Le loup et l’homme partagent des territoires communs depuis des millénaires et la possibilité/ la probabilité d’une commensalité entre les deux espèces a du permettre sa domestication. Le chien serait issu de deux apprivoisements indépendants de loups : l’une en Europe il a au moins quinze mille ans et l’autre en Asie il y a au moins douze mille cinq cents ans. Des analyses d’os incinérés dans des tumulus funéraires en Angleterre et datant du IX ème siècle ap. J.-C (Viking warriors sailed the seas with their pets, bone analysis finds) ont montré que les guerriers étaient accompagnés de certains de leurs animaux. Si les chevaux retrouvés accompagnaient les cavaliers et si les cochons devaient servir de nourriture, il est peu probable que les chiens n’aient pas été là en tant que compagnons. Ce qui laisse à penser que même un viking pouvait vouloir que son animal de compagnie l’escorte !Quoiqu’il en soit, ce compagnonnage déjà ancien a fait du chien le meilleur ami de l’homme, un ami peu avare de son aide. Ils travaillent souvent ensemble, mais si le gardiennage ou la chasse rapportent au maitre, ce n’est pas le cas pour celui qui l’aide. Il en est bien autrement entre l’homme et le dauphin à tel point qu’il n’y a ni maitre ni esclave dans cette association à but nettement lucratif (How dolphins and people fish together). En effet les dauphins font bel et bien équipe avec les pêcheurs dans le sud est du Brésil, : ils y gagnent une nourriture plus abondante et prolonge leur durée de vie dans le même temps où la pêche s’avère plus rentable pour l’homme. Cette façon de faire est ancestrale et c’est sur cette base que par analogie peut être confortée l’hypothèse selon laquelle la coopération loup/homme a permis sa domestication seconde. Comme les auteurs le soulignent, il serait dommage que cette action couplée homme/animal disparaisse dans la mesure où elle laisse ouverte la fenêtre qui permet de prendre la pleine mesure de l’antique proximité entre l’humanité et l’animalité.
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Gagnant/gagnant !
dimanche, février 5th, 2023ONIROLOGUE : un métier d’avenir
vendredi, août 19th, 2022Il existait plusieurs mots en grec ancien pour le mot français « rêve ». C’est le plus ancien « ὄναρ » lui-même à l’origine de « ὄνειρος » , qui est a donné naissance aux mots de la famille du terme « onirique ». En fait « ὄναρ« , c’est le songe nocturne, celui que les dieux offrent à l’homme comme outil de médiation, c’est un message divin. L » « ὄνειρος » est animé, c’est la personnification de l' »ὄναρ« . Comme on peut le constater, dès l’antiquité le rêve n’est pas une entité simple puisqu’il se rapporte à un message personnifié. Mais qu’il ne soit pas simple peut être considéré comme normal, puisqu’il reproduit de façon plus ou moins altérée ce que vit l’homme lorsqu’il est éveillé. Le sommeil n’a-t-il pas été qualifié de « petite mort », ce qui est par ailleurs tout a à fait logique quand on se souvient qu’Hypnos, dieu du sommeil était frère jumeau de Thanatos, dieu de la mort. Quoiqu’il en soit, il fallait bien que le sommeil et ses rêves servent à quelque chose et c’est une des raisons pour lesquelles il fut le sujet d’études dans bien des domaines dont le domaine scientifique en particulier par le biais des enregistrements électro-encéphalographiques dont les chats furent les premiers « bénéficiaires » dès 1958. N’en déplaise, une fois encore à Descartes et son animal machine, il se pourrait bien que le sommeil des animaux partage beaucoup de caractères communs avec celui de l’homme. Si personne ne s’étonne que le chat ait servi de modèle dans l’étude du sommeil chez l’homme, c’est maintenant le chemin inverse qui s’écrit quand c’est le sommeil des animaux qui interroge sur leur faculté de rêver (When Animals Dream/https://irishtechnews.ie/when-animals-dream-by-david-m-pena-guzman/, Sweet dreams, spidey: Arachnids experience REM sleep, and may even dream) à l’instar de cette capacité humaine qui ne lui serait donc pas réservée en propre !
