Pourquoi “liker” désinforme !

septembre 13th, 2024

Liker :

anglicisme : Indiquer que l’on apprécie (un contenu) sur Internet en cliquant sur le bouton prévu à cet effet. Rien de plus simple que d’appuyer sur le pictogramme proposé à cet effet quand on veut faire savoir que la lecture ou le visionnage d’un document satisfait celui qui l’a lu ou lui a simplement jeter un regard rapide. Mais que devient ce gentil pouce levé (How ‘likes’ fuel a spiral of misinformation) ? La question est loin d’être anodine dans la mesure où il échappe totalement à celui qui l’a utilisé, sans y apporter une attention particulière. Une fois envoyé par la machine, il va vivre sa vie en contribuant à augmenter le poids d’une affirmation, d’une négation, d’un jugement, d’une idée, d’une supposition, d’un concept, la liste en est sans fin. Le problème vient de ce que ce pouce virtuel est destiné à appartenir au réel ; comme le dit l’article « si vous en faites une tendance, vous en faites une réalité ». Grâce au biais cognitif qui fait que chacun a toujours tendance à tenir pour vrai ce à quoi il croit, il se crée des chemins préférentiels empruntés sans discussion par des lecteurs grégaires. Ces voies d’une information désinformative, sont enfant d’algorithmes mangeurs d’ approbations ou désapprobations envoyées dans un monde où la virtualité a comme qualité première d’être devenue réalité ! Autre facette de la réalité augmentée ? La complexité est à son comble et comme l’a si bien écrit MR de Beaumarchais “D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage ….. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, … vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler …”. Rien ne changera jamais, seules les voies empruntées accélèreront encore les phénomènes.

Une question sans âge

septembre 9th, 2024

Ce n’est un secret pour personne : ce qui caractérise l’humain, c’est la faculté qu’il a de poser/de se poser des questions. Si ces questions sont aussi multiples que variées, il en est une néanmoins qui émerge du lot : celle que pose la place de l’homme dans le monde. Cette question, les philosophes présocratiques se l’étaient déjà posée en installant les premières pierres de la rationalité, passant du mythe à la recherche de causes premières, recherche d’arguments et de preuves en cohérence. La métaphysique est donc née il y a plusieurs siècles, et ce sont les progrès de la technologie qui lui ont permis d’étayer ses preuves, de passer de la qualification à la quantification, d’établir des lois dont le but a toujours été l’universalisation. Et donc en y réfléchissant, il est évident qu’il est impossible de dissocier une métaphysique première d’une science seconde. C’est la raison pour laquelle l’article, How much science should there be in philosophy (https://www.chemistryworld.com/opinion/how-much-science-should-there-be-in-philosophy/4020018.article?) revêt un intérêt particulier tant il semble que la dichotomie que parait sous-entendre le titre n’a aucune raison d’être. Pourtant à y regarder de plus près, il pourrait s’immiscer une dissonance quand le philosophe ne tient pas compte des acquisitions scientifiques dans ces raisonnements car alors, la contradiction peut pointer le bout de son nez. Mais ce dont il est question n’est pas la philosophie en général, mais la métaphysique, dont Descartes disait qu’elle était branche de l’arbre philosophie. Kant en est d’accord pour qui La métaphysique est la science qui contient les premiers fondements de ce que saisit le savoir humain. Et donc lorsque la philosophie pose des questions, la métaphysique apporte la partie scientifique de la réponse.

