La méthode expérimentale serait née avec Claude Bernard ce qui la fait remonter au XIX° siècle. On sait pourtant que l’expérimentation animale est beaucoup plus ancienne comme en témoigne Galien qui tenait autant au raisonnement qu’à l’expérience. Ce n’est pas sans raison que l’on parle des animaux de laboratoires, qui outre le fait qu’ils y vivent, participent pour beaucoup à la vie du dit laboratoire dans la mesure où la vie de l’un dépend de l’autre et inversement ! L’originalité de Claude Bernard tient dans le fait qu’il a introduit une démarche rigoureuse selon schématiquement trois étapes : poser la bonne question, proposer une réponse par le biais d’une hypothèse, répondre après avoir testé la dite hypothèse. L’expérimentation animale semble la démarche la plus raisonnable en permettant, grâce au raisonnement analogique, le glissement de la réponse de l’animal à l’homme. Ce procédé ne fut pas exempt d’erreurs comme en témoigne la connaissance progressive de la circulation sanguine depuis Galien en passant pas Vésale pour aboutir à Harvey. Depuis toujours l’hypothèse doit être vérifiée, et la dissection humaine a traversé les époques avec plus ou mois de succès, d’autant que l’expérimentation animale ne rencontrait pas les mêmes difficultés grâce à Descartes qui plaidait pour l’animal machine ! Il est certain que l’animal de laboratoire vit dans des conditions qui ne sont pas celles de son milieu naturel, ce qui peut être la cause d’un premier degré de questions sur l’exactitude des résultats observés. Mais à cette question de bon sens vient s’en greffer une autre relevant plus de l’éthique et qui concerne la souffrance infligée même s’il existe aujourd’hui une charte qui considère l’animal comme un être vivant doué de raison ( il ne faut pas oublier, quand même, que l’on est passé du mammifère au nématode, de la souris au C. Elegans). Aujourd’hui se développe une nouvelle technique bien particulière, celle des organoïdes : réaliser en trois dimensions une culture cellulaire d’un type bien particulier puisqu’elle reproduit un organe réduit, certes dans un milieu artificiel mais capable de reproduire les fonctions de l’organe originel. Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, si ne se posait alors la question des cellules choisies pour fabriquer cet organoïde : cellules animales vs cellules humaines, cellules souches vs cellules matures reprogrammées. Si les avantages semblent multiples, on le voit les questions ne sont pas en reste (Will Organs-in-a-Dish Ever Replace Animal Models? http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46588/title/Will-Organs-in-a-Dish-Ever-Replace-Animal-Models-/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=31875517&_hsenc=p2ANqtz–oxiSCOos_CEwhT2sn82b4nSFXEz-L7tDJMUv2El_7zU4UzasYF-FZ36cs5Gti1xTpzEl63NjiLSM6m2tZ_ubMM275PA&_hsmi=31875517), dont la dernière : les organoïdes pourront-ils remplacer les animaux de laboratoire ? Il convient donc de ne pas s’inquiéter, chaque étape fera toujours jaillir de nouvelles questions.