Quand le passé devient avenir !
lundi, novembre 15th, 2021En 1991, Les U. Knight fonde le VHEMT, mouvement pour l’extinction volontaire de l’humanité : trente ans plus tard, il est temps de revenir sur cette utopie ou dystopie pour certains, mais qui quoiqu’il en soit ignore l’uchronie qui s’y rattache. Alors pourquoi ne pas lire l’article du Live Science, How would Earth be different if modern humans never existed? puisqu’il imagine en utilisant la méthode déductive ce qui aurait pu se passer si l‘Homo sapiens n’avait pas peuplé la terre. En fait les auteurs ne peuvent pas reconstituer exactement la situation d’une terre vierge d’humains puisqu’ils ne suppriment pas la présence des ancêtres du dit homo sapiens, pourtant quelques retro-projections (oxymore ?) sont proposées à la réflexion de chacun. Même en compagnie des néandertaliens, la nature et ses habitants auraient néanmoins été différents. Les animaux auraient pu conserver leur grande taille et leur impact sur la végétation en aurait été accrue ce qui aurait permis une biodiversité plus riche. Mais des changements climatiques se seraient malgré tout produits et les Dénisoviens, mieux adaptés que les Néanderthaliens, n’auraient pas été sans influencer cette nature encore primitive. Par ailleurs on ne peut pas ignorer la possibilité (quelle horreur !) qu’ils aient eu le temps d’évoluer pour emprunter un cheminement similaire à celui suivi par homo sapiens. Sur le papier, les plans étaient fort beaux mais tout à fait incomplets. Car comment imaginer qu’une nature rendue à elle-même pourrait mettre fin aux processus de l’évolution ? Que l’homme soit responsable de disparitions et de modifications climatiques est une certitude mais plusieurs extinctions de masse se sont déjà produites sans qu’il en soit aucunement responsable : chute d’astéroïde et dinosaures, glaciation et trilobites par hypo-oxygénation océanique. Il semblerait presque logique d’envisager des torts partagés …..
Définir ?
vendredi, mai 21st, 2021Quel est le propre de l’homme ? A question ancienne, multiples réponses. Et l’on pourrait proposer un certain nombre de citations dans le but de les attribuer à leurs auteurs. « Animal politique », » Roseau pensant », « Substance qui pense et raisonne uniquement », « Intuition comme mode de connaissance » ….. La définition étant une délimitation et l’homme étant en perpétuel construction aucune définition ne peut, ne pourra jamais lui être attribuée. De plus toutes celles qui ont été proposées prenaient comme unité de référence l’espèce animale, les caractéristiques de l’une devant manquer à l’autre. Mais on le sait aujourd’hui, l’homme n’est pas le seul à vivre en société, à échanger, à attribuer une finalité à un objet, à se reconnaître dans un miroir, et le comble pourrait bien avoir été atteint puisque le rire ne lui appartiendrait plus en propre (Do animals laugh?). Si selon H. Bergson, « le rire est le placage de la mécanique sur du vivant », quel serait alors le rire de l’animal ? Les études menées sur des primates, des mammifères, des oiseaux, montrent que les vocalises assimilées au rire ne sont émises qu’en situation ludique et qu’en terme d’expression sonore elles n’atteignent jamais ce qui a été qualifié de « rire homérique » chez l’homme. Enfin aucune situation ne semblerait correspondre à un rire ayant pour origine l’humour, un savoir rire de soi-même. Il existe peut-être encore quelques différences entre l’homme et l’animal mais il est de fait que les antispécistes gagnent du terrain !
Mise à niveau
lundi, avril 26th, 2021Deux articles récents interrogent sur un sujet particulièrement actuel, le vivant et deux de ses espèces constituantes : l’homme et l’animal. Depuis plus de deux millions d’années leur coexistence n’a pas été sans poser un certain nombre de problèmes résolus ou non. Parmi ceux qui attendent toujours une solution : définir l’homme par rapport à l’animal. Depuis Prométhée, nombreux sont ceux qui se sont sentis intéressés quelque soit leur domaine, anatomistes tout autant que physiologistes et philosophes. L’homme comme animal social n’est plus défendable, pas plus que ne l’est l’animal comme machine ! D’où les deux questions posées par ces deux articles récents : Qu’est-ce que la dignité de l’homme Opinion: Facing Assumptions About the Duality of Human and Animal, et quand on mélange l’homme et l’animal, en quittant le domaine du centaure, ou celui de la sirène, quel monde habitera-t-on : Monkey–human embryos reignite debate. Alors lorsque l’homme réussi à cultiver des embryons de singe contenant des cellules humaines, les questions sont multiples : qu’en est-il de la dualité homme/animal, l’homme assume-t-il sa dignité en se livrant à cette expérience, dans quel camp se situe la dignité ? Esprit et matière, vie en tant que moyen ou fin en soi n’ont rien perdu de leur actualité. Les questions restent les mêmes que celles que se sont posés les anciens ; les avancées techniques ne sont là que pour les actualiser.
