Archive for mai, 2014

La bonne question ….

mardi, mai 27th, 2014

Aidez-moi (2)Pourquoi faut-il qu’au fur et à mesure des découvertes, on trouve de plus en plus fréquemment d’explications rationnelles aux sentences populaires anciennes ! En voici encore une concernant les meilleures méthodes à appliquer pour obtenir le fruit désiré d’une conception. (Female Pigs May Sense Sex of Sperm, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/40032/title/Female-Pigs-May-Sense-Sex-of-Sperm/). A l’évidence ce n’est pas la truie qui met en œuvre une méthode infaillible pour choisir le sexe de son porcelet, pourtant il semble bien qu’une partie d’elle même soit en mesure de différencier un spermatozoïde « X » d’un spermatozoïde « Y « ! Des expériences d’injections intra oviductes de l’un ou de l’autre  spermatozoïde (« X »/ »Y ») se traduit par une augmentation ou une diminution d’expression de certains gènes impliqués dans plusieurs systèmes parmi lesquels , le système immunitaire, endocrine et de signalisation  transductionnelle. Soixante % des gènes activés par un spermatozoïde Y sont impliqués dans le système immunitaire. A l’évidence l’oviducte n’est pas qu’une voie de passage ce dont on se doutait déjà. Bien que insuffisamment connues, certaines de ses sécrétions (DMBT1) ont un  effet bénéfique sur la fécondation (2012. Journées Recherche Porcine, 44, 273-274). Ce qui reste à déterminer c’est le type de signalisation en cause entre le spermatozoïde et l’oviducte. Ce qui est fascinant c’est que l’homme, confronté à la nature depuis son émergence se pose de bonnes questions, ainsi fit Socrate et le Ménon. Il commence par y répondre en se donnant le beau rôle, celui du « responsable », puis la technique aidant il doit reconnaître qu’il n’y est pas pour grand chose ! Il reste néanmoins un acteur principal puisqu’il sait poser les bonnes questions, et qu’il y répond de mieux en mieux.

Pour vivre heureux ….

dimanche, mai 25th, 2014

pilule-bonheur-ecstasy-80sComment faut-il comprendre l’adage selon lequel « Pour vivre heureux, vivons cachés » ? Jusqu’à récemment il était de bon ton de traiter cette question sur le mode philosophique en se posant la question de savoir comment atteindre le bonheur : en se refusant à tout ce qui n’est pas nécessaire selon Epicure, en atteignant la raison selon Aristote. Il est certain que celui qui reste caché diminue de facto les risques  de toutes rencontres quelles quelles soient. En ce qui concerne le domaine de la douleur,  la souris démontrerait qu’elle vit beaucoup mieux en l’absence de récepteurs TRPV1 ( No Pain, Big Gain, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/40050/title/No-Pain–Big-Gain/). Il s’agit de la famille des récepteurs TRP, impliqués dans les mécanismes nociceptifs, et il se trouve que ces récepteurs sont également impliqués dans certains types de métabolisme  comme celui de l’insuline. En allant plus loin,   les auteurs ont montré que chez la souris comme chez le C. elegans, il existait entre l’âge, l’insuline et la douleur des rapports tels que la suppression des récepteurs de la famille des TRP, se traduisait par une amélioration que l’on pourrait comparer à un rajeunissement dans le fonctionnement pancréatique vis à vis de l’insuline tout autant que dans le domaine des douleurs chroniques. Même si ces résultats sont convaincants chez un petit mammifère de laboratoire et chez un ver, la transposition à ‘homme n’est pas acquise, pourtant pour une certaine part, il peut être vrai que pour vivre heureux, il faut vivre caché !

Oh la menteuse !

mercredi, mai 21st, 2014

menteur1A l’heure de la transparence absolue, de la clarté aveuglante (empêchant du reste une bonne vision !), certaines mises au point sont de rigueur. Ainsi en est-il de celle que propose l’article, Unsinkable Evidence (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/39761/title/Unsinkable-Evidence/). C’est lors de son voyage inaugural que le Titanic, fruit de la technique de ce début du XX° siècle (1909-1912), coula après avoir heurté un iceberg. Ce naufrage fut un drame,  non seulement, bien sûr,  pour les voyageurs comme pour le personnel, mais aussi au regard de l’idée que l’on se faisait de la science à cette époque. Ayant bénéficié des plus récentes avancées dans le domaine de l’aciérie, même s’il n’a été réputé d’insubmersible que plus tard (alors qu’il ne l’avait manifestement pas été !), ce paquebot bénéficiait d’un préjugé favorable en raison des deux assertions suivantes : la science et la vérité cheminent de concert, le progrès technique s’inscrit dans la maitrise  d’un avenir considéré comme nécessairement favorable, autant d’idées héritées du XIX° siècle. Même s’il s’agit là d’un véritable espace de discussions, ce n’est pas le propos de l’article qui lui aborde un autre sujet celui d’un mensonge historique. La science est enfin en mesure de poursuivre certains types de menteurs grâce à un test génétique et dans le cas particulier à partir de l’étude de l’ADN mitochondrial. Ainsi que le fait remarquer ­Michael Baird  » There’s history in DNA, and if you can unlock that history, you can find some very powerful answers ». Si le miroir magique de la marâtre de Blanche Neige était d’une fiabilité totale, le nez de Pinocchio assez efficace,  le détecteur de mensonges l’était beaucoup moins. Il ne reste donc plus qu’à être certain du laboratoire qui pratique les tests ce qui n’est pas forcément acquis comme le démontre la chute de l’article cité!

