Depuis l’utilisation de la loupe, on sait qu’il existe de petites unités universelles appelées « cellule » dans le règne du vivant, qu’il s’agisse du monde végétal comme du monde animal. Tant que l’on ne procède pas à des colorations, cette cellule est difficile à individualiser. Mais au gré des colorations et dès que celles-ci deviennent spécifiques, il devient possible de les distinguer les unes des autres et de les classer en fonction des tissus. En 1852, Ramon y Cajal met au point presque par hasard une coloration argentique qui dessine comme pourrait le faire un artiste, les contours cellulaires et certaines des formations intracellulaires. C’est de cette époque que date la première distinction de deux types cellulaires du parenchyme nerveux : les neurones et les autres qualifiées de glie parce que telle la glue, le rôle de colle leur est attribué. C’est peu de dire que ce qualificatif est peu « glamour » au regard du neurone, la cellule noble s’il en fût ! De la colle, certes, mais pas que ! Sans s’appesantir sur leur rôle de barrière filtrante au niveau des capillaires du parenchyme cérébral, voilà qu’elles joueraient un rôle non négligeable dans certains de processus de mémorisation. Il est vrai que la distinction de plusieurs types de mémoire n’a pas facilité la connaissance du déroulement des différentes étapes ni les structures en rapport. Néanmoins, il semblerait aujourd’hui qu’on ne puisse s’affranchir du rôle de ces cellules qui non contentes de servir de support seraient également indispensables à la mémorisation à long terme des souvenirs ‘Support’ cells lock in long-term memories. Il est intéressant pour l’avenir de la prise en charge des troubles de la mémoire, de comprendre que la seule prise en compte du neurone est insuffisante. La solution nécessite au moins la prise en compte simultanée des astrocytes.
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Un précieux auxiliaire
lundi, octobre 20th, 2025Mais qu’est-ce que la mémoire ?
mardi, août 26th, 2025La question est d’autant plus importante qu’il semble bien exister plusieurs réponses et ce en fonction de la personne à laquelle la question est posée. Selon l’Académie Française elle » … désigne la faculté de l’esprit de conserver et de rappeler des idées, des situations, des personnes, etc. ». Pourtant un psychologue aura tendance à prolonger cette capacité de l’être vivant par son implication dans son adaptabilité. Ainsi la mémoire d’une situation antérieure permet-elle d’ajuster au mieux un comportement ultérieur. Un neurophysiologiste envisagera différentes mémoires parmi lesquelles la mémoire à court terme, et la mémoire à long terme. Quant aux littérateurs et philosophes, il n’est que lire Marcel Proust ou Henri Bergson. Mais ce ne sont là que quelques exemples qui concernent la mémoire envisagée comme potentialité du cerveau, c’est à dire d’un tissu cellulaire, d’un ensemble de cellules qui travaillent en réseau dans une communauté de finalité. La question posée par l’article ‘What does a cell know of itself?’, interroge une cellule, quand il ne s’agit pas d’une cellule du système nerveux. Qu’une cellule réagisse à un stimulus, est une évidence, de même qu’elle est capable d’adapter sa réponse au dit stimulus. Mais une seule cellule garde -t-elle en mémoire un stimulus et sa réponse pour devenir l’expérience dont elle tirera profit ultérieurement ? De nombreuses études menées sur des être unicellulaires montrent à l’évidence que leur conduite traduit l’existence d’un phénomène de mémorisation ; la question étant de distinguer une réponse de nature réflexe à une réponse élaborée. Néanmoins, il est conceptuellement possible d’imaginer qu’une faculté de mémorisation chez un être unicellulaire ancestral ait anticipé une complexification ultérieure tout en préservant cette faculté pour chaque cellule « ordinaire » prise séparément.
Une mémoire d’oiseau !
