A la question de savoir s’il existe une vie extra terrestre, les mythes de tous les pays ont répondu par l’affirmative. N’en déplaise aux sceptiques une vie autre que terrestre a été imaginée depuis bien longtemps déjà, en particulier par un penseur présocratique Anaximandre qui osa l’hypothèse de la pluralité des mondes. Sept siècles av. J.-C, l’audace ne manquait pas à ce philosophe puisqu’il avait également postulé que la terre était suspendue sans support dans le ciel. K. Popper qualifia cette idée d’ “une des idées les plus audacieuses, les plus révolutionnaires, les plus prodigieuses de toute l’histoire de la pensée humaine“. et E. Renan en avait peut-être eu connaissance quand il introduisit le terme de “miracle grec“. Si pluralité des mondes il y a , l’hypothèse est loin d’être abandonnée même si la science s’appuie sur des concepts différents, l’homme est toujours à la recherche d’habitants extra terrestres et il ne peut s’empêcher de s’étonner de leur absence. Or absence ne signifie pas non existence, c’est pourquoi si on lit l’article Why have aliens never visited Earth? Scientists have a disturbing answer on a toute raison de s’inquiéter. Les auteurs s’appuient en effet sur un thème largement d’actualité, celui du modèle de croissance. Si Descartes envisage un contrôle de la nature, l’idée d’un progrès ne pouvant qu’être utile pour l’humanité prend naissance avec le siècle des lumières et s’accroit avec la scientifisation du XIXème portant l’idée que le salut réside dans la maitrise totale du futur. Il se pourrait néanmoins qu’existât une limite, un point de crise où bascule la demande d’énergie quand on la rapporte au degré d’innovation. Sans appeler de ses voeux la décroissance, il faudrait tendre vers un point d’homéostasie sans lequel la disparition de la civilisation considérée devient inéluctable ! Métis pas plus que Prométhée n’ont jamais dû être interrogés sur cette funeste fin mais il semble bien que l’équilibre du cosmos si chère aux anciens reste d’actualité.
Archive for mai, 2022
L’avenir n’est pas rose
mardi, mai 24th, 2022Grands fonds, grande taille !
vendredi, mai 13th, 2022“C’était un calmar de dimensions colossales, ayant huit mètres de longueur” Ainsi Aronnax relate-t-il sa rencontre à travers le hublot du Nautilus avec une créature géante des fonds marins. Le feuilleton, Vingt mille lieues sous les mers, parait entre 1869 et 1870. Les personnages confrontés aux mystères de la mer n’ont pas été choisis au hasard : le capitaine Nemo a fui une société qui l’a rejeté et Aronnax est un médecin spécialiste en zoologie. C’est la rencontre entre une nature sauvage et la curiosité scientifique. Mais ce n’est pas le XIXème siècle qui a inauguré la description d’animaux extraordinaires. Pline l’ancien, peut-être le plus cité, parle déjà du poulpe géant dans son Histoire naturelle au Ier siècle apr. J.-C. Vingt siècles plus tard, la question ne tourne plus autour de leur existence, Giant squid that washed up on a South African beach was ‘incredible to see’ mais autour de la question du pourquoi de leur taille, Why are there so many giants in the deep sea? Chez l’humain le gigantisme est à mettre en rapport avec le système endocrinien, hypophysaire plus fréquemment, ce qui n’est absolument pas le cas dans les eaux océaniques profondes et froides. On pourrait envisager deux possibilités. Premièrement à la manière de Bernardin de Saint Pierre, on adopte la vision téléologique : être plus volumineux pour mieux survivre. La seconde possibilité se situe à l’inverse de la première : être plus volumineux est la conséquence de… C’est alors que les facteurs en cause risquent de se multiplier, dont celui de la température et celui de la quantité d’oxygène dont dépend le métabolisme aérobie. Mais comme il est patent qu’existent des limites, il devient impératif de faire appel à des phénomènes de contrainte de croissance auxquels viendront s’ajouter des ruptures d’équilibre. Pourquoi se compliquer la vie quand le principe de finalité reste le plus simple !
