Archive for mai, 2017

Vieille mais toujours jeune

mercredi, mai 31st, 2017

Âgée certes , dix mille ans …..,  mais toujours digne d’intérêt, comme en témoigne l’article, Fixing the tomato: CRISPR edits correct plant-breeding snafu (http://www.nature.com/news/fixing-the-tomato-crispr-edits-correct-plant-breeding-snafu-1.22018?WT.ec_id=NATURE-20170525&spMailingID=54132792&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1164061838&spReportId=MTE2NDA2MTgzOAS2) la tomate se révèle être un sujet dont on n’hésite pas à affirmer qu’il “décoiffe”. Ne permet-elle pas en effet d’aborder de nombreux sujets et parmi ceux qui sont loin  d’être les moins importants, celui du concept de la domestication.  Car l’empreinte de l’homme sur la nature est moins que récente et si, aujourd’hui, on se focalise surtout sur une accélération, cette dernière ne se limite pas aux seuls effets délétères qui lui sont imputés. Ainsi donc la tomate contemporaine (Solanum lycopersicum L) apparue sous le soleil des Andes aurait été domestiquée à partir d’ancêtres beaucoup plus anciens que l’on ferait remonter à cinquante millions d’années lorsque le Gondwana amorce son morcellement durant le Jurassique supérieur. Domestiquer (domus : maison) c’est apprivoiser mais dans un but de modification transmissible de la matière vivante en général pour répondre à des besoins spécifiques de l’humain d’où une dimmension d’ordre téléonomique qui ne peut être ignorée. Le cas de la tomate est en lui même remarquable (mirabile visu). En effet elle figure parmi les espèces les mieux connues en agriculture et le séquençage de son génome, ainsi que celui de son ancêtre, a été parfaitement établi (2012).  Ce qui est captivant c’est que l’on peut comme dans le domaine de l’archéologie, retracer le passé de la tomate par comparaison génomique (L’histoire ancestrale des tomates modernes, http://presse.inra.fr/Communiques-de-presse/L-histoire-ancestrale-des-tomates-modernes). Mais après tant de modifications dont chaque étape s’inscrit dans un but d’amélioration, on pourrait bien buter sur une difficulté inattendue : deux gènes impliqués dans les processus d’amélioration deviennent délétères lorsque combinés. “Bizarre, vous avez dit bizarre mon cousin ?”  C’est méconnaitre mais  pour le retrouver, ce travail que la nature accomplit depuis quelques millions d’années et qu’il est bon de se remémorer au seuil du tanshumanisme. Certaines associations sont bel et bien vouées à l’échec.  En un mot et un seul, on peut faire beaucoup mais peut-être pas n’importe quoi ….

 

Passé, Présent, Futur….

lundi, mai 22nd, 2017

Si l’on peut encore vouloir faire du passé table rase en chantant à l’unisson avec l’Internationale d’Eugène Pottier (répression de la commune), l’expression a bien d’autres champs de résonnance. Il ne s’agit pas tant de la sphère philosophique, quand on considère le versant ontologique ou méthodologique de la connaissance, que d’une sphère de rayon infiniment supérieur quand il s’agit de la mémoire de l’humanité. Si l’aède et le ménestrel ont parfaitement joué leur rôle de passeur de la dite mémoire, l’homme avait depuis longtemps compris l’importance d’un socle transmissible des connaissances : en témoignent la mise en place de bibliothèques comme celle de Ninive, considérée parmi les plus anciennes ou celle d’Alexandrie comme la plus connue. Rien ne change en fait si ce n’est la quantité et le support des informations aux quelles on peut avoir accès mais  qui, aussi, seraient dignes d’intérêt. Si l’on s’accorde volontiers sur l’accélération de l’acquisition des connaissance tout autant que sur celle des techniques il semble difficile d’établir une formule mathématique de la première tout autant que de la seconde d’où une difficulté certaine à les comparer ! Comme par ailleurs l’acquisition de nouveautés en entraine de précédentes dans les limbes du Léthé, la mise en place d’une mémoire absolue devient prégnante. Voilà d’une certaine façon, une partie du sujet abordé dans Rescue old data before it’s too late, (http://www.nature.com/news/rescue-old-data-before-it-s-too-late-1.21993?WT.ec_id=NATURE-20170518&spMailingID=54084575&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1162852950&spReportId=MTE2Mjg1Mjk1MAS2) comme si Zeus pris d’une envie/inspiration subite avait ordonné à Mnémosyne de reprendre le sujet pour y apporter enfin une solution définitive ! Si les supports disparaissent du fait même de leur obsolescence, les passeurs de mémoire, eux, sont voués à la permanence. Malheureusement il se pourrait que cette différence entre les deux protagonistes et l’augmentation même du stockage à effectuer posent un problème difficile à résoudre, ce qui n’empêche pas néanmoins de poser la question.

