Archive for juin, 2023

Du prêt à porter au sur mesure !

vendredi, juin 30th, 2023

Se rapprocher au plus près des conditions réelles dans lesquelles se développe un processus néoplasique est le voeu le plus cher de tous les thérapeutes. Les lois sont établies à partir d’échantillonnages représentatifs mais chaque individu reste une singularité qui ne s’inscrit pas nécessairement dans la moyenne voire dans la dispersion de la loi normale de Gauss. On sait que selon cette loi, telle thérapeutique montre son efficacité dans la majorité des cas mais on sait également qu’il existe des patients qui échappent à ce schéma. Il faut donc imaginer et se donner les moyens de réaliser l’adéquation parfaite entre la néoplasie de la personne X et le traitement qui va lui être apporté. Dans ce but l’idée est de reproduire au plus près les conditions dans lesquelles se développe la tumeur située qu’elle est dans un organisme qui lui répond par une modification de la structure de son environnement immédiat. Le défi est donc de réussir à reproduire artificiellement et le plus exactement possible les conditions réelles pour que la thérapeutique adoptée soit la mieux adaptée. Les cultures cellulaires bidimensionnelles du début du XXème siècle ont ainsi laissé la place aux cultures tridimensionnelles parmi lesquelles la technique des organoïdes permet une meilleure compréhension de la réalité des phénomènes. En effet  » Les agrégats cellulaires reflètent la signalisation moléculaire qui se produit entre les cellules d’un même tissu en permettant des interactions cellule-cellule et cellule-matrice. De plus, les cultures 3D permettent des études plus fiables concernant les aspects biologiques tels que la viabilité, la prolifération, la morphologie, la différenciation et le métabolisme des médicaments » : c’est le sujet de l’article A 3-D Tumor Microenvironment for Personalized Immunotherapy. Une élégante manière d’aborder la difficulté de la « multifactorialité » d’un évènement en biologie comme ailleurs !

Le genre et le chromosome Y

lundi, juin 26th, 2023

Il n’est pas impossible que tout ait commencé avec la création de la femme telle qu’elle est décrite dans la Genèse. Mais si elle provient d’une côte de l’homme elle est aussi celle qui « lui sera une aide semblable à lui », ce qui n’est pas de tout le cas pour la femme que Zeus envoie à Epiméthée, car elle a été conçue pour lui être indispensable tout en étant la cause de tous ses maux. Interrogée par la place de la femme dans la société, S. de Beauvoir obtient en 1949, un réel succès quand elle écrit sur ce deuxième sexe soumis au sexisme masculin. Plus loin se situe la Gender Theory de J. Butler pour qui le « genre construit le sexe : s’il existe des différences biologiques, elles ne sont pas en elles-mêmes significatives« . Aujourd’hui, il existe donc des individus qui se disent « non binaires » ne se reconnaissant ni du sexe masculin, ni du sexe féminin. Pourtant, il existe bel et bien un sexe biologique auquel font partie les chromosomes. Ainsi existe-t-il une différence entre la formule chromosomique de l’individu de sexe féminin XX et celle de l’individu le sexe masculin XY. Qu’il n’en déplaise à ces nouveaux humanistes, un article est là pour rappeler cette vérité première en décrivant les dégâts qui peuvent être rapportés justement à cette différences : Y chromosome affects cancer risk. La différence de comportement de certaines néoplasies entre hommes et femmes avait déjà été notée mais avait été mis sur le compte de facteurs environnementaux, tel le mode de vie. En fait cette différence vient aussi d’être rapportée au chromosome Y porteur du gène KDM5D. S’il est certain qu’habiter son corps est une préoccupation majeure, il convient également de ne pas oublier que ce corps appartient à ses chromosomes !

La question et sa réponse !

vendredi, juin 16th, 2023

L’efficacité de la démarche dépend de la réponse à la question. Et la réponse à la question est tout sauf simple car la question est rien moins que simple  » Comment décide-t-on qu’une espèce a disparu » (How Do Scientists Decide a Species Has Gone Extinct?). En d’autres termes, comment prouver qu’une espèce a disparu, soit donc encore, sur quelles preuves peut-on affirmer qu’une espèce a disparu. Ce qui pose la question ô combien subtile : comment prouve-t-on l’absence ? En effet déclarer une espèce éteinte est aujourd’hui une préoccupation essentielle de ceux qui affirment que l’anthropocène, même si ses débuts sont encore incertains, pourrait être l’ère de la septième extinction de masse. Et donc, dans cette optique, il est ABSOLUMENT INDISPENSABLE de pouvoir/savoir affirmer une disparition. Pour ce faire, il existe plusieurs façons de procéder : s’appuyer sur des preuves logiques, des preuves empiriques, ou l’absence de preuves contraires. C’est majoritairement les secondes que les chercheurs documentent sans négliger le fait que l’exhaustivité n’est pas de ce monde ! Or la réponse est lourde de conséquences, en effet, déclarer qu’une espèce est éteinte entraine ipso facto son retrait de la liste des espèces à protéger, ce qui est on ne peut plus normal, puisqu’elle n’existe plus ! Mais attention, danger, si « par le plus grand des hasards » elle existait encore, elle risquerait l’extinction ! C’est ni plus ni moins le concept des sciences sociales et psychologiques dit « de prophétie autoréalisatrice ». On tourne en rond ! Que faut-il faire ? C’est alors que la démarche méthodologique prend toute sa valeur : comment estimer la probabilité d’extinction de l’espèce considérée. La rigueur d’une étude expérimentale reste un incontournable, aucun changement depuis Claude Bernard !

