Archive for janvier, 2017

Chimère, qu’es-tu devenue ?

mardi, janvier 31st, 2017

Des deux définitions suivantes quelle est celle qui convient le mieux à la chimère du XXI° siècle : figure imaginaire, malfaisante représentant un animal fabuleux à buste de lion, ventre de chèvre, queue de serpent, ou bien, projet vain, impossible ? Sans aucune discussion le choix ne peut se porter que sur la première car la seconde ne peut plus être défendue. Sans oublier que la malfaisance peut être retenue par ceux qui s’attachent au versant éthique de ces constructions. Quoiqu’il en soit voici la dernière version concernant ces assemblages que la nature (jusqu’à présent !) s’est interdite : Scientists Create First Human-Pig Chimeric Embryos (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/48200/title/Scientists-Create-First-Human-Pig-Chimeric-Embryos/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=41473371&_hsenc=p2ANqtz-_mP4Vhw43g10MDcwg4l9wa6NR3Y9LlBZwpbE_vadUvK_LyuLnHEp_KcN-wgl8SQxjanj4lss0HK3ZpWhdF0PVikJLXuw&_hsmi=41473371). Une première étape avait déjà été franchie en 2010 avec la création d’une chimère “souris/rat” où la souris possédait un pancréas provenant de cellules souches pluripotentes de rat. Si ces manipulations sont porteuses de nombreuses interrogations il est illusoire d’imaginer que les dites manipulations auraient pu ne pas voir le jour. Si l’on démonte un objet c’est aussi pour pouvoir le remonter quand on en connaît les pièces. Le problème ne provient donc que de ce que le sujet vivant a été réifié. Mais cette étape peut elle-même s’effacer au regard de deux buts, qui se distinguent d’une façon un peu inattendue. Le premier, que l’on pourrait qualifié de direct, concerne des possibilités augmentées de greffes (chez l’homme) à visée réparatrice. Mais dans la mesure où ce but ne justifierait pas la construction d’une chimère homme/animal, on peut aussi envisager une étape antérieure où la chimère ne serait pas implantée mais deviendrait le socle d’études sur des anomalies du développement. Donc quelque soit le choix, l’imaginaire n’a plus d’existence et la construction s’est parfaitement intégrée à la démarche expérimentale, et c’est là où se dissimule la vraie question !

 

Au feu, la maison brûle !

lundi, janvier 30th, 2017

Un homme averti en vaut deux est devenu (à l’évidence) la devise préférée des amoureux du principe de précaution tout comme celle des professeurs de l’heuristique de la peur. Tandis qu’il serait peut-être bon de dépassionner le débat en le rationalisant ce n’est pas forcément l’attitude choisie par des acteurs en pointe dans la biotechnologie (Opinion: Preparing for Potential Disasters, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/48189/title/Opinion–Preparing-for-Potential-Disasters/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=41394104&_hsenc=p2ANqtz–eZzMP0RrfDZEzYzf38h6S0PSIuWV2soLkkLNJz3jjKpM-vSfwOu0H3FRA8oJF_FzWxskhy2NwjMh1A0z4LVAdXuERNQ&_hsmi=41394104/). La lecture de l’article aurait de quoi faire peur et on peut/doit se poser la question de savoir si la meilleure attitude est vraiment de “mettre de l’huile sur le feu” tant les adversaires des biotechnologies sont vent debout ; le feu ayant été mis aux poudres grâce à ce néologisme qui fait flores, le transhumanisme. Donc avoir peur, c’est bien, avoir deux fois peur, c’est encore mieux ….. car être une fois averti, c’est bien, l’être deux fois c’est aussi beaucoup mieux. Et tandis que l’on se pose des questions sur la dangerosité des nanothechonologies, questions nécessairement non encore résolues, voilà qu’il devient déjà indispensable de mettre sur pied des équipes d’urgence pour pallier à tout dégât en cas d’apocalypse ! Un Principe de précaution à la puissance deux ou la confirmation de l’idée selon laquelle le progrès ne peut s’inscrire que dans un avenir bien sombre !

