Gardien du génome

avril 20th, 2025

Que sont les gardiens de la galaxie sinon les protecteurs indéfectibles d’un monde en danger dans un espace temps dynamique où les terriens ne sont pas nécessairement des contemporains. Par analogie et au regard d’un autre monde, mais lui bien réel, les chercheurs en oncologie on proposé le terme de « gardien du génome » pour une protéine douée d’un pouvoir protecteur à ne pas négliger comme on le verra plus loin. Au tout début du raisonnement il faut s’intéresser à deux facteurs : l’un concerne la taille des espèces vivantes, l’autre le pourcentage de survenue de néoplasies au regard des dites tailles. On sait qu’un processus néoplasique se manifeste par le biais de mutations oncogènes donc a priori, plus un organisme vivant est volumineux, plus il a de cellules, donc a fortiori, plus il a de cellules, plus il devrait être concerné par ces mutations oncogènes. C’est là où intervient le paradoxe de Peto « observation selon laquelle, d’une espèce à l’autre, il n’existe pas de forte corrélation entre le risque de cancer et la taille corporelle« . D’où la question : pourquoi ? Cette question est d’importance dans la mesure où s’il existe un système de protection dont bénéficient les individus de grande taille tels les éléphants ou les baleines bleues, on se plait à penser qu’il pourrait être profitable à l’homme. C’est tout l’objet de l’article Peto’s Paradox: How Gigantic Species Evolved to Beat Cancer, et le grand gagnant est un suppresseur tumoral essentiel, la protéine p53 découverte en 1979. Celle-ci existe sous forme de copies supplémentaires (non identiques) chez les animaux sus cités. A l’instar de ces animaux, serait-il possible d’utiliser des copies de telle sorte qu’elles jouent leur rôle de protection dans la survenue des processus néoplasiques chez l’homme ? Aujourd’hui on pourrait avoir besoin d’un plus gros que soi !

Rien ne sert de courir !

avril 5th, 2025

Quel pourrait être le but de l’article  » Your brain starts eating itself during a marathon, study finds » ? On n’imagine pas son intention de décourager d’hypothétiques marathoniens ! Car à en croire les auteurs plutôt que de conforter l’aphorisme, « mens sana in corpore sano« , la course extrême, comme celle pratiquée lors d’un marathon peut affecter défavorablement différents organes de celui qui pratique ce sport, et en particulier son cerveau. Il faut néanmoins rappeler que « Philippidès, qui aurait parcouru la distance de Marathon à Athènes pour annoncer la victoire des Grecs contre les Perses en 490 av. J. -C » serait mort en arrivant ! Un fait qui aurait du mettre la puce à l’oreille des sportifs. Le bon sens comprend facilement que tout travail demandé à une machine nécessite du carburant, et c’est ce qui se passe lorsque le corps est sollicité par un effort extrême. Lorsque le glucose, premier des carburants à être utilisé, fait défaut, le second à intervenir, la réserve en quelque sorte, est le stock des graisses, dont le cerveau est particulièrement riche. D’où son implication comme secours immédiat. Mais il est également logique de comprendre que cette « ponction » dans le tissu du système nerveux ne peut être que préjudiciable à celui-ci, puisque c’est son matériau constitutif en propre qui va diminuer portant atteinte au fonctionnement de ce dernier. Tout n’est pourtant pas définitif, la myéline, puisque c’est d’elle dont il s’agit peut se reconstituer, ce qu’elle fait déjà normalement sans interruption. Néanmoins peut-être les efforts doivent-ils être mesurés, au moins pour certains individus. La vertu aristotélicienne réside dans le juste mileu.

Rien de vraiment nouveau !

