Posts Tagged ‘bibliothèque’

La bibliothèque invisible !

lundi, octobre 16th, 2023

Pline l’Ancien commandait la flotte romaine à Misène lorsqu’il fut témoin de l’éruption du Vésuve en l’an 79 apr. J.-C. Il vogua alors pour porter secours à la population mais décéda sans que l’on connaisse exactement les conditions dans lesquelles il perdit la vie. Déjà connu pour ses qualités d’écrivain le personnage s’inscrit également, bien que de façon indirecte, dans cet épisode en suivant un chemin assez tortueux. Pline l’Ancien était un naturaliste compétent auteur d’ une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle. Il y décrivit entre autres, plusieurs types de gastéropodes marins très appréciés des Romains puisqu’ils étaient utilisés pour la teinture de leurs toges dont chacun connait la teinte pourpre. Le Bolinus brandarisfut, objet de ses propos, proche de Hexaplex trunculus également connu sous le nom de murex trunculus. Pour en revenir à l’éruption du Vésuve, si celle-ci réduisit en cendres les villes de Pompéi et d’Herculanum, elle ensevelit sous les éjectas volcaniques habitants et habitations parmi lesquelles des bibliothèques renfermant des centaines de manuscrits. Devenus illisibles parce que carbonisés et donc “indépliables” les rouleaux semblaient narguer les chercheurs. Cette étape a été franchie First glimpse inside burnt Roman scrolls et le résultat donne le frisson a d’innombrables amoureux des textes de l’antiquité gréco-romaine. Pour ce faire il faut trouver “les zones de papyrus recouvertes d’encre”, “numériser”, “mettre en commun les informations”, appliquer “l’ALGORYTHME“. C’est alors qu’apparait le mot magique “πορφύρας,”,violet, dont il a été question plus haut. Ce mot ou un autre, ce n’est pas l’affaire …, le merveilleux tient à la possibilité de “lire” l’illisible. Grâce en soit rendue à la technique et à l’envie des passionnés de textes anciens de se lancer des défis !

Passé, Présent, Futur….

lundi, mai 22nd, 2017

Si l’on peut encore vouloir faire du passé table rase en chantant à l’unisson avec l’Internationale d’Eugène Pottier (répression de la commune), l’expression a bien d’autres champs de résonnance. Il ne s’agit pas tant de la sphère philosophique, quand on considère le versant ontologique ou méthodologique de la connaissance, que d’une sphère de rayon infiniment supérieur quand il s’agit de la mémoire de l’humanité. Si l’aède et le ménestrel ont parfaitement joué leur rôle de passeur de la dite mémoire, l’homme avait depuis longtemps compris l’importance d’un socle transmissible des connaissances : en témoignent la mise en place de bibliothèques comme celle de Ninive, considérée parmi les plus anciennes ou celle d’Alexandrie comme la plus connue. Rien ne change en fait si ce n’est la quantité et le support des informations aux quelles on peut avoir accès mais  qui, aussi, seraient dignes d’intérêt. Si l’on s’accorde volontiers sur l’accélération de l’acquisition des connaissance tout autant que sur celle des techniques il semble difficile d’établir une formule mathématique de la première tout autant que de la seconde d’où une difficulté certaine à les comparer ! Comme par ailleurs l’acquisition de nouveautés en entraine de précédentes dans les limbes du Léthé, la mise en place d’une mémoire absolue devient prégnante. Voilà d’une certaine façon, une partie du sujet abordé dans Rescue old data before it’s too late, (http://www.nature.com/news/rescue-old-data-before-it-s-too-late-1.21993?WT.ec_id=NATURE-20170518&spMailingID=54084575&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1162852950&spReportId=MTE2Mjg1Mjk1MAS2) comme si Zeus pris d’une envie/inspiration subite avait ordonné à Mnémosyne de reprendre le sujet pour y apporter enfin une solution définitive ! Si les supports disparaissent du fait même de leur obsolescence, les passeurs de mémoire, eux, sont voués à la permanence. Malheureusement il se pourrait que cette différence entre les deux protagonistes et l’augmentation même du stockage à effectuer posent un problème difficile à résoudre, ce qui n’empêche pas néanmoins de poser la question.