Faire confiance ?

lundi, janvier 23rd, 2017

S’il est certain que la notion de confiance implique un certain sentiment de sécurité, il n’en est pas moins vrai que la confiance n’est pas synonyme de foi mais plutôt d’une croyance raisonnée si tant est que croyance et rationalité puissent cheminer sereinement de concert ! Si la croyance en un progrès conquérant s’associe à l’ordre pour le bien de l’humanité et celui des positivistes, ce n’est plus aujourd’hui la vision dominante d’une société écartelée entre sa quête d’un absolu de vérité, une demande de preuves incontestables et une méfiance totale à l’égard de ces deux demandes ! Parce que l’information est devenue un monde d’une complexité telle que l’on s’y perd plutôt que de s’y retrouver, parce qu’il vaudrait mieux trancher le nœud du timon du char du roi Gordias que de tirer sur le fil d’Ariane, des voix s’élèvent pour inviter les scientifiques à parler un langage compréhensible (Give the public the tools to trust scientists, http://www.nature.com/news/give-the-public-the-tools-to-trust-scientists-1.21307?WT.ec_id=NATURE-20170119&spMailingID=53225513&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1083504884&spReportId=MTA4MzUwNDg4NAS2). Cette proposition ne date pas d’aujourd’hui et montre que la voie du progrès n’est pas pavée de roses, et n’étant pas accessible à tous risque de créer plus de dégâts   qu’elle ne génère de bienfaits, d’où l’indissociabilité de l’explication et de la compréhension. Mais comment parvenir au raisonnement droit quand s’entrechoquent les publications sans comité de lecture, les communications sans discussions, les expériences non reproductibles, les procès pour falsification ! Quelles sont réellement les raisons pour lesquelles la communauté scientifique tend à accepter les articles en “preprint” (Do Preprints Belong in Grant Applications?, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/47946/title/Do-Preprints-Belong-in-Grant-Applications-/&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=40705839&_hsenc=p2ANqtz-8gl_WPlPJXyywSzabvEbnnqmaoudI_JyiM-HMl83A6-r0cxxcClkyl_cChfXiFLRa7rfWeHlJa_Y-mpc_RJTvgj5Vpcg&_hsmi=40705839, Journals Seek Out Preprints, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/48068/title/Journals-Seek-Out-Preprints/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=40954962&_hsenc=p2ANqtz–ggAFaiJR8L86pXFvA4i-Bn-_h3Jl2bVR7PupZmeL5chBpUL8-ee3spV0ocekWNo88pAphC2e7Nzp1TdlcIX7_TIb-iQ&_hsmi=40954962, ). Est-ce vraiment l’avenir du jeune chercheur qui est en cause, l’accession des pays en développement à la connaissance pour des raisons économiques …. Les questions sont multiples, les réponses inconnues et la méfiance règne en maitre !

Intentionnalité ?

dimanche, janvier 22nd, 2017

Si l’article Scientists Identify a Viral Communication System (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/48093/title/Scientists-Identify-a-Viral-Communication-System/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=41033404&_hsenc=p2ANqtz–V8GDj3jdQMp8Mqoe8ufodrWrQPwlVW17BAXzJu_rPaIoMwtjCiiX5V8BhuRgruzSVAaOKhcDK4tg-6p7FC1onvoXh_w&_hsmi=41033404) ne prête pas particulièrement à sourire il s’en dégage pourtant une curieuse impression ! N’y apprend-on pas en effet qu’un système de communication à l’échelle moléculaire/virale vient d’être découvert !  Si le lecteur se dit “Pourquoi pas ” il aura certainement tendance à poursuivre sa lecture, d’autant que le lecteur du Thescientist est nécessairement un lecteur curieux … Il continue donc sa lecture et apprend que le virus peut choisir entre infecter son hôte ou le tuer ! Le virus est donc doué d’une intentionnalité, ce que certains (très) anciens infectiologues expliquaient déjà de la façon suivante : le germe n’a pas intérêt à tuer son hôte ce qui signerait par la même sa propre mort ! On peut rester admiratif devant cet anthropomorphisme toujours aussi conquérant. Il n’est certes pas facile de trouver des mots dépourvus de signification humaniste à moins que d’en inventer ! Pourtant il faudrait peut-être éviter de faire sourire quand le monde est entré dans  l’ère des complots et des contre  vérités.

