtenu à partir de cellules souches pluripotentes qui vont former de petites sphérules pouvant reproduire différentes zones cérébrales en fonction ou non de l’ajout de facteurs exogènes (Obtenir des ébauches de cerveau en laboratoire : les organoïdes, http://www.frcneurodon.org/informer-sur-la-recherche/actus/obtenir-ebauches-de-cerveau-laboratoire-organoides/). En 1818, Mary Shelley imaginait le DR Frankenstein et sa créature. Dans l’œuvre originale, celle ci était  loin d’être dépourvue d’intelligence mais rejetée par la société elle choisissait de faire le mal, démontrant l’existence d’un conscience que traduisait sa haine envers autrui et son concepteur. A l’inverse on pouvait se demander si son créateur n’avait jamais éprouvé le moindre sentiment envers sa créature. Et voilà que pourrait se reproduire une situation pas si éloignée comme en témoigne l’article The ethics of experimenting with human brain tissue (https://www.nature.com/articles/d41586-018-04813-x?utm_source=briefing-dy&utm_medium=email&utm_campaign=briefing&utm_content=20180426) autorisant à ce poser la bonne question, celle qui n’avait pas été envisagée il y a deux siècles. La recherche va effectivement dans le sens de l’étude des fonctions cérébrales parmi lesquelles on ne peut en  ignorer certaines parmi lesquelles la conscience. Bien que cette étape soit probablement encore lointaine, la question est en germe et son éclosion devra avoir lieu après que l’on ait trouver une réponse : en schématisant à l’extrême le but de l’expérience étant d’obtenir une réponse à un stimulus, jusqu’où est-on prêt à aller ?