Avant que d’être une discipline scientifique sous les auspices de Ferdinand de Saussure, des ressemblances plus ou moins évidentes entre les langues avaient initié des recherches de parentés. Au XVIIème siècle, un proto linguiste venu du Nord, répondant au doux nom de Marc Zuer van Boxhorn, avait soupçonné l’existence d‘une ancienne langue commune aux langues néerlandaise, grecque, latine, perse, germanique, slave, celte et balte, à laquelle il avait attribué le qualificatif de scythique. Il avait été lui-même précédé par un compatriote, un certain Iustus Lipsius qui avait déjà détecté des similitudes entre le persan et le flamand, ce qui peut sembler loin d’être évident à un non averti ! Un siècle plus tard, des linguistes à la vue tout aussi perçante percevaient des ressemblances entre les langues a priori aussi éloignées que le grec ancien, le latin et le sanscrit ! Que le grec ancien, le latin et plusieurs langues européennes partagent une communauté d’origine est une évidence, c’est l’antériorité qui posait problème. La génétique plus « scientifique » que la linguistique peut aujourd’hui apporter sa pierre à l’édifice (The origin of Indo-European languages). Si l’omniprésence des langues indo européennes était admise depuis au moins deux cents ans, c’est son point de départ qui prêtait encore à discussion. La génétique des populations (l’étude de la distribution et des changements de la fréquence des versions d’un gène) est un outil particulièrement performant : elle permet de définir les ascendances et de tracer les voies migratoires des populations étudiées. C’est ainsi que l’Anatolie est en passe de se voir dépossédée de sa primauté dans l’origine des langues indo européennes au profit du Caucase et de la Basse Volga. Si la guerre qui sévit dans ces zones a des effets délétères sans comparaison avec l’arrêt des recherches sur les origines des langues indo européennes, cette dernière n’en constitue pas moins une conséquence certes mineure mais néanmoins réelle qui s’intègre dans le vaste champ des dégâts inhérents aux conflits armés.
A l’origine …
février 8th, 2025Candide ?
février 1st, 2025Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, dixit Panglosse (qui parle toutes les langues) adepte inconditionnel de Leibniz ! Dieu étant parfait n’aurait pas créé un monde imparfait, d’où il s’en suit que ce monde est le meilleur qui soit ou plutôt, qui puisse être, ce qui permet déjà d’introduire comme un « bémol » sur la qualité de la sus dite perfection ! Mais qui, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, tente une explication de l’existence du Mal ! Néanmoins la facétieux Voltaire n’a pas insisté sur le rôle propre à l’homme dont il doit être tenu compte pour que la perfection dans ce bas monde soit réalisable. Et c’est là qu’intervient personnellement Leibniz comme artisan du progrès et donc acteur indispensable d’un perfectionnement sans fin. C’est par ce que sa démarche mécanistique risque de porter atteinte, en ce XVIIème siècle, au sacré encore terriblement en vigueur, que le philosophe-mathématicien va tenter rationnellement de combiner les deux approches à la façon de la démarche d’un Louis de Broglie théoricien de la mécanique ondulatoire. On peut donc y voir le canevas d’une vie sur lequel il a brodé d’innombrables applications pratiques. C’est toujours par cette adhésion sans faille à l’idée du meilleur des mondes que Leibniz achèvera son système par son concept de « monade » : cette unité parfaite qui est le principe absolu ! Si l’on croit dans le meilleur des mondes, iI n’est pas de meilleur exemple que Leibniz qui y œuvra tout au long de sa vie (Leibniz: the ultimate optimist).
J’hallucine dit l’IA !
