Mnémosyne, fille d’Ouranos et de Gaïa, aimée de Zeus, mère des neuf muses, déesse de la mémoire, n’aurait en fait rien à voir avec cette faculté qu’est la mémoire que se partage largement les acteurs du règne du vivant. S’il faut manger pour vivre et non vivre pour manger, pourquoi donc faut-il se souvenir ? On peut imaginer que se rappeler de bons souvenirs serait bon pour la santé, mais alors qu’en serait-il des mauvais ? En fait il semble que cette faculté de mémorisation soit indispensable à une adaptation à la vie en société. Il s’agirait d’une fonction d’apprentissage en vue d’une gestion adaptée aux péripéties de la vie. L’expérience a largement prouvé que certains faits ne sont mémorisés qu’a partir d’un certain âge, que d’autres disparaissent, mais que certaines circonstances peuvent en faire réapparaitre. Ainsi rien n’est-il simple dans cette faculté. Le mystère s’épaissit-il ou bien est-il en cours de résolution ? Selon ‘l’article The Brain Creates Three Copies for a Single Memory, New Study Reveals (https://www.labmanager.com/the-brain-creates-three-copies-for-a-single-memory-new-study-reveals-32695?), il existerait plusieurs copies d’un même souvenir encodé dans des neurones différents au cours du développement embryonnaire : des neurones précoces, des neurones tardifs avec pour les premiers la possibilité d’une réactivation ! Il ne s’agit donc pas d’un simple archivage dans une bibliothèque poussiéreuse mais d’un fond dynamique dans lequel les informations vont changer de place au fur et à mesure où le demandeur en aura besoin !
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Ni une ni deux
vendredi, août 23rd, 2024De quelle mémoire s’agit-il ?
dimanche, octobre 9th, 2022Il y a le mémoire, les mémoires, la mémoire …, c’est un terme qui devrait plaire à la société d’aujourd’hui puisque son genre est variable, masculin ou féminin de même que le nombre qui s’y rattache, singulier ou pluriel. Par ailleurs ce substantif, est d’autant plus singulier que même uniquement au féminin, il peut s’agir de différents types de mémoire. Le premier qui vient à l’esprit est celui qui concerne cette merveilleuse faculté de réminiscence, elle même riche de toutes les ressources sensorielles visuelle, tactile etc.. qui peuvent à leur tour être agréables ou désagréables. On pourrait presque à l’infini multiplier ce que l’homme peut mémoriser d’autant plus que cette capacité s’inscrit dans le temps, et que la mémoire est dite à court ou long terme. Il n’est donc pas étonnant qu’il s’agisse d’un sujet que l’on n’est pas près de connaître dans sa totalité. L’article dont il est question s’interroge sur un versant particulier de la mémoire : Is it possible to avoid unwanted thoughts? Les pensées dont on dit qu’elles traversent l’esprit sont en fait des instantanés d’évènements antérieurs qui ont laissé leurs traces, bonnes ou mauvaises et qui réapparaissent à l’occasion d’une situation ayant sens. Serait-il possible d’effacer celles d’entre elles qui impactent l’émotivité de celui qui la subit ? Un tel effacement se traduirait en fait par un renforcement de la pensée indésirable qui deviendrait alors “très indésirable” ! La conclusion s’impose : il faut savoir gérer consciemment ces pensées inconscientes !
C’est quoi le mieux ?
vendredi, septembre 9th, 2022Deux nouvelles possibilités à expérimenter si l’on veut vivre plus dangereusement mais sans pour autant adopter un masque de réalité virtuelle. Si l’on veut “doper” ses capacités mémorielles, on peut dors et déjà faire appel à l’utilisation du courant électrique (Electrically Zapping Specific Brain Regions Can Boost Memory). Cette technique pourrait à certains, parmi les plus anciens, rappeler de mauvais souvenirs (sans jeu de mot) car ils ne peuvent avoir oublié la technique de l’électro choc pratiquée dans certaines circonstances en psychiatrie. Méthode “barbare” dont on ne connaissait pas le mode d’action et dont les résultats peuvent toujours être considérés comme variables ! La différence avec la méthode utilisée est le choix de la zone stimulée et la fréquence parfaitement définie. Mais si contrairement à la sismothérapie, les résultats sont convaincants on ne sait rien du/des processus responsable(s). On peut également jouer à se faire peur (How Fear Restructures the Mouse Brain) et là, ô miracle, la capacité de stockage des informations augmentent, mais attention, il ne s’agit encore que de la souris ! Quoiqu’il en soit, a condition de préciser exactement de quelle mémoire il s’agit, ce qui est indispensable, il existerait deux techniques pour agir sur les capacités mémorielles : une stimulation électrique, mais pas n’importe laquelle ou bien une mise en situation de peur, mais peut-être pas non plus n’importe laquelle ! Le choix va s’avérer cornélien !