Paroles, paroles …

dimanche, janvier 15th, 2017

Oiseaux et jeunes enfants gazouillent ensemble, primates non hominidés de la famille Cercopithecidae, genre Papio papio partagent avec l’Homo sapiens la prononciation de certaines voyelles [ɨ æ ɑ ɔ u] (Baboons Can Make Sounds Found in Human Speech, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/47991/title/Baboons-Can-Make-Sounds-Found-in-Human-Speech/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=40605886&_hsenc=p2ANqtz-8KWakI8FyfvDAXclP0GsHtNGddMJZiuQRtyFQbaGIHSQ7aQCRxFDONd6euBpsq1wU9Iy-JF8o7S1rCa5_d_F7m7-xRqg&_hsmi=40605886, en version courte; Evidence of a Vocalic Proto-System in the Baboon (Papio papio) Suggests Pre-Hominin Speech Precursors, http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0169321, en version longue). Que l’on soit bien d’accord, prononcer des voyelles n’est pas l’expression d’un langage signifiant : c’est de l’acoustique pas de la linguistique ! Il s’agit pourtant d’une découverte qui prend toute son importance dans l’étude de l’origine (et de l’évolution) du langage des hominidés qui ferait alors un saut de vingt cinq millions d’années en arrière !  La théorie jusqu’alors retenue mettait en rapport formation de certains sons et anatomie en insistant particulièrement sur l’indispensable position basse du larynx. A la lecture de l’article, une remarque pertinente sur les voyelles émises par les tous jeunes enfants dont le larynx n’a pas encore migré fait réfléchir sur le trop lourd immobilisme des idées reçues et reprises. On n’insistera donc jamais assez sur le bien fondé de l’esprit critique : hors du doute point de salut !

“Que d’eau, que d’eau”

mercredi, janvier 11th, 2017

Pourquoi la planète bleue ? Plus de 70% de la surface terrestre sont couverts d’eau salée, les continents et les îles représentant donc moins de 30%, ainsi depuis l’espace la planète terre mérite-t-elle bien son épithète de bleue. Si la plus ancienne carte géographique pourrait être datée du VI° siècle av JC, et si le concept d’une terre ronde date à peu près de la même époque, la partie liquide reste mal connue parce que mal explorée. Avec l’amélioration constante de la maitrise des flots, la mer va pouvoir prendre toute son importance et les cartes à venir lui feront la part belle.  L’aujourd’hui écologique ne peut donc pas s’abstraire d’un regard qui lui soit particulièrement dédié probablement en grande partie grâce au développement de la biologie marine. Ainsi les préoccupations concernant l’avenir de la partie liquide de la planète terre ont progressivement pris toute leur importance surtout au regard de la réserve nutritive que constitue l’ensemble de l’élément liquide. C’est en 1931 que Victor Ernest Shelford instaure le concept du biome, terrestre à cette époque : entité écologique et unité biogéographique que constituent la formation végétale et la formation animale qui lui correspond (Qu’est-ce qu’un Biome? http://acces.ens-lyon.fr/acces/terre/paleo/paleobiomes/comprendre/quest-ce-quun-biome). Puis en 1998, survient son adaptation par Alan R. Longhurst  (Ecological Geography of the Sea“, réédité à plusieurs reprises depuis) qui met en place le biome aquatique divisé en milieu dulcicole (eau douce) et marin. Mais la préservation de la biodiversité et in fine des réserves de ce milieu constituent un enjeu qui ne peut souffrir l’approximation. Et c’est là que les techniques les plus récentes  trouvent leur plein emploi. Quoi de mieux qu’une représentation 3D pour rajeunir la cartographie marine (3D ocean map tracks ecosystems in unprecedented detail, http://www.nature.com/news/3d-ocean-map-tracks-ecosystems-in-unprecedented-detail-1.21240?WT.ec_id=NATURE-20170105&spMailingID=53127731&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1080713024&spReportId=MTA4MDcxMzAyNAS2). Il n’y aura plus qu’à savoir ce que l’on cherche pour savoir où le trouver !