janvier 27th, 2025Si selon le dictionnaire de l’Académie Française, l’hallucination est « Une fausse perception qui se forme chez un sujet éveillé » comment l’IA peut-elle avoir des hallucinations ? En réalité, c’est plutôt l’utilisateur de l’IA qui hallucine quand il découvre, incrédule, les réponses inventées que lui donne sans vergogne, son système intelligent préféré (Can we curb AI’s hallucinations?). Quelles soient ou non qualifiées d’hallucinations ou d’erreurs leur pourcentage peut être particulièrement élevé selon les auteurs. Il est de fait que ces erreurs pourraient être assimilées à des hallucinations dans la mesure où le système les a non seulement inventées mais encore ne les reconnaît aucunement comme fausses voire même persiste dans ses erreurs. Le problème est donc de savoir si ce défaut peut être éliminer autrement que par des systèmes de vérification externes. Il n’est pas impossible que ces dérapages soient la contrepartie de ce dont se nourrit le système selon la paraphrase « Trop de données tue les données » assertion à laquelle il convient d’ajouter la personnalité du/ des donneurs d’informations. D’où la règle intangible, ne jamais faire une confiance aveugle à la machine, et savoir garder un œil averti sur ses résultats. Mais comme on n’arrête pas le progrès il convient d’ajouter à ces hallucinations, son nouveau pouvoir, celui d’autoréplication (AI can now replicate itself — a milestone that has experts terrified), car on entre alors dans une autre dimension ! L’homme serait alors confronté à un taux de réplication incontrôlable pouvant mener par le biais de mécanismes d’autosurveillance à des comportements malveillants envers l’utilisateur avec pour finalité l’autoconservation du système ! A bas le monde dystopique, bienvenue dans la réalité !
Quand vérité et mensonge se croisent
janvier 19th, 2025Un jour vérité et mensonge se croisèrent. Le premier ayant émis quelques paroles justes, car vérifiables, à propos du temps et de la température de l’eau d’un puits, la seconde accepta de se baigner avec lui. Mais ce dernier sortant de l’eau avant elle, s’empara de ses vêtements. La vérité refusant de se couvrir des habits du mensonge, retourna dans le puits : « En réalité nous ne savons rien, car la vérité est au fond de l’abîme » (Démocrite, 460 av. J.-C, 370 av. J.-C). Le sujet est pleinement d’actualité quand aujourd’hui la désinformation, un des principaux vecteur du mensonge, parcourt l’univers à la vitesse V et l’accélération Γ. Quand la société Méta, mère de Facebook, annonce son intention de supprimer son programme de vérification, c’est à la question « Est-ce grave, Docteur ? » qu’essaie de répondre l’article Does fact-checking work? What the science says. Il semble bien qu’une vérification ait tendance à réduire les perceptions erronées, néanmoins les biais cognitifs n’en sont pas pour autant supprimés et ces précautions ne peuvent en aucun cas pénétrer la sphère des irréductibles. Une des raisons pour laquelle cette suppression pourrait intervenir repose sur la subjectivité supposée des vérificateurs. Or cette dernière ne disparaitrait pas si chaque texte était accompagné de remarques additionnelles provenant de différentes catégories de lecteurs ! Ce qui est d’autant plus vrai que par ailleurs cette quête d’une vérité de l’information se fracasse sur la dimension temporelle de sa saisie et de sa mise à disposition. D’où cette deuxième question « L’absence de solution doit-elle être un frein à la recherche de LA solution ? »
Le laboratoire et la vraie vie !
janvier 13th, 2025Si l’espèce murine a beaucoup donné à la science depuis des décennies, il s’agit essentiellement de ceux que l’on appelle, les rats de laboratoire, issus d’une souche ou d’une lignée sélectionnée, élevée et reproduite à la demande des établissements d’expérimentation animale. Les utilisateurs étaient ainsi assurer d’une continuité telle que les résultats pouvaient être comparés entre les laboratoires qui s’adressaient à des lignées produites par sélection à partir de reproducteurs choisis par les éleveurs au sein d’élevages de rats bruns, dont les premiers individus provenaient de l’espèce sauvage Rattus norvegicus. Pourtant on aurait également pu se souvenir du couple Ésope/ La Fontaine et qui avait bien différencier le rat des villes et le rat des champs. Car si le rat de laboratoire est un animal docile il ne possède pas certaines des caractéristiques de son parent sauvage, le Peromyscus. C’est chez ce dernier qu’il existe deux espèces particulières, le P. polionotus et le P. californicus. Elles sont toutes deux monogames (ce qui est exceptionnel chez les mammifères) construisent des nids d’une grande complexité et manifestent vis à vis de leur descendance un intérêt tout à fait particulier, digne des mammifères supérieurs voire de la gente humaine ! Ces qualités sont héréditaires et on a mis en évidence des régions génomiques (hypothalamiques) en rapport avec les différences comportementales. La paternité/maternité s’accompagne ainsi de modifications au niveau cellulaire, mais aussi au niveau tissulaire, au niveau physiologique et au niveau sensoriel. Ce qui permet d’effectuer des études comportementales d’une autre portée que celles attribuées aux rats de laboratoires élevés en batteries. Il est certain que la diversité qui existe dans ces populations la rapproche de celle des individus ce qui ne pouvait être le cas des études faites sur des populations rendues artificiellement homogènes (On a Wild Mouse Chase to Understand Parenting, Love, and Fear)!