Cronos

mardi, mai 20th, 2014

CronosEst-ce que l’on saurait enfin la vraie raison pour laquelle Cronos mangeait ses enfants en dehors de celle racontant qu’il fut averti  par ses parents qu’il devait se méfier de l’un d’entre eux. L’hérédité était lourde, puisqu’il suivait en cela la conduite de son père Ouranos qu’il émascula dans un deuxième temps avec la complicité de sa mère Gaïa.  Il se pourrait que la réputation du roi des Titans puisse être lavée grâce aux explications fournies par l’article  The Infanticidal-to-Paternal Switch (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/39980/title/The-Infanticidal-to-Paternal-Switch/), article selon lequel sa faute pourrait être imputée  à certains neurones que l’on vient enfin d’identifier. Ce qui mérite d’être noter, c’est que cette tendance à tuer sa progéniture n’intervient chez le rat, que dans un deuxième temps. En cause, l’appareil voméronasal, faisant partie de l’organe de Jacobson et spécialisé dans la réception des hormones sexuelles. L’étude de fratries de souris dépourvues de cet organe montre des comportements sociétaux inversés en ce qui concerne les attitudes qualifiées de mâle ou de femelle, vis à vis d’un(e) congénère, et vis à vis des nouveaux nés. Les neurones spécifiques impliqués seraient situés dans les noyaux de l’aire préoptique médiane. Ces neurones sont en effet particulièrement actifs lors de l’activité de soins que l’un ou l’autre des parents donne à leur progéniture. Des souris Knock-out pour la galanine, exprimée par ces neurones, perdent leur comportement parental, tandis que l’activation des mêmes neurones transforme les mâles tueurs en papa « gâteaux » ! Or ces neurones existent de façon identique dans l’un et l’autre des deux sexes ! Ce qui revient donc à se poser la question de savoir par quel mécanisme, sur quel bouton faut-il appuyer pour modifier l’activité d’un circuit neuronal ? Serait-ce ce bouton auquel est attribué ce que l’on qualifie d’instinct maternel ? Ce qui est bon de ne pas oublier néanmoins, c’est que ce bouton, si tant est qu’il existe réellement, semble être également sensible aux contraintes sociétales chez l’homme, l’instinct maternel variant largement avec les époques !

Rêver tout éveillé

lundi, mai 19th, 2014

Chagall_Temple_and_History_of_Bacchus_Daphnis_and_Chloe-623x350Chacun connaît l’expression familière « rêver tout debout » ou mieux certainement « rêver tout éveillé« . Aujourd’hui une fois encore, la vulgate se trouve parfaitement vérifiée. En effet  rien n’est plus vrai que cette expression comme en témoigne l’article, Controlling Self-Awareness During Sleep (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/39939/title/Controlling-Self-Awareness-During-Sleep/). Dénommé aussi petite mort, le sommeil est un état physiologique singulier, qui depuis longtemps intrigue tout observateur qu’il s’agisse de l’homme ou de l’animal. Il a en particulier été largement étudié en son temps chez le chat, dont le rythme veille/sommeil penche largement vers le deuxième terme de la proposition. L’étude du sommeil a bénéficié de la technique électroencéphalographique et d’un neurophysiologiste français, Michel Jouvet, qui étudia puis décrivit les différentes phases du sommeil faisant correspondre état et activité électroencéphalographique selon quatre stades parmi lesquels le fameux sommeil paradoxal concomitant, classiquement, de la période rêves  (phase des mouvements oculaires rapides). Au début de l’endormissement, a également été décrite la période dite hypnagogique (mouvements, hallucinations). Le plus fréquemment le sujet qui rêve n’a pas conscience de l’état dans lequel il se trouve, mais il peut se faire que cette conscience du rêve existe et que le sujet puisse même influer sur le déroulement de celui-ci ! Vrai, faux, la question pouvait se poser jusqu’à ce que l’expérience soit réalisée et concluante. C’est exactement le sujet de l’article cité. Il ne suffit que d’une stimulation entre 25 et 50 Hz par voie transcraniale dans les zones du lobe frontal et du lobe temporal pour reproduire chez des sujets ayant déjà expérimenté spontanément cette situation, une situation comparable et parfaitement artificielle.  Probablement il y a t-il un intérêt thérapeutique à cette procédure dans les états hallucinatoires  par exemple. Par contre ce que l’on ne sait pas encore, c’est s’il peut exister, à long terme, un effet délétère de ce type de stimulation. Il faudrait encore choisir entre l’action et le principe de précaution sauf si l’on souvient (funeste mémoire), des suites des séances d’électrochocs ou des cures de Sakel !