Où il est encore question de codage
mardi, avril 19th, 2022Coder : Rédiger ou transcrire un document, une information, en appliquant les équivalences d’un code de transcription. Coder une dépêche, un texte. Un télégramme, un message codé (dictionnaire de l’Académie Française)
Codage : Action de mettre en code des informations en vue de leur traitement ou de leur transmission (dictionnaire de l’Académie Française)
La “boîte noire”, celle dont les neurophysiologistes, les psychologues et les philosophes aimeraient bien connaître le fonctionnement depuis ….., la boîte noire, parce que peu d’éléments concernant les fonction supérieures ne sont réellement connus. Dans une vision mécaniste il a été tentant d’attribuer à chacune des fonctions un emplacement précis, ce qui fut profitable à la description des aires motrices ou des aires sensorielles. Mais les fonctions dites supérieurs, comme le discernement, l’apprentissage, ne peuvent être localisées avec précision. Parmi les fonctions cognitives, la mémoire occupe une large place parce qu’il existe à l’évidence plusieurs types de mémoire. On a été assez récemment tenté d’interpréter l’oubli volontaire freudien par la mise en évidence d’un zone repérable en IRM, tandis que plus tôt H. Bergson, à la suite de l’ensemble des travaux portant sur des syndromes d’aphasies sensorielles avait distingué mémoire habitude et mémoire souvenir. Il avait ainsi été conduit à distinguer le cerveau en tant que matière et l’esprit en tant que mémoire. Et voici que la mémoire revient sur le devant des investigations : ‘Secret code’ behind key type of memory revealed in new brain scans comme dans un bon roman d’espionnage ! L’histoire semble se répéter : c’est l’imagerie médicale qui a révélé l’emplacement probable de la mémoire dite de travail (mémoire à court terme). Les méthodes d’investigation de plus en plus performantes seraient-elles à même de concrétiser certaines des théories mécanistes des siècles passés ? Attention à l’Homme machine de Julien Offray de La Mettrie !
Souvenirs,souvenirs
lundi, mars 15th, 2021On n’en finira pas d’explorer cette faculté, non exclusivement humaine, qu’est la mémoire. Neurophysiologistes tout autant que philosophes, aiment à se pencher sur les mystères qui l’entourent parmi lesquels son fonctionnement et ses rôles. Si l’on peut affirmer que sans mémoire, un ordinateur devient plus encombrant qu’utile c’est que cette capacité est un attribut majeur des systèmes d’information. En effet les données qu’on lui a fournies sont non seulement conservées mais accessibles dans un autre temps. Or ces “mémoires” ne sont pas sans rappeler celles du “vivant” : la mémoire vive, qui peut être consultée et modifiée, la mémoire morte qui est stockée et non modifiable. H. Bergson avait exploré cette faculté en différenciant la mémoire-habitude qui n’est pas vécue comme un passé et la mémoire-souvenir qui est un passé-image. Mais il s’agissait là d’une problématique classique, celle du corps et de l’esprit, toujours non résolue. Dans l’article Your brain warps your memories so you can remember them better, la neurophysiologie explore ce qui peut être considéré comme un plus chez l’homme, la possibilité de mieux se souvenir. L’homme sait le faire, sa solution c’est l’exagération, la machine ne le fait pas. Copier la nature a toujours été l’activité principale de l’humanité mais apparemment une fois encore, il convient de préférer l’original à la copie !