mardi, décembre 31st, 2024Pas certain que l’on aie pensé à associer mémoire d’oiseau et appétit d’oiseau. Pourtant l’observation d’un certain nombre d’entre eux démontre leur capacité à se nourrir lorsque bise et frimas règnent, tant leur mémoire leur permet de retrouver les caches de nourriture faites pendant les temps de plénitude alimentaire. Il en existe même deux groupes principaux selon qu’ils collectionnent ou dispersent leurs réserves, mais là n’est pas le propos, car ce qui interroge c’est leur aptitude à la mémorisation spatiale, ce qui peut sembler faire défaut à l’humain ( The Elephantine Memories of Food-Caching Birds, in The New Yorker Daily, Illustration ci-dessus). C’est cette apparente anomalie de la nature qui a poussé différents ornithologues à explorer cette extraordinaire faculté. Plusieurs corrélations sont à prendre en compte, sans que l’on puisse en affirmer la causalité. Il existe un rapport entre les oiseaux les plus performants en terme de mémoire et leur survie. Les femelles qui choisissent les males plus performants ont des pontes plus riches. Les hippocampes des individus les plus performants sont de taille supérieure ou possèdent plus de neurones, mais gènes et éducation se sont révélés impliqués conjointement et la sélection naturelle joue sa partition. En fait ce qui semble nouveau dans cette étude de la fonction mémorielle des oiseaux, c’est la différence que les auteurs pointent entre rigidité et adaptabilité : entre la capacité à utiliser le milieu où évolue le sujet et son incapacité à le faire ! On pourrait même imaginer qu’un homme ne pourrait jamais vivre avec une mémoire de mésange en raison d’un trop plein d’informations sans intérêt et ce d’autant plus qu’elles interdiraient la prise en compte d’autres informations ! On ne le dira jamais assez, la nature est décidemment bien faite !
Ni une ni deux
vendredi, août 23rd, 2024Mnémosyne, fille d’Ouranos et de Gaïa, aimée de Zeus, mère des neuf muses, déesse de la mémoire, n’aurait en fait rien à voir avec cette faculté qu’est la mémoire que se partage largement les acteurs du règne du vivant. S’il faut manger pour vivre et non vivre pour manger, pourquoi donc faut-il se souvenir ? On peut imaginer que se rappeler de bons souvenirs serait bon pour la santé, mais alors qu’en serait-il des mauvais ? En fait il semble que cette faculté de mémorisation soit indispensable à une adaptation à la vie en société. Il s’agirait d’une fonction d’apprentissage en vue d’une gestion adaptée aux péripéties de la vie. L’expérience a largement prouvé que certains faits ne sont mémorisés qu’a partir d’un certain âge, que d’autres disparaissent, mais que certaines circonstances peuvent en faire réapparaitre. Ainsi rien n’est-il simple dans cette faculté. Le mystère s’épaissit-il ou bien est-il en cours de résolution ? Selon ‘l’article The Brain Creates Three Copies for a Single Memory, New Study Reveals (https://www.labmanager.com/the-brain-creates-three-copies-for-a-single-memory-new-study-reveals-32695?), il existerait plusieurs copies d’un même souvenir encodé dans des neurones différents au cours du développement embryonnaire : des neurones précoces, des neurones tardifs avec pour les premiers la possibilité d’une réactivation ! Il ne s’agit donc pas d’un simple archivage dans une bibliothèque poussiéreuse mais d’un fond dynamique dans lequel les informations vont changer de place au fur et à mesure où le demandeur en aura besoin !
De quelle mémoire s’agit-il ?
dimanche, octobre 9th, 2022Il y a le mémoire, les mémoires, la mémoire …, c’est un terme qui devrait plaire à la société d’aujourd’hui puisque son genre est variable, masculin ou féminin de même que le nombre qui s’y rattache, singulier ou pluriel. Par ailleurs ce substantif, est d’autant plus singulier que même uniquement au féminin, il peut s’agir de différents types de mémoire. Le premier qui vient à l’esprit est celui qui concerne cette merveilleuse faculté de réminiscence, elle même riche de toutes les ressources sensorielles visuelle, tactile etc.. qui peuvent à leur tour être agréables ou désagréables. On pourrait presque à l’infini multiplier ce que l’homme peut mémoriser d’autant plus que cette capacité s’inscrit dans le temps, et que la mémoire est dite à court ou long terme. Il n’est donc pas étonnant qu’il s’agisse d’un sujet que l’on n’est pas près de connaître dans sa totalité. L’article dont il est question s’interroge sur un versant particulier de la mémoire : Is it possible to avoid unwanted thoughts? Les pensées dont on dit qu’elles traversent l’esprit sont en fait des instantanés d’évènements antérieurs qui ont laissé leurs traces, bonnes ou mauvaises et qui réapparaissent à l’occasion d’une situation ayant sens. Serait-il possible d’effacer celles d’entre elles qui impactent l’émotivité de celui qui la subit ? Un tel effacement se traduirait en fait par un renforcement de la pensée indésirable qui deviendrait alors « très indésirable » ! La conclusion s’impose : il faut savoir gérer consciemment ces pensées inconscientes !