Une mémoire d’oiseau !
décembre 31st, 2024Pas certain que l’on aie pensé à associer mémoire d’oiseau et appétit d’oiseau. Pourtant l’observation d’un certain nombre d’entre eux démontre leur capacité à se nourrir lorsque bise et frimas règnent, tant leur mémoire leur permet de retrouver les caches de nourriture faites pendant les temps de plénitude alimentaire. Il en existe même deux groupes principaux selon qu’ils collectionnent ou dispersent leurs réserves, mais là n’est pas le propos, car ce qui interroge c’est leur aptitude à la mémorisation spatiale, ce qui peut sembler faire défaut à l’humain ( The Elephantine Memories of Food-Caching Birds, in The New Yorker Daily, Illustration ci-dessus). C’est cette apparente anomalie de la nature qui a poussé différents ornithologues à explorer cette extraordinaire faculté. Plusieurs corrélations sont à prendre en compte, sans que l’on puisse en affirmer la causalité. Il existe un rapport entre les oiseaux les plus performants en terme de mémoire et leur survie. Les femelles qui choisissent les males plus performants ont des pontes plus riches. Les hippocampes des individus les plus performants sont de taille supérieure ou possèdent plus de neurones, mais gènes et éducation se sont révélés impliqués conjointement et la sélection naturelle joue sa partition. En fait ce qui semble nouveau dans cette étude de la fonction mémorielle des oiseaux, c’est la différence que les auteurs pointent entre rigidité et adaptabilité : entre la capacité à utiliser le milieu où évolue le sujet et son incapacité à le faire ! On pourrait même imaginer qu’un homme ne pourrait jamais vivre avec une mémoire de mésange en raison d’un trop plein d’informations sans intérêt et ce d’autant plus qu’elles interdiraient la prise en compte d’autres informations ! On ne le dira jamais assez, la nature est décidemment bien faite !
Miroir, mon beau miroir !
décembre 29th, 2024Parce que la fonction d’un miroir est de réfléchir, c’est aussi un parfait outil pour la réflexion ! Mais pour celui qui s’y mire les conséquences prennent des chemins totalement différents : la méchante reine décide d’éliminer Blanche Neige tandis que La Belle décide de retrouver la Bête. Il est aussi celui qui crée une image de même taille et de forme inversée ainsi l’image d’une main droite est-elle une main gauche, (propriété de chiralité) ce dont la Nature est particulièrement friande, comme l’ont constaté nombre d’observateurs depuis la nuit des temps. Toujours fidèle à son don d’imitation, l’homme réussit aujourd’hui » à créer des versions miroirs de molécules naturelles » (Scientists warn against creating ‘mirror life’). La version ainsi créée de la molécule est tout simplement l’équivalent de l’image en miroir de la main (citée ci-dessus), de telle sorte que si la molécule native a une chiralité droite, la molécule créée a une chiralité gauche et inversement. Mais alors, ne se pourrait-il pas que ces molécules nouvelles adoptassent un comportement différent des molécules natives en rentrant en contact avec l’organisme vivant auquel elles sont destinées ? Problème d’autant plus prégnant, s’il s’agit de bactéries, de molécules thérapeutiques … L’optimiste aura tendance à voir un avenir brillant au monde miroir, tandis que le pessimiste verra l’inverse, ce qui est parfaitement normal au regard de la technique en cause. Une seule certitude, dans l’état actuel, il est impossible de répondre à la question !
Artificielle : jusqu’où ?
décembre 16th, 2024Si l’on utilise le terme d’Intelligence artificielle, l’article Treat AI as you would want to be treated peut ne pas être inintéressant. Par contre parler d’automate numérique, élimine toute implication éthique dans la mesure où la référence est à l’évidence une machine. Ainsi le terme même d’intelligence est-il dès le départ connoté, l’intelligence étant plus aisément attribuée à l’être vivant qu’à un mécanisme totalement artificiel. C’est la raison pour laquelle selon le terme retenu, il peut sembler licite ou totalement illicite de se poser la question d’une éthique allant de paire avec le qualificatif d’artificielle. Peut-il y avoir ou non accession à une certaine conscience, acquisition d’expériences subjectives ? Si la réponse est affirmative, il est indispensable de mettre en place un environnement éthique adapté; Mais comme on peut s’en douter, la difficulté va être de pouvoir être « affirmatif » : comment est-on en mesure de détecter si l’Intelligence artificielle qui fait face sait se poser la question « Ai-je peur de la mort ? ». Comme le disent les auteurs de l’article « Il n’y a pas de mal à se poser la question » : et rien n’est répréhensible à le faire. Dans la mesure où c’est Isaac Asimov, et lui seul qui a édicté les lois de la robotique dans un autre temps, il n’est peut-être pas inutile de prendre les devants, le cadre s’étant considérablement modifié !