Soma vs germen

septembre 2nd, 2024

Ainsi va la technologie que ses pas de géants l’amèneront à toquer sans arrêt à la porte de l’éthique sociétale. Il est de fait que l’on n’aura jamais connaissance des doutes qui assaillirent Louis Pasteur quand Joseph Meister lui fut amené après avoir été mordu quatorze fois par un chien enragé. En ce mois de Juillet 1885, si l’effet du vaccin se situe dans l’inconnu, la mort de l’enfant est programmée. C’est un pas de géant qui s’écrit dans le domaine thérapeutique, quand en 2020, Emmanuelle Charpentier et Jennifer A. Doudna découvrent le système CRISPR cas9, puisque c’est au niveau cellulaire que l’on intervient. Ainsi des cellules génétiquement modifiées grâce à ce système vont-elles permettre d’initier des guérisons parfaitement inenvisageables des décennies auparavant. Tout ira plutôt bien tant que les cellules modifiées seront des cellules somatiques. Mais la technique pouvant tout aussi bien être pratiquée sur des cellules germinales, le futur n’est plus le même dans la mesure où les modifications induites deviennent transmissibles. La pratique de cette technique devient dés lors questionnable (CRISPR could soon be used to edit fetal DNA — are we ready?) dans la mesure où elle doit pouvoir répondre à plusieurs interrogations. Quand chacun sait qu’il n’existe pas de but qui n’ait été détourné de sa finalité première, il est indispensable de pouvoir/savoir répondre à plusieurs interrogations dont la première, quel traitement vise-t-on réellement. Mais il faudra aussi ne pas oublier de statuer sur le statut du fœtus, ni d’établir les frontières de l’eugénisme. : vaste programme !

A la recherche de la nature perdue

août 26th, 2024

Qu’est-ce qu’un mantra sinon une formule sacrée et quel est celui du XXIème siècle ? Rendre sa nature à la nature ! Mais même si chacun en est d’accord, rien ne sera moins simple. En référence à Aristote, il n’est pas inutile de rappeler que la vertu se situe dans l’équilibre entre le trop et le pas assez, ce qui n’est pas sans rappeler le savoir raison garder, du siècle des lumières. C’est la réflexion qui vient à l’esprit quand on examine avec soin cette recherche exacerbée d’un avant nécessairement meilleur qu’un aujourd’hui. Cette remarque vaut tout particulièrement pour cette quête tous azimuts d’une nature qui n’existerait plus, parce que consciencieusement détruite par l’homme. Mais alors quelle nature doit-on privilégier ? Celle contemporaine des mammouths laineux que l’on cherche à cloner, le temps du Raphus cucullatus (Dodo) avant sa disparition au XVIIème siècle, celui de celles des chauves-souris disparues avec le XXème siècle ? Mais pour clore les débats, ne serait-il pas plus judicieux de choisir le temps adamique, quand Adam et Eve n’avaient pas encore croqué la pomme, puisque tout y était parfait !!! C’est ce problème à la fois non posé et insoluble dont il est question dans l’article Fall of the wild, mais peut-être est-ce parce qu’il est insoluble que l’on ne peut pas le poser ! L’homme a donc créé le mythe selon lequel tout était mieux avant, cet âge d’or hésiodique, que Valerius Caton regrettait déjà au Ier siècle av. J.-C, puisque le rat géant de Ténérife n’habitait déjà plus cette terre depuis mille ans. L’histoire ne s’efface pas, elle s’imprime inexorablement pour modeler le présent et donc ressusciter une espèce est un acte isolé qui survient dans un temps qui n’est pas celui de l’espèce primitive, l’homme avec qui elle cohabitera ne pouvant être celui avec lequel elle cohabitait. Les temps respectifs ne se mélangent pas ! Il conviendrait donc de faire le choix de l’équilibre pour ralentir les dégradations de l’anthropocène sans chercher un passé certes perdu mais aussi parfaitement méconnu à jamais.

Ni une ni deux

août 23rd, 2024

Mnémosyne, fille d’Ouranos et de Gaïa, aimée de Zeus, mère des neuf muses, déesse de la mémoire, n’aurait en fait rien à voir avec cette faculté qu’est la mémoire que se partage largement les acteurs du règne du vivant. S’il faut manger pour vivre et non vivre pour manger, pourquoi donc faut-il se souvenir ? On peut imaginer que se rappeler de bons souvenirs serait bon pour la santé, mais alors qu’en serait-il des mauvais ? En fait il semble que cette faculté de mémorisation soit indispensable à une adaptation à la vie en société. Il s’agirait d’une fonction d’apprentissage en vue d’une gestion adaptée aux péripéties de la vie. L’expérience a largement prouvé que certains faits ne sont mémorisés qu’a partir d’un certain âge, que d’autres disparaissent, mais que certaines circonstances peuvent en faire réapparaitre. Ainsi rien n’est-il simple dans cette faculté. Le mystère s’épaissit-il ou bien est-il en cours de résolution ? Selon ‘l’article The Brain Creates Three Copies for a Single Memory, New Study Reveals (https://www.labmanager.com/the-brain-creates-three-copies-for-a-single-memory-new-study-reveals-32695?), il existerait plusieurs copies d’un même souvenir encodé dans des neurones différents au cours du développement embryonnaire : des neurones précoces, des neurones tardifs avec pour les premiers la possibilité d’une réactivation ! Il ne s’agit donc pas d’un simple archivage dans une bibliothèque poussiéreuse mais d’un fond dynamique dans lequel les informations vont changer de place au fur et à mesure où le demandeur en aura besoin !

