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Le locuteur et le linguiste

mercredi, octobre 25th, 2023

Si le passage de l’oralité à la scripturalité a été largement investigué, l’apparition de la parole chez l’homme est un sujet particulièrement pauvre en données exploitables. Dans ce domaine les spéculations vont bon train. Rousseau avait quant à lui une théorie selon laquelle la parole est apparue après ce qu’il nommait “le cri de nature”, quand l’homme a rencontré l’homme, quand il devenait indispensable de comprendre son voisin autrement que par une gestuelle corporelle. Une deuxième étape dans ce processus de la parole se reproduit avec le nouveau né qui doit acquérir une expression orale compréhensible. Des théories modernes supposent que le babillement comparable à celui des oiseaux, signe la naissance du langage chez le petit d’homme. Outre les questions portées par l’apparition du langage, il en existe d’autres en particulier celles qui s’inscrivent dans le domaine de la linguistique. Même s’il s’agit d’une science descriptive elle n’est pas exempte d’interrogations. Et cerise sur le gâteau un article récent How grammar influences perception, pointe du doigt une nouvelle facette, l’exploration, les rapports entre la langue et la perception. C’est assez dire que l’on aborde un champ encore plus complexe puisque de la perception à la parole primitive on passe de la parole à la perception seconde ! On sait déjà qu’il existe une cinquantaine de mots pour parler de la neige chez les inuits, la neige qui tombe n’étant pas celle qui va tomber, il ne s’agit donc pas de la même neige et il n’est pas inexact de la nommer différemment ! Mais il s’agit encore dans l’article sus cité d’un autre aspect, à savoir l’influence de la grammaire sur la perception de celui/ceux qui utilise(nt) la dite grammaire. La question de fond étant de savoir si tous les hommes perçoivent le monde de la même façon ! En fait ce qui semble se détacher des enquêtes menées à partir des langages australiens indigènes (cf l’article cité) c’est l’existence de nombreuses boucles rétroactives liant pour le meilleur, la langue, la culture, le savoir. Ainsi serait-il illusoire de vouloir envisager séparément ce tout qui pourrait définir l’humanité.

Au sujet de l’académisme

dimanche, novembre 13th, 2016

francaisanglaisFondée en 1634 et officialisée en 1635, l’Académie Française, œuvre de Richelieu, est parfaitement connue en France et hors de ses frontières. Le sociolecte des réseaux  sociaux apparu dans les années 1990 serait en passe de s’internationaliser avec l’adoption pour chacune des langues pratiquées de caractéristiques orthographiques et grammaticales spécifiques. Entre ces deux exigences, car le second en est bien une pour être compris de son groupe, il existe un large domaine où si l’on n’écrit plus comme Vaugelas on n’écrit pas encore par systèmes d’abréviation. Ainsi en est-il de l’écriture pratiquée dans les publications qui vont du journaliste au scientifique. Selon les cultures il existe des différences dans la rédaction des textes et le francophone sait bien que la rédaction en anglais suit des règles différentes de celles qu’il suit quand il écrit dans sa langue. Pour pallier à ces difficultés il existe des groupes d’Etude et de Recherche l’English for specific purposes, ESP et le Français sur objectifs spécifiques, FOS (https://asp.revues.org/2938). Le premier vient de faire paraître un article intéressant (Scientific language is becoming more informal,http://www.nature.com/news/scientific-language-is-becoming-more-informal-1.20963?WT.ec_id=NATURE-20161110&spMailingID=52729267&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1044216585&spReportId=MTA0NDIxNjU4NQS2) par la question posée : pour quelle(s) raison(s) le langage scientifique devient il plus informel ? Avec en particulier cette modification dans l’écriture anglaise qui voit l’emploi de la personnalisation prendre la place du passif. Si la réponse est la perte d’une distanciation objective pour une recherche de confiance subjective, on notera que l’anglophone qui répondait à la première description est en train de se rapprocher du francophone qui avait déjà franchi le pas depuis longtemps !