C’est quoi le mieux ?
vendredi, septembre 9th, 2022Deux nouvelles possibilités à expérimenter si l’on veut vivre plus dangereusement mais sans pour autant adopter un masque de réalité virtuelle. Si l’on veut « doper » ses capacités mémorielles, on peut dors et déjà faire appel à l’utilisation du courant électrique (Electrically Zapping Specific Brain Regions Can Boost Memory). Cette technique pourrait à certains, parmi les plus anciens, rappeler de mauvais souvenirs (sans jeu de mot) car ils ne peuvent avoir oublié la technique de l’électro choc pratiquée dans certaines circonstances en psychiatrie. Méthode « barbare » dont on ne connaissait pas le mode d’action et dont les résultats peuvent toujours être considérés comme variables ! La différence avec la méthode utilisée est le choix de la zone stimulée et la fréquence parfaitement définie. Mais si contrairement à la sismothérapie, les résultats sont convaincants on ne sait rien du/des processus responsable(s). On peut également jouer à se faire peur (How Fear Restructures the Mouse Brain) et là, ô miracle, la capacité de stockage des informations augmentent, mais attention, il ne s’agit encore que de la souris ! Quoiqu’il en soit, a condition de préciser exactement de quelle mémoire il s’agit, ce qui est indispensable, il existerait deux techniques pour agir sur les capacités mémorielles : une stimulation électrique, mais pas n’importe laquelle ou bien une mise en situation de peur, mais peut-être pas non plus n’importe laquelle ! Le choix va s’avérer cornélien !
Où il est encore question de codage
mardi, avril 19th, 2022Coder : Rédiger ou transcrire un document, une information, en appliquant les équivalences d’un code de transcription. Coder une dépêche, un texte. Un télégramme, un message codé (dictionnaire de l’Académie Française)
Codage : Action de mettre en code des informations en vue de leur traitement ou de leur transmission (dictionnaire de l’Académie Française)
La « boîte noire », celle dont les neurophysiologistes, les psychologues et les philosophes aimeraient bien connaître le fonctionnement depuis ….., la boîte noire, parce que peu d’éléments concernant les fonction supérieures ne sont réellement connus. Dans une vision mécaniste il a été tentant d’attribuer à chacune des fonctions un emplacement précis, ce qui fut profitable à la description des aires motrices ou des aires sensorielles. Mais les fonctions dites supérieurs, comme le discernement, l’apprentissage, ne peuvent être localisées avec précision. Parmi les fonctions cognitives, la mémoire occupe une large place parce qu’il existe à l’évidence plusieurs types de mémoire. On a été assez récemment tenté d’interpréter l’oubli volontaire freudien par la mise en évidence d’un zone repérable en IRM, tandis que plus tôt H. Bergson, à la suite de l’ensemble des travaux portant sur des syndromes d’aphasies sensorielles avait distingué mémoire habitude et mémoire souvenir. Il avait ainsi été conduit à distinguer le cerveau en tant que matière et l’esprit en tant que mémoire. Et voici que la mémoire revient sur le devant des investigations : ‘Secret code’ behind key type of memory revealed in new brain scans comme dans un bon roman d’espionnage ! L’histoire semble se répéter : c’est l’imagerie médicale qui a révélé l’emplacement probable de la mémoire dite de travail (mémoire à court terme). Les méthodes d’investigation de plus en plus performantes seraient-elles à même de concrétiser certaines des théories mécanistes des siècles passés ? Attention à l’Homme machine de Julien Offray de La Mettrie !
Souvenirs,souvenirs
lundi, mars 15th, 2021On n’en finira pas d’explorer cette faculté, non exclusivement humaine, qu’est la mémoire. Neurophysiologistes tout autant que philosophes, aiment à se pencher sur les mystères qui l’entourent parmi lesquels son fonctionnement et ses rôles. Si l’on peut affirmer que sans mémoire, un ordinateur devient plus encombrant qu’utile c’est que cette capacité est un attribut majeur des systèmes d’information. En effet les données qu’on lui a fournies sont non seulement conservées mais accessibles dans un autre temps. Or ces « mémoires » ne sont pas sans rappeler celles du « vivant » : la mémoire vive, qui peut être consultée et modifiée, la mémoire morte qui est stockée et non modifiable. H. Bergson avait exploré cette faculté en différenciant la mémoire-habitude qui n’est pas vécue comme un passé et la mémoire-souvenir qui est un passé-image. Mais il s’agissait là d’une problématique classique, celle du corps et de l’esprit, toujours non résolue. Dans l’article Your brain warps your memories so you can remember them better, la neurophysiologie explore ce qui peut être considéré comme un plus chez l’homme, la possibilité de mieux se souvenir. L’homme sait le faire, sa solution c’est l’exagération, la machine ne le fait pas. Copier la nature a toujours été l’activité principale de l’humanité mais apparemment une fois encore, il convient de préférer l’original à la copie !