La querelle des anciens et des modernes

lundi, mai 15th, 2017

L’homo sapiens et l’homo naledi auraient-ils entretenu des relations privilégiées, c’est une question d’actualité (Homo naledi Likely Roamed Earth with H. sapiens, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/49392/title/Homo-naledi-Likely-Roamed-Earth-with-H–sapiens/, Small-brained early human lived more recently than expected, http://www.nature.com/news/small-brained-early-human-lived-more-recently-than-expected-1.21961). La question n’est évidement pas innocente, elle est même d’importance par les champs de réflexion qu’elle ouvre. Premièrement la possibilité d’une coexistence en Afrique de deux espèces du genre homo il y a trois cent mille ans entrainant de fait un rajeunissement d’au moins six cent mille ans  pour l’homo naledi. C’est ce rajeunissement exceptionnel reposant en grande partie sur la difficulté inhérente à la datation des fossiles qui introduit une suite au moins aussi importante que l’étonnement d’une rencontre improbable. On sait que la datation, étape indispensable, peut être relative ou absolue. Elle ne repose que pour partie sur l’utilisation du C14 celui ci détruisant les échantillons étudiés. Aussi recherche-t-on des techniques de préservation comme l’utilisation d’un gaz chargé électriquement, réalisant une oxydation de la surface de l’objet, la  résonance de spin électronique (RSE), les mesures paléomagnétiques , enfin l’extraction d’ADN. Malheureusement ces trois méthodes se sont révélées inapplicables dans le cas de l’homo nadeli pour des raisons pratiques d’où cette valse hésitation. (Pourquoi les fossiles d’Homo naledi ne sont pas datés ? http://www.hominides.com/html/actualites/homo-naledi-datation-0960.php). C’est parce que l’homme a conscience de sa finitude qu’il juge légitime de chercher à connaître son âge et sa filiation. Pour ce faire la technique lui est indispensable et si l’insuffisance de cette dernière est d’abord source d’erreur, elle se meut secondairement en un moteur intraitable, véritable Moloch  qui commet l’humanité à une poursuite infernale !

Altruisme et science

samedi, mai 6th, 2017

De “alter” : autre d’où altruisme : comportement qui se caractérise par des actes désintéressés. Le don, qui en est son expression la plus commune, peut s’exprimer dans de nombreux domaines et il est normal que celui de la science n’y échappe pas. C’est ce dont traite l’article, No researcher is too junior to fix science, (http://www.nature.com/news/no-researcher-is-too-junior-to-fix-science-1.21928?WT.ec_id=NATURE-20170504&spMailingID=53985288&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1160505967&spReportId=MTE2MDUwNTk2NwS2), mais en regrettant une attitude encore trop négative. Pour qui travaille-t-on (en faisant abstraction de la question, pourquoi travaille-t-on) ? Ce qui va appeler la question, dans le cas sus proposé : ne travaille-t-on que pour soi ou bien faut-il élargir son horizon en choisissant une grande famille, celle dont les membres appartiennent au(x) champ(s) de la science par les voies de la recherche. Le postulat de départ de l’auteur est le suivant : le jeune chercheur ne travaille, encore trop souvent, que pour son avenir, donc uniquement pour lui-même ….. C’est parce que  ce postulat pose problème que le discours va perdre de son impact. Peut-on vraiment imaginer qu’il existe encore des chercheurs isolés dans un monde clos, inaccessible, coupé des différents moyens modernes de partage ! Toute publication passe rapidement sur la toile rendant presque obsolètes les bibliothèques. L’équipe dans laquelle il travaille ne peut plus survivre à la prééminence d’un seul. Ainsi la mondialisation devient-elle un bienfait quand elle permet la transmission pour l’universalisation de la connaissance. Même les problèmes attachés aux malversations intellectuelles pourront s’effacer pour les mêmes raisons. Ainsi l’altruisme pourrait-il devenir consubstantiel aux avancées techniques ! C’est alors que l’altruisme pourrait enfin reprendre son vrai sens d’acte désintéressé. En effet dans la mesure où  le don initie un sentiment de joie, de bonheur, de plénitude à celui qui le pratique, le désintéressement disparaît ! Paradoxalement le sujet qui donne ne devrait-il pas en effet ne rien ressentir pour être réellement altruiste ?

Un mot à propos de technique

lundi, mai 1st, 2017

Du grec τέχνη, la technique apparaît avec l’homme et a donc le même âge que lui, comme en témoignent les peintures pariétales où les premiers d’entre eux  ont su tirer parti de la paroi rocheuse et de la couleur pour donner une représentation de leur corps par la représentation de leur propre main. Prométhée pourrait ainsi être l’inventeur de la technique quand il désacralise le feu pour l’offrir à l’homme que son frère Épiméthée a oublié dans sa distribution. La nature par sa domestication, sa dédivinisation, peut dès lors être utilisée. Ainsi a-t-on pu dire que la technique était l’arraisonnement de la nature. Mais si l’équilibre entre la nature et son utilisation par l’homme a eu son heure, il n’en est plus de même selon Heidegger pour qui l’homme après avoir dévoilée la dite nature la provoque quand la deep ecology  la considère comme un objet de droit. On aurait donc toute raison de s’alarmer s’il ne se trouvait que la technique dédiée à un objet ne trouve un autre angle d’efficacité : en un mot trivial que l’on ne puisse pas utiliser un bâton pour autre chose que frapper. Or c’est bien ce qui est non seulement préconisé mais aussi réalisable comme le souligne l’article,  Planetariums — not just for kids (http://www.nature.com/news/planetariums-not-just-for-kids-1.21888?WT.ec_id=NATURE-20170427&spMailingID=53937339&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1144433736&spReportId=MTE0NDQzMzczNgS2). Il y est évident que la technique indispensable au voyage parmi les étoiles (pour les terriens qui s’y intéressent) peut servir (on aurait envie de dire, doit servir) d’autres buts. La vision que l’on porte sur la technique devient alors toute autre. Tel un éventail se déployant elle tend vers le général et ouvre à partir de chacun de ses  plis et contre plis un nouveau monde d’utilisations. Un seul problème, mais que l’histoire a démontré comme étant de taille : l’homme est aussi capable/coupable d’avoir déjà dévier pour les pervertir, de nombreuses avancées techniques !