mars 29th, 2025

Malgré un espoir relatif, la déception conclue une technique brillante (Tiny blocks build mitochondria map) ! Quel dommage ! En fait, brillante n’est peut-être pas le qualificatif le mieux adapté. Parce que dans l’ensemble le travail ressemble plus à celui d’un moine bénédictin comme il était de coutume aux temps anciens des premières observations au microscope. Faire de multiples coupes sériées d’un même tissu, lui appliquer de façon la plus exhaustive possible une même technique pour faire des reconstructions dans l’espace quand on ne bénéficiait pas encore d’un appareillage dédié à la 3D, était monnaie courante. Quel but visait cette étude de reconstruction du parenchyme cérébral ? Mettre en évidence la distribution d’un célèbre organite nommément la mitochondrie. Les résultats déçoivent : 1) plus de mitochondries dans la substance grise par rapport à la substance blanche, 2) moins de mitochondries dans les sones les plus anciennes. Or le qualificatif de gris exprime la richesse en corps cellulaires neuronaux et en capillaires. Qui dit corps cellulaires, dit mitochondries. Le qualificatif de blanc exprime la richesse en prolongements cellulaires pauvres en mitochondries : CQFD. De même que, plus les cellules sont physiologiquement actives, plus elles sont riches en mitochondries ! Hercule Poirot connaissait déjà parfaitement les exploits de ces/ses fameuses petites cellules grises. Seule petite lueur d’espoir, la conclusion : cette étude permet d’observer des modifications des dites mitochondries qui pourraient être mises en rapport avec des atteintes du système nerveux central. Mais rapport n’est pas causalité, et il y a encore loin de la coupe aux lèvres !

A quand remonte le début ?

mars 23rd, 2025

Même si l’article ne traite pas d’une « vérité scientifique », tant s’en faut, il s’agit néanmoins d’une vérité dont l’intemporalité confond quand on professe la relativité temporelle dans ce domaine. Mais peut-être est-ce justement parce qu’il ne s’agit pas de science mais d’une observation : la constatation ne prête pas à discussion quand il n’y a pas interprétation sensorielle, elle est donc l’ expression de la vérité. Si l’intemporalité est évidente il en en est de même pour l’universalité puisqu’il s’agit tout simplement de faits sociétaux que séparent environ trente cinq siècles (Mechanical Dog: A ‘good boy’ from ancient Egypt that has a red tongue and ‘barks’). En ces temps là, les humains avaient, pense-t-on depuis longtemps, des animaux de compagnie dont les chiens faisaient partie. Parce qu’attachés à ces derniers, ils étaient déjà capables d’en faire des représentations animées. Ainsi en est-il de ce chien en ivoire, qui par le jeu d’un simple mécanisme ouvre la gueule, laissant apercevoir sa dentition et sa langue rouge. Ce qui manque à l’observateur d’aujourd’hui, c’est l’intentionalité de l’objet : jouet ou objet cultuel, l’un n’excluant pas l’autre. Plus près encore des préoccupations actuelles, la loi punissait le meurtre de tout chien portant un collier, c’est à dire tout chien ayant un maitre. Seule aujourd’hui la puce électronique a remplacé le collier pour mettre un nom sur le propriétaire de l’animal. Pour le reste, rien n’a changé.

Pourquoi être parents ?

mars 13th, 2025

Tout simplement parce que la parentalité se révèle être un état particulièrement avantageux, ce dont certains pourraient encore douter ! Dans un premier temps cette fonction peut être reconnue comme un facteur de poids dans la polémique opposant les tenant et leurs adversaires quant à l’existence de l’acte gratuit. En effet les parents [normalement] donnent à leurs enfants un amour dénué de toute notion d’un quelconque retour « sur investissement » : l’amour est dans une plénitude totale exempte du moindre arriéré. Mais il a plus (et non mieux) dans la mesure où la dite parentalité préserverait la jeunesse cérébrale (How Parenthood May Help Keep Your Brain Young). Il s’agit en particulier des systèmes de connexion, réseaux de connectivité, qui s’amélioreraient au fur et à mesure où augmenterait le nombre des enfants, ce qui n’est pas on en convient, sans faire intervenir un certain frein dans le processus. S’il s’agit bel et bien des résultats d’observations cliniques couplées à des examens d’imagerie, la corrélation n’est pas pour autant causalité (ce qui doit toujours être précisé). Par ailleurs on ne peut pas plus en dégager un primum movens, tel une cause efficiente chère aux philosophes. La constatation d’un connectivité supérieure chez ceux qui sont parents ne préjuge pas de la connectivité initiale chez ceux-ci et les autres. L’étude ne demanderait-elle pas à être élargie ?