Rappel des trois lois d’Isaac Asimov 1)Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ; 2)Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi ; 3)Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.
N’est pas végétarien qui veut !
décembre 12th, 2024Être végétarien c’est adhérer à une certaine idée de vie, mais c’est aussi manifester une appétence réelle pour le règne végétal peut-être pas dans son ensemble mais néanmoins pour un certain nombre de ses représentants au nombre desquels les légumes. « Plante potagère dont certaines parties peuvent entrer dans l’alimentation humaine« , dont la liste est longue : légumes tiges, légumes feuilles, légumes fleurs, légumes racines, secs ou frais, ils participent à l’alimentation humaine depuis l’antiquité peut-on lire, en réalité depuis si longtemps que la date plonge dans la nuit des temps. Pourtant tous les individus ne sont pas égaux devant le règne végétal en terme d’élément de nourriture. Si on évoque l’importance de leur introduction dans l’alimentation du jeune enfant, il n’en reste pas moins vrai que l’adulte qu’il deviendra en sera plus ou moins friand. Aujourd’hui il convient de ne pas stigmatiser ceux qui se refusent à en absorber quelques uns car l’explication en est scientifique (Greens and Genes: The Bitter Truth Behind Your Veggie Preferences), donc sans appel …. , l’expérience gustative reposant « sur un mélange de facteurs génétiques et individuels« . Les récepteurs du goût sont de deux types, et c’est essentiellement les récepteurs sensibles à l’amertume, type 2, qui sont en cause. Ainsi est-il possible de distinguer des super goûteurs en fonction des copies du gène que possède l’individu considéré, ce qui se traduit par une différence dans le ressenti du légume que l’on mange. Mais mise à part l’explication rationnelle du rejet alimentaire, cette explication peut permettre un élargissement de la palette nutritive. Si l’on modifie le goût de certains légumes, on augmentera leur absorption et donc on améliorera la nutrition de la population humaine. Malheureusement on se heurte là encore à la peur que génère l’acronyme OGM. Tout espoir n’est pourtant pas perdu, puisque contourner le problème reste néanmoins possible : il suffit de faire ce que l’humanité a toujours pratiqué » les méthodes de sélection traditionnelle » puis ajouter une touche de modernité et « appliquer le dépistage génétique pour identifier les mutants naturels« .
Intéressant ?
décembre 10th, 2024N’importe quel jardinier sait qu’après la pluie ce peut être le beau temps, mais qu’un temps pluvieux est aussi le meilleur moment pour vérifier la qualité de sa terre en comptant les vers de terre qui sortent de leur repère. Le lombric en effet est considéré comme le meilleur ami des jardins : c’est un fidèle témoin de la bonne qualité du milieu dans lequel il évolue et qu’il aère comme on l’apprenait aux petits écoliers des décennies passées. Une question d’importance se pose néanmoins aux plus curieux : pourquoi les vers de terre sortent-ils pendant qu’il pleut à moins que d’imaginer qu’ils aiment patauger dans un terrain détrempé ! (Why do worms come out in the rain) ! Nombreuses et pertinentes sont les hypothèses soulevées par les spécialistes en géodrilologie, parmi lesquelles : leur crainte d’une noyade, la teneur en oxygène, un stimulus nociceptif (prédateur, pluie acide), le besoin d’un déplacement accéléré …. En fait quand on croise phénomène vibratoire et sortie des vers de terre, on s’aperçoit qu’il existe bel et bien un point d’intersection : certains oiseaux « vermiphages » tapent sur le sol de de telle sorte que les vers en sortant se font dévorer par ceux des oiseaux qui en sont amateurs. Il existe donc deux interprétations possibles : les oiseaux ont appris mais pas les vers de terre !! Pour mémoire, Frank Herbert devait être au courant de ce phénomène puisque les Fremen de Dune tapent sur le sol de façon rythmée pour en faire sortir les vers de sable avant de les chevaucher !