Souvenirs,souvenirs
lundi, mars 15th, 2021On n’en finira pas d’explorer cette faculté, non exclusivement humaine, qu’est la mémoire. Neurophysiologistes tout autant que philosophes, aiment à se pencher sur les mystères qui l’entourent parmi lesquels son fonctionnement et ses rôles. Si l’on peut affirmer que sans mémoire, un ordinateur devient plus encombrant qu’utile c’est que cette capacité est un attribut majeur des systèmes d’information. En effet les données qu’on lui a fournies sont non seulement conservées mais accessibles dans un autre temps. Or ces « mémoires » ne sont pas sans rappeler celles du « vivant » : la mémoire vive, qui peut être consultée et modifiée, la mémoire morte qui est stockée et non modifiable. H. Bergson avait exploré cette faculté en différenciant la mémoire-habitude qui n’est pas vécue comme un passé et la mémoire-souvenir qui est un passé-image. Mais il s’agissait là d’une problématique classique, celle du corps et de l’esprit, toujours non résolue. Dans l’article Your brain warps your memories so you can remember them better, la neurophysiologie explore ce qui peut être considéré comme un plus chez l’homme, la possibilité de mieux se souvenir. L’homme sait le faire, sa solution c’est l’exagération, la machine ne le fait pas. Copier la nature a toujours été l’activité principale de l’humanité mais apparemment une fois encore, il convient de préférer l’original à la copie !
Voyage à Lilliput
jeudi, octobre 15th, 2020C’est en 1727 que le capitaine Lemuel Gulliver aborde à Lilliput située dans l’océan Indien, au sud de l’Australie. Ses habitants y mesurent environ quinze centimètres ce qui fait que Gulliver est un géant quand bien même il n’aurait pas mesuré plus de un mètre cinquante. Qualifié d’utopie le roman de J. Swift est à l’origine du terme lilliputien ce qui convient parfaitement au monde décrit dans l’article Pipsqueak animals show off Marvel-like superpowers in ‘Tiny World’ docuseries tout autant qu’à un article plus ancien Photos of the world’s smallest (and cutest) owl. Pas de découverte scientifique dans ces deux articles mais une vision très anthropomorphique de ce microcosme qui reste néanmoins visible à l’oeil nu. Comparaisons avec les animations récréatives dédiées aux enfants, analogies entre les performances animalières et humaines, qualificatifs féériques des acteurs de cette faune etc … Voici donc une nouvelle formulation de la phrase : « L’homme est la mesure de toute chose ». Protagoras ne l’a probablement pas pensé en ce sens , pourtant elle aurait fort bien pu faire partie du Théétète de Platon dans le regard qu’il portait sur la science !
Le propre de l’homme
mardi, septembre 29th, 2020Animal politique, pour Aristote, capable de rire, pour Rabelais, roseau pensant, pour Pascal, machine, pour La Mettrie. Mais un homme- machine qui n’est pas l’aboutissement de l’animal-machine cartésien puisqu’il en a négligé cette substance pensante que Descartes avait attribué à l’homme. Ainsi la frontière entre l’homme et l’animal a-t-elle toujours été l’objet de polémiques qui ont pris une nouvelle ampleur dès l’arrivée des antispécistes. Depuis quelques années déjà, des études scientifiques ciblant les performances animales ont alourdi le poids du plateau de la balance en faveur de la gent animale, mais a-t-on encore le droit de s’exprimer ainsi ? Les réussites sont nombreuses et les domaines variés : mémorisation, comptage, utilisation d’outils, reconnaissance de son image … Aujourd’hui, c’est le corbeau qui est à l’honneur : Why birds are so smart (A neural correlate of sensory consciousness in a corvid bird, https://science.sciencemag.org/content/369/6511/1626, -A cortex-like canonical circuit in the avian forebrain, https://science.sciencemag.org/content/369/6511/eabc5534). Les résultats des dernières études invitent à penser que l’activité neuronale décelée lors de réponses aux stimulus serait le témoin comme chez l’homme d’un « marqueur de conscience » et que par ailleurs, le pallium reproduit une architecture en couches proche de celle du néocortex humain. Il y a donc conjonction de deux critères , structure histologique et l’activité électrique qui permettent de rendre compte d’un certain « parallélisme » entre les performances de l’homme et du corvidé ! Le corbeau est largement représenté dans la culture. Il n’a pas toujours été noir, il fut même blanc avant que d’être puni ce qui prouve qu’il a su jouer un rôle auprès de l’homme grâce à ses capacités même si elles n’ont pas toujours été appréciées à leur juste valeur !
