
N’en déplaise aux anti-vaccins, les vaccins sauvent des millions d’individus de par le monde, nombre heureusement en progression constante depuis la vaccination anti variolique au XVIIIème siècle par Jenner. Depuis l’antiquité on avait pris conscience du fait que les individus ayant souffert de certaines maladies, qui se sont révélées être de nature infectieuse, ne présentaient plus les mêmes symptômes. Edward Jenner inocule la vaccine des vaches et les sujets ainsi traités préventivement ne contractent pas la variole lors des épidémies. Pasteur met au point le premier vaccin atténué et les vaccins de nature différente vont ainsi se succéder au fil des décennies. Sans l’expliciter, on se sert bel et bien depuis le début de ce que l’on appelle une population témoin. Sans témoin, pas de comparaison possible et donc pas de résultat, mais il est certain que la notion même de témoin peut poser éthiquement question. En effet, pour le bien de tous, ne met-on pas en place un possible sacrifice de quelques uns, même s’il est choisi ? On pourrait de plus se poser des questions quant au choix lorsque ce dernier repose sur une rémunération du sujet d’expérience. Aujourd’hui vient s’ajouter un espace temps qui d‘incompressible devient » par la force des choses « compressible (Why emergency COVID-vaccine approvals pose a dilemma for scientists, https://www.nature.com/articles/d41586-020-03219-y?WT.ec_id=NATURE-20201203&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20201203&sap-outbound-id=187E851760EC1E3FAF86DFDAEBCD5B88A04F8705). Cette urgence dans l’obtention du résultat obère peut-être sa validité même puisque dans le même temps il existerait une autre urgence un taux de mortalité statistiquement prévu. Lorsque deux temporalités s’entrechoquent, c’est le processus décisionnel qui s’en ressent. Le fait qu’il s’agisse dans le cas présent d’une décision collective et non individuelle est un autre bras de la réflexion. Mais ce n’est pas un arbre décisionnel, il n’y a toujours que deux options, Max Weber l’avait parfaitement exprimé : l’éthique de responsabilité, celle de l’homme d’action, et l’éthique de conviction, celle du respect d’une valeur.