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Les Quaker oats et le blob

lundi, novembre 4th, 2019

En 1877, la marque Quaker Oats (marque déposée) s’impose comme première céréale consommée pour le petit déjeuner. Aujourd’hui il est de notoriété publique qu’il n’est point besoin de posséder une cervelle pour savoir chosir les flocons d’avoine au regard de sa valeur nutritionnelle. Le “blob” en est le meilleur exemple. Cet organisme, en effet, apprécie fort cette nourriture et sait parfaitement se jouer de tous les obstacles semés sur son chemin pour se l’approprier. Le Physarum polycephalum n’est pas un inconnu puisque c’est en 1822 que Lewis David von Schweinitz le baptise. Ce nom lui-même est déjà une particularité, il est dit binomial ce qui signifie qu’il mêle genre et espèce au sein du genre. Mais le Physarum polycephalum répond aussi au doux nom de “blob”, plus commun certes mais plus représentatif de ses qualités en référence au personnage du film éponyme d’Irvin S. Yeaworth Jr. sorti en 1958. Sil y a peu de chance qu’il sème la terreur au parc zoologique de Paris qui vient de l’acceuillir, il est néanmoins capable de doubler sa taille tous les jours grâce en particulier aux fameux flocons d’avoine dont il rafole. Cet organisme unicellulaire dépourvu de cerveau est à n’en pas douter une star ( Le blob, nouvelle star du zoo de Paris, https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-blob-nouvelle-star-du-zoo-de-paris ) car il allie des proprités dont les différences sont confondantes voir l’article précédent et le suivant, This Brainless ‘Blob’ Could Take Over the Paris Zoo, If You Give It Enough Oatmeal ( https://www.livescience.com/paris-zoo-blob-slime-mold.html?utm_source=Selligent&utm_medium=email&utm_campaign=9050&utm_content=20191022_LS_Essentials_Newsletter+-+adhoc+&utm_term=3192375&m_i=Pnkr2pcmrGHtFN9UFPIlVWDHZ7knOQTxwQoMUWipsGa53pcKd_oeXRi72yhdxWNkjFCG_NP2BTRlhh465Fq12e6g448Ce1PPPZ ). Imaginer un organisme dépourvu de cervelle, se déplaçant, sachant se nourrir au mieux pour sa santé et capable de sept cent vingt combinaisons possibles de chromosomes sexuels ! La nature reste un inépuisable vivier de merveilles dont l’imagination humaine n’a toujours et peut-être heureusement pas la moindre idée.

Un commencement à tout

vendredi, août 16th, 2019

A l’heure où se pose la question de la définition de l’Anthropocène (Humans versus Earth: the quest to define the Anthropocène, https://www.nature.com/articles/d41586-019-02381-2?WT.ec_id=NATURE-20190808&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20190808&sap-outbound-id=CEA2A3270602AEAF7EE5AE4E677D86D5D9C1CFC2&utm_source=hybris-campaign&utm_medium=email&utm_campaign=000_CKN6573_0000013755_41586-Nature-EAlert-08-08-2019&utm_content=EN_internal_30753_20190808&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191), se pose encore et toujours la question du commencement de tout. Parce que s’il est infiniment intéressant de savoir quelles sont les étapes (et comment les définir) de l’avancée de l’humanité, il n’est pas moins intéressant de savoir comment tout a débuté. Or sur ce point précis, les informations se faisaient attendre jusqu’à (peut-être) la parution de cette récente étude Elusive Asgard Archaea Finally Cultured in Labqui (https://www.the-scientist.com/news-opinion/elusive-asgard-archaea-finally-cultured-in-lab–66264) qui  lèverait un coin du voile concernant le passage du procaryote à l’eucaryote. On imaginait depuis longtemps que la mitochondrie était le résultat d’une endosymbiose entre archée et bactérie et il se pourrait qu’un même mécanisme explique la présence du noyau caractéristique chez l’eucaryote car des gènes de type eucaryote existent chez ces archées d’Asgard (Prometheoarchaeum). Si le succès de la culture de ce procaryote réputée impossible apporte un argument en faveur de l’acquisition par symbiose, elle n’est pourtant pas preuve absolue car l’origine intrinsèque des composants cellulaires est aussi défendue. Comment doit-on faire pour départager deux théories aussi possibles l’une que l’autre ?

Une autre archéologie

samedi, mai 18th, 2019

Si les arbres phylogénétiques se sont construits par analogie avec l’arbre de Porphyre, ils en différent considérablement dans la mesure où dès Lamarck il s’agit bel et bien d’établir une filiation des êtres vivants pour aboutir avec Darwin à L’Origine des espèces, publiée le 29 novembre 1859. En 1937, E. Chatton propose les termes de procaryote et eucaryote, le dernier se distinguant du premier par la présence d’un noyau défini. Aujourd’hui l’arbre phylogénétique du vivant fait appel au séquençage des gènes d’ARN ribosomique des organismes étudiés ce qui a amené à scinder le règne des procaryotes en deux domaines distincts les bactéries et les archées. Les études les plus récentes ne vont pas conduire le monde scientifique vers un accord complet en ce qui concerne ce mystérieux groupe des archéas (The trickster microbes that are shaking up the tree of life,
https://www.nature.com/articles/d41586-019-01496-w?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=9f8bbd0a81-briefing-dy-20190515&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-9f8bbd0a81-43241421 ) et ce d’autant moins que le chamboulement peut aller jusqu’à l’origine de l’humain. Mais le combat n’est pas récent puisqu’il avait débuté dès la distinction entre les porteurs de noyaux et ceux qui en sont dépourvus. L’eucaryote (et donc l’origine de la vie) n’a pas fini de faire parler de lui d’autant plus que l’impression de revenir en arrière s’impose avec en particulier la question de la mitochondrie résultant ou non d’une endosymbiose entre archées et bactéries. En réalité ce qui manque cruellement c’est une machine à voyager dans le temps et on imagine que l’épistémologie serait la première à vouloir s’en servir.