Posts Tagged ‘règne végétal’

Communiquer : tout un art !

dimanche, mai 12th, 2024

La communication pose une question majeure : est-elle exclusivement pensée verbalisée ? Il est reconnu que la verbalisation n’est pas une étape indispensable à la communication, puisque celle-ci appartient à un large spectre du règne animal que ses représentants vivent ou non en société. Plus même que cette faculté de communication, on a récemment prêté au règne animal, hors humanité, un versant culturel (Dominique LESTEL, Les origines animales de la culture, Flammarion, 2001, 368 p.). Mais il faut alors admettre que toute modification de l’environnement peut être expression d’une culture. Après avoir méconnu toute perception à l’animal, on n’hésite plus aujourd’hui à explorer les capacités cognitives des pantes (The controversy of plant consciousness), ce qui pour certains pourrait s’apparenter à de la pseudo science ! Pour l’auteure, certaines réponses adaptées à des stimulus nociceptifs tendraient à démontrer l’existence d’un certain type d’intelligence à moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une réponse réflexe comme il en existe chez l’animal et l’homme (évidemment !). Ce qui a pour corollaire de se pencher sur la définition du système nerveux ! Quoiqu’il en soit, il est évident que la démarche suivie a peu à faire avec la méthode hypothético-déductive chère à Claude Bernard : la première étape consiste en une observation sans hypothèse de départ, celle-ci n’intervenant que dans un second temps. Comment donc peut-on observer que la feuille entend la chenille la manger si l’on n’adhère pas à cet a priori d’un anthropomorphisme débridé ! Ce qui ne remet pas en cause l’existence, entre les plantes, d’échanges informationnels mis en évidence par des mesures de flux de sève entre végétaux voisins. Ce qui peut prêter à sourire dans le dernier livre de la journaliste Zoë Schlanger (The Light Eaters: How the Unseen World of Plant Intelligence Offers a New Understanding of Life on Earth, https://www.npr.org/2024/05/06/1249310672/plant-intelligence-the-light-eaters-zoe-schlanger), c’est sa vision de la végétation en hiver car il vient immédiatement à l’esprit l’envie de comparer son interprétation à celle des anciens : Déméter cherchant Perséphone contre la mémoire de l’hiver !

Bizarre, vous avez dit bizarre …

jeudi, avril 13th, 2023

Encore un monde inconnu à explorer bien qu’exploité depuis la nuit des temps. Depuis l’animal machine de Descartes et l’homme machine de de la Mettrie qui en est issu, le regard que pose l’homme sur des règnes autres que le sien a bien changé. Cette nouvelle vision le porte même à parler d’une culture autre que la culture humaine. C’est le thème que soutient Le philosophe D. LESTEL, pour lequel il faut penser la culture dans sa globalité. D’une part la culture humaine n’est qu’une de ses composantes tandis que d’autre part, il faut arrêter d’opposer culture et nature ! En effet, l’homme ne peut plus ignorer l’existence d’une culture animale dans la mesure où la culture étant consubstantielle au vivant il faut abandonner son versant exclusivement anthropomorphique. Mais si l’on admet que pour qu’il y ait culture, il faut qu’il y ait modification de l’environnement, il faut que l’on admette également que les modifications apportées par les vivants, bactéries, protistes, champignons, végétaux et animaux expriment une culture. Peut-être alors faut-il envisager que “seuls certains types de modifications” peuvent participer de la culture ? Il persiste néanmoins un problème non résolu lorsque l’on adopte cette théorie : il s’agit du rapport entre culture et civilisation , car il reste encore aujourd’hui difficile de définir des civilisations autres qu’humaines. Quoiqu’il en soit, le règne végétal serait en passe de rejoindre, à sa façon, le monde de ceux qui conversent entre eux. En effet un article récent se penche sur la communication au sein du règne végétal (Stressed plants ‘cry’ in ultrasound) quand les plans de tomates et de tabac émettent des sons en cas de stress, “sons” qui pourraient de plus être perçus par certains animaux, mais pas encore par l’homme. Ainsi la Nature constituerait un tout qui s’exprime et communique et dont l’Homme serait exclu ! D’où l’assertion possible selon laquelle l’homme ne serait pas naturel !!!

La botanique dans tous ses états !

dimanche, octobre 2nd, 2022

C’est environ depuis six mille ans que les humains utilisent le peyotl pour son alcaloïde, la mescaline. Son absorption induisait des phénomènes hallucinatoires que les chamans des tribus indigènes du Mexique utilisaient en différences circonstances parmi lesquelles des cérémonies religieuses ou divinatoires. Ses effets psychotropes permettait en effet à l’officiant d’assurer son pouvoir d’intercesseur auprès des dieux. Mais cet usage n’était pas le seul, car d’autres propriétés étaient déjà reconnues au Lophophora williamsii en particulier celle d’antidote à certains venins de serpents. Quant au silphium, ombellifère du genre férula, il aurait été donné aux hommes par Aristée, fils d’Apollon et de Cyrène ce qui témoigne, à tout le moins d’une certaine ancienneté. Avant d’être utilisé par les romains comme condiment, ses propriétés antalgiques avaient été utilisées par les médecins grecs. Si le petit cactus n’a pas disparu, la mescaline a été synthétisée quant au silphium, c’est probablement la férula drudeana qui le remplace. Or dans les deux cas, (Mescaline as medicine, Is this the Romans’ favourite spice?) la pharmacopée actuelle retient du règne végétal deux de ces “enfants” que les anciens connaissaient déjà. Ce ne sont pas les seuls, loin de là, la nouveauté ne concerne pas tant les effets que leur exacte composition. Mais on conduit bien une voiture sans connaître avec précision ses composants …