J’ai la mémoire qui flanche
mardi, mai 12th, 2020Longtemps considéré comme un organe totalement dépourvu de tout renouvellement cellulaire, le cerveau a récemment changé de camp et se retrouve comme (pratiquement) tous les autres, fier de montrer qu’il existe une zone plus particulièrement dédiée à cet effet. Ce ne fut pas sans mal effectivement que put être démontrée la présence d’une neurogenèse dans le cerveau humain adulte (Neurogenèse adulte chez l’humain : la fin d’une polémique ?, https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/aux-frontieres-du-cerveau/neurogenese-adulte-chez-lhumain-la-fin-dune-polemique-0) localisée au gyrus denté de l’hippocampe. On sait par ailleurs depuis beaucoup plus longtemps (Rudolf Virchow, 1846) qu’il existe une population cellulaire dite gliale (glie pour glue pour colle ! ) comportant elle-même deux types que leur taille fit tout d’abord distinguer au temps de la morphologie : certaines sont de grande taille, c’est la macroglie, d’autres de petite, c’est la microglie, jusque là tout est parfaitement logique. Mais les petites n’appartiennent pas à la famille des grandes car se sont des macrophages. Aujourd’hui parmi les acteurs en présence, on choisira des neurones qui se renouvellent et des cellules qui n’en sont pas mais qui vivent à côté. Pour faire bonne mesure on se posera la question de savoir s’il ne pourrait pas exister “quelque chose” entre la matérialité des cellules et la virtualité de la mémoire. En d’autres termes peut-on adosser la mémoire à des cellules ? Réponse :How Immune Cells Make the Brain Forget. Parce que se sont des macrophages ces cellules seraient en capacité de “grignoter” certains souvenirs ! Mais la neurogenèse elle même ne serait pas exempte d’implication dans ces phénomènes d’oubli (What Do New Neurons in the Brains of Adults Actually Do?). Il est vrai que la mémoire est complexe et puisqu’il existe des mémoires, pourquoi ne pas effacer de plusieurs façons !
La mémoire qui flanche ?
dimanche, juillet 15th, 2018Se rappeler/se souvenir que de discussions à leur propos quand on peut dire en effet que l’on se rappelle des souvenirs. La seule certitude est d’ordre grammaticale : l’un est transitif direct l’autre ne l’est pas ! Autre pierre d’achoppement la mémoire et le souvenir aux quels on accole des concepts très différents en fonction de ceux qui les ont explorés. Deux faits sont néanmoins certains c’est qu’il s’agit d’une exploration du passé que l’homme partage avec un grand nombre d’animaux. Si pour certains le souvenir peut résulter de l’acte par lequel il s’extrait de la mémoire pour affleurer au présent, Freud n’est pas, et de loin, le premier à s’être intéressé à ce domaine. C’est en effet à la suite de ses travaux que la mémoire a été affecté à l’inconscient. Les souvenirs ont fait par ailleurs l’objet d’interrogations toutes particulières après que l’on se fut aperçu qu’il était possible d’induire ce que l’on peut qualifier de “faux souvenirs”. Mais il est également intéressant de noter que les études ont cherché à mettre en évidence le “centre de la mémoire” plutôt que celui des souvenirs ! Devant un sujet aussi complexe, peut-on penser avancer dans le domaine à la lecture de cet article Forgotten Memories Brought Back in Mice (https://www.the-scientist.com/news-opinion/forgotten-memories-brought-back-in-mice-64449?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2018&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=64272623&_hsenc=p2ANqtz–sVEygGasfeQiDAg4HtqisAUEzuKlkDga7T-iSTzeJJfx07ADdTECdXLjAcIGUIJcLpwc8jjccfymBoBooPdBV10f15Q&_hsmi=64272623) ? Tout ne serait-il qu’une affaire de neurones jeunes ou vieux, accessibles ou non, du fait de remplacements ultérieurs ? En tout cas si l’hippocampe reste en pole position il est probable que le propre de l’individu ne peut être ignoré, ce qui est quand même très satisfaisant !
Pourquoi la première impression est-elle toujours la meilleure ?
mardi, juillet 10th, 2018Pourquoi cet article Are These Dots Purple, Blue or Proof That Humans Will Never Be Happy? (https://www.livescience.com/62962-blue-or-purple-dots-illusion.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20180702-ls) mérite-t-il d’être lu ? Soit encore quel enseignement peut-on en tirer ? Pour en résumer succinctement le thème : au fil du temps se modifie la perception quelque soit l’objet de la dite perception. Cette citation du satrape pataphysicien Henri Jeanson (1900-1970) “La première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise” doit au même titre que celle de Molière concernant l’ingestion alimentaire et la vie, être mise en exergue de toute étude portant sur la perception première et ce d’autant plus qu’elle invite à relire de nombreux auteurs ayant traité de la perception du sensible, depuis les plus anciens jusqu’aux plus modernes. Si l’on ne peut nier l’importance du sensible dans le rapport au monde, on ne peut pas plus nier que perception n’est pas connaissance et qu’il existe une immédiateté de la perception. Mais si la perception est la première étape de l’approche de la réalité, cette dernière ne peut qu’évoluer au cours du temps. La mémoire en effet vient troubler l’image première par une construction seconde qui s’active au moment même où s’enregistre la première. Des deux types de mémoire selon Bergson (in Matière et Mémoire, 1896) l’une des deux utilise l’acquis du passé pour le présent. Et si l’on pratiquait ce même test chez des patients souffrant de troubles de la mémoire immédiate les résultats pourraient-il être différents ? La continuité disparaitrait-elle au profit d’une discontinuité qui rendrait à chaque point son individualité ? Si la mémoire est nécessaire, les modifications qu’elle induit ne la rendent pas suffisante !