Bibliothèque et Méga données

jeudi, décembre 1st, 2016

big-data-marketing-2Qu’est-ce qui fondamentalement différencie bibliothèque et méga données (http://www.lebigdata.fr/definition-big-data) ? RIEN ? Devoir conserver et pouvoir consulter des informations qui ont été ordonnées pour être facilement accessibles est une définition qui pourrait convenir aussi bien à l’une qu’aux autres. Si parmi les bibliothèques la plus célèbre reste celle d’Alexandrie, au fur et à mesure où ces lieux se sont multipliés se sont posées plusieurs questions inhérentes au concept même, parmi les quelles et en premier lieu la conservation des données puis dans un deuxième temps celui de leur classement. Pour répondre à la première on n’a toujours pas trouvé mieux que la copie qui ne s’est modifiée que du fait de nouveaux supports. Quant au classement on peut dire qu’il n’est plus vraiment d’actualité dans la mesure où c’est l’accessibilité qui est en première ligne. Ces méga données font énormément parler d’elles que ce soit en bien tout autant qu’en mal selon que  l’on considère  trois critères : quantité, vélocité, variété ou quatre quand on leur ajoute, la valeur (The power of big data must be harnessed for medical progress, http://www.nature.com/news/the-power-of-big-data-must-be-harnessed-for-medical-progress-1.21026?WT.ec_id=NATURE-20161124&spMailingID=52835365&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1047036490&spReportId=MTA0NzAzNjQ5MAS2). Car tout dépend de l’usage que l’on veut en faire et la médecine n’est pas le dernier des domaines intéressés.  La question principale est alors que veut-on faire de ces informations : quelle en est la finalité ? Car un des défis à relever concerne cet ensemble dynamique constitué de la masse toujours incrémentée  des informations et de leur pertinence qui elle même ne peut être définie que par la connaissance du but. A ce propos il ne faut pas négliger la possibilité d’une pertinence inscrite dans le futur… Et comme il est peu vraisemblable que l’on s’accorde sur l’unicité d’un but il est normal que l’accord ne puisse se faire sur les bienfaits réels ou les méfaits tout aussi réels de ces méga données. Et pourtant quel est celui qui imaginerait sereinement laisser un tel terrain en friche ! Comme pour une aventure spatiale, facteurs, acteurs et buts sont à définir avec méticulosité avant de lancer l’opération  “appropriation des connaissances” !

De utilitate plombi

samedi, mars 26th, 2016

scribouillardChacun sait que le saturnisme doit son nom à la planète Saturne, symbole du plomb en alchimie. Pourtant le métal plomb se traduisant par plombum (i, n) en latin, il convient d’écrire de utilitate plombi si l’on veut décliner au moins un intérêt du plomb quand il ne s’agit pas du domaine de la santé. Si au XV° siècle, J. Gutenberg met au point les caractères mobiles d’imprimerie, l’encre qu’il utilise comporte du colorant (il en existe différents types), un support qui lui permet de le transporter et de le fixer aux lettres et un optimisant. Les supports sont souvent à bas d’huile et l’optimisant peut renfermer du cobalt ou du manganèse. Le plomb n’entrait pas dans la composition de l’encre mais dans celle des caractères que ce génial inventeur avait mis au point en lui ajoutant de l’étain et de l’antimoine. L’encre des papyrus peut comporter un sulfure de mercure, l’encre des moines copistes était soit constituée d’un pigment noir issu de produits calcinés ou de noir de fumée avec un support, soit métallo-galliques (noix de galle) et sel métallique (sulfate de fer ou sulfate de cuivre). Mais heureusement pour les amateurs de vieux, très vieux textes, les curieux, les érudits et les autres bien sûr, l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C n’a finalement pas eu raison de ces rouleaux pourtant bel et bien carbonisés (Lead ink from scrolls may unlock library destroyed by Vesuvius, https://www.newscientist.com/article/2081832-lead-ink-from-scrolls-may-unlock-library-destroyed-by-vesuvius/?cmpid=NLC%7CNSNS%7C2016-2403-GLOB&utm_medium=NLC&utm_source=NSNSAL). Ayant échappé depuis trop longtemps à tout examen, il est devenu possible grâce au plomb contenu dans l’encre et à une technique innovante dans ce domaine [la tomographie X en contraste de phase (XPCT) avec amplification de contraste] de déchiffrer déjà quelques mots et un alphabet grec dans sa totalité. Pour ceux que ces travaux pluridisciplinaires intéresseraient, il convient de lire également la publication du CNRS, Voir à l’intérieur des rouleaux carbonisés d’Herculanum (http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3871.htm) qui n’évoquent pas la présence de plomb, mais ne parle que d’une encre à base de noir de fumée ! Quoiqu’il en soit, ce texte aurait pu à coup sûr venir enrichir la bibliothèque de l’abbaye bénédictine d’Umberto Eco, si celle ci n’avait fort malencontreusement été détruite (encore et toujours) par le feu !