Un silence qui parle

mars 9th, 2025

N’en déplaise aux théories de genre, il existe des différences inébranlables (au moins jusqu’à aujourd’hui !) dont l’une concerne spécifiquement le chromosome X. Le mâle et la femelle se distinguent par leurs chromosomes sexuels : XY pour le premier, XX pour la seconde, chez qui l’un de ces deux X est par ailleurs inactivé ou silencieux. Cette inactivation entraine la disparition de l’expression d’environ soixante quinze pourcents des gènes portés par ledit chromosome mais il n’en est pas de même pour les vingt cinq restants qui peuvent être réactivés au fil du temps au niveau des cellules de différentes parties de l’organisme. Une fois encore les résultats proposés à la réflexion des chercheurs par l’article The second X chromosome does make noise , mais aussi de la population en général, concernent la gente murine, mais quelle découverte ! En effet, il pourrait être bon de vieillir quand on est une femme, car l’apprentissage et la mémoire s’en trouveraient améliorés ! Avant même que ces résultats puissent être transposés à l’humain, on sait que le cerveau des femmes même souffrant de la maladie d’Alzheimer fait preuve de performances cognitives supérieures à celles des hommes dans les mêmes conditions et que le vieillissement cérébral serait moindre. Même si elles ne sont pas nécessairement en meilleure santé que les hommes, leurs capacités cognitives leur permet de mieux aborder leur quotidienneté. Se garder de toute modification au niveau des chromosomes sexuels en particulier du chromosome X inactivé devient un impératif kantien !

Science ou fiction, faut-il choisir ?

mars 1st, 2025

On dit de la science fiction qu’elle est apparue simultanément dans différents pays au XXème siècle pour progressivement constituer un genre littéraire, mais pas que. En effet dans la mesure où la technologie a pu mettre une image animée sur un texte, le cinéma s’est emparé avec succès du sujet. Mais on ne peut ignorer que plusieurs siècles auparavant l’anticipation scientifique avait déjà conquis droit de cité. Aujourd’hui la science fiction représente un volet non négligeable de la production cinématographique. De même que toute adaptation d’une œuvre littéraire nécessite peu ou prou l’accompagnement d’un spécialiste de l’auteur ou du sujet, de même il existe des possibilités d’un encadrement dédié spécifiquement au volet scientifique (The Guardians of Science in Sci-Fi Movies). Il est certain qu’à l’époque de Méliès, réaliser un alunissage tenait de la gageure, ce qui n’est plus le cas au XXIème siècle. Le film Contagion (cf article cité) a lui bénéficié des connaissances du microbiologiste, W. Ian Lipkin grâce auquel la crédibilité était possible. Cette adhésion des scientifiques constitue néanmoins une médaille à deux faces. Côté pile elle peut aider la société à laquelle on s’adresse en lui montrant que la science est compréhensible, côté face elle peut ajouter au conspirationnisme ambiant ! Pourtant si Alien vit toujours plus de quarante après son apparition dans l’espace, c’est qu’une société n’est pas que rationnelle. En elle vit le besoin toujours insatisfait d’un futur inexplicable et le plus souvent maléfique, par rapport aux connaissances scientifiques de son époque ! Mais n’est-ce pas tout simplement pour démontrer la puissance valeureuse de l’humanité ? L’hubris est loin d’avoir disparu !

Une publicité ciblée

février 26th, 2025

Se souvenir du double « effet Kiss cool » c’est un peu ce dont il est question dans l’article How stress warps decision-making. Ou bien encore, se faire du bien ne fait pas de mal, puisqu’à l’inverse, se faire du mal est loin de se faire du bien. Il serait en effet particulièrement bénéfique de pouvoir/savoir éviter le/les stress pour améliorer ses conditions de vie et en particulier les prises de décision auxquelles chaque individu est régulièrement confronté ! Encore faudra-t-il effectuer certaines adaptations puisqu’il s’agit comme souvent de souris, mais « Des souris et Des hommes », c’est une vieille histoire ! Dans l’étude proposée les résultats sont en faveur de l’action nocive du stress, qui en affectant le processus décisionnel entraine secondairement une rigidification des comportements qui semblent passer en commande automatique. L’observation des conduites humaines montre effectivement dans certaines circonstances, l’inadéquation de la réponse à un environnement agressif. Dans les groupes de souris étudiés, deux voies ont été mises en évidence de l’amygdale au noyau caudé, (comportement flexible) dans un cas et au putamen dans l’autre (comportement rigide/habituel). Quand ces résultats seront validés chez l’homme, on imagine pouvoir traiter en agissant sur l’une ou l’autre de ces voies pour diminuer à tout le moins l’effet néfaste du stress