Un vrai réseau social ?

dimanche, mai 18th, 2014

1216MAG_BOTN_Peop_connectomeFaire partie d’un  réseau social semble être devenu  une obligation sociétale à laquelle il serait particulièrement inopportun de déroger. Telle la mode vestimentaire qui permet aux individus de se reconnaître comme appartenant à une même classe sociale, le réseau (du même nom) permettrait de se retrouver, non pas dans la rue, mais dans le secret de l’espace dans lequel on se trouve, car pianoter sur son clavier avec un vis à vis ne modifie pas le problème : celui d’un échange sans échange ! En effet de quel échange s’agit-il ? D’une information qui va de personnes à personnes mais sans construire pour autant un édifice au sein duquel chacun pourrait retrouver plus qu’il n’ y a mis. C’est pourquoi quand on rencontre un vrai lieu de partage, il est bon d’en parler comme celui qui est cité dans l’article : Extra Eyeballs on the Eye (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/39898/title/Extra-Eyeballs-on-the-Eye/). Après quoi, rien n’empêche d’aller se connecter sur l ‘article EyeWire ( http://en.wikipedia.org/wiki/EyeWirede Wikipédia pour prendre connaissance du sujet et de son concepteur, puis enfin pour terminer en beauté  sur Games for Science (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/33843/title/Game-On/). S’ouvre alors au lecteur un nouveau monde alliant efficacement jeu et recherche, un réseau d’un nouveau genre, car intelligent et dont le but est l’acquisition de résultats dont les chercheurs feront des données de connaissance pour tous et dans des domaines aussi différents que la cartographie des connexions intra rétiniennes, les différentes structures tridimensionnelles des protéines, pour résumer,  la biologie et l’informatique en général. Comme l’annonce le sous titre de l’article «  Scientists are using video games to tap the collective intelligence of people around the world, while doctors and educators are turning to games to treat and teach« . Pour ne pas mourir idiot en nourrissant un réseau social qui ne sert vraiment à rien ni à personne, il suffirait peut-être de choisir des  réseaux plus élaborés tel  EyeWire ou Foldit (par exemple)  !

Alien, vous avez dit Alien ?

lundi, mai 12th, 2014

edipo1Quelque soit l’autre, il est nécessairement  à l’image de ce que connaît l’homme, ce qui fait que, quelque soit ce qu’il tente de représenter, il ne prendra jamais en compte que ce qui lui est connu. Ainsi peut-il faire des mélanges à l’infini,  l’individu construit n’aura rien de singulier. Heureusement, on va enfin pouvoir faire mieux comme le laisse à penser l’article de Nature : First life with ‘alien’ DNA (  Augmenting the Genetic Alphabet, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/39913/title/Augmenting-the-Genetic-Alphabet/ ). On sait que la vie s’écrit depuis toujours en utilisant un alphabet de quatre lettres A, G, U, T, ce que J. Monod a qualifié d‘invariant fondamental   et  » …  qui fait que la cellule moderne existe depuis deux à trois milliards d’années … »( Le hasard et la nécessité, ed. du Seuil, 1970), mais aujourd’hui la recherche a réussi à créer un ADN artificiel qu’une cellule vivante est capable de reproduire. Avec une nouvelle base, une liaison qui peut être hydrophobe et un triphosphate, le plasmide injecté permettra à E. Coli de fabriquer de nouvelles protéines. Que seront les étapes suivantes, un nouvel ARN messager pour un nouvel ARN de transfert.  S’agit-il de donner ainsi un coup de jeunesse à une si vieille cellule ou plutôt de modifier les directions dans lesquelles elle était engagée depuis si longtemps ? Ce qui est certain c’est qu’un nouveau de type chimère est en marche puisque l’on va pouvoir réaliser de nouvelles protéines dans lesquelles vont coexister des acides aminés naturels à côté d’acides aminés artificiels. La caille -poulet chimère de Mme Le Douarin a tracé la voie, chimères du monde entier unissez-vous pour un monde meilleur !