Ce peut être une suite….

août 12th, 2024

Il s’agit aujourd’hui de regarder avec attention la provenance des aliments destinés à nourrir chatbots IA (dialogueurs ou agents conversationnels) ou des articles de seconde génération, véritables Moloch des temps modernes. Car il se trouve nécessairement des propriétaires au regard de ces informations. Des chercheurs ont publié les résultats de leurs recherches originales et les ont soumis à des revues qui ont accepté de les publier, la valeur qui leur est accordée étant fonction de la revue et des comités de lecture. Ces articles vont donc (comme il a été écrit dans l’article précédent) venir grossir le stock des informations indispensables au rôle du dit chatbot. La question se pose donc de savoir s’il est juste de vendre/acheter aux propriétaires leurs données qui deviendront des réponses pour autrui ou bien dans la mesure où elles ont été portées a la connaissance de tous, elles ne leur appartiendraient plus. Il ne s’agit ni plus ni moins que du problème du droit d’auteur, débat aussi vieux que le sont les auteurs et leurs œuvres ! La différence vient de l’intermédiaire : une machine (https://www.chemistryworld.com/news/should-scientists-be-paid-when-ai-chatbots-use-their-work/4019894.article?utm_source=cw_weekly&utm_medium=email&utm_campaign=cw_newsletters). Mais comme rien n’est simple, il n’est pas inutile de rappeler que l’auteur a (presque) obligatoirement consulté un chatbot pour initier sa bibliographie. Quant à la machine son premier repas lui est certes apporté par un humain mais elle est faite pour tirer ses repas ultérieurs de ce qu’elle vient d’absorber. Alors si tel est pris qui croyait prendre, comment peut-on réguler ces utilisations pour que les pratiques soient inéquitables ?

IA vue par l’IA

août 9th, 2024

Si l’on scrute avec attention le rapport entre l’Homme et sa création, l’IA, le temps est venu de scruter l’IA et l’IA. Au commencement était l’homme qui alimentait l’IA, mais comme cette dernière peut également s’auto alimenter, l’homme en est venu à se demander ce qui se passait quand une IA parlait à une autre IA ? Consternation, puisque la réponse est : des absurdités ! AI fed AI-generated data spews nonsense. C’est ce que les scientifiques appellent l’effondrement des modèles. L’étude proposée par l’article porte essentiellement sur des modèles linguistiques qui nourrissent l’IA. Ce n’est pas tant la quantité totale d’informations fournie à la machine que la proportion de chaque donnée portée dans chaque apport. Ainsi une donnée peut-elle disparaitre parce qu’insuffisamment présente. Mais un mot par ce qu’il est courant peut à l’inverse être sur représenté. Ainsi par le jeu de surexpressions et sous expressions d’origine statistique, l’apport primitif devient alors tronqué ou gonflé lors de la deuxième étape, phénomène qui ne peut que s’amplifier au fur et à mesure. Mais ne s’agit-il pas en l’occurrence d’un processus normal d’accumulation d’erreurs successives ? Dans l’état des choses le traitement statistique du mot par la machine est incompatible avec la richesse de l’expression humaine qui sait donner par un seul mot le sens exact. Il est satisfaisant d’en prendre conscience pour apprendre mieux à la machine mais chaque enseignant sait combien il est difficile de se bien faire comprendre par ceux que l’on enseigne.

