
« C’était un calmar de dimensions colossales, ayant huit mètres de longueur » Ainsi Aronnax relate-t-il sa rencontre à travers le hublot du Nautilus avec une créature géante des fonds marins. Le feuilleton, Vingt mille lieues sous les mers, parait entre 1869 et 1870. Les personnages confrontés aux mystères de la mer n’ont pas été choisis au hasard : le capitaine Nemo a fui une société qui l’a rejeté et Aronnax est un médecin spécialiste en zoologie. C’est la rencontre entre une nature sauvage et la curiosité scientifique. Mais ce n’est pas le XIXème siècle qui a inauguré la description d’animaux extraordinaires. Pline l’ancien, peut-être le plus cité, parle déjà du poulpe géant dans son Histoire naturelle au Ier siècle apr. J.-C. Vingt siècles plus tard, la question ne tourne plus autour de leur existence, Giant squid that washed up on a South African beach was ‘incredible to see’ mais autour de la question du pourquoi de leur taille, Why are there so many giants in the deep sea? Chez l’humain le gigantisme est à mettre en rapport avec le système endocrinien, hypophysaire plus fréquemment, ce qui n’est absolument pas le cas dans les eaux océaniques profondes et froides. On pourrait envisager deux possibilités. Premièrement à la manière de Bernardin de Saint Pierre, on adopte la vision téléologique : être plus volumineux pour mieux survivre. La seconde possibilité se situe à l’inverse de la première : être plus volumineux est la conséquence de… C’est alors que les facteurs en cause risquent de se multiplier, dont celui de la température et celui de la quantité d’oxygène dont dépend le métabolisme aérobie. Mais comme il est patent qu’existent des limites, il devient impératif de faire appel à des phénomènes de contrainte de croissance auxquels viendront s’ajouter des ruptures d’équilibre. Pourquoi se compliquer la vie quand le principe de finalité reste le plus simple !