Surtout ne rien oublier !

mercredi, mai 7th, 2014

bioengineering-body-partsOn pourrait imaginer que construire un organe est aujourd’hui devenu simple pour celui qui possède chez lui une imprimante 3D, avec le support adéquat. Mais lorsqu’il s’agit d’un organe in toto la complexité tient au fait que sa survie et son fonctionnement nécessitent plus que le tissu qui le caractérise. Un peu de tissu conjonctif, une vascularisation et une innervation ne seront pas de trop  pour transformer ce qui n’aurait de l’organe construit que le nom. Si les greffes d’organe n’ont pas ce problème, elles  se caractérisent par leurs pouvoirs antigéniques que ne manifesterait pas l’organe construit mais qui lui pêcherait par son défaut de vascularisation. Entre les deux se situent peut-être les cellules souches appartenant au sujet lui-même. Comme la première option n’est pas encore totalement maitrisée, que la deuxième se heurte au manque de donneurs, la troisième pourrait bien constituer plus qu’une voie de secours.  Le problème qui reste entier concerne la vascularisation qu’il faut s’appliquer à savoir reproduire. Dans l’exemple choisi, si des cardiomyocytes sont capables de se contracter spontanément, il est indispensable de leur fournir, pour survivre, un réseau vasculaire leur apportant les nutriments et éliminant les déchets. Ce système vasculaire est complexe et pour le reproduire, il est indispensable de comprendre comment il se forme. C’est ce sujet qu’aborde l’auteur de l’article : Building Flesh and Blood (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/39796/title/Building-Flesh-and-Blood/ ). L’intérêt de l’article est double : suivre les différentes étapes de la démarche choisie et prendre de nouveau conscience de la richesse des différents facteurs indispensables à la mise en place du normal. Ce qui est également fascinant, c’est de constater que les résultats actuels sont redevables d’acquisitions très antérieures, mais toujours d’actualité. Un premier exemple, le péricyte, dénommé cellule rameuss de Rouget, décrit chez les jeunes têtards d’amphibiens (1873), un deuxième toujours chez l’amphibien, la notion que les capillaires peuvent prendre naissance aussi à partir d’éléments du stroma conjonctif (1928) , un troisième faisant état de l’intimité constante entre terminaison nerveuse et capillaire. Il convient donc de rayer à jamais l’expression selon laquelle »  on ne fait pas du neuf avec du vieux ! « 

Du nouveau à propos du beau ?

dimanche, mai 4th, 2014

tumblr_m7y2axxz731qghk7bo1_1280Le beau comme harmonie, le beau comme sensible, le beau comme nature, le beau comme construit, sans oublier le beau comme vrai,  les  « beaux » sont multiples et le fait que toutes ses qualités ne puissent être dénombrées explique qu’ il n’existe toujours aucune définition satisfaisante. Quoiqu’il en soit, ce dont on peut être sur, c’est que l’on parle du sentiment du beau comme d’un ressenti d’accord entre le sensible comme le vu, le senti, l’entendu et la personnalité du sujet impliqué. Si l’on a tout mis en œuvre pour trouver les centres anatomiques des  cinq sens, et avec plus de difficulté encore les différents centres de la mémoire, peut-on imaginer chercher un centre de l’esthétique !!! C’est la raison pour laquelle il convient de se précipiter sur l’article Neuroaesthetics  (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/39802/title/Neuroaesthetics/) que fait paraître The Scientist de ce mois. Il est particulièrement ardu d’en résumer les propos, mais il faut néanmoins s’attarder sur l’intérêt de la démarche qui tient à la fois du qualitatif et du quantitatif et qui ose aborder un thème où se mêle essentiellement deux visions, celle de la neurophysiologie et celle de la philosophie. L’article traite essentiellement de l’esthétique  dans le monde visuel et utilise, en les comparant, le normal et certaines pathologies cérébrales. Il se trouve alors qu’à des lésions topographiquement définies correspondent des modifications du comportement pictural du sujet. De même la vision de certaines représentations ne vont-elles pas s’inscrire dans les mêmes zones. Ainsi l’homme applique-t-il au domaine de l’esthétique sa quête universelle/ intemporelle/compulsive de classification. La raison, encore et toujours la raison, en dehors de laquelle, il semble bien, qu’il n’y ait toujours pas de salut ! Une dernière question se pose : que se passera-t-il quand on connaîtra le centre de l’esthétique ?