Attention : danger

mercredi, janvier 4th, 2017

L’effet thérapeutique consiste en l’action efficace dans la lutte contre les maladies permettant guérison et/ou prévention : le médicament en constitue un support incontournable. La découverte d’une nouvelle molécule est une première marche sur le long, difficile et onéreux chemin qu’il faudra emprunter pour pouvoir prétendre atteindre ce but. Cher par le coût qu’il représente, cher par ce que la dite molécule peut rapporter. Le coût prend en compte différentes étapes parmi lesquelles la mise au point de la molécule et les tests qui s’en suivent : phase préclinique, essais de phase 1, 2 et 3 qui vont de l’étude de la tolérance jusqu’à la mise en évidence d’un intérêt clinique réel et qui voient les échantillons étudiés de taille progressivement croissante. Le rapport économique prend en compte la reconnaissance de la propriété intellectuelle que traduit le brevet précédant l’exploitation commerciale. Mais au bout d’un certain temps (10 à 15 ans), le brevet tombe dans le domaine public, ce qui rend possible la copie de la molécule originelle et la mise en place de cette classe de médicaments appelés génériques dont le coût supporté par le laboratoire (tests simplifiés), le consommateur et le système de santé s’avère moindre. Si la presse a rapporté l’existence d’effets délétères de certaines molécules dévoyées de leur utilisation première, il n’en reste pas moins vrai que l’inverse est vrai même s’il en est moins parlé. Parce qu’il a été découvert “par hasard” des effets bénéfiques inattendus de molécules connues et que conjointement on est en droit de penser que leur utilisation serait moins onéreuse que la recherche et la mise au point de nouvelles molécules, pourquoi ne pas enfin tordre le cou à l’expression “on ne fait pas du neuf avec du vieux” … C’est la raison pour laquelle il est loin d’être inutile de lire l’article Repurposing Existing Drugs for New Indications (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/47744/title/Repurposing-Existing-Drugs-for-New-Indications/&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=39908481&_hsenc=p2ANqtz-9ajS7hPs5I4QPCXHFyYlyMHRBuxCkKGZSmDO_ZrOnF54K9grEF17KmtglidbkWiFM5f3uGsX2GXEn7-2vh8kIWDvscSA&_hsmi=39908481). On est heureux d’y apprendre qu’il existe déjà des organismes qui colligent des connaissances utiles à ces reconversions mais on tremble à l’idée que l’industrie pharmaceutique pourrait  se mettre en travers pour des raisons bassement économiques les concernant …

Une cervelle d’oiseau, vraiment ?

dimanche, janvier 1st, 2017

Ce n’est plus un mystère pour personne, le genre oiseau est tout sauf dépourvu de cervelle ! D’où lui vient donc ce qualificatif ? Probablement de la taille de l’organe incriminé quand on imaginait encore une proportionnalité entre le contenant et le continu. L’épithète crâne de piaf n’est pas plus laudateur, l’étourneau pas plus que la linotte ne sont pas connus pour être plus étourdis que d’autres ! Héra seule avait pensé à orner le paon des yeux d’Argos. Heureusement la gente aviaire se réapproprie progressivement les capacités qu’on lui avait déniées. Aujourd’hui c’est de leur mémoire dont il est question (Opinion: A Tale of Two Hémisphères, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/47816/title/Opinion–A-Tale-of-Two-Hemispheres/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=39616948&_hsenc=p2ANqtz–u7K7JSZstwNxq5QkOfBbMWixtvs4QtwioYgyWaOxxLO-u1uq4tsrWMkR915jOsrw75BCNWzistBQvJBYX5eSGpTICng&_hsmi=39616948) en particulier de celle du Cassenoix d’Amérique, un passereau de la famille des corvidés dont on sait par ailleurs que ces derniers sont capables d’attribuer une fonction d’outil à un objet déterminé. Dans le cas du Nucifraga columbiana, ce qui est sujet d’admiration c’est sa capacité à se souvenir des caches dans lesquelles il a déposé ses réserves pour les temps de disette. Cette mémoire serait à mettre en relation avec une augmentation du volume de l’hippocampe (structure impliquée dans la mémorisation) mais sans contrepartie : sous entendu, une autre structure n’en pâtirait pas. De là, comme un vrai saut dans l’espace ….. surgit la liaison avec l’humain par le biais du syndrome du savant qui lui-même entretiendrait certains rapports avec  l’autisme ! Le doute plane néanmoins sur l’existence de ces deux pathologies décrites chez l’homme mais de diagnostic plus difficile chez les corvidés pour ne prendre que leur exemple. Lorsque l’on affirme que les scientifiques doivent jouer un rôle didactique important pour que s’établissent des rapports mutuels de compréhension entre eux et l’homo simplex on est en droit de se demander à qui est destiné ce genre d’article !