Mission spatiale

mardi, juin 6th, 2023

Nombreuses sont les oeuvres imaginant les voyages extra terrestres humains avant que ceux-ci ne deviennent réalité. Lucien de Samosate au deuxième siècle ap. J.-C voyage dans l’espace dans un bateau que meut une violente tempête, Cyrano de Bergerac au XVII ème siècle utilise la rosée, et le bateau à moins que ce ne soit un boulet de canon, sert un siècle plus tard au baron de Münchhausen. Plus proche de la réalité du XX ème siècle, Jules Vernes met en scène une fusée que Méliès plante dans l’oeil de l’astre d’argent. Le premier vol habité date de 1957 et la chienne Laïka en profite pour décéder dans l’espace. Puis c’est le chimpanzé Ham qui précéde l’homme de seulement quelques mois. Aujourd’hui, la conquête de l’espace est confiée à un nouvel « organisme vivant » , un organoïde cérébral (Time Traveling Mini-Brains on a Mission to Conquer Space). Peu encombrant, assez peu prolixe sur ses impressions de voyage, il devrait pourtant être riche d’enseignements. Parce que le voyage spatial entraine un vieillissement accéléré des cellules de l’organoïde, elle servent à étudier les effets de la microgravité en l’absence de toute manipulation génétique. En fait, l’idée est d’utiliser les voyages spatiaux comme incubateurs de vieillissement ! L’homme a en effet un trop long cycle de vie pour pouvoir être étudié sur plusieurs générations comme la mouche ou la souris ! Néanmoins, ces organoïdes cérébraux, deviennent de plus en plus « élaborés » : ils peuvent fournir des ondes cérébrales et percevoir des stimuli, visuels en particulier ! Et donc se pose le problème de l’existence de leur « possible » conscience ! Pour l’Académie de Médecine (16 mai 2023) « les activités cellulaires observées dans ces organoïdes cérébraux ne peuvent être assimilées aux processus cognitifs, sensoriels ou moteurs propres au cerveau humain ». Il n’est donc pas utile de leur demander leur avis avant de les envoyer sur Mars !

L’homme est naturellement sociable

lundi, juin 5th, 2023

Deux grandes idées s’affrontent depuis que l’homme est sujet de réflexion. Pour les uns, c’est un être sociable, pour les autres, c’est un redoutable prédateur à commencer par son voisin, homme lui-même. Les exemples des deux positions abondent et n’ont pas fait avancer la discussion jusqu’à aujourd’hui. Il se pourrait que la participation des biologistes de l’évolution aide les belligérants à la fois sur le sujet mais également sur d’autres qui leur seraient contingents. Il s’agit du séquençage de seize familles de primates (https://www.nature.com/articles/d41586-023-01776-6?utm_source=NatBiggest%20ever%20study%20of%20primate%20genomesure) . Ainsi la comparaison des génomes de singes « sociaux » avec le génome de singes « moins sociaux » met en évidence l’existence de gènes qui seraient liés à la taille des structures sociales. Ces changements auraient partie liée avec des neurohormones cérébrales, la dopamine et l’ocytocine. Or il vient d’être montré que l’ocytocine n’est pas indispensable chez les campagnols des prairies pour qu’ils forment des liens sociaux normaux. En effet ces derniers sont dépourvus de récepteurs à ocytocine ce qui ne les empêche nullement de former un couple stable (https://www.the-scientist.com/news-opinion/monogamous-rodents-dont-need-love-molecule-to-pair-up-70924) ! Il est évident que le Microtus, campagnol des prairies n’est pas un Rhinopithecus roxellana, singe doré, de même que ni l’un ni l’autre ne sont des homines sapientes ! Comme d’habitude, c’est à dire depuis très longtemps, les résultats de travaux obtenus chez l’animal doivent être regardés avec circonspection avant que d’être appliqués à l’homme selon un raisonnement fondé sur l’analogie. Néanmoins ils ont le mérite de donner des pistes de réflexion.