Parlera, parlera pas ?

février 25th, 2025

« Tout le monde parle, c’est une évidence » (extrait de Chantons sous la pluie), sous entendu, tous les humains parlent. Si l’éthologie a montré qu’il existait chez différentes espèces des voies de communications sonores, si certains humains ont pu développer des systèmes de compréhension avec des non mammifères comme Konrad Lorenz qui « conversaient » avec ses oies, il n’existe chez aucun animal une locution comparable à celle de l’homme : le langage articulé, porteur de sens, dont les mots sont le support, est bien le propre de l’homme. Si l’on situe assez précisément l’apparition de l’écriture, il n’en est pas de même pour la parole articulée. On fait l’hypothèse qu’elle aurait pu apparaitre avec la « bipédisation ». On fait également l’hypothèse qu’elle a pu passer par le stade du gazouillis, par lequel passe le jeune enfant lors de son développement psychomoteur. Aujourd’hui, c’est la génétique qui vient apporter sa pierre à cette construction de façon inattendue (A human gene makes mice squeak differently — did it contribute to language?). A un point tel, que certains n’hésitent pas à parler du gène du langage ! Une mutation remplaçant une isoleucine par une valine entraine la modification d’une protéine, connue sous le nom de NOVA-1. Cette version distingue les humains des Néanderthaliens et des Dénisoviens. Les protéines de la famille NOVA ont été étudiées depuis plusieurs dizaines d’années dans le cadre de la carcinogénèse, mais « la protéine NOVA-1 se lie également à l’ARN des neurones et est essentielle au développement cérébral et au contrôle neuromusculaire ». Pourquoi les scientifiques ont-ils « créer des souris porteuses de la version humaine du gène  nova-1″? La question n’a ici pas de réponse par contre, ces souris génétiquement modifiées se distinguent par leur capacité à émettre des cris d’une sonorité différente, et donc un comportement vocal différent ! De là à imaginer avoir trouvé le gène de la parole chez les humains, il n’y avait plus qu’un pas franchi allègrement. Pourtant la compétition est déjà en marche puisque le gène foxp-2 a été détecté muté chez des individus incapables d’articuler. La solution est encore à venir !

A l’origine …

février 8th, 2025

Avant que d’être une discipline scientifique sous les auspices de Ferdinand de Saussure, des ressemblances plus ou moins évidentes entre les langues avaient initié des recherches de parentés. Au XVIIème siècle, un proto linguiste venu du Nord, répondant au doux nom de Marc Zuer van Boxhorn, avait soupçonné l’existence d‘une ancienne langue commune aux langues néerlandaise, grecque, latine, perse, germanique, slave, celte et balte, à laquelle il avait attribué le qualificatif de scythique. Il avait été lui-même précédé par un compatriote, un certain Iustus Lipsius qui avait déjà détecté des similitudes entre le persan et le flamand, ce qui peut sembler loin d’être évident à un non averti ! Un siècle plus tard, des linguistes à la vue tout aussi perçante percevaient des ressemblances entre les langues a priori aussi éloignées que le grec ancien, le latin et le sanscrit ! Que le grec ancien, le latin et plusieurs langues européennes partagent une communauté d’origine est une évidence, c’est l’antériorité qui posait problème. La génétique plus « scientifique » que la linguistique peut aujourd’hui apporter sa pierre à l’édifice (The origin of Indo-European languages). Si l’omniprésence des langues indo européennes était admise depuis au moins deux cents ans, c’est son point de départ qui prêtait encore à discussion. La génétique des populations (l’étude de la distribution et des changements de la fréquence des versions d’un gène) est un outil particulièrement performant : elle permet de définir les ascendances et de tracer les voies migratoires des populations étudiées. C’est ainsi que l’Anatolie est en passe de se voir dépossédée de sa primauté dans l’origine des langues indo européennes au profit du Caucase et de la Basse Volga. Si la guerre qui sévit dans ces zones a des effets délétères sans comparaison avec l’arrêt des recherches sur les origines des langues indo européennes, cette dernière n’en constitue pas moins une conséquence certes mineure mais néanmoins réelle qui s’intègre dans le vaste champ des dégâts inhérents aux conflits armés.