J’ai la mémoire qui flanche
mardi, mai 12th, 2020
Longtemps considéré comme un organe totalement dépourvu de tout renouvellement cellulaire, le cerveau a récemment changé de camp et se retrouve comme (pratiquement) tous les autres, fier de montrer qu’il existe une zone plus particulièrement dédiée à cet effet. Ce ne fut pas sans mal effectivement que put être démontrée la présence d’une neurogenèse dans le cerveau humain adulte (Neurogenèse adulte chez l’humain : la fin d’une polémique ?, https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/aux-frontieres-du-cerveau/neurogenese-adulte-chez-lhumain-la-fin-dune-polemique-0) localisée au gyrus denté de l’hippocampe. On sait par ailleurs depuis beaucoup plus longtemps (Rudolf Virchow, 1846) qu’il existe une population cellulaire dite gliale (glie pour glue pour colle ! ) comportant elle-même deux types que leur taille fit tout d’abord distinguer au temps de la morphologie : certaines sont de grande taille, c’est la macroglie, d’autres de petite, c’est la microglie, jusque là tout est parfaitement logique. Mais les petites n’appartiennent pas à la famille des grandes car se sont des macrophages. Aujourd’hui parmi les acteurs en présence, on choisira des neurones qui se renouvellent et des cellules qui n’en sont pas mais qui vivent à côté. Pour faire bonne mesure on se posera la question de savoir s’il ne pourrait pas exister « quelque chose » entre la matérialité des cellules et la virtualité de la mémoire. En d’autres termes peut-on adosser la mémoire à des cellules ? Réponse :How Immune Cells Make the Brain Forget. Parce que se sont des macrophages ces cellules seraient en capacité de « grignoter » certains souvenirs ! Mais la neurogenèse elle même ne serait pas exempte d’implication dans ces phénomènes d’oubli (What Do New Neurons in the Brains of Adults Actually Do?). Il est vrai que la mémoire est complexe et puisqu’il existe des mémoires, pourquoi ne pas effacer de plusieurs façons !
La mémoire qui flanche ?
dimanche, juillet 15th, 2018
Se rappeler/se souvenir que de discussions à leur propos quand on peut dire en effet que l’on se rappelle des souvenirs. La seule certitude est d’ordre grammaticale : l’un est transitif direct l’autre ne l’est pas ! Autre pierre d’achoppement la mémoire et le souvenir aux quels on accole des concepts très différents en fonction de ceux qui les ont explorés. Deux faits sont néanmoins certains c’est qu’il s’agit d’une exploration du passé que l’homme partage avec un grand nombre d’animaux. Si pour certains le souvenir peut résulter de l’acte par lequel il s’extrait de la mémoire pour affleurer au présent, Freud n’est pas, et de loin, le premier à s’être intéressé à ce domaine. C’est en effet à la suite de ses travaux que la mémoire a été affecté à l’inconscient. Les souvenirs ont fait par ailleurs l’objet d’interrogations toutes particulières après que l’on se fut aperçu qu’il était possible d’induire ce que l’on peut qualifier de « faux souvenirs ». Mais il est également intéressant de noter que les études ont cherché à mettre en évidence le « centre de la mémoire » plutôt que celui des souvenirs ! Devant un sujet aussi complexe, peut-on penser avancer dans le domaine à la lecture de cet article Forgotten Memories Brought Back in Mice (https://www.the-scientist.com/news-opinion/forgotten-memories-brought-back-in-mice-64449?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2018&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=64272623&_hsenc=p2ANqtz–sVEygGasfeQiDAg4HtqisAUEzuKlkDga7T-iSTzeJJfx07ADdTECdXLjAcIGUIJcLpwc8jjccfymBoBooPdBV10f15Q&_hsmi=64272623) ? Tout ne serait-il qu’une affaire de neurones jeunes ou vieux, accessibles ou non, du fait de remplacements ultérieurs ? En tout cas si l’hippocampe reste en pole position il est probable que le propre de l’individu ne peut être ignoré, ce qui est quand même très satisfaisant !







