Pourquoi la peur serait-elle mauvaise conseillère ? Il pourrait, aujourd’hui, y avoir une réponse apportée par l’article How fear alone can cause animal extinction (https://www.sciencedaily.com/releases/2017/07/170725122224.htm). La disparition des espèces est un sujet à l’ordre du jour, tout particulièrement en raison de l’implication dans ce processus, de celui qui est qualifié de prédateur suprême, à savoir l’homme. Certains d’entre eux, peut-être de façon un peu excessive, n’hésitant pas à promouvoir la chasse à l’homme pour redonner à la nature la place qui lui revient de droit. Quoiqu’il en soit, avant d’en arriver à cette extrémité, l’étude de l’impact de l’odeur de la mante religieuse sur la drosophila melanogaster, dont on sait par ailleurs que la première est un des prédateurs le plus craint de la seconde, est parlante. En effet on assiste rapidement à la disparition de la population des mouches qui « du fait de leur vigilance ne se nourrissent plus » d’où une chute de la reproduction. Mais c’est aussi ce que l’on nomme l’effet Allee, du nom du zoologiste américain qui décrivit le premier (1931) ce phénomène. On ne sourira pas du cheminement intellectuel suivit par les auteurs, l’effet Allee dont il est question, est on ne peut plus intéressant. Il s’agit en effet d’une rupture avec les modèles de croissance de populations que l’on utilisait jusqu’à cette date, le modèle malthusien (croissance exponentielle) et son opposé, le modèle de Verhulst (croissance logistique). L’effet Allee se distingue en effet du second par le fait que lorsque les populations sont de petites tailles, elles ont tendance à décroître ce qui constitue un concept opposé à celui de Verhulst. Ainsi les auteurs démontrent-ils l’existence d’un effet prédateur non pas direct, la mante se nourrissant de la mouche, mais indirect, à partir de la peur induite par son odeur. Ne pas sous estimer ce modus operandi, où le prédateur n’a même plus besoin de s’emparer de sa proie !
Archive for juillet, 2017
Il y aurait prédation et prédation !
jeudi, juillet 27th, 2017C’est essentiel
dimanche, juillet 23rd, 2017Mais sait-on pourquoi et est-il indispensable de savoir pourquoi c’est essentiel ? Quoiqu’il en soit, cet espace de temps que l’on qualifie également de « petite mort » intrigue depuis l’antiquité, comme en témoigne, le dieu Hypnos, frère jumeau de Thanatos et père de Morphée. Comme quoi une famille sacrée peut aussi être une sacrée famille ! Ce que l’on sait de façon certaine, c’est que tout être vivant présente des périodes de sommeil, et que sa privation entraine des désordres physiologiques aussi bien que neurologiques. L’électroencéphalogramme durant le sommeil a permis de distinguer différents stades dont le sommeil dit paradoxal mis en rapport avec la période des rêves. Le chat a du reste été l’animal de choix des premières études expérimentales sur le sujet (Le sommeil paradoxal, https://www.sitemed.fr/reves/3paradox.htm). Ce qui est troublant c’est l’impossibilité encore actuelle de définir exactement ce qu’est le sommeil (Why Do We Sleep? https://www.livescience.com/32469-why-do-we-sleep.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20170720-ls). Ainsi le sommeil est-il à l’origine d’un grand nombre de théories encore invérifiables parmi lesquelles une peut-être plus prometteuse, à savoir un mode particulier de fonctionnement dont la mise en réseau des neurones. Plus fascinant encore ce toujours futur des cellules gliales qui parties de très bas dans la hiérarchie cellulaire ne cessent de grimper les échelons de la célébrité !
Le sexe des anges
vendredi, juillet 14th, 2017On pourrait dire de l’ange qu’il a bel et bien pris la place d’Hermès, puisque ce dernier, comme son homologue Mercure, était messager des dieux, de Zeus en tout premier lieu mais aussi passeur vers l’au delà entre autres fonctions. Il appartient aux trois religions monothéistes et apparaît très tôt dans les textes sacrés. Il est plutôt aimable dans l’Annonce faite à Marie, mais il peut aussi se battre avec Jacob toute une nuit. Enfin il peut aussi désobéir et être puni, déchu à l’image du plus célèbre d’entre eux, Lucifer. Le problème, c’est que normalement invisible il peut se laisser voir et que la question se pose de savoir à quelque sexe il appartient. En fait il se pourrait bien que n’ayant pas réellement de corps il ne puisse pas plus avoir d’attributs. Si cette querelle byzantine sur le sexe des anges s’acheminait plutôt vers l’extinction, elle reprend de l’actualité avec le sexe des robots ce qu’Asimov n’avait jamais évoqué (Let’s talk about sex robots, http://www.nature.com/news/let-s-talk-about-sex-robots-1.22276?WT.ec_id=NATURE-20170713&spMailingID=54477173&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1201858239&spReportId=MTIwMTg1ODIzOQS2) ! Si l’on excepte la sexualisation du robot version intelligence artificielle en réponse à une situation différemment gérée selon celui ou celle qui est concerné, ce qui est en cause aujourd’hui c’est l’importance que peut prendre une autre application du robot dans ce domaine aussi vieux que le monde, celui de la sexualité. Quand la poupée gonflable est dépourvue d’une réelle interactivité, il n’en est pas de même avec le « robot sexuel » de telle sorte que tous les problèmes inhérents à la sécurité informatique devront être pris en compte et viendront s’ajouter à l’éthique et à l’économie de ce marché. Il ne s’agit donc plus de reprendre le chemin de ces discussions interminables vouées à l’échec mais de faire en sorte que l’intelligence artificielle bien qu’artificielle soit intelligente !
A votre bon cœur !
jeudi, juillet 13th, 2017Qui ne s’est jamais posé la question de savoir pourquoi Saint Martin ne donna que la moitié de son manteau. Aujourd’hui on en connaît la réponse ; il n’aurait pas été plus heureux de le donner en entier ! Donner suffit, la quantité importe peu, voire pas du tout (Generous people live happier lives, https://www.sciencedaily.com/releases/2017/07/170711112441.htm). L’étude de Philippe Tobler et Ernst Fehr est loin d’être anodine en raison de l’interprétation qui peut être faite des résultats et de leur implication dans la vie sociétale. On est bien sur heureux d’apprendre que le martyr n’est pas la condition sine qua non à l’obtention du bonheur, ce qui peut être selon l’interlocuteur une bonne ou une mauvaise nouvelle. Par contre lorsque seule l’intention compte, peut-on départager celui qui promet et ne fera pas de celui qui promet et fera ? Donc, si aujourd’hui on a les moyens de vérifier scientifiquement les vulgates populaires, on ne sait toujours pas d’où elles tirent leur authenticité. Quant aux auteurs ils viennent de prouver à la fois que c’est bien l’intention qui compte mais aussi que, de ce fait, l’enfer est pavé de bonnes intentions !
La mode peut-elle être perversive ?
lundi, juillet 10th, 2017On connaît les « fashion victims », un terme peut-être créé par Oscar de la Renta, qui en tant que styliste de mode, savait sans doute de quoi il parlait : une personne vulnérable, à la merci de la société. Il se pourrait bien que la dite société aie fait une victime pour le moins inattendue : le Harfang des neiges (Bubo scandiacus/Nyctea scandiaca ). Chouette en France, hibou en Amérique du Nord, pour cause de très petites aigrettes peu visibles et repliées sur sa tête, Hedwige la chouette « postale » d’Harry Potter est particulièrement intelligente et affectueuse et c’est pourquoi sa disparition a plongé ses fans dans le désespoir. Trop de qualités ne pouvaient que lui nuire dans la vraie vie, puisque nombre d’enfants n’ont eu de cesse que de s’approprier le volatile. Dans la mesure où l’homme a pris conscience de la disparition ou du danger de disparition de certaines espèces, il a aussi mis en place des mesures de protection plus ou moins contraignantes mais aussi qui ne sont pas nécessairement universelles. En ce qui concerne Le Harfang des neiges, il bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. Elle est inscrite à l’annexe I de la directive Oiseaux de l’Union européenne. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l’enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu’elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, colporter, de l’utiliser, de la détenir, de la vendre ou de l’acheter (https://fr.wikipedia.org/wiki/Harfang_des_neiges). Ce qui n’a pas empêché l’Harry Potter mania de déferler sur ce membre de la famille des strigidés. Dès 2012, on relève déjà des dégâts collatéraux (Au Royaume Uni, les chouettes d’Harry Potter sont abandonnées, http://www.linternaute.com/nature-animaux/oiseaux/abandon-de-chouettes-apres-harry-potter-0512.shtml) mais comme l’information ne court pas à la même vitesse de par le monde, le mal continue pour atteindre l’Indonésie (Has Harry Potter mania cursed Indonesia’s owls?, http://www.nature.com/news/has-harry-potter-mania-cursed-indonesia-s-owls-1.22198?WT.ec_id=NATURE-20170706&spMailingID=54427579&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1200787622&spReportId=MTIwMDc4NzYyMgS2). Si l’on peut pas envisager la disparition des dinosaures selon un processus identique, il n’en reste pas moins vrai qu’un phénomène de mode peut être à le point de départ d’une extinction ciblée. La chouette chevêche (Athene noctua), pas si éloignée du harfang des neiges était l’animal fétiche d’Athéna, c’est pourquoi Hedwige joue le même rôle auprès de Harry Potter, mais uniquement auprès de lui !
Pour ou contre Mathusalem ?
mardi, juillet 4th, 2017Fils d’Henoch, Mathusalem vécut 969 ans et eut un fils Lamech à l’âge de 187 ans, ce qui tout bien considéré, n’est pas si mal. Son fils mourut à l’âge de 777 ans tandis que son petit fils Noé atteignait l’âge de 950 ans. La longévité serait-elle une affaire de famille ? La question s’invite régulièrement à la une d’une presse plus ou moins scientifique, mais encore faut-il s’entendre sur la différence entre longévité et espérance de vie. Le fait est que la longévité apparente a progressivement augmenté mais qu’elle ne peut en aucun cas être calquée sur l’espérance de vie. Ainsi si en un siècle, l’espérance de vie a enregistré une hausse de 65 %, la longévité, elle, ne s’est aucunement modifiée. Et c’est bien sur la longévité que les chercheurs s’opposent encore (Evidence for Human Lifespan Limit Contested, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/49758/title/Evidence-for-Human-Lifespan-Limit-Contested/), laissant par exemple, l’espérance de vie aux hygiénistes. C’est un article de Nature qui a mis le feu aux poudres, Evidence for a limit to human lifespan (https://www.nature.com/articles/nature19793.epdf?referrer_access_token=LAq6cuwZYHPvn5xS6zgx_NRgN0jAjWel9jnR3ZoTv0Pb4vtl1frNQHDv-H9AfVH0FFEOocIlHV6NeaQctjwE8qBBlv2EGlq5v7bTaMPNHwldYeddOAHSb3yybcsj_DjA5wRiqp8hSnALiPX9Kf9p_l4aHsLWwEF1k08SloNHXOU16Or_). D’accord, pas d’accord, tout pourrait être question de recueil et d’analyses de données ! Et certains contradicteurs de l’existence d’une date limite d’espérance de vie de suspecter une démarche tautologique des auteurs : théorie établie à partir de données qui ne peuvent en retour que conforter la dite théorie ! Il est de notoriété publique que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Quoiqu’il en soit, il n’est peut être pas inintéressant de savoir s’il existe une limite à l’espérance de vie humaine mais peut être est-il plus utile, comme le préconise S. Jay Olshansky (http://sjayolshansky.com/sjo/Background.html), de se concentrer sur la recherche certes d’une vie aussi longue que possible mais aussi et surtout en bonne santé !
Il y a toujours un côté obscur !
dimanche, juillet 2nd, 2017On connait les éditions à compte d’éditeur, à compte d’auteur, l’autoédition et l’édition scientifique en général (voir Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89diteur_scientifique). Bien sur, tout ceci n’aurait jamais vu le jour sans l’avènement de l’imprimerie qui a permis une diffusion à laquelle les moines copistes ne pouvaient prétendre. Le comité de lecture dans chacun des cas cités ci dessus est un obstacle que celui qui n’a jamais proposé un texte (quel qu’il soit) ne peut même pas imaginer. Mais aujourd’hui il existe, grâce en soit rendue à la toile, une autre voie : les predatory publishers. Certains, jaloux sans doute, parlent déjà de « dark side of publishing« . Pour le savoir, il suffit de lire l’article, Opinion: Why I Published in a Predatory Journal (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/49071/title/Opinion–Why-I-Published-in-a-Predatory-Journal/). Comme le souligne l’auteur, le sel du case report repose essentiellement sur l’utilisation d’un sujet pseudo médical traité dans un des épisodes d’une série américaine (Seinfeld) des années 90. Mais si aujourd’hui le chercheur est démarché à domicile par des prédateurs assumés, un canular a déjà démontré que la pseudo science est une réalité, comme ont voulu en témoigner Sokal et Bricmont dans les Impostures intellectuelles après la parution de l’article du premier en 1996, « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique ». En fait on peut établir, un parallèle entre l’aventure Sokal et les prédatory publishers. L’article du premier est paru dans la revue Social Text, créée en 1979, dont le but avoué était de promouvoir des idées créatrices dans un temps différent et pour se faire sans comité de lecture faisant confiance à ses auteurs. Les prédatory publishers jouent sur le même registre de la temporalité et de l’universalité de la diffusion d’idées nouvelles. Ils s’inscrivent donc parfaitement dans leur époque et tirent partie de cette collusion délétère entre le temps que l’homme rétrécit et l’univers sans limite de la toile. Il n’en reste pas moins vrai qu’entre les deux ne devraient pas pouvoir se glisser les prédateurs.