Un paradoxe à moitié résolu est-il encore un paradoxe ?
mercredi, mai 4th, 2022Le paradoxe dit encore plus familièrement “casse tête” était déjà à l’honneur cinq siècles av. J.-C comme en témoigne l’habile dialecticien pré socratique, Zénon d’Elée qui, à son actif, en a proposé un certain nombre dont le plus connu peut-être est celui d’Achille et de la tortue. Le paradoxe dont il est question ici est du à un certain Richard PETO, statisticien et épidémiologiste anglais contemporain. Selon ce paradoxe l’incidence du cancer ne paraît pas être en corrélation avec le nombre de cellules de l’organisme. En effet il est logique de penser que premièrement : plus un organisme est de grande taille plus les cellules qui le constituent sont nombreuses, que deuxièmement : plus les cellules sont nombreuses, plus nombreuses seront les mutations responsables de cancers, que troisièmement : plus la durée de vie de l’organisme sera grand, plus les mutations auront de possibilités de se produire. Ce qui n’étant pas le cas est le paradoxe dont traite l’article, Ticking time bombs of DNA mutation may dictate when animals die. D’où il apert qu’Il ne peut donc être question “seulement” de la quantité des cellules de l’organisme considéré. Si les animaux de grande taille ont une durée de vie largement supérieure à celle des animaux de petite taille, et que le taux de mutations est le même c’est qu’il doit exister un rythme de survenue des dites mutations : à croissance lente, rythme lent, à croissance rapide, rythme rapide. D’où il s’en suit que la baleine n’aura pas plus de mutations génétiques que l’homme ! Il existerait donc une nouvelle horloge biologique qualifiée d’horloge mutationnelle. Les mutations se font à un rythme constant chez un individu mais à un autre rythme, tout aussi constant, chez un autre et pour tous leur taux diminue tout au long de la vie. Pas encore de conclusion à ce stade car trop peu de cellules ont à ce jour pu être étudiées, mais quid du déclenchement de l’horloge mutationnelle, quid du rapport entre mutations et vieillissement avec en supplément l’idée, plus ou moins cachée mais très ancienne, d’une action possible sur ce “naufrage”. Comme quoi un paradoxe à moitié résolu en posant de nouvelles questions garde toute sa jeunesse surtout quand il débouche sur une nouvelle échelle de temps des organismes vivants !
Biogenèse et abiogenèse
dimanche, mai 1st, 2022“Omnis cellula e cellula“, une fois la génération spontanée évincée reste ce problème épineux et non résolu de “l’oeuf ou de la poule”. Et donc il se pourrait bien que ne reste à envisager que trois possibilités, la vie “ex nihilo”, la vie “autochtone” au sens de la Grèce antique, la vie venue “d’ailleurs” comme dans un bon vieux roman d’anticipation. Si l’on est tenté d’abandonner l’apparition de la vie à partir du “rien”, ce qui ressemblerait à un tour de passe-passe, l’abiogenèse répond à l’apparition de la vie à partir de matière inorganique dite encore soupe “primitive” ou “primordiale” , ce qui laisse à entendre qu’un certain nombre de composés, dans une certaine proportion, se seraient organisés selon des lois physico-chimiques pour donner des éléments simples capables d’auto-replication allant vers une complexification secondaire. Une autre théorie, plus ancienne, qualifiée de panspermie, répond à une biogenèse venue de l’au delà. Aujourd’hui reprise, elle est sujet de recherche sans pourtant faire l’accord de tous (These meteorites contain all of the building blocks of DNA). Certains de éléments constitutifs de l’ADN et de l’ARN auraient été retrouvés dans des météorites dont la météorite Murchinson découverte en Australie en 1969. Mais attention, l’analyse est faite sur un matériau qui a été en contact avec la terre d’où l’idée qu’un transfert a pu se produire entre la météorite et son lieu d’atterrissage, ce qui pourrait être difficile à prouver : correspondance entre une proposition et un fait (K. Popper et la vérisimilitude) Quoiqu’il en soit, il reste que en ce qui concerne la biogénèse Omne vivum ex vivo, n’est pas la solution et que en ce qui concerne l’abiogenèse, on ne puisse trancher entre l’autochtonie ou l’allochtonie ! Mais maintenant que l’on a montré que la mitochondrie résultait de l’incorporation d’une α-protéobactérie dans une cellule hôte, il y a plusieurs milliards d’années, on peut accepter l’idée d’une “pré-vie” venue d’ailleurs !