Un seul être vous manque …

juillet 31st, 2024

Comment se peut-il qu’un être vivant n’ayant aucune connaissance de l’environnement dans lequel il se trouve établisse des rapports privilégiés avec sa génitrice. La question a déjà et s’est déjà posée de la nature de l’amour maternel essentiellement en référence à une idée retenue par la société selon laquelle une femme ne pouvait pas ne pas en être pourvue. Comme il était évident que le dit amour n’était pas distribué de façon équilibrée à chacune, son absence était non seulement montrée du doigt mais encore particulièrement vilipendée. Heureusement l’ocytocine est venue remettre les pendules à l’heure. Aujourd’hui c’est au tour du nouveau né de faire les fruits des interrogations concernant la perception qu’il peut avoir de sa mère (‘I feel good with mum’ neurons discovered). Il existe des neurones situés dans une zone sous thalamique, tellement mal connue antérieurement qu’elle porte le nom de zona incerta, qui s’activent lors de la rencontre de souriceaux nouveaux nés avec leur mère. Et là encore il est question d’hormone, il s’agit de somatostatine, connue pour de nombreuses autres fonctions dans l’organisme. Mais c’est là où se pose une nouvelle question car il semble bien que ces neurones ne soient pas doués de stabilité dans leur fonction ! En effet chez l’adulte, ils sont activés dans les processus d’anxiété et de peur ! S. Freud en aurait certainement tiré des conclusions pour expliquer certains complexes de l’adulte bâtis sur la prime jeunesse !

Ô temps suspends ton vol …

juillet 24th, 2024

C’est encore un histoire de temps, mais qui questionne plus encore qu’il n’est habituel puisque “Time might be a mirage created by quantum physics, study suggests” : cette supposition n’ayant en effet rien d’évident. Mais chacun sait que rien n’est plus étonnant que le temps ! Or donc le temps fut d’abord cyclique, eut égard à la répétition immuable d’un certain nombre d’évènements. Puis il devint linéaire allant du passé vers le futur, ce qui également semble une évidence. Mais en combinant les deux, il n’est pas impossible que le premier en se répétant avance également suivant une flèche qui (jusqu’à présent) ne se dirige que dans un sens. Et quand aujourd’hui le temps ne pourrait être qu’une “création” de la physique quantique, la théorie selon laquelle la réalité de notre monde peut être mise en question, n’ a peut-être plus rien d’absurde ! En fait ce qui est en jeu, c’est “la théorie du tout” : “théorie physique  susceptible de décrire de manière cohérente et unifiée l’ensemble des interactions fondamentales“, qui s’inscrit dans la démarche unificatrice de la physique en général. L’aporie résulte en effet de la confrontation entre la théorie de la relativité générale d’Einstein et la mécanique quantique. Pour sortir de l’impasse il faut, mais suffit-il (?) que deux objets soient intriqués de façon quantique : ainsi le temps émerge pour l’un quand l’autre devient son horloge, Schrödinger devient alors compréhensible à tout un chacun ! Tout repose in fine sur le passage indispensable de la physique de l’infiniment petit à la physique de l’infiniment grand. C’est pourquoi la communauté scientifique reste suspendue à la théorie de la réfutabilité de Karl Popper.

Indispensable ?

juillet 22nd, 2024

La question ne date pas d’aujourd’hui ! Existe-t-il un rapport entre l’absorption de “drogue” et la création poétique ? L’un ne va-t-il pas sans l’autre ? Toute création poétique est-elle nécessairement tributaire d’un ingestion de drogue ? Des exemples célèbres sont connus pour confirmer ou infirmer cette assertion. Parmi les textes écrits sous hallucinogènes, “Au dessous du volcan” de Malcom Lowry pourrait être étudié comme cas clinique tout comme la nouvelle “Morphine” de Mikhaïl Boulgakov. Quoiqu’il en soit, indispensable ou pas, c’es la physiopathologie qui est aujourd’hui à l’honneur (Your brain on shrooms). Comme dans le roman de Malcom Lowry, c’est la psilocybine des champignons hallucinogènes dont il a été tenu compte. En fait ce ne sont pas les neurones pris individuellement qui subissent des modifications, mais les circuits neuronaux. La synchronisation habituelle, fait place à une désynchronisation avec dans le même temps des modifications de l’hippocampe antérieur. Il est néanmoins possible d’atténuer cet effet de désynchronisation en demandant au sujet d’exercer son attention sur une action précise. C’est justement cet effet de désynchronisation qui pourrait être impliqué dans les bienfaits thérapeutiques potentiels de la psilocybine, sans que l’on connaisse encore précisément le mode d’action. C’est le consul, Geoffrey Firmin, qui aurait été content de comprendre pourquoi son addiction au mescal lui permettait d’évacuer ses remords !