Pour que la mémoire ne flanche pas !
dimanche, mai 20th, 2018Comme tout objet mystérieux, cette boite noire qu’est le cerveau, reste au plus haut point attractive, et les suppositions vont bon train la concernant depuis …. En effet que n’est-il pas capable d’effectuer, de résoudre, d’imaginer, et sa capacité d’abriter pour restaurer n’est pas la moindre de ses qualités. Pour démêler ce merveilleux écheveau le plus simple était d’attribuer à chacune de ses fonctions un site précis selon une cartographie. Mais au fur et à mesure des avancées de la physiologie, les frontières devinrent moins précises, des chevauchements se firent jour et le temps vint de changer l’échelle d’observation : la macroscopie laissa place à la microscopie avec le rôle prépondérant des synapses mais celles-ci a leur tour s’effacèrent devant la molécule. Et que croyez vous qu’il advint ? La génétique dut s’accommoder de partager son champ de responsabilité avec l’épigénétique. C’est ce qui semble avoir été mis en évidence chez l’escargot de mer. Les gastéropodes, dont ils font partie, sont largement représentés (quatre vingt mille espèces) ; comme de nombreux mollusques ils possèdent des neurones géants et ce sont eux qui sont impliqués dans l’étude que rapporte l’article, RNA Moves a Memory From One Snail to Another (https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/54565/title/RNA-Moves-a-Memory-From-One-Snail-to-Another/&utm_campaign=TS_OTC_2018&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=62922981&_hsenc=p2ANqtz-_wZt4Q7o38w_Q7lcmlPAmAD6VlKjAk0y1VbhemuhFqmczDm9lgRH1cQk2IuU4enfUcZwNnMsQdMHIdqaE–UuLCugbBQ&_hsmi=62922981). Si selon le traité de Rome en Europe, il est interdit de faire souffrir l’animal, en Californie on peut apprendre à l’escargot à conserver une attitude défense au regard de chocs électriques qui lui ont été appliqués antérieurement. L’ARN extrait des neurones des escargots stimulés injecté à des congénères non stimulés entraine ces derniers à se conduire comme les premiers ! Et c’est la méthylation de l’ADN, principale modification épigénétique réversible qui serait indispensable à ce transfert de mémoire sans implication synaptique. Augmenter le nombre de ses synapses ne semble plus aussi impératif, il suffira de se faire injecter un cocktail de mémoires choisies parmi les meilleures. Reste néanmoins à préciser de quel ARN il s’agit et être sûr que ça marche !
Tête de linotte
dimanche, octobre 8th, 2017Pour une fois où la vulgate populaire est prise en défaut, il convient de s’y arrêter. La linotte, passereau granivore, appartient au genre Carduelis. Parce qu’elle construirait son nid au vu et au su de ses prédateurs, elle a été jugée sans cervelle d’où l’idiotisme animalier au quel le titre ci dessus se réfère. Sans qu’il soit fait nommément référence à ce charmant petit oiseau qu’il faudrait donc inclure dans une prochaine étude, on sait que le pigeon (genre Columba) lui, est loin de répondre à ce qualificatif. Comme le décrit l’article Pigeons Can Switch Tasks More Quickly than Humans (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/50506/title/Pigeons-Can-Switch-Tasks-More-Quickly-than-Humans/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=56790772&_hsenc=p2ANqtz-9nm9BxlfQv-egfGsyaarypI2eF3RT8D2qDCEu37yQz-K3EeoRxfuUzTklJojpE08a7oob6N67TBbijqsjhvX40sqv09w&_hsmi=56790772), c’est l’humain qui ne ferait pas le poids au regard de ce représentant de la gente aves. Dans le domaine de la gestion multi tâches, c’est le pigeon qui est en tête (si l’on peut dire), il est ainsi beaucoup plus performant que l’humain ! C’est la raison pour laquelle dans le cadre d’un trans-humanisme écologique (ce qui devrait plaire au plus grand nombre) on devrait envisager la greffe d’un cerveau de pigeon selon la méthode dite en dérivation de telle sorte que chaque dipôle bénéficie d’une intensité maximale ! Que ceux qui ne sont pas d’accord, lèvent le doigt !