La raison du plus fort
mercredi, août 19th, 2020» … nous l’allons montrer tout à l’heure … », Risk of Extinction Is Greatest for Large Herbivores: Study (https://www.the-scientist.com/news-opinion/risk-of-extinction-is-greatest-for-large-herbivores-study-67798?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2020&utm_medium=email&_hsmi=92750122&_hsenc=p2ANqtz-95rRO_AroXma8nlCaePsuh9GDcStQfG2PnDSj2itl4NG6hYm9CWQZse94a1spV7av2lNRRF77NAquoC9LhXAJ6gH4aSg&utm_content=92750122&utm_source=hs_email). La Terre comptabiliserait à ce jour, cinq grandes extinctions de masse et aborderait gaillardement sa sixième au grand dam de la nébuleuse écologique actuelle. On insiste très largement sur la disparition programmée des ursidés parmi lesquels ours polaires ou pandas, tout autant que sur celle des tigres ou des lynx. Or ce ne serait pas ces prédateurs les plus fragiles, puisque les insectes comme les hyménoptères dont les abeilles, les oiseaux dont les espèces nicheuses, et plus inattendus les gros herbivores qui paieraient également un lourd tribu ! En réalité ce qui est sujet d’inquiétude c’est l’accélération du phénomène d’extinction sur des espèces qui interagissent positivement avec celui qui interagit négativement avec elles. D’où cette idée selon laquelle la disparition de l’homme jouerait un rôle globalement positif. Mais que se passerait-il si ce but était atteint (What would happen to Earth if humans went extinct? https://www.livescience.com/earth-without-people.html?utm_source=Selligent&utm_medium=email&utm_campaign=9160&utm_content=LVS_newsletter+&utm_term=3192375&m_i=TknmStczyKyR84bxBGusFG5vxCECNdQrh1mkkEwcbGQp2x4c2CRA9fbkm5Vepl6rNidxgtm_P_bJxGTp5tbdqSwqFOzKFOizGitTCNTTTI) ? Il se pourrait que la nature reprenne effectivement le dessus après l’élimination d’effets néfastes comme ceux qu’elle a déjà connus puisque : « …pendant la période jurassique , il y avait cinq fois plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère qu’aujourd’hui… ». En résumé et pour conclure : la situation présente n’est que la énième de ce type, et son existence a précédé celle de l’homme. Ce n’est pas la disparition de l’humanité qui résoudra les problèmes puisque l’homme n’est pas seul responsable, la nature en propre a sa part !
Anachorète
lundi, juillet 20th, 2020L’anachorète est un ermite et la solitude qu’il a volontairement choisie le différencie du cénobite qui partage sa solitude avec un groupe qu’il a reconstruit. Il est à parier que les expériences vécues par le premier diffèrent largement de celles vécues par le second. Si l’on ne connaît rien du vécu d’Antoine le Grand qui se retira treize ans enfermé dans un des anciens tombeaux égyptiens de la montagne on en sait plus sur le vécu de Michel Siffre enfermé dans une grotte au Texas pendant plus de six mois, qui selon ses dires « aurait été tenté au bout de cinq mois de se lier d’amitié avec une souris », sans résultat, faut-il le préciser ! On sait par ailleurs que la cellule disciplinaire est une option à visée punitive où l’isolement est limité dans le temps. Il est certain que les mesures de confinement prises récemment de par le monde s’apparentent dans une certaine mesure au différentes expériences d’isolement rapportées ci-dessus même si la décision et les conditions ne sont pas totalement comparables aux situations évoquées plus haut. Elles font néanmoins l’objet d’études comportementales car il y aura un après qu’il était impossible d’évaluer lors de la prise décisionnelle (How Social Isolation Affects the Brain, https://www.the-scientist.com/features/how-social-isolation-affects-the-brain-67701?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2020&utm_medium=email&_hsmi=91419245&_hsenc=p2ANqtz-9ZQcct3TsSUMkldBavv0z98nwBSM9T411Bl35IeLa6pdoBDdwPo7ZyY4EwQ5RdmIW0KKhxeiKpQbaYLe3Sog0lPQE38w&utm_content=91419245&utm_source=hs_email). Ce qui est particulièrement paradoxal dans cet état de fait c’est la connaissance des méfaits de l’isolement sur la santé et le choix d’un isolement à visée thérapeutique en imaginant une rupture de la chaîne de contamination. Il s’agit d’un véritable cas d’école concernant la prise décisionnelle. En effet dans un climat de méconnaissance totale du responsable d’une pandémie, a été prise une décision dont les effets néfastes étaient connus. Les termes de la comparaison qui ont présidé à ce choix pourraient sembler inadaptés, et on peut se demander de quel type de balance on est en droit de se servir. Mais en fait le débat ne fait que s’inscrire dans le domaine de la philosophie de l’action.