Archive for juin, 2017

Le diable se cache dans les détails !

vendredi, juin 23rd, 2017

Pour Raymond Poincaré considéré comme l’un des derniers grands savants universels, la loi scientifique est l’aboutissement du fait scientifique. Celui ci  devient compréhensible grâce au langage que pratique le scientifique, seul intervenant à avoir rendu intelligible un fait brut. Rechercher une loi est l’une des activités favorites de l’homme pour se rassurer par la mise en place d’un cosmos harmonieux, vieille réminiscence de son monde antique. Ainsi en est-il de la recherche de lois qui pourraient être établies entre pathologie et génétique. Parmi les outils techniques récemment mis à disposition on peut aujourd’hui compter sur la génomique dont les champs d’investigation n’en finissent pas de s’étendre, ce qui a permis la mise en place d’un groupe international, l’Etude d’association pangénomique (GWAS, genome-wide association study) dont l’un des buts est la recherche d’association entre génétique et maladies. Et c’est de l’incrémentation ininterrompue de l’échantillonnage que naît la perversion du système. En un mot, trop de données tuent les données (New concerns raised over value of genome-wide disease studies, http://www.nature.com/news/new-concerns-raised-over-value-of-genome-wide-disease-studies-1.22152?spMailingID=54331883&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1183642589&spReportId=MTE4MzY0MjU4OQS2). Comment dégager la variation génétique influente dans un réseau dont tous les facteurs ne sont pas répertoriés ? L’histoire biologique de chaque cellule de chacun des tissus ne peut être suffisamment linéaire pour qu’il se dégage une seule réponse pertinente. Une fois encore, sur le papier les plans étaient fort beaux. Il ne reste plus qu’à faire confiance à l’intelligence artificielle pour que l’immensité de ces données devienne interprétable à l’instar d’ANACRIM  (logiciel de rapprochement judiciaire à des fins d’analyse criminelle). Et ce d’autant plus qu’une fois le gène identifié comme responsable (potentiel), il devient indispensable de savoir qu’elle décision prendre pour un avenir serein !

 

Mauvaise presse

vendredi, juin 16th, 2017

Côté pile, la bonne fortune, côté face, le mauvais sort, la chauve souris n’a jamais laissé l’homme indifférent. Lorsqu’il en enfile la combinaison, Batman est un sauveur de l’humanité, quand il ne sort que la nuit dans le vol bruyant de sa cape noire, le vampire terrorise et se multiplie. Ainsi les chiroptères (macro et micro) sont-ils à la fois, protégés du fait de leur rôle de pollinisateur et de prédateurs d’insectes divers et variés, tandis que dans le même temps on les sait vecteurs de différentes zoonoses, comme celles dues au  virus Ebola, au virus de la rage , mais aussi de mycose pulmonaire comme l’histoplasmose. Aujourd’hui ce mammifère est également connu pour être un réservoir de  coronavirus mortels (SRARS en 2002, MERS en 2012) (Bats are global reservoir for deadly coronaviruses, (http://www.nature.com/news/bats-are-global-reservoir-for-deadly-coronaviruses-1.22137?WT.ec_id=NATURE-20170615&spMailingID=54279477&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1182429907&spReportId=MTE4MjQyOTkwNwS2). Existe-t-il encore un intérêt quelconque à étudier les chauves souris et leurs virus ? La réponse est OUI, dans la mesure où plusieurs interrogations persistent (Les infections à coronavirus, à SRAS-CoV et à MERS-CoV, https://www.inserm.fr/thematiques/immunologie-inflammation-infectiologie-et-microbiologie/dossiers-d-information/les-infections-a-coronavirus-a-sras-cov-et-a-mers-cov), en particulier parce que les animaux vecteurs et les possibles passages humains ne sont pas encore parfaitement établis. Aussi dans le but de pratiquer une médecine préventive efficace est-il indispensable de connaître les animaux vecteurs et leurs hôtes, la répartition des premiers et leurs cheminements ce qui permettrait de proposer des lieux  pour une possible émergence de la maladie. Ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir ? Quoiqu’il en soit ce ne sont pas les coronavirus qui redoreront le blason de la chauve souris !

Principe de responsabilité

lundi, juin 12th, 2017

Replacer l’homme au sein de la nature, quitter un anthropocentrisme mortifère et penser un monde de demain sinon « meilleur » à tout le moins « bon » ne doivent/peuvent plus être des vœux pieux mais les buts vers lesquels Hans Jonas a voulu entrainer son contemporain en 1979.  A cette date le Principe de responsabilité introduit une idée non seulement nouvelle mais qui a priori pourrait même ne pas se justifier à savoir que  » … l’humanité à venir a des droits … » car la question est bien de savoir premièrement, si ce qui n’existe pas a des droits et si deuxièmement, l’humanité du fait même de ses droits ne devrait pas hériter de devoirs ! Il est certain que cette attitude se situe à cents lieux du progrès triomphant de nature scientiste hérité du XIX° siècle ; Heidegger en son temps (pas si éloigné) a su mettre le doigt sur l’arraisonnement de la nature par l’homme. Ce dont parle l’article Italy rebuked for failure to prevent olive-tree tragedy (http://www.nature.com/news/italy-rebuked-for-failure-to-prevent-olive-tree-tragedy-1.22110?WT.ec_id=NATURE-20170608&spMailingID=54230088&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1181197208&spReportId=MTE4MTE5NzIwOAS2) se révèle paradigmatique d’une situation hautement préjudiciable pour la nature et l’humanité. A l’image des plaies d’Egypte, la bactérie Xylella fastidiosa subsp. pauca touche de nombreux végétaux parmi lesquels les oliviers et c’est là que la perversion humaine atteint des sommets ! En effet deux thèses parfaitement contradictoires, mais qui ont le mérite de s’inscrire dans la gestion humaine du patrimoine naturel s’affrontent. D’un côté le principe de responsabilité impose de mettre en œuvre tous les moyens pour arrêter la propagation de la bactérie afin de préserver les champs d’oliviers. Malheureusement, de l’autre côté, il s’avère que le traitement passe par la destruction des oliviers atteints. Quand parmi ceux-ci se trouvent des sujets centenaires témoins de cette nature qui doit être transmise, le principe de responsabilité interdit leur coupe et l’aporie est à son comble ….. Si l’on saupoudre de quelques autres facteurs, économiques tout autant que scientifiques, il devient réellement difficile de se sortir  de cette imbroglio ! L’homme possède un vrai don pour créer des situations impossibles …..

 

Quand parle-t-on de diversité ?

dimanche, juin 4th, 2017

A l’heure où le climato septique doit être montré du doigt, il n’est pas inutile de chercher à comprendre ce que signifient  certains termes dont ses contradicteurs usent et abusent. Ainsi sous le terme de diversité doit on entendre une polysémie dans laquelle on a l’habitude de distinguer deux cases, celle de la biodiversité et celle de la diversité culturelle. La Convention sur la diversité biologique (CDB), traité international (Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, 1992) a distingué trois buts dont celui de la conservation de la biodiversité. Parce que ce terme sous entend celui de nature, il n’a pas été nécessaire qu’il fasse flores (1988) pour que l’homme admire la dite nature même s’il est vrai qu’il n’a commencé à envisager sa protection qu’en fonction de la révolution technique initiée au XIX° siècle. Aujourd’hui on pourrait penser que le terme ne prête plus  à discussion tant il revient fréquemment au fil des écrits, des discussions, des projets politiques …. Et pourtant la biodiversité cache en son sein de troubles idées ! Sait-on en effet de quoi il est question quand on évoque le terme ? En première approche, il s’agit de la pluralité des espèces et donc uniquement d’un critère quantitatif. Mais comme le fait remarquer l’article Biodiversity moves beyond counting species (http://www.nature.com/news/biodiversity-moves-beyond-counting-species-1.22079) la quantité seule perd de sa signification.  Quand différentes espèces ont une même action sur l’environnement (Why function is catching on in conservation, http://www.nature.com/news/why-function-is-catching-on-in-conservation-1.22058) on est en droit d’introduire le concept de biodiversité fonctionnelle. Ce qui est intéressant c’est que le qualificatif de fonctionnel est largement accolé à d’autres termes, parce qu’il apporte, quel qu’en soit le domaine, une vision dynamique plus proche du réel dans le temps et dans l’espace par la mise en rapport d’une structure avec sa fonction. Si l’énumération est nécessairement la première étape de toute description, la mise en rapport des différents éléments en présence est gage de compréhension. Avec interaction devenu maitre mot, la